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Contention et psychomotricité. Intérêt du soin psychomoteur dans une unité de soins intensifs en psychiatrie adulte.


par Louise LOZANO PICCOLO
ISRP Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice - Diplôme d'état de sychomotricien  2019
  

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3.2.2 Traitements

L'introduction d'un neuroleptique, la Clozapine® a été faite pendant le temps d'hospitalisation à l'UISI, son introduction a été particulièrement compliquée. Dans un premier temps monsieur K. a présenté des signes de problèmes cardiaques qui ont nécessité l'arrêt du traitement ; une deuxième introduction a été faite avec des paliers d'introduction plus faibles. Les dosages sanguins pour contrôler la présence de la molécule dans son sang montrent qu'il ne l'absorbe pas - pour 500mg introduit il ne lui reste que 100mg présent dans son sang - la question se pose des raisons de cette absorption si faible. Monsieur K. est toujours en train de cracher, de se frotter les dents, de pousser pour expulser des sels, de boire et d'uriner en grande quantité. On peut voir ses comportements comme des tentatives de vidages ou de rejet du traitement. Nous continuons cependant l'introduction car c'est la molécule la plus efficace concernant les effets

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antipsychotiques. Le Nozinan® est un autre neuroleptique, prescrit pour ses qualités sédatives et un effet légèrement antipsychotique. Le patient présente des effets secondaires de son traitement neuroleptique, une perte d'équilibre et une constipation.

Durant ses décompensations, il présente des phases maniaques et des phases dépressives intenses qui le conduisent à des passages à l'acte suicidaire ; un traitement pour réguler son humeur est mis en place. La Dépakote® est un anticonvulsivant utilisé, ici, pour son effet thymorégulateur grâce au renforcement de la voie GABAergique. En parallèle il potentialise l'effet des neuroleptiques (Vidal, 2019).

Le reste de son traitement est composé d'un anxiolytique pour apaiser ses angoisses, le Valium® et d'un antiparkinsonien, le Lepticur® utilisé comme correcteur du syndrome parkinsonien induit par les neuroleptiques, comprenant tremblements généralisés, mouvements anormaux de la bouche, akinésie, hypertonie.

3.2.3 Bilan

Quand je le rencontre il est en chambre d'isolement mais a des temps de sorties autorisés. Lors de ces moments il erre dans les couloirs de l'unité, sa démarche est lente et à petit pas, sans ballant des bras, le dos courbé et la tête baissée. Il est amimique et ne communique avec personne. Je le revois une semaine plus tard, son état s'est vite dégradé. Il est contentionné en chambre d'isolement car il se mutilait par grattage de ses orifices, se faisant saigner. Il ne contrôle plus ses fonctions annales et urinaires. Cet investissement des orifices met en évidence une très forte angoisse mais également la question des enveloppes, peaux physique et psychique. On pense également à la représentation de l'intérieur de son corps, un corps tuyaux ou il suffirait de se vider pour rejeter les traitements ? Il est exalté, logorrhéique, son discours n'est pas compréhensible et comporte beaucoup de bruitages et de rires immotivés. Peu à peu son état s'améliore, il est décontenu et a des temps d'ouverture dans l'unité ; il est toujours exalté mais son discours, par moment, devient compréhensible et nous accédons à son délire, bien que cela ne dure pas plus d'une phrase ou deux. Il présente beaucoup de bizarreries et d'automatismes mentaux. Il nous dit qu'il mange les miettes par terre car à chaque fois cela sauve un enfant. Il comprend cependant ce qu'on lui dit et nous pouvons donc commencer un bilan psychomoteur.

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Le bilan a été effectué sur deux séances, en octobre et novembre 2018, lors de sa première hospitalisation à l'UISI.

Comportements et observations durant le bilan : Monsieur K. est très demandeur de prise en charge en psychomotricité et participe volontiers ; il a des difficultés à maintenir son attention durant toute la séance. Il est distractible mais il est assez facile de le ramener à l'exercice proposé. Le cadre de la séance et notre présence lui permettent de disposer d'un espace où il arrive à être attentif, accessible, plus calme et détendu que durant la journée.

Tonus : Il présente de larges rires immotivés au contact mais se laisse manipuler facilement lors de l'examen du tonus ; une grande rigidité au premier abord mais il arrive à relâcher presque totalement son bras sur demandes répétées.

Motricité globale : On observe une cyphose thoracique, les épaules en dedans, il se déplace lentement sans ballant, les bras le long du corps, traîne les jambes. Bonne mobilité des membres inférieurs si sollicités avec un ballon, les membres supérieurs restent relativement statiques. Peu de mouvements volontaires et peu d'amplitude sauf si quelque chose l'intéresse et alors on découvre une agilité impressionnante.

Motricité fine : Les items de motricité faciale de Kwint en mimétisme sont tous réussis, cependant leurs associations pour reproduire des émotions n'est pas possible. Il ne semble pas comprendre la notion de reproduction d'émotions, on sent que cela provoque une légère sidération qui devient vite angoissante pour lui.

Latéralité : Latéralité manuelle et podale à droite. Monsieur K. connaît la droite et la gauche sur lui-même et sur autrui. La réversibilité est cependant difficile à obtenir car la notion de « sur toi, sur moi » est compliquée ; il a du mal à se situer par rapport à lui-même dans le test de Piaget-Head et situe les objets par rapport à l'examinateur dans un premier temps, puis comprend après plusieurs explications ce qu'est « par rapport à lui » et situe alors les objets dans le bon sens. On se pose la question de l'origine de cette difficulté, une possible fusion avec l'autre où la difficulté à se différencier est grande, ou bien, l'impossibilité de se prendre en compte, s'oubliant ainsi en tant que personne. La suite du test est réussie mais lui demande beaucoup de concentration. Aucun problème lors des reproductions des mouvements de l'EMG (Évaluation de la Motricité Gnosopraxique) de Vaivre Douret.

Schéma Corporel : Lors des somatognosies, le patient sait nommer et reconnaître les parties du corps sur lui et sur autrui. Cependant certains items complexes comme «pommettes» lui

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posent problème ; il met longtemps à trouver et se plonge dans une concentration à la limite de la stupeur. Il cite souvent des éléments précis quand je lui demande des parties générales, la compréhension est un peu altérée. Le schéma corporel est donc correct mais fragile.

Mémoire : Bonne mémoire de travail (mémoire instantanée), moins bonne mémoire de rappel ; son délire reprend vite place quand le rappel est difficile pour lui.

Communication/ Comportement : Ne peut pas exécuter un ordre comprenant trois étapes, il ne peut pas attendre la suite de la consigne et manipule le matériel selon ses envies. Son discours spontané est presque exclusivement rapporté à son délire et très peu compréhensible. Il comprend cependant ce qu'on lui dit et répond généralement de manière adaptée aux sollicitations si elles sont simples et dans le moment présent.

Conclusion : On peut constater que Monsieur K est fortement envahi par son délire, ce qui limite ses capacités attentionnelles et de compréhension, il est cependant réceptif au portage dans la relation. Il a des difficultés à se représenter «lui et l'autre», et on peut émettre l'hypothèse d'un manque de limites corporelles, une fusion avec l'autre ou un manque de conscience de soi. Le manque de mouvements, d'amplitude et l'attention qu'il porte à des éléments précis de son corps peuvent nous évoquer une possible angoisse de morcellement. On note un émoussement affectif, une alexithymie, l'incapacité de reconnaître, mimer et parler de ses émotions.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo