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Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).


par Jacques Simo Djilo
Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018
  

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4.3 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN PENDANT LA PERIODE POST COLONIALE.

Au lendemain des indépendances, l'engagement des africains dans la protection du patrimoine culturel s'accélère. Pour Taboue Nouaye, « les africains sortent progressivement de leur sommeil culturel ».217(*)Pour le cas spécifique de la chefferie Bandjoun, plusieurs actions ont été menées jusqu'à ce jour dont les deux principales qui ont retenu notre attention dans les recherches sont : la création d'une case patrimoniale Bandjoun, couverture archaïque des objets et l'organisation des festivals culturels dénommés Tsem Todjom.

4.3.1 Couverture traditionnelle des objets patrimoniaux

Dans nos différentes descentes sur le terrain, nous avons constaté que les acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun se battent selon le seuil de leurs moyens pour protéger le patrimoine culturel matériel. En effet, devant l'action dévastatrice des alinéas naturels, certaines sociétés secrètes dont les cases sont implantées à la place publique du royaume ont opté pour une couverture des tambours à l'aide d'une tôle en aluminium. L'image suivante présente clairement l'effort fourni par ces sociétés secrètes dans la protection de leurs biens matériels.

Photo 36: Technique de protection d'un Tambour Horizontal

Source : Cliché Simo Djilo le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun

Ces deux photos sont celles des cases traditionnelles appartenant à la société sécrète Kemdje. Elles sont implantées sur la grande place publique de la chefferie. L'observation de ces images laisse apercevoir sur la première deux tambour horizontaux (lem) dont l'un placé sur des pierres et recouvert de tôle et le second placé également sur des pierres mais exposé à l'air libre. La deuxième image présente une fois de plus un tambour horizontal recouvert entièrement d'une tôle pliée dans le sens du tambour. Dans un entretien avec albertin Koupgang, il ressort que ces tambours y sont depuis le règne de Fotué. Ils ne peuvent être déplacés et ne sont joués qu'à des occasions spécifiques à cause de leur caractère sacré. Ainsi cette façon de recouvrir les tambours est l'un des moyens de protection de ce patrimoine matériel contre les alinéas naturels.218(*)

4.3.2 La création d'une case patrimoniale.

Au lendemain des incendies à la chefferie Bandjoun, certains spécialistes au rang desquels Flaubert Nouaye ont trouvé juste de mettre sur pied une case patrimoniale gage d'une continuité de la tradition historique et identitaire du Village Bandjoun. Bien plus, un guide de musée au nom d'Albertin Koupgang a été formé pour être au service de la conservation et de la transmission de l'histoire. La photographie suivante a été prise à l'intérieur de la case patrimoniale actuelle.

Photo 37: L'intérieur de la case patrimoniale Bandjoun

Source : https://travel.jumia.com/blog/fr/visite-guidee-du-musee-de-bandjoun-au-coeur-de-la-tradition-bamileke-2163.

La réalisation de cette case patrimoniale est l'oeuvre de plusieurs acteurs nationaux, étrangers et non gouvernementaux. C'est la combinaison de l'action du COE (Centro Orientamento Educativo), de l'IFA (Institut de formation artistique), l'UNESCO, MAE (Ministero degli Affari Esteri), La CEI (conférence épiscopale Italienne) et la communauté de la chefferie Bandjoun représentées par son roi.

Cette case patrimoniale a été élaborée à partir du thème central de la forge219(*) ; On y aborde son identité, son histoire, sa création plastique et ses spécificités. Les bamilékés en général et Bandjoun en particulier sont réputés être d'excellents forgerons. A Bandjoun, la société, longtemps dominée par la tradition orale, a été édifiée par les artistes de tous les corps de métier. A ce titre, la forge constituait un élément essentiel de la société, d'abord comme technique de création, ensuite comme outil de développement. Elle a permis la fondation et la consolidation de la dynastie régnante en façonnant des outils, des armes ou encore des objets de culte. Enfin, encouragée par le pouvoir royal, la forge était devenue un intermédiaire auprès des autres arts, fournissant les outils nécessaires à la création et se plaçant au service du pouvoir, de l'apparat et du goût du faste, si vivace dans la tradition Bandjoun.

L'exposition de cette case patrimoniale présente des trônes, des masques, des pipes, des produits de beauté, des décors traditionnels et contemporains. Elle rend également hommage aux grands artistes qui ont marqué les siècles en mettant en avant le dynamisme artistique toujours présent. Par ailleurs, en dehors de cette riche exposition, on découvre et on peut admirer des récipients en terre cuite, des récipients en bois, des objets de vannerie, des pipes, des sacs et surtout des calebasses. Ce musée tente ainsi de témoigner de l'aspect vivant d'une tradition qui a su s'adapter à la modernité. C'est pourquoi Notué déclare : «  Le musée de Bandjoun a été conçu pour appartenir à la communauté internationale des musées en plus de son inscription légitime à la réalité africaine, camerounaise, locale et régionale »220(*).

Dans la dimension protectrice du patrimoine culturel Bandjoun, cette case, patrimoine réalisé en 2004, est un témoignage vivant de la survivance de la culture Bandjoun. Elle est le moyen par excellence de lutte contre la globalisation culturelle, elle pérennise l'histoire du royaume, valorise la culture et stimule la fierté identitaire et culturelle Bandjoun. C'est pourquoi Notué résume l'importance de la case patrimoniale Bandjoun en ces termes : «  Le musée Bandjoun apparait comme un petit foyer de résistance contre le coté pervers de la mondialisation, en renfonçant à travers ses collections et leur présentation, le respect de la pluralité culturelle et sociale [...] Au développement des valeurs culturelles qui permettent de surmonter le divorce entre le local et l'universel ainsi qu'entre la tradition et la modernité »221(*).

* 217 Taboue Nouaye F., Spoliation des valeurs sculpturales africaines pendant le triste épisode coloniale de son histoire, in Ngim nu Magazine Festival Bamendou, n0 001, 54ème Editions, Mars 2019, p. 31.

* 218 Entretien avec Albertin Koupgang le 14-03-2019 à Hiala.

* 219 Entretien avec Albertin Koupgang le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun

* 220 Notué, J-P., « Avant propos », in Bandjoun, trésors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.18.

* 221 Ibid, P. 19.

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