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Le travail des enfants dans l'agriculture, mythe ou réalité ? : une étude de cas dans les exploitations cotonnières au Bénin

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par Christhel Sonia Jesugnon Padonou
Université Catholique de Louvain, Belgique - Master complémentaire en développement, environnement et sociétés 2013
  

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2.2.1.3. Description de la filière coton au Bénin

v Historique de la production de coton

La culture du coton a été introduite au Bénin depuis les années 1960, année d'indépendance du pays. Son introduction forcée en milieu rural comme culture de rente par les pouvoirs publics d'alors ne fut pas sans résistance. Toutefois, une grande majorité de producteurs y ont adhéré par la suite (Agbachi Ale, 2008 : 89).

La production du coton au Bénin a évolué en dents de scie depuis 1960 jusqu'en 1986, année pendant laquelle, la culture du coton a commencé par prendre un réel essor.

§ « De 1960 à 1972 : Avec l'appui technique (encadrement technique, introduction de nouvelles variétés...) de la Compagnie Française du Développement des Fibres et Textiles (CFDT) pour le Borgou22(*) et la Société d'Aide Technique et de Coopération (SATEC) pour le Zou23(*) à travers les projets de développement, la production de coton a été impulsée au Bénin ;

§ De 1972 à 1977 : Suite à un coup d'état militaire dans le pays le 26 0ctobre 1972, où un régime marxiste-léniniste prit le pouvoir il fut demandé à la CFDT de quitter le Bénin, puisque la culture du coton était perçue comme un symbole du colonialisme. Cette situation entraina une chute considérable de la production.

§ De 1978 à 1986 : Reprise hésitante, puis relance rapide de la production cotonnière grâce à l'appui de la Banque mondiale et de l'Agence Française de Développement à travers le financement de grands projets de développement rural intégré du Borgou et du Zou.

§ Au début des années 1986, la filière a été prise en charge par l'Etat à travers la Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA). Cependant, dans cette même période, suite à la crise de la dette et des Programmes d'Ajustements Structurels (PAS), plusieurs rôles, jadis assurés par l'Etat ont été délégués au secteur privé et aux organisations paysannes. En outre, l'histoire de la production cotonnière au Bénin n'est pas linéaire. Elle est jalonnée de crises, dont l'actuelle en 2012 est la reprise en main de la filière coton et la suspension de l'accord24(*) qui le liait à l'Association Interprofessionnelle de Coton (AIC).» (Akinde, 2012 : 97)

v Importance de la filière coton

A l'instar de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre, la filière cotonnière est économiquement et socialement stratégique pour le Bénin comme le montre le tableau 2 ci-après.

Tableau 2:Importance socioéconomique de la filière coton au Bénin

Contribution du coton

Importance macroéconomique

Tissu industriel local

60%

Formation du PIB en termes de valeur ajoutée

13%

Recettes intérieures

45%

Recettes d'exportation

80%

Importance socioéconomique

Contribution au revenu monétaire des producteurs (surtout au Nord)

2/3 voire ¾

Génération d'emplois directs et indirects

Environ 320 hommes-jours agricole/tonne de coton fibre produite

3500 emplois au niveau des usines de transformation

Construction d'infrastructures sociocommunautaires...

Source :Tableau construit à partir des données du Ministère de l'économie et des finances, Bénin (2010 : 11-13)

L'analyse du tableau montre que la filière coton est l'une qui emploie le plus de main d'oeuvre aussi bien salariée que familiale dans le secteur agricole au Bénin.

v Différents maillons et acteurs directs de la filière

« Deux grandes catégories d'activités sont conduites au sein de la filière coton au Bénin. Il s'agit de la :

§ la production du coton graine par les producteurs qui sont de petits exploitants agricoles ;

§ la transformation du coton graine en coton fibre et graines par les usines d'égrenages (20 au total) d'une part et la trituration des graines par des huileries qui en extraient de l'huile alimentaire et des tourteaux pour l'alimentation animale.

A l'issue de cette transformation, 95% du coton fibre est exporté et 5% sont destinés aux filatures locales. L'huile et les tourteaux sont utilisés sur le plan local et dans une moindre mesure au plan régional. Ces différents maillons de la filière sont soutenus par différentes organisations et structures publiques et privées à travers l'encadrement technique, l'approvisionnement en intrants et la commercialisation du coton. Il s'agit entre autres de la Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA), des Centres Agricoles Régionaux pour le Développement Rural (CARDER), de l'Association Interprofessionnelle du Coton (AIC)25(*) » (Ahohounkpanzon et Zakari Allou, 2010 :1).

La figure 1 ci-après présente les principaux maillons de la filière coton au Bénin ainsi qu'une présentation sommaire des acteurs de chaque maillon.

Figure 1: Acteurs et maillons de la filière coton au Bénin

Source : Adapté de Ahohounkpanzon et Zakari Allou (2010 :1)

Les secteurs de la production et de la transformation sont ceux qui emploient le plus de main d'oeuvre dans la filière coton au Bénin comme le montre le tableau 1.

La main d'oeuvre familiale et salariée est utilisée majoritairement au niveau de la production. « Au Mali, la production cotonnière est surtout axée sur la main d'oeuvre familiale » (Nubukpo et Kéita, 2005). A l'instar du Mali, les principales zones cotonnières de l'Afrique de l'Ouest et du centre dont le Bénin utilisent ce type de main d'oeuvre.

v Utilisation de la main d'oeuvre dans le secteur cotonnier

« L'utilisation de la main d'oeuvre infantile dans l'agriculture découle généralement de la structure des systèmes de production familiale et agricole qui met les enfants au travail précocement pour faire face à la forte demande en main-d'oeuvre » (CSAO/OCDE, 2009 : 7)

Au Bénin, la production du coton se fait en grande partie avec l'aide de la main d'oeuvre familiale. Cette main d'oeuvre est constituée des hommes, des femmes, des enfants. Les hommes s'occupent des opérations culturales qui nécessitent l'utilisation de matériels agricoles (labour à charrue, la fertilisation à base d'engrais synthétiques, les traitements phytosanitaires). Les femmes et les enfants quant à eux participent aux opérations du semis, au sarclage et à la récolte. Pour les opérations dont la pénibilité est élevée, la main d'oeuvre salariée composée de travailleurs temporaires migrants ou non est utilisée (Ton et al., 2004: 10-11).

Une étude menée au Mali sur la part de la main d'oeuvre salariée dans les opérations culturales au niveau de la production de coton révèle que les producteurs y font recours pour la récolte et le sarclage en grande partie. Les autres activités culturales sont plutôt du ressort de la main d'oeuvre familiale comme le montre la figure 2 (Nubukpo et Kéita, 2005 : 2005).

Une étude conduite en 2009 dans les zones cotonnières au Bénin fait état de l'utilisation de plusieurs types de main d'oeuvre dans les exploitations cotonnières: la main d'oeuvre salariée qui peut être permanente, saisonnière ou journalière ; la main d'oeuvre familiale et les travailleurs issus des groupements d'entraide et de solidarité (utilisés occasionnellement et en très faible proportion). L'allocation de ces différents types de mains d'oeuvre varie en fonction de la taille de l'exploitation ; des types d'outils utilisés pour les opérations culturales (traction animale ou manuelle) ; du type de rémunération et de la charge des exploitations, c'est-à-dire le ratio entre le nombre d'actifs et le nombre d'inactifs de l'exploitation (Yerima et Affo, 2009 : 10)

Graphique 3: Répartition de la main d'oeuvre salariée dans les opérations culturales du coton au Mali pour la campagne 2003-2004

Source : Graphique réalisé à partir des données du MAEP/CAMFPGP cité par Nubukpo et Kéita (2005 : 14)

* 22 : Actuellement le département du Borgou est scindé en deux : Borgou et Alibori

* 23 Le Département du Zou est également scindé en deux : Zou et Collines

* 24 Accord de 1999 portant transfert au secteur privé de la responsabilité de l'organisation des consultations pour l'approvisionnement en intrants agricoles

* 25Depuis 2012, l'AIC a été dessaisie de ses rôles dans le secteur cotonnier au Bénin par le gouvernement béninois

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