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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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4.2.3 Référencer les migrants à l'OIM

Une autre pratique ayant progressivement émergé dans le contexte de lutte contre la migration irrégulière est le référencement vers des structures d'assistance aux migrants. À Agadez c'est vers l'OIM que sont référés les migrants dans la mesure où la loi 2015-36 les considère comme des victimes. Ainsi, après chaque opération d'arrestations de passeurs, les migrants sont mis à la disposition de l'OIM pour bénéficier du retour volontaire assisté. Ces référencements sont l'oeuvre d'acteurs divers comme l'indiquent ces propos « On travaille avec l'OIM. C'est auprès d'eux qu'on envoie les migrants qui veulent retourner volontairement dans leur pays. L'OIM ne veut pas de la présence des véhicules de la police, car ils ne forcent pas les gens à retourner. » (Entretien, Agadez, DRPN, mai 2016). Ou encore ces propos « Au niveau du trafic illicite c'est l'OIM qui prend en charge le retour du migrant qui décide de retourner volontairement. On travaille tous les matins avec l'OIM »,( Entretien, Agadez, Procureur, mai 2016). Même sur le terrain, les FDS savent que c'est à l'OIM qu'il faut référer les candidats au retour volontaire. « Quand nous prenons un véhicule à Séguédine, on met le chauffeur et le véhicule à la disposition de la gendarmerie. Les migrants sont admis à OIM de Dirkou » (Entretien, Agadez, GNN, , mai 2016)..

Photo 2:Une plaque indiquant le centre OIM à Agadez
Crédit photo : B Ayouba Tinni, Agadez, juillet 2017

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Photo 3 : Des migrants au centre OIM à Agadez Crédit photo : B Ayouba Tinni, Agadez, juillet 2017

Ces témoignages montrent à quel point l'OIM dispose d'un vaste réseau qui met à sa disposition les migrants voulant retourner dans leurs pays. Cette organisation est bénéficiaire des ressources de l'UE dans le cadre du Fonds fiduciaire d'urgence d'un montant de six millions neuf cent quatre-vingt-dix-neuf mille huit cent quatre-vingt-treize (6 999 893) euros sur trois ans pour mettre en oeuvre ce projet dans la région d'Agadez. Cette action vise à éloigner ces migrants de la route migratoire menant à l'Afrique du Nord

4.2.4 Emprisonnement des prestataires de services de la migration

L'essentiel des personnes détenues au mois d'août 2016 dans la lutte contre la migration irrégulière à Agadez sont des Nigériens exerçant dans le domaine du transport des migrants. Il s'agit pour l'essentiel des jeunes Toubous et Touaregs assurant la jonction entre les deux rives du Sahara. Ce sont tous des chauffeurs prestataires engagés par des Nigériens ou des Libyens. Monsieur Bachir, jeune de Dirkou explique que l'absence d'emploi et les difficultés de mise en oeuvre de la culture des dattes l'ont contraint à devenir chauffeur.

«Il faut des moyens, tu feras des années en train d'attendre les dattes et même si tu commences à récolter ça ne dépassera pas dix sacs et le sac ne dépasse pas dix mille francs. Et même la bonne qualité ne dépasse pas 15000 FCFA le sac. Cent cinquante mille ne peut pas vous nourrir toute l'année et puis c'est seulement à Bilma qu'on produit du sel. Nous, nous sommes à Dirkou et c'est à Bilma qu'il y a du sel et même là-bas chacun a sa parcelle ». (Entretien, Agadez, Bachir, novembre, 2017).

En outre les chauffeurs mis aux arrêts indiquent n'avoir pas pris connaissance du caractère illégal de leur activité. Souvent c'est en prison ou à la justice que cela leur est notifié comme le souligne Ibrahima.

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« Je viens de l'apprendre parce qu'on n'a parlé de cela ni à la radio ni dans la ville. Ils n'ont pas déclaré lorsqu'ils nous ont arrêtés. Si nous le savons, nous n'allons pas transporter les étrangers. Nous vivons de cette activité. Parce que si tu fais un tour, tu gagnes 150000 francs à 200000 FCFA, tu peux te marier et nourrir tes parents. Tu fais deux ou trois tours, tu te reposes un peu puis tu reprends et c'est ainsi que tu

peux avoir de quoi nourrir ta famille toute l'année. » (Entretien, Agadez, Ibrahima, novembre, 2017).

En fait, la loi votée plusieurs mois plus tôt n'a pas fait l'objet de sensibilisation à l'échelle nationale ou régionale avant sa mise en application. Même les députés élus au titre de la région d'Agadez et qui sont conscients du poids des activités en liens avec la migration sur l'économie locale n'ont pas communiqué dans ce sens. Dans ce contexte, l'application était brusque et violente. Tout porte à croire que le Niger veut rassurer son partenaire sur sa capacité et sa volonté d'agir. Les jeunes détenus, dans la foulée, représentent la bonne foi des autorités envers l'EU.

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