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Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).


par Jacques Simo Djilo
Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018
  

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4.3.4 Organisation des festivals culturels Msem Todjom

Pendant longtemps, le patrimoine culturel Bandjoun et Bamiléké en général donnait l'impression d'être fermé sur lui-même entouré d'un mystère gigantesque qui, avec l'avènement de la mondialisation disparaissait progressivement. C'est fort de ce constat que les monarques Bandjoun de l'ère de la mondialisation dans le souci de la survivance de ce patrimoine eurent l'idée de création d'un espace spécial de valorisation et de célébration du Patrimoine culturel Bandjoun. Il convient de préciser que même si la première édition du festival célébrée en tant que « Festival Msem Todjom » dans sa solennité, a eu lieu en 2005 sous le haut patronage de sa majesté Kamga Djomo Honoré, l'initiative et le nom de baptême de ce festival est l'oeuvre de Ngnié Kamga. En effet, le festival Msem Todjom de 2005 est précédé par trois autres festivals notamment celui de 1989 et celui de 1999 et de 2001. Les affirmations de Pierre Tchoutezo démontrent cet argumentaire : « Tout est parti le 11 novembre 2011 à la place des fêtes du marché Bandjoun, à la suite du toukoussi, organisé par le roi Ngnié Kamga qui devrait être exécuté par les initiés pour la clôture des deuxièmes journées culturelles Bandjoun. Cette initiative avait reçu le baptême de Msem Todjom»222(*). Mais alors c'est en 2005 suite aux tumultes qui avaient secoué le royaume que le plus grand festival culturel Bandjoun Msem Todjom fut organisé. C'est un festival biennal avec pour vocation de rassembler le peuple Bandjoun autour de son Roi et la culture. Le roi Djomo Kamga Honoré dans son discours d'ouverture de festival en 2011 déclarait : « Le festival Msem Todjom est avant tout l'expression d'attachement des fils et filles Bandjoun à leur histoire, à leur culture, aux traditions de leurs ancêtres ».223(*)

L'arrivée de sa majesté Roi Djomo dans cette époque trouble de l'histoire des Bandjoun, fait de lui le personnage central de cette période transitoire. Le festival Msem Todjom est donc une féerie, de beauté, de découvertes du peuple Bandjoun à travers son art et sa culture. Ce sont des journées porte-ouvertes dans lesquelles tous les camerounais sont invités à venir découvrir le savoir-faire du peuple Bandjoun à travers des expositions, des danses, des concours d'art culinaire et la dégustation des mets locaux. Cet événement sert à présenter le patrimoine culturel et valoriser aux yeux du monde par le biais du média toutes les richesses du peuple Bandjoun. A cet effet, le docteur Leo Kouga affirme :

Au-delà de l'aspect festif qui les caractérise, les journées culturelles sont devenues une véritable institution chez ce peuple de la région ouest du Cameroun, il s'agit en réalité d'un moment de communion entre un peuple et son histoire. Une histoire qui le rattache non seulement à ses origines, mais aussi à ses ancêtres et à Dieu. Moment d'affirmation identitaire, de valorisation et de promotion des valeurs culturelles locales, les journées culturelles constituent aussi une circonstance au cours de laquelle la société est purifiée des maux qui peuvent être source de discorde et de division224(*).

Les journées culturelles ne sont pas seulement une stratégie de marketing pour les promoteurs des produits locaux mais surtout une occasion pour le peuple Bandjoun d'ouvrir ses portes au monde extérieur dans le but d'exhiber positivement sa culture. Dans l'espace de quelques jours, Le Roi Bandjoun tous les fils de son terroir du Cameroun et principalement la jeunesse à venir découvrir et redécouvrir leur culture. Le Roi invite aussi les amis à rentrer de plein pied dans une communauté diverse, multiple, de culture ancienne et d'ambition modernes.

Ce festival se déroule sur le site même de la chefferie, les journées culturelles sont une foire artistique, musicale, gastronomique, avec des distractions diverses. On y vient pour apprécier les richesses locales à travers l'art et les différentes expressions de vie. La foire présente l'art sous tous ses costumes dans ce recoin du grassland à travers les acteurs et intervenants. Elle se déroule autour de différents axes.

L'artisanat : ce sont globalement des artistes sculpteurs qui aujourd'hui célèbrent encore le faste de la cour des rois malgré les influences de la vie contemporaine par des réalisations impressionnantes inspirées de l'histoire du royaume. A Bandjoun, il existe une grande variété de contenants conçus sur place, (principalement les récipients, les outils de danse et les sacs), chacun doté d'un emploi spécifique et utilisé tant pour la cuisine pour le matériel rituel ou d'apparat. Un participant allogène à ce festival livre son témoignage en ces termes : « Ce qui frappe dans les contenants c'est la multitude des modèles, des styles, la liberté d'expression qui transparaît dans le détail de la taille, de la décoration, du tissage ou du modelage. Ces différents objets vendus à prix très symboliques permettent d'emporter avec soi un bout de l'histoire, d'un mythe ou un souvenir significatif d'un règne glorieux »225(*).

La peinture : on rencontrera aussi à travers des expositions des artistes plasticiens contemporains qui tirent leur inspiration de l'histoire du pays bamiléké en général mais aussi des voyages à la rencontre d'autres civilisations. Alors, leurs réalisations superposent des cultures entre tradition et modernisme. A travers les représentations, les jeux de couleur, transparait ce devoir de rester fidèle à la tradition locale mais également celui de redéfinir l'art traditionnel en incluant la vision contemporaine de l'art qui fait de Bandjoun un peuple ouvert et intégrant.

Les musiciens sont également au rendez-vous. Bandjoun renferme au moins une légende de la musique nationale aujourd'hui. Avec des sonorités importantes, ils donnent de la voix aux journées culturelles. Les musiciens qu'on rencontre sur le site de la foire sont surtout des conservateurs. Avec des textes fidèles à la langue locale ou non, les messages sont toujours centrés sur les concepts propres à la localité, entre autre la polygamie, la sauvegarde des coutumes, les éloges aux personnalités, cultes, l'intégration, l'amour, le partage... des valeurs qui donnent couleur et vie à l'existence du royaume.

Les écrivains, fidèles au rendez-vous présentent des livres divers. Bandjoun est lui-même au Cameroun parmi les villages qui ont été depuis un certain temps au centre d'une littérature riche et diversifiée. Des auteurs s'y sont arrêtés pour décrire un aspect de sa vie, que ce soit son environnement historico géographique ou même ses hommes. Les thèmes généraux partent de l'histoire des grands règnes aux faits quotidiens. Les écrivains sont des historiens, des anthropologues, mais aussi des romanciers, des conteurs qui illustrent des légendes et épopées fantastiques

L'art culinaire :Le travail n'étant rien sans le plaisir dans la localité, il y'a le plaisir d'apprécier l'art culinaire par des pauses gastronomiques avec les cultures vivrières locales qui permettent de concocter d'excellents mets mais également le plaisir d'apprécier les danses des sociétés secrètes (Massu, Lali, Wouop, Tso, Mougo, Ghali...) d'abords pour le mystère que revêt l'art vestimentaire complètement mystifié pour les prestations, mais également pour la beauté et la précision des gestes, des pas, des roulements de tambours.

Le tourisme : Avec la modernisation de la culture par son exposition à d'autres cultures, Bandjoun aujourd'hui revêt harmonieusement les attributs d'une destination touristique. On apprécie d'abord son climat, la région étant l'une des plus fraîches de la zone équatoriale. Sous un ciel d'un bleu éclatant, se dévoilent des paysages pittoresques. Bandjoun aujourd'hui c'est comme une ville neuve, qui grâce à ses conservations attire de plus en plus de touristes. Le passé a inspiré le tourisme, mais il y'a aussi la nature, le rêve pour l'amateur de « soleils lointains » de paysage de montagne, d'architecture traditionnelle. Ces journées sur le site des festivités, permettent aux touristes d'explorer Bandjoun dans son intégralité et maitriser les sentiers et grandes ruelles.

Les journées culturelles c'est donc l'occasion pour les profanes de découvrir ce visage qui , de passage sur les routes nationales, renvoie l'image d'une cité artistique avec des architectures post modernes mais aussi celles de découvrir la force des traditions dans cette localité avec les lieux sacrés ou la rencontre avec quelques personnalités de cultes.226(*).

Tous ces lieux constituent un patrimoine intéressant à visiter pour tous ceux qui s'intéressent à cette culture. Ainsi d'une manière générale, le docteur Kouga résume la place du Msem Todjom ainsi « Les journées culturelles Msem Todjom s'attachent à donner une vision exhaustive, à la fois historique, sociale, culturelle et économique du peuple Bandjoun. Elles permettent au village Bandjoun de conserver, entretenir et officialiser ses coutumes afin de toujours pouvoir apporter sa contribution au salon des cultures du monde ».227(*)

* 222Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation ..., p.168.

* 223 Discours d'ouverture du festival Msem Todjom par Djomo Kamga Honoré in Bulletin du festival Culturel Tsem Todjom n0 3, 2011, P. 2.

* 224Kouga L., « Msem Todjom » in http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/.

* 225 Bulletin du festival Culturel Tsem Todjom n0 4 2013, p. 13.

* 226Les principaux sites touristiques sont :la chefferie Bandjoun dans son décor de paille, de bambous, de toits effilés, de couleurs à la fois vives et pâles, on hume aussitôt l'odeur de l'histoire. Les concessions des plus grands notables que retient l'histoire, notamment celles des membres du clan des 9 notable tout autour de la chefferie. Le la'a kam dans la concession de Tafo mekui Le schuep chez tamounok, un lieu sacré surtout à fonction de justice avec son histoire.

Il y'a également des lieux sacrés, lieu d'histoire, de mythe mais aussi de pratiques qui jouent des rôles très important dans l'histoire te la pérennisation des cultures comme , Le Vohmessoh : grande foret à Demdeng , La chute de Geschio à Dja dans son décor assombrit par les grands arbres,, Yechio à Tseghem avec sa petite chute et son cour d'eau abritée dans un paysage de broussaille, Le Gouop-aa de Mouwè avec ses pierres en cascade

* 227Kouga L., « Msem Todjom » in http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand