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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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8.3.1.3 Deuxième étape du rapatriement : la traversée du Burkina Faso

8.3.1.3.1 Similitudes de pratiques administratives à la frontière entre le Burkina Faso et le Niger

Le bus arriva à Seytanga, premier village du Burkina Faso après la frontière avec le Niger. La gendarmerie demande à nouveau aux passagers de descendre pour un contrôle. Les rapatriés rechignent et demandent au convoyeur de l'OIM de présenter leur laissez-passer aux gendarmes.

Un consensus est trouvé entre l'agent OIM et les gendarmes. Les rapatriés restent dans le bus et les gendarmes passent siège par siège pour le contrôle. Chacun doit présenter son sauf-conduit. Les autres passagers quant à eux descendent du bus et remettent leurs pièces aux gendarmes qui les collectent. À ce niveau aussi les documents d'identité sont triés. Ainsi, les fonctionnaires sont exemptés de « faux frais » tandis que les autres passagers doivent payer 1000 FCFA pour défaut de carte et 1000 FCFA pour défaut de carnet de vaccination.

La route reprend et quelques kilomètres plus loin, le bus se retrouve au poste de police de Seytanga. Ici, la technique de contrôle utilisé est le rang ou « l'entrée en classe » pour citer les rapatriés. Il s'agit d'aligner les passagers en deux rangs parallèles : l'un pour les rapatriés et l'autre pour les passagers ordinaires.

À partir de leur rang, les rapatriés passent un à un au niveau de l'agent de contrôle pour présenter le laissez-passer et obtenir le quitus de rejoindre le bus. Ce contrôle se passe sans contrainte.

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Quant aux passagers ordinaires, ils passent le contrôle un à un. Les fonctionnaires sont à nouveau triés et invités à rejoindre le bus tandis que les autres doivent payer entre 1000 à 2000 FCFA comme « faux frais ».

Tout de même une interaction se produit entre les rapatriés et les gendarmes lors du contrôle. « Tu es sénégalais ? » le rapatrié hausse la tête.

· « On sait qu'il y'a du travail chez vous, poursuit le gendarme, tu viens d'où ?

· Libye

· Tu as eu la chance on ne t'a pas tué »

Un autre migrant passe, Ouédraogo, s'adressant à son compatriote l'agent de la gendarmerie lâche : « tu laisses le travail ici, pour nous revenir avec la honte ??? »

Le constat général est que de part et d'autre de la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, les mêmes pratiques de corruption existent aux postes de contrôle. Fait nouveau qui mérite d'être souligné c'est qu'au Burkina Faso la gendarmerie procède au contrôle des pièces d'identité des voyageurs, ce qui n'est pas le cas au Niger. Comme similitude de part et d'autre de la frontière, c'est la ressemblance des pratiques administratives.

On peut aussi noter que la mobilité est entravée par les nombreux postes de contrôle (gendarmerie, police, douane) le long de la route qui relie le Niger au Burkina Faso. Cette nouvelle situation est une réponse à la crise sécuritaire née des différentes attaques terroristes dans ces pays.

Dans les deux pays, le convoyage de l'agent OIM, les laissez-passer délivrés par le Niger à la demande des ambassades et consulats ont plus de valeur juridique sur le terrain que la carte d'identité délivrée par les mêmes États. Les candidats au retour volontaire se considèrent par leurs comportements comme des super voyageurs à cause du laissez-passer dont ils disposent. En effet, ils montrent de la résistance pour se soumettre au contrôle du fait qu'ils sont convoyés par l'OIM.

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