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Les déterminants de l'offre de monnaie dans l'économie congolaise de 1980 à  2013.

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par Serge KASEREKA KANYAMA
Université Pédagogique Nationale - Licence en sciences économiques 2015
  

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1.2 Le solde finance publique

La gestion des finances publiques en RDC a longtemps été soldée par des déficits chroniques, dont le financement était réalisé par des recours excessifs aux avances du système bancaire, essentiellement de la Banque Centrale. Cette option est même la seule possible, parfois, vu le sous-développement du marché des effets publics. Cette monétisation des déficits publics débouche sur l'inflation, qui est en soi un obstacle développement d'un marché des instruments de la dette.

La loi n° 005 relative à la constitution, à l'organisation et au fonctionnement de la B.C.C, interdit la B.C.C d'accorder des avances au Trésor dès 6 mai 2002. Fort malheureusement, cette disposition salutaire tant pour la stabilité que pour la population, semble « mourir de sa belle mort ». L'autorité monétaire loin de rompre avec les émissions au profit du Trésor, elle en a fait partie intégrante de son action comme en témoigne le tableau ci-après.

Tableau n°08. Financement des déficits publics en RDC en millions USD

Année

Besoin de financement(1)

Financement monétaire

(2)

Financement non monétaire (3)

(2)(1)

(3)(1)

1980

-237,454

194878,8

-956004

-82,0701

-17,9299

1981

-291,829

230480,1

-36140,1

-78,9779

-21,0221

1982

-710,096

713774,1

0,000613

-100,518

-0,5179

1983

-151,68

183295,2

1,9205

-120,843

220,8434

1984

-113,527

87029,62

-0,03352

-76,6596

176,6569

1985

-210,539

29090,13

4,7606

-13,817

113,817

1986

39276,84

168946,2

0,000156

430,1419

-530,142

1987

-32855,6

74403,91

-444,667

-226,457

326,4575

1988

-624,21

331794

0,471698

-53,1542

153,1542

1989

158925,7

-122786

0,381679

77,2598

-22,7402

1990

-721,614

602,1834

-956004

-83,4495

-8,505

1991

-1440,84

1453,435

-36140,1

-100,04

-1306

1992

-18226051,95

1146

0,000613

-97,4359

2850,427

1993

-324715042,98

375

1,9205

-98,8936

-1,2572

1994

-92295.85

473625

-0,03352

-100,04

-0,033

1995

3527,333

-3083,33

4,7606

-87,4126

-12,6063

1996

-33438,7

33438,21

0,000156

-99,9986

-0,00141

1997

-203888

203887,4

-444,667

-99,9998

-0,00019

1998

-155109

155907,5

 

-100

0

1999

-655453

655453,2

 

-100

0

2000

-210803

210803,3

 

-100

0

2001

3958,409

-3958,41

 

-100

0

Source : Rapports Annuels BCC 1980-1998 et Condensés d'informations statistiques 1999-2001, p.90

Il ressort de l'analyse de ce tableau que les déficits budgétaires caractérisant la gestion des finances publiques au cours de la période analysée ont été financés en grande partie par les avances de la BCC au Trésor. Ce qui a entrainé des

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« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

fortes inflations, ainsi qu'une crise de liquidités, frappant négativement l'intermédiation financière du pays et par conséquent la politique monétaire.

Par contre, les excédents budgétaires observés ont servi au remboursement d'une partie des emprunts du Trésor vis-à-vis de la BCC, des BCM et des détenteurs des effets publics.

Le financement démesuré du financement monétaire des déficits budgétaires a entrainé une baisse sensible des crédits intérieurs orientés vers l'économie, au profit des crédits de plus en plus croissant au secteur public qui lui, les utilisant souvent aux dépenses moins productives, comme le montre le tableau n°08.

? Le poids de la dette extérieure

Aussi nécessaire puisse-t-elle être pour financer l'investissement, l'accroissement de la dette externe constitue un fardeau d'une lourdeur exceptionnelle pour la République Démocratique du Congo.

Elle constitue une source de contrainte pour la gestion de la politique monétaire et contrarie celle-ci car son accumulation par l'Etat fait que toute variation du taux de change risque de se traduire par une hausse de l'inflation. La RDC est confrontée à une lourde charge du service de la dette par rapport à ses recettes et à ses réserves de change et le poids de celle-ci est sans conséquence sur la gestion de la politique de monétaire de la Banque Centrale.

En effet, la dette extérieure est payée en devise étrangère, ce qui pousse les autorités monétaires à recourir au marché de change pour convertir la monnaie nationale en devises étrangères. Mais, dans le contexte congolais, étant donné que la BCC ne dispose pas d'un stock en devises suffisant, elle est obligée de recourir à la planche à billet afin de disposer de la monnaie à convertir sur le marché de change pour payer sa dette extérieure. Ainsi, comme le stock des devises (demande) est limité alors que la masse monétaire en devise domestique augmente, cela va se traduire par une dépréciation de la monnaie nationale sur le marché de change. Et comme les prix de plusieurs biens et services sont libellés en devises étrangères, cela aura pour conséquence une hausse des prix. Ainsi, il se crée un conflit entre la gestion de la politique monétaire d'une part, et le financement de la dette extérieure d'autre part.

Le tableau ci-dessous renseigne que notre pays se trouve caractérisée par une situation de surendettement et d'incapacité à faire face au service de sa dette extérieure33.

33 A. ZONON, Les déterminants de l'inflation au Burkina Faso, Document de travail N°02/2003, Centre d'Analyse des Politiques Economiques et Sociales, CAPES, 2003, p. 33.

« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

Tableau n°09. L'évolution de la dette publique et ratios de soutenabilité

Paiements de la dette publique et soutenabilité de la extérieure

 

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Dette publique

8,672

9,967

9,44

9,427

9,878

9,878

9,945

PIB

2,415

0,338

0,259

0,207

0,079

0,006

0,001

Exportations

1,118

1,107

1,006

1,077

1,085

1,103

1,246

Ratio dette sur PIB

3,59

29,49

36,45

45,54

125,04

1646,33

9,945

Ratio dette sur exportations

7,757

9,004

9,384

8,753

9,196

8,956

7,982

Source : BCC, Rapports Annuels de 1995-2001 (en milliards USD), p.113

Il ressort de ce tableau que le poids de la dette extérieure par rapport au PIB et aux recettes d'exportation est en constante augmentation. Toutefois, il faudra noter que le ratio dette sur PIB, ainsi que le ratio dette sur exportations sont toujours supérieur aux seuils de tolérance qui sont estimés respectivement à 0.3 et à 1.5 pour les pays pauvres très endettes (PPTE). Donc la dette publique est non soutenable34.

C'est ainsi que nous pensons qu'un allégement de la dette extérieure de la RDC dans le cadre de l'initiative PPTE35, est nécessaire afin de lever les différentes contraintes qu'impose celle-ci sur l'activité économique du pays en général et sur la politique monétaire en particulier.

? Le manque de communication et d'information

Le manque de communication entre la Banque Centrale et les banques commerciales, problème typique des systèmes peu développés (comme c'est le cas en RDC) fait obstacle à la formulation et à la mise en oeuvre efficace de la politique monétaire. En R.D. Congo, les autorités monétaires n'envoient pas de signaux clairs sur l'orientation de la politique monétaire, et les banques commerciales sont souvent perplexes devant la politique conduite par la Banque Centrale. Enfin, le public a peu accès aux informations sur le taux d'intérêt et le volume des transactions sur les marchés.

? Les systèmes de paiement inefficients

L'inefficience du système de paiement en R.D. Congo oppose un obstacle majeur aux règlements le jour même ou à court terme des opérations entre investisseurs et réduit d'autant la liquidité des effets négociés.

En outre, l'importance du flot créé par ses carences, conjuguée à l'exigüité du marché interbancaire, oblige les banques commerciales à détenir des réserves excédentaires considérables sur le compte courant à la Banque Centrale afin d'éviter les pénalités élevées qui peuvent les frapper lorsqu'elles ne s'acquittent pas

34 Donc la RDC est dans une crise de d'endettement car l'économie congolaise est dans l'incapacité de

produire ou de générer les sommes d'argent qu'il faut pour rembourser la dette contractée ainsi que payer son service.

35 PPTE : Pays Pauvres très Endettés.

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de l'obligation de règlement des opérations de compensations quotidiennes. L'ampleur du flot et ses fluctuations erratiques sont un des principaux obstacles à la transmission des signaux de la politique monétaire.

Ainsi, pour bien mener sa politique, la Banque Centrale du Congo a besoin d'un système financier intégré, efficace, stable, couvrant toute l'étendue du pays et acceptant des instruments de paiement autres que le fiduciaire et le chèque. Le dénouement des transactions financières devrait s'effectuer en un temps réel.

? Le disfonctionnement du système financier

Pendant qu'au niveau international les tendances sont telles qu'il faut mettre en place des nouveaux produits afin d'adapter l'environnement bancaire et financier par rapport aux exigences des innovations rapides et celles de l'internationalisation des flux financiers, le système financier congolais a été affecté par une longue crise et reste dans une phase de financement traditionnelle caractérisée par la collecte de dépôt et de l'octroi de crédit au niveau de banques36.

Cependant, la désintermédiation financière en RDC est attestée par une insuffisance de la mobilisation de dépôt bancaire et a eu tendance à s'accélérer à cause de l'instabilité économique. Les agents économiques étant rationnels, leurs préférences sont tournées vers les actifs financiers (devises) que d'aller vers le circuit bancaire. Les taux d'intérêt n'étant plus attractif, ils sont restés longtemps négatifs du fait de l'inflation.

Ainsi, la pénurie des billets dans les banques apparaît comme la principale cause conjoncturelle de la déchéance du système bancaire congolais. En dépit d'une forte expansion des liquidités, liée à la monétisation des déficits publics par la Banque centrale, les banques commerciales se trouvent privées de versements en espèces. Par ailleurs, ne pouvant actionner leurs disponibilités à la Banque Centrale, elles sont dans l'impossibilité de transformer les crédits octroyés aux clients en espèces. Incapables de répondre aux demandes pressantes de retraits de fonds, les banques commerciales, démunies en outre de devises, ne disposent d'aucun élément susceptible d'attirer les espèces détenues par les agents économiques.

Parmi les facteurs qui favorisent une forte circulation fiduciaire hors banque, il y a les nombreux paiements en espèces aux guichets de la Banque Centrale au profit de divers fournisseurs de l'Etat.

L'environnement des affaires des banques commerciales congolaises a été marqué par une succession d'événements auxquels celles-ci semblent ne pas s'adapter : le jeu des placements spéculatifs appelé « bindo », les deux vagues de

36 KIYANGA KI N'LOMBI, Notés de Cours de gestion des institutions financières, 2ème Licence EMI, Université Protestante au Congo2010-2011, p.24.

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« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

pillages qui ont affecté leurs clients et la pénurie persistante des billets dans le circuit bancaire37.

Notons par ailleurs qu'avant 2001, les banques commerciales ont connu des difficultés en raison de l'hyperinflation, de la décote, de l'insolvabilité et l'illiquidité bancaire, du non-financement des activités de production ainsi que de la naissance de la désintermédiation financière et de la dollarisation.

Du fait de ces événements, l'on remarque aujourd'hui une prédominance du secteur informel.

Cette situation n'est pas sans conséquence sur la conduite de la politique monétaire de la BCC ; étant donné que celle-ci n'a pas un contrôle sur une partie de la masse monétaire en circulation dans l'économie.

En effet, étant donné que la Banque Centrale ne contrôle que de la monnaie scripturale, la prédominance de la monnaie fiduciaire peut constituer un frein à l'efficacité de la politique monétaire.

Tableau n°10. L'évolution de la circulation fiduciaire et de la circulation bancaire en %

Années

Circulation Fiduciaire

Circulation banques

1980

44,7

55,3

1981

45

55

1982

40,74

59,26

1983

55,4

44,6

1984

55,02

44,98

1985

57,02

42,98

1986

59,02

40,98

1987

56,39

43,61

1988

56,13

43,87

1989

70,53

29,47

1990

84,29

15,72

1991

96,9

3,1

1992

38,61

61,39

1993

45,24

54,76

1994

33,09

66,91

1995

48,39

51,61

1996

38,25

61,75

1997

46,43

53,57

1998

60,89

39,11

1999

85,22

14,78

2000

67,76

32,24

2001

40,73

59,27

Source : l'auteur sur base de données de la BCC, Rapports Annuels 1980-2001

37 KABUYA KALALA, Op. cit., p. 74.

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« Les Déterminants de l'Offre de Monnaie dans l'Economie Congolaise de 1980 à 2013»

En conclusion, il sied de souligner que la politique monétaire durant cette (sous) période n'a pas obtenu des résultats satisfaisants. L'évolution des taux d'inflation en est une illustration.

Cet échec tire son origine de l'incohérence et l'irrationalité dans l'agencement des instruments de politique monétaire, bien que l'Etat Congelais ait aussi une part de responsabilité importante.

La BCC a maintenu la grille de ses instruments lesquels n'ont pas eu d'effet au regard de l'ampleur du déficit budgétaire, source d'hyperinflation ». Notons que, c'est de la politique budgétaire que dépend, en dernier ressort, la possibilité de mettre un terme à l'hyperinflation : quand le problème est devenu tellement apparent, l'Etat est contraint de réduire ses dépenses et d'accroître ses recettes. Il peut, de ce fait, émettre moins de monnaie, et donc ralentir la croissance monétaire. On voit donc que, même si l'inflation est partout et toujours un phénomène d'ordre monétaire, la fin de l'hyperinflation est généralement d'ordre budgétaire et monétaire.

Cette situation a conduit les agents économiques résidents à adopter un comportement en faveur des monnaies étrangères au détriment de la monnaie nationale. C'est-à-dire, ils ont opté pour l'utilisation des devises dans la quasi majorité de leurs opérations financières, parfois en abandonnant même la monnaie nationale. Cette attitude a consacré ainsi le régime de dollarisation de « facto » en RDC, régime qui était officialisé par les mesures légales.

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