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III-4. ASPECTS ETHIQUES DE LA MEDECINE D'URGENCE.
La pratique de l'Aide Médicale Urgente est
régulée en France par le Code de Déontologie
Médicale qui réaffirme, dans sa version de 1995, le rôle
central du médecin « au service de l'individu et de la santé
publique », dans toute entreprise sanitaire, comme la seule personne
compétente à même de pouvoir répondre, de
façon légitime, si ce n'est exclusive, aux questions de
santé de l'individu et de la société. Cette approche place
le médecin, en tant qu'opérateur décisionnel
privilégié et responsable, au centre d'une réflexion
éthique sur les valeurs de la médecine moderne et l'expose
inévitablement au double paradoxe qu'énonce Paul Ricoeur (1) :
« Au départ, un premier paradoxe : la personne n'est pas une
marchandise, ni la médecine un commerce ; mais la médecine
coûte et elle coûte à la société. Un
deuxième paradoxe : la souffrance est privée, la santé est
publique ». Compte tenu des nouvelles orientations de l'AMU et des risques
de dérives déontologiques, les acteurs internationaux de l'AMU
ont réaffirmé leur attachement aux fondements éthiques de
leur identité médicale lors des Deuxièmes Journées
de Médecine d'Urgence organisées par l'European Council of
Resuscitation (ECR) qui se sont déroulées à Lisbonne
le 7 décembre 1990.
Ainsi, les partenaires internationaux de «SAMU de
France» se sont engagés solennellement et librement à
appliquer et promouvoir, dans l'ordre, les 4 principes fondamentaux
énoncés dans la Déclaration de Lisbonne :
Déclaration de Lisbonne
Cette déclaration reprend les quatre principes
bio-éthiques énoncés aux Etats-Unis en 1978 par le «
Rapport Belmont » (2), exposant les conclusions de la Commission Nationale
pour la Protection des Sujets Humains dans la Recherche Biomédicale et
Comportementale : Autonomie, Bienfaisance, Non-Malfaisance et Justice.
Première exigence : « Respecter et promouvoir
l'autonomie de la personne humaine. » Deuxième exigence : «
Améliorer la qualité de vie. » Troisième exigence :
« Réduire toute forme de iatrogènie. » Quatrième
exigence : « Promouvoir l'Equité et la Justice. »
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Cette perspective place le médecin au centre des
enjeux éthiques de l'AMU (3,4). Ces enjeux éthiques en
matière de santé sont aussi une préoccupation dans les
pays émergents (5,6,7,8,9).
III-4.1. « Respecter et promouvoir l'autonomie de
la personne humaine »
Sur le thème de la liberté et des droits
fondamentaux, énoncé dans la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme, il s'agit pour le médecin d'aider le patient à
retrouver l'autonomie dont l'a momentanément privé l'état
de détresse qui a justifié l'intervention de l'AMU. Ce principe
pose l'autonomie de la personne humaine comme une norme absolue, s'appliquant
aussi bien à la relation médecin-patient (secret médical),
qu'à l'exigence d'autonomie du médecin dans l'exercice de sa
profession.
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