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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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8.3 De Niamey à Dakar le difficile chemin du retour

Il s'agit dans cette partie de rendre compte du voyage avec les rapatriés de Niamey à Dakar. Elle met en exergue les conditions du voyage dans les différents pays traverses.

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8.3.1 Première étape du rapatriement : Niamey-Petel-Kolé frontière avec le Burkina Faso

8.3.1.1 Le départ de la gare Rimbo de Niamey : la première séparation

Il est 3h du matin à la gare internationale Rimbo de Niamey. L'heure de l'embarquement a sonné pour les passagers. On peut entendre à travers les haut-parleurs « passagers à destination de Ouaga, Bamako, Cotonou, Lomé...rejoignez les bus ». Dans la foulée chacun ramasse ses bagages du dortoir. Chaque passager se précipite vers le bus de sa destination. Chacun s'assure d'être au bon endroit. Les Ivoiriens se dirigent vers le bus à destination d'Abidjan ; Béninois, Togolais et Ghanéens se retrouvent devant le bus de Lomé tandis que Burkinabè, Sénégalais, Maliens, Gambiens, Guinéens de Bissau et de Conakry attendent devant le bus de Bamako. Mais avant de se séparer en fonction des destinations les rapatriés prennent quelques minutes pour des accolades entre eux avec toujours cette phrase à la fin « bonne chance, mon frère ». C'est la première étape de séparation entre les rapatriés dont les destins de certains se sont croisés au Niger dans le centre OIM d'Agadez. Ce séjour a fait d'eux une « communauté de destin » puisqu'ils sont tous candidats au retour dit volontaire.

Moteur en marche, l'agent de Rimbo se tient devant le bus où doit commencer l'appel nominatif. Derrière lui, se trouve l'agent OIM, convoyeur des migrants rapatriés. Il est reconnaissable à travers son gilet de visibilité. L'appel commence et déjà 5 passagers prennent place dans le bus. Soudain, l'agent annonce les couleurs « OIM préparez-vous », c'est-à-dire que ce sont eux qui seront appelés bientôt. Les migrants perdent ainsi momentanément leur identité individuelle au profit d'une assimilation à l'agence onusienne.

Bien qu'étant parmi les premiers à embarquer, les migrants occupent les sièges arrière du bus. Là, on note de nouveau un regroupement par nationalité comme dans le dortoir. À 4h du matin, on sort de la gare.

8.3.1.2 La traversée de la frontière Niger- Burkina Faso ou le début d'un contrôle discriminatoire

La lumière éteinte, les passagers reprennent le sommeil. C'est ainsi que le voyage continue jusqu'à l'entrée de Téra où nous faisons l'objet de contrôles de la part de la police. À la gare Rimbo de cette ville, un arrêt est marqué pour la prière de l'aube.

Arrivés à Petel-Kolé, poste de police frontalier avec le Burkina Faso, deux agents se postent devant le bus. L'agent OIM se met à côté d'eux et rassemble les laissez-passer des rapatriés. La

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police collecte les cartes d'identité des autres passagers. Tous les passagers attendent d'un côté sous la surveillance d'un agent de police. Pendant ce temps, le convoyeur de l'OIM se présente devant le poste de police pour l'enregistrement et la vérification des laissez-passer. Les rapatriés sont autorisés les premiers à passer la frontière.

Pour les autres passagers, les cartes sont regroupées en deux lots. Ils sont tous invités à traverser la frontière. Le premier lot comprend les scolaires et les fonctionnaires nigériens qui sont invités à récupérer leur pièce d'identité un peu à l'écart du goudron. Ils récupèrent sans rien payer. Par contre, ceux du second lot comprenant des Nigériens et d'autres nationalités, ils ont dû passer sous le hangar de la police pour récupérer leur pièce. Il s'agit en fait d'un espace aménagé où la police des frontières procède à un dernier contrôle des personnes sortantes du territoire afin d'identifier les concernées. Malheureusement les agents profitent de cet exercice administratif pour dérober de l'argent aux personnes qui doivent suivre ce contrôle. En effet, tous les passagers nigériens et étrangers ont dû payer 1000 francs CFA pour passer la frontière pendant que les autres Nigériens scolaires et fonctionnaires en sont exemptés.

Carte 12 : Itinéraire des migrants de retour Niamey-Dakar

Source : notre étude

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Le constat général qu'on peut faire de la traversée de la frontière nigérienne pour le Burkina Faso est que le convoyage de l'OIM et les sauf-conduits que détiennent les rapatriés sont plus opérationnels sur le terrain que les cartes d'identité. C'est ce qui explique les facilités que les rapatriés ont eu.

La sortie du Niger pour entrer au Burkina Faso nécessite la traversée de la frontière. Cette situation crée deux catégories de citoyens nigériens dans leur propre pays. D'une part, les scolaires et fonctionnaires qui sont exemptés de payer les 1000 FCFA dû à la police. D'autre part, les autres Nigériens (majoritairement des jeunes qui partent en migration au Burkina Faso, Mali et Sénégal) et les autres non Nigériens doivent subir le contrôle dans un espace dédié à cela. À ce niveau ils doivent payer 1000fCFA pour passer la frontière et sans reçu.

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