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Pouvoir politique et parenté dans le système Mossi.

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par Ndigue Faye
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master II 2011
  

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2-De la décentralisation du pouvoir: puissance sociale

Comme nous l'avons déjà montré dans le chapitre précédent, l'immixtion de la parenté dans le système administratif moose est un fait visible. Cependant cette présence de la sphère privée n'est manifeste qu'au niveau de l'affectation des pouvoirs dans la direction des circonscriptions locales et n'influe nullement sur la bonne gouvernance des affaires de la république et de l'exercice autonome du pouvoir. Si à la tête des provinces, des cantons et des villages se trouvent des descendants directs de la famille royale, cela ne signifie guère que l'exercice du pouvoir relèverait d'un abus ou d'une gestion parentale et dictatoriale n'ayant pour finalité que le bien-être de la lignée royale au détriment de l'intérêt général.

En effet, la parenté, concernant ici les liens familiaux qui légitiment l'appartenance à la famille conquérante et par extension aux groupes affiliés, détermine le choix des éligibles et ceci de manière héréditaire. Elle a pour fonction dans le système administratif mis en place de légaliser, en sa qualité d'instance normative, le droit et le devoir pour les membres de conquérir le pouvoir, la liberté de manifester ses prétentions politiques. Elle constitue de ce fait le noyau dans le système de délégation des fonctions.

C'est pourquoi, malgré le fait que la composition du corps du Collège soit hétérogène, la plupart des circonscriptions locales sont sous les ordres des membres du lignage régnant. Nous assistons dés lors, à coté d'une centralisation des pouvoirs entre les mains de l'empereur, à un mode de décentralisation de certains pouvoirs au niveau local. Ce phénomène de transfert de compétences n'est pas aussi innocent que l'on pourrait le croire et les raisons semblent se situer à plusieurs niveaux et se comprendre de plusieurs manières. Il présente tout de même des impacts sociaux dont nous ne manquerons pas d'élucider.

D'abord la première, la moins importante et la plus irréaliste consisterait à dire qu'il s'agit là d'une politique dont la finalité est de s'approcher des populations locales afin de prendre connaissance de leurs soucis et difficultés pour en apporter des solutions. Ceci est la justification des politiques de décentralisation que tous les Etats modernes valorisent et vantent en en faisant le crédo de leurs programmes électoraux en matière de sécurité publique et le soubassement de leur système de gouvernance participative en vue d'un développement durable. En réalité ceci cache des motifs inavoués, dissimulés, des non-dits. Pourquoi l'Etat aurait-il besoin de tants de moyens de répression au niveau des collectivités locales ? Pourquoi les questions de bien être et de politique de développement s'accompagnent-elles d'instruments de répression ou de contrôle ? En tout cas rien n'est sûr !

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Ensuite, dans cette même logique des enjeux de la décentralisation, il s'agirait plutôt, comme nous venons de le dire, d'un mécanisme de domination rapprochée dans le but de mieux contrôler la masse et de parer coûte que coûte aux potentiels soulèvements et à la désobéissance civile. En se rapprochant et en se mettant quotidiennement au contact des sujets par la présence et la manifestation des instruments de l'Etat, le souverain s'assure de sa suprématie, régule l'ordre public et garantit sa conservation du pouvoir. Soumettre les sujets jusqu'à leurs derniers retranchements, telle semble être la maxime du souverain, assure l'exercice libre des affaires publiques, favorise la quiétude nationale et la continuité de la domination de l'Etat par la famille dirigeante. C'est aussi jeter son regard partout et s'immiscer en exerçant son emprise jusque dans les coins et recoins de l'intimité des populations, des sujets.

Ceci est par ailleurs, sans le manifester explicitement, la vocation des instances étatiques et la justification de sa présence par ses représentants au niveau des populations. Que serait le rôle des préfets, sous-préfets, des maires, des présidents de communauté rurale, des chefs de village et même de quartier, si ce n'est qu', au-delà de leur tâche qui est de fournir un service local, de faire sentir aux peuples partout sa présence, sa suprématie et d'installer en eux la peur, la fidélité, le respect, l'esprit de soumission afin de les manoeuvrer et de les utiliser à son aise en cas de besoin.

Enfin, comme nous l'avons montré tantôt, la plus importante concerne les mesures de prévention et de sécurité mises sur pied par l'empereur. Conscient des risques d'usurpation violente du pouvoir par ses pairs et afin de parer à une faiblesse paralysante du fonctionnement étatique, il se trouve obligé de les écarter aussi loin de l'Etat central en leur attribuant des fonctions secondaires. Cette stratégie politique, dans cette logique de l'édification de l'Etat, est clairement élucidée par Michel Izard :

«Pour passer du simple territoire segmentaire conquis au territoire segmentaire étatique, il a fallu briser la solidarité des conquérants en marginalisant les membres du lignage royal, en créant un appareil placé sous le contrôle de ceux qui sont généalogiquement les plus éloignés du roi, en faisant oublier aux vaincus leur défaite et en les amenant à croire entrer de leur plein gré dans un système qui leur est imposé, en faisant du roi une figure unique, étrangère à

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toute appartenance segmentaire, en fixant une idéologie réductrice qui le roi à son royaume et le royaume à un territoire et à un peuple indifférenciés.»97

En effet comme le pouvoir reste par essence très stratégique et trop sensible faisant en permanence objet de convoitises, il ne saurait être partagé pour rien au monde et même si cela pouvait avoir lieu la raison politique ne l'admettrait pas. Le pouvoir ne se vend ni ne se partage comme l'atteste rigoureusement l'intitulé du chapitre IX des Discorsi « Qu'il faut être seul pour fonder une république ou pour la réformer totalement » à ce que nous ajoutons que le pouvoir se gère seul. Cela fait échos par ailleurs à l'adage sérère qui dit que deux taureaux ne sauraient cohabiter dans le même troupeau et en partager les rênes.

La préoccupation quant à l'accord dans la rapidité de l'exécution des ordres, du suivi du déroulement des décisions et de leur application, pousse les souverains à éliminer les potentiels ennemis, les rivaux de la course à l'investiture. Pour ce faire il ne peut que s'entourer de gens qui lui resteront fidèles et soumis durant toute leur vie. En ce sens Machiavel dira : « Pour un prince, le choix des ministres, qui sont bons ou non selon la prudence du prince, n'est pas de peu d'importance. Et la première conjecture qu'on fait du cerveau d'un seigneur, est de voir les hommes qu'il a autour de lui, et quand ils sont capables et fidèles, on peut toujours lui donner la réputation de sage, parce qu'il a su reconnaitre leurs capacités et il sait se les maintenir fidèles ».98

Il s'agit ici pour le Mogho Naba d'écarter ses frères de sang des questions et décisions qui concernent intrinsèquement le pouvoir central. Leur importance ne se manifeste qu'au niveau des instances locales. Ce sont eux qui administrent les provinces, les cantons et les villages. Ce qui fait que la présence de l'Etat se fait sentir à partir d'eux. Ceci ne manquerait pas d'avoir un certain nombre de conséquences, d'impacts positifs comme négatifs sur le mode de gouvernance de l'empereur et sur ce qui sera au coeur de ce que nous appellerons la puissance du peuple et du royaume moose.

97 Izard, M. L'Odyssée du pouvoir. Un royaume africain : Etat, société, destin individuel. Paris : Editions de l'EHESS, 1992, p.53

98 Machiavel. Le Prince. Chap. XXII : « De ceux que les princes ont en charge des secrets », p.152

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Le statut d'un Etat, en tant que cette « architectonique » c'est-à-dire, suivant Hegel, « cette riche articulation du monde éthique »99 est d'assurer la cohésion et la sécurité sociales, de favoriser l'harmonie au sein de la population. Cela semble ne pouvoir se faire qu'avec la proximité d'avec ses sujets, ce qui passe nécessairement par leur soumission totale, leur engagement quotidien et leur fidélité vis-à-vis de leurs chefs. Un peuple soumis est un peuple obéissant. Cette obéissance de la part des sujets constitue le socle, non seulement de la stabilité de l'Etat et des institutions, mais aussi et surtout de la tranquillité et de la paix sociales, de la pérennisation du pouvoir. Ceci le Mogho Naba a su bien le comprendre pour sa propre sécurité et celle de ses pairs. Notons ici que tous ont le devoir, l'obligation, devant la coutume, de perpétuer le legs des ancêtres en faisant rester la famille au pouvoir aussi longtemps que possible.

Mieux encore, c'est à partir de cette nécessité à forcer le respect, la soumission que le Mogho Naba peut arriver à gouverner en exigeant des sujets l'accord aux principes des devoirs et des droits. C'est de ce fait qu'ils payeront l'impôt par exemple, travailleront la terre pour subvenir aux besoins de l'Etat, garantiront sa sécurité interne et externe. C'est d'ailleurs en ce sens plus précisément que nous comprenons le fait que, dans les clauses du partage du Mögo entre les pouvoirs temporel et spirituel au moment de la fondation de l'Etat, les autochtones Ninisi avec à leur tête le Teng naba, roi de la terre se réservaient le droit de cultiver pour assurer la subsistance aux dirigeants guerriers. Ceci fera d'ailleurs la capacité de la société Mossi à mobiliser facilement en un temps record devant les urgences. Elle favorisera une meilleure et sûre prise en charge des conflits et des problèmes liés au processus électoral car seuls les membres de la classe royale auront le droit de briguer un mandat.

Ce contrôle permanent sur les sujets permettra également, par cette mobilisation, de s'équiper rigoureusement en ressources humaines et matérielles propres et faire face aux menaces externes sur l'Etat. Compter sur soi et sur ses armes propres est la règle d'or que conseille Machiavel au prince en matière de gestion et d'engagement de conflits : « je conclus donc que, s'il n'a pas d'armes propres, aucun prince n'est en sécurité ; », entendant par là par « armes propres », ceux qui « sont composées ou de tes sujets ou de tes citoyens ou de tes créatures, ».100 Ses sujets, ses fidèles et eternels soumis constitueront la masse guerrière, les citoyens soldats.

99 Hegel, G. W. F. Op.cit. p.50

100 Machiavel, Le Prince, Chap. XIII: « Des soldats auxiliaires, mixtes et propres », p.115

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Comme nous pouvons le constater, les Mossi faisaient la levée de masse pour faire face à l'ennemi. Ce qui semble justifier cette tendance des souverains Mossi, tout comme les autres royaumes contemporains, à la gestion participative des affaires publiques surtout en période de guerre. Ce qu'atteste d'ailleurs ce propos de Machiavel : « la république doit envoyer ses citoyens....Et d'expérience, on voit les princes seuls et les républiques armées avoir de très grands succès et les armes mercenaires ne jamais rien faire, sinon des dommages ; et une république armée d'armes propres en vient plus difficilement à obéir à l'un de ses citoyens qu'une république armée d'armes extérieures ».101

Notons ici aussi que ce qui faisait la puissance des royaumes mooses, en plus du fait qu'ils ont toujours dépendu de leurs propres citoyens, dépendait aussi du statut qu'ils réservaient à leurs empereurs, à leurs rois. Leurs souverains, malgré les rivalités, selon Dim Delobsom, qui pouvaient s'effectuer de temps en temps entre eux, étaient tous autonomes et souverains dans leurs foyers respectifs. Chacun jouissait de la plénitude de ses pouvoirs suprêmes et étatiques et de sa légitimité. Néanmoins le royaume de Ouagadougou devenait, au fil du temps, le plus puissant, poussant même les autres rois et chefs de province et de canton à reconnaitre sa suprématie et à lui servir de référence en matière de gouvernance et d'organisation politique et rituelle. Convaincus de cette puissance de leur Mogho Naba, les mooses de Ouagadougou se sont toujours crus supérieurs, plus riches et plus puissants. Ainsi leur souverain était des plus craints et redoutés à tel point qu'ils lui réservaient chaque jour une cérémonie rituelle matinale. Pour illustrer ce propos, suivons la description que Skinner en a faite :

« Il inspirait une crainte telle, il était tellement « semblable au soleil », que personne n'osait le regarder en face. Il était interdit de lui toucher la main ou de lui parler autrement que prosterné, le front touchant le sol. Les gens étaient censés hésiter avant de prononcer son nom et aucune autre personne n'était autorisée à porter le patronyme du souverain régnant ».102

101 Machiavel. Le Prince, Chap. XII : « Combien il y a de genres de milices et des soldats mercenaires ? », p.106107

102 Skinner. Op.cit. p.84

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Les rois Mossi avaient pour coutume, au moment du rituel qui entourait l'intronisation d'un nouveau chef, de s'attribuer un nom, un titre qui l'identifierait, un patronyme. C'est ainsi, d'ailleurs, que Morho Naba Sarha II (1942-1957) se fait appeler Sarha (= « pluie ») suite à son discours d'intronisation : « Sans la pluie, il ne peut y avoir de vie. Je serai comme la pluie pour le pays ». Tout un rituel était donc organisé, comme nous venons de le dire, en l'honneur du Mogho Naba pour manifester sans doute le respect et la considération en laquelle les sujets le tenaient. Cette cérémonie matinale est appelée « Ouend pous yan » traduit littéralement selon Skinner par « Dieu se lève », ou « le soleil se lève ».

Pour matérialiser sa puissance, tout un symbolisme marquait le cérémonial. Le Mogho Naba se revêtait d'une « robe rouge » pour matérialiser le « Soleil levant », sa « coiffure surmontée de rubans d'argent » symbolisant le Soleil lui-même. Pour ce qui est des salutations et du comportement des sujets et des ministres devant le Mogho Naba, voici comment ils sont présentés par Skinner : « Arrivés à quelques mètres du monarque, ils s'agenouillaient sur le sol, puis, les doigts repliés et les pouces en l'air s'inclinaient, frappaient le sol des deux mains trois fois, puis frottaient les paumes de leurs mains gauches avec les doigts de leurs mains droites. Ensuite ils se relevaient et la tête toujours baissée retournaient à leurs places ».103

Par ailleurs beaucoup de chercheurs ont profité de cette appellation du rituel pour faire faire aux Mossi du Mogho Naba un souverain de droit divin. Pour Dim Delobsom, il constitue le révélateur de « toute l'estime des Mossi pour leur souverain, puisqu'ils le comparent au soleil, et par conséquent, à un « dieu ».104 A en croire l'auteur, les Mossi ne considéraient pas leur souverain comme des dieux ou des monarques d'essence divine car une chose est de comparer quelqu'un à un dieu et c'en est une autre de le prendre pour tel. Ils n'ont donc pas pris leurs souverains pour des êtres essentiellement parfaits. L'imaginaire Mossi admet la finitude et l'imperfection du genre humain, ses faiblesses et ses tares.

103 Idem. p.88

104 Dim Delobsom. Op.cit. p.37

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A cela lisons ce propos de Dim Delobsom: « Les mots utilisés pour « Dieu » sont Ouennam et Ouende. Les mots désignant le « soleil » sont identiques [...]. Les Mossi n'admettent cependant pas que l'utilisation des mêmes mots pour designer Dieu et le soleil sous-tendent qu'ils croient que Dieu soit le soleil ni que le soleil soit leur Dieu [...]. Les Mossi considèrent leur être suprême, Ouennam, comme une divinité négligente qui ne se préoccupe guère des affaires humaines. Ce sont les ancêtres qui sanctionnent la bonne conduite »105.

Ceci illustre une fois de plus la dimension du Souverain et de l'Etat qu'il incarne, l'estime et la crainte dont ils font objet, tout ceci conditionné par la force et la puissance dont ils se dotent. Il contribuera de ce fait à faciliter l'exécution des directives royales et à garantir la pérennité de l'Etat et du pouvoir. Au regard de tout cela, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que ces stratégies politiques ont fait que les royaumes Mossi sont restés, à quelques égards, invincibles, autonomes et stables durant presque toute leur existence.

Ce pragmatisme politique a été fondamental en ce sens et semble pouvoir faire l'objet d'imitation pour nos Etats modernes qui, de plus en plus, semblent perdre leur notoriété devant leurs propres citoyens et devant les puissances extérieures. Pour cela rien ne me parait plus logique pour nos princes que de lire et d'observer les pas de nos anciens grands Etats, de nos grands hommes comme nous le suggère Machiavel dans son chapitre VI : « un homme prudent doit toujours s'engager sur des voies battues par de grands hommes et imiter ceux qui ont été très excellents--afin que, si sa vertu n'y arrive pas, au moins en rende-t-elle quelque odeur ».106

Cette imitation n'est pas dénuée de sens et d'objet. Elle consistera surtout à cultiver des valeurs politiques et des stratégies d'exercice de pouvoir et de savoir de gestion d'affaires publiques car comme le dit l'adage il n'ya rien de nouveau sous le soleil et que tout a été déjà battu par les grands esprits. Il revient dés lors nécessaire de les imiter positivement. Nos grands empires du Ghana, du Mali, du Songhaï, du Mossi, du Monomotapa...peuvent constituer des références en matière de pragmatisme dans l'exercice étatique du pouvoir et de force sociale et nationale dans la souveraineté internationale et la géopolitique mondiale.

105 Idem

106 Machiavel. Le Prince, Chap. VI : « Des principats nouveaux qu'on acquiert avec les armes propres et la vertu », p.76

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Parlant justement de cette politique mondiale fortifiée de nos jours par la mondialisation107, il est à noter que c'est au coeur de la force que tout se joue même si c'est au nom du « Droit Universel » que l'on justifie l'immixtion des institutions internationales sous la bannière des puissances extérieures et des lobbying. Dans cette géopolitique mondiale, tout se règle et se mesure sur la force : le gel des biens de ceux qui dérangent et que l'on qualifie de « dictateurs », les embargos sur les Etats « voyous » sont autant de mesures que l'actualité manifeste la quotidienneté.

Fort de ce constat, les cultures de la force et de l'armement, de la formation et de la rigueur militaires en matière d'exercice du pouvoir, de gestion des affaires publiques et surtout de relations internationales constituent de nos jours des exigences infranchissables pour tout Etat, tout souverain soucieux de la protection et du bien être de son peuple, de sa souveraineté et de son progrès. De même l'ingérence économique, politique et culturelle permanente des puissances occidentales et asiatiques sur les Etats les moins nantis, ceux de l'Afrique et des Caraïbes par exemple, la poussée fulgurante du terrorisme constituent autant de raisons pour favoriser une volonté et une envie folle de conquête des armes de défense et de sécurité.

Revenant sur le sujet, nous dirons qu'il sera question dans la suite de ce travail, de faire voir le système de gouvernance des mossi et toute l'architecture étatique et politique, d'en analyser les contours afin de déceler les enjeux philosophiques et sociales, les principes organisationnels, fondements de l'effectivité de l'Etat central et de l'intégrité territoriale. Tout cela permettra de mettre en évidence ce que nous avons appelé la « philosophie Mossi » de la gouvernance, c'est-à-dire le mode de gouvernance des mooses et tout l'arsenal instrumental en vigueur mis sur pied pour mieux administrer et assurer les bases idéologiques. Ainsi la finalité de ce travail consistera à se demander, au terme de l'analyse du système de gouvernance Mossi, si nous pourrons affirmer, comme Vidal-Naquet, que « Dans une cité démocratique le conseil propose, l'assemblée décide par un vote, les magistrats exécutent les décisions. Et les magistrats et les conseillers font partie de l'assemblée » ?108

107 Elle constitue une politique internationale où selon le Dictionnaire Universel« les nations sont intégrées dans un espace économique mondiale qui échappe en partie au contrôle des Etats ». A cela nous ajoutons qu'elle concerne aussi sans le nommer l'espace politique et culturelle. Il s'agit d'une politique monocentriste du monde dont le but est d'avoir la possibilité de jeter son regard sur tout et d'être à l'écoute du monde dans le but de mieux contrôler à distance grâce aux Nouveaux Technologies de l'Information et de la Communication, d'une politique déguisée de pillage, de légitimation de l'ingérence politique et étatique.

108 Vidal-Naquet, P. « Eschyle, le passé et le présent », In Vernant, J.P. et Vidal-Naquet, P. Mythe et tragédie en Grèce ancienne, tome II. Paris : Editions LA DECOUVERTE, 1986, p.99

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein