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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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7.1.4 Destinations finales des migrants

S'agissant des destinations finales, la moitié des répondants veulent aller en Europe à travers la Méditerranée. Ainsi, 31,4 % ont choisi l'Italie, 8,6 % la France et moins de 5 % l'Allemagne. En fait, l'Italie est la porte d'entrée en Europe pour ceux qui y accèdent via les côtes libyennes. Ces candidats à l'immigration vers l'Europe, proviennent largement du milieu urbain, des pôles économiques comme le Nigéria, le Cameroun et la Côte d'Ivoire. Ils sont jeunes et instruits, leur rêve est d'aller en Europe. Certains ont des contacts le long de la route migratoire liant le

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Niger, l'Algérie, la Libye et même l'Europe. Selon Timéra, « le choix de la destination est rarement le fait du hasard ou de la subjectivité. Il répond à des considérations de contexte : l'existence de filières familiales déjà constituées et la disponibilité de « points de chute ». Ainsi, on part souvent pour rejoindre quelqu'un de la famille déjà installé. On peut partir parce que fonctionnent des stratégies migratoires familiales qui font que le premier arrivé permet à ceux qui le suivent (fils, frères, cousins) de « passer ». La présence dans presque tous les cas d'un membre de la famille (père, oncle, frère, cousin) dans le lieu d'immigration choisi le confirme. » (Timera, 2001).

À l'inverse, la Libye et l'Algérie sont mentionnées par la moitié des répondants comme destination finale. Il s'agit des Sénégalais et Gambiens qui n'ont pas les moyens pour financer un long voyage en Europe. Leurs objectifs sont de travailler en Afrique du Nord, d'avoir des ressources pour aider leur parent, de constituer un capital puis retourner au pays et monter une activité génératrice de revenus dans certains cas pour ne pas revenir en migration comme le souligne Monsieur I : « j'ai quitté mon pays pour des raisons économiques. La plupart de ces gens qui quittent leur pays c'est pour aller au Maghreb soit pour aller en Europe. Moi, j'ai quitté mon pays pour venir travailler et gagner de l'argent puis retourner dans mon pays et continuer mes études parce que ma famille est pauvre. Dans ma famille je suis le seul qui a étudié. Mon père est décédé, ma mère est vieille, mon grand-père n'a pas fréquenté, il ne sait pas lire. Mon cas est particulier, je suis Sénégalais, j'ai étudié au Sénégal mais toute ma famille vit en Guinée Bissau et elle ne comprend rien concernant les études. J'ai étudié jusqu'au niveau Master. J'ai entendu des gens dire que là-bas on peut gagner de l'argent dans peu de temps et revenir ». (Entretien, Ismael, Agadez, 11 février 2018).

La possibilité de trouver du travail est soulignée par 42,9 % des personnes interrogées pour choisir la destination, contre 13,3 % en vue de l'opportunité de trouver un club de football, alors que 19 % le motivent pour gagner plus d'argent.

Ces chiffres de manière relative révèlent à quel point l'eldorado européen persiste auprès des jeunes africains. La réussite du voisin, ou du cousin ayant construit une villa ou un immeuble constitue des facteurs déclencheurs du départ « L'ambition personnelle est un moteur puissant qui conduit sur les routes nombre de jeunes africains et pas seulement les plus audacieux. (Bredeloup, 2008)

C'est donc un schéma où la réussite des uns déclenche le départ des autres. En outre, de nos jours, l'immense profit que génère l'industrie du football pousse les jeunes africains à vouloir

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aller en Europe à la recherche d'un club. Du Libéria à la Côte d'Ivoire en passant par le Sénégal, le Cameroun, le Nigéria et le Togo, le mythe de devenir le prochain Georges Weah, Etoo fils, Drogba ou Adebayor, Mohamed Sallah, Sadio Mané persiste toujours dans les facteurs motivant le départ.

Ce contexte est renforcé par la puissance des réseaux sociaux qui ont considérablement réduit la distance. Le camarade ou l'ami qui quitte le village peut se retrouver en un mois en Europe. Il n'hésite pas à envoyer ses photos et partager le chemin emprunté avec ses amis restés au pays. Il va jusqu'à donner les contacts des passeurs qui lui ont facilité le voyage à chaque étape de sa mobilité. L'exemple réussi de traversée pousse toujours les amis à vouloir tenter leur chance. Comme le souligne la chargée de protection du centre de transit OIM Agadez « Le départ pour les jeunes africains est un défi qu'ils se lancent entre eux, un appel d'air entre mineurs à travers le téléphone et les réseaux sociaux. Chercher des conditions de vie meilleure et améliorer leur pouvoir d'achat telles sont les motivations ». (Entretien, centre OIM Agadez, février 2017).

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