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Les déterminants de l'offre de monnaie dans l'économie congolaise de 1980 à  2013.

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par Serge KASEREKA KANYAMA
Université Pédagogique Nationale - Licence en sciences économiques 2015
  

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1.3. La demande de monnaie

Les agents économiques choisissent de convertir leur épargne en actifs financiers (B) et/ou en actifs productifs (I). La détention de la monnaie (M) est une autre façon de conserver son pouvoir d'achat. La monnaie faisant donc partie des biens patrimoniaux, la quantité détenue par un agent ne peut que résulter d'un choix optimal. Simplifions l'analyse en supposant que ce choix s'opère sur deux actifs : ? la monnaie, qui peut être utilisée pour les transactions, mais ne rapporte aucun intérêt ;

? les titres, qui ne peuvent être utilisés pour les transactions mais rapportent un taux d'intérêt positif i.

Détenir toute sa richesse sous forme de monnaie est certainement très pratique pour les transactions. On éviterait ainsi le coût de convertir les titres en monnaie avant toute transaction réelle. Mais cela signifie aussi ne recevoir aucun revenu sous forme d'intérêt.

Par contre, détenir toute sa richesse sous forme de titres implique que l'on reçoit des intérêts sur toute sa richesse, mais aussi qu'il faut encourir le risque, liés à la conversion des titres en monnaie pour effectuer des transactions. Il est donc certain qu'il faut détenir à la fois des titres et de la monnaie. Mais dans quelles proportions ?

Le choix entre monnaie et titres dépend de deux variables :

? Le niveau de transactions. Supposons que l'on gagne un salaire de
50.000 FC par mois. Admettons que l'on dépense 5000 FC par mois. On peut vouloir garder en moyenne deux mois de dépenses dans sa poche, soit 10.000 FC en monnaie, et le reste (50.000 - 10.000 = 40.000) en titres. Si au lieu de cela, on dépense 6000 FC par mois, on pourra garder 12000 FC et placer ainsi seulement 38000 FC en titres.

? Le taux d'intérêt des titres. La seule raison de détenir une partie de son
revenu en titres est qu'ils rapportent un intérêt. S'ils ne rapportaient pas d'intérêt, on détiendrait tout son revenu sous forme de monnaie. Plus le taux

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« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

d'intérêt est élevé, plus on accepte de supporter les coûts associés aux opérations de vente et d'achat des titres.

Si le taux d'intérêt est très élevé, on peut décider de réduire ses avoirs en monnaie à une moyenne de seulement l'équivalent de deux semaines de dépenses, soit 2500 FC (en supposant toujours que l'on dépense mensuellement 5000 FC). Cela signifie que l'on va garder en moyenne 47500 FC en titres, et donc recevoir plus d'intérêts.

Nous venons de montrer que la demande de monnaie - c'est-à-dire la quantité de monnaie que les gens souhaitent détenir - dépend de deux variables, le niveau de transactions et le taux d'intérêt. Le niveau de transactions de l'économie est difficile à mesurer, mais il est loisir de penser qu'il est à peu près proportionnel au revenu nominal.

Nous pouvons écrire la relation entre la demande de monnaie Md, le revenu nominal PQ et le taux d'intérêt i comme :

Md= PQ.L(i)

(+, -)

Cette équation montre que la demande de monnaie augmente proportionnellement au revenu nominal. Si les prix P doublent par exemple sans modification du revenu réel Q, il sera nécessaire d'avoir deux fois plus de monnaie pour acheter le même panier de biens.

La demande de monnaie dépend par ailleurs négativement du taux d'intérêt.

Graphique n°1 : Demande de monnaie

Source : KABUYA KALALA, cours de Macroéconomie première licence FASEG, UPC, 2013-2014, inédits.

La relation entre la demande de monnaie, le revenu nominal et le taux d'intérêt est représentée graphiquement par la figure 1. La relation entre la demande de monnaie et le taux d'intérêt, pour un niveau donné de revenu nominal, est représentée par la courbe Md. Cette courbe est décroissante : plus bas est le taux

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d'intérêt i, et plus élevé est le montant de monnaie M que les gens souhaitent détenir. Pour un taux d'intérêt donné, une augmentation du revenu nominal accroît la demande de monnaie. En d'autres termes, une augmentation du revenu nominal déplace la courbe de demande de monnaie vers la droite, de Md à Md'.

La Mémoire Inflationniste « Sélective » Du Public Congolais10 : la logique des signes monétaires procède de celle de l'arithmétique : 100 F sont toujours le double de 50 F, même si le premier montant peut ne pas permettre, dans un contexte inflationniste, d'acquérir aujourd'hui ce qui, hier, valait 50 F. Une autre manière de voir les choses est de dire qu'à cause de l'inflation, il faut aujourd'hui deux billets de 50 F pour accomplir la même transaction alors qu'hier un billet de 50 F aurait suffi. Dans ce dernier cas, il y a cependant un « gaspillage » : au lieu d'émettre deux billets de 50 F, on peut économiser sur les coûts d'impression en ne fabriquant qu'un seul billet valant 100 F.

Ce raisonnement technique est en partie celui dont s'est inspiré l'institut d'émission qui, en 1992, malgré l'abondance de liquidités dans l'économie, entreprit une politique d'expansion monétaire fondée sur la mise en circulation de billets à grandes dénominations. Au départ, cette pratique s'est justifiée, selon la Banque centrale, par « la nécessité de résoudre rapidement la pénurie de billets qui empêchait les banques de dépôts de répondre aux demandes de retraits exprimées par la clientèle, et d'octroyer la partie du crédit levé en espèce ».

Mais la mise en circulation de grosses coupures était devenue une pratique si fréquente que l'argumentaire qui s'est imposé à la Banque centrale a été celui « d'adapter constamment les signes monétaires à l'évolution des prix afin de faciliter les transactions, de rationaliser les coûts d'impression des billets, de faire face aux arriérés des salaires du secteur public ».

Graphique n°2 : Evolution de la valeur faciale du Zaïre-monnaie, de 1968 à 1993

Source : KABUYA KALALA, cours de macroéconomie première licence FASEG, UNIKIN, juin 2005, inédits.

10 F. KABUYA KALALA et MATATA PONYO, op. cit., pp. 61-62 et 79.

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Il est vrai que la persistance de l'hyperinflation amoindrissait chaque jour davantage le pouvoir d'achat des billets de banque. Il devenait donc nécessaire de procéder à une augmentation conséquente de la circulation fiduciaire en vue de faire correspondre le volume nominal des moyens de paiement au volume des transactions. En outre, celles-ci gagneraient en commodité avec l'usage de billets à valeurs faciales élevées. Pourtant cette politique d'élévation de la valeur faciale des billets fut vite décriée par la population au motif que « les grosses coupures étaient inflationnistes ».

Bien que la Banque centrale s'en défendît, les agents économiques avaient, eux, une autre lecture des faits. Au fil des années, ils avaient appris à se prémunir contre la dégradation de leur pouvoir d'achat en essayant d'anticiper au mieux le taux d'inflation. Or il est bien connu que les anticipations se nourrissent de souvenirs, c'est-à-dire qu'elles sont fondées sur l'expérience vécue. Ainsi, le taux d'inflation anticipé par les agents économiques était fonction de ce qu'avait été l'inflation dans un passé récent. Dans ce domaine, ils avaient aussi vite appris à associer les vibrations des prix aux augmentations de la masse monétaire.

Pendant une grande partie de la décennie 90, la Banque centrale a précisément poursuivi une politique d'expansion monétaire effrénée, qui s'est opérée essentiellement par la mise en circulation successive des billets à grande dénomination. Dès lors, aux yeux du public, l'élévation répétée de la valeur faciale des billets- outre qu'elle suggérait une forte expansion de la masse monétaire ; - annonçait à coup sûr l'aggravation de l'inflation.

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