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Contribution du projet d’agroforesterie au développement durable des entités territoriales décentralisées. Cas du projet Gungu ii dans le secteur de Lukamba, province du Kwilu.


par Christian MUYAYA
Institut Facultaire de Développement - Licence en Sciences et Techniques de Développement 2018
  

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1.2.2.3. Définition et concept d'agroforesterie

a) Définition

Selon le séminaire de sensibilisation en agroforesterie tenu à Makoukou (Gabon), en 1985 : « L'agroforesterie est un ensemble de pratiques et de systèmes de production, caractérisé par l'introduction délibérée d'arbres, suivant des séquences spatiales et/ou temporelles optimales -- déterminées en fonction des circonstances et des conditions mésologiques spécifiques -- : - dans l'espace de production agricole, afin de se combiner à des cultures annuelles ou pérennes ; - dans les terres de parcours, comme composante des systèmes pastoraux ou agropastoraux ; - dans des écosystèmes appauvris, en vue de les enrichir en arbres utiles, sources de biens et de services multiples, et d'améliorer l'habitat de la faune sauvage ; - dans des piscicultures, comme éléments de protection des étangs, et comme source d'alimentation exogène de la faune piscicole ; - dans les bassins versants ou dans toute zone exposée aux risques d'érosion ou d'induration des sols ; afin de créer des systèmes de production multidimensionnels et stables, assurant la protection des systèmes entretenant la vie, en particulier, le maintien, voire l'amélioration de la fertilité des sols, et fournissant une production totale -- agricole, animale, forestière, énergétique -- optimale, pour le bénéfice de la collectivité concernée et dans le cadre du développement rural intégré ». Cette définition, précise et complète, embrasse tous les aspects de l'agroforesterie65(*).

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b) Concept d'agroforesterie

On peut dire encore, élargissant le concept, que l'agroforesterie tend à intégrer les secteurs d'activités axés sur les ressources naturelles, comme l'agriculture, l'élevage, la foresterie, la pisciculture, la faune sauvage (gibier), la pêche ainsi que les secteurs connexes, tels que les parcs nationaux et les territoires apparentés, la chasse, certaines formes de tourisme (usage récréatif des territoires ruraux), qui sont associés à l'utilisation des ressources naturelles.

L'agroforesterie est ainsi, à la fois, un système d'aménagement des terres et des ressources, et un système de production multidimensionnel : production agricole, animale, forestière, énergétique66(*).

L'échelle de l'intervention dépend de la nature des problèmes à résoudre. Si l'on envisage d'appliquer l'agroforesterie dans le cadre de l'utilisation des ressources et de l'aménagement du territoire, on se situe au-delà du producteur individuel. Dans le cas de la lutte contre l'érosion des sols ou de la régularisation des eaux, l'application de systèmes agro-forestiers se fera à l'échelle du bassin versant. L'intervention pourra être réalisée par les producteurs eux-mêmes, dont la production alimentaire et ligneuse constituera un élément de l'ensemble, mais elle devra être subordonnée à l'objectif prioritaire qui est, dans ce cas, l'aménagement rationnel des ressources67(*).

À l'instar du Centre de recherche pour le développement international (CRDI), nous considérons que l'agroforesterie constitue une approche multidimensionnelle des problèmes écologiques, alimentaires, énergétiques et sylvicoles. Le concept d'agroforesterie unifie des activités qui ont été et sont encore, très souvent, en conflit, comme l'agriculture, l'élevage, le pâturage et l'utilisation des forêts à diverses fins. De fait, on peut distinguer dans le concept d'agroforesterie, trois grands domaines : - l'agri-sylviculture ; - l'intégration sylvo-pastorale ; - l'intégration agro-sylvo-pastorale68(*).

Ce concept a une portée souple et, par-là, commode ; on peut y inclure des éléments très variés, comme par exemple les haies vives, les poteaux de clôtures vifs, les multiples types d'exploitation (fermes, jardins potagers, ranchs, etc.) ou les innombrables systèmes de production arboricoles, agricoles et pastoraux que l'on peut trouver dans les régions tropicales.

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c) Objectifs de l'agroforesterie

D'une façon synthétique, on peut dire que l'agroforesterie offre des possibilités techniques et une vaste gamme de pratiques qui permettent d'utiliser rationnellement les ressources vivantes et d'augmenter la production agricole et forestière.

Il suffit d'observer la situation actuelle des pays en développement pour se rendre compte de la mauvaise utilisation, de plus en plus fréquente, des terres et des ressources, sous l'effet de nombreuses causes, comme : - la prééminence accordée aux cultures de rentes (monocultures) ; - la négligence du monde rural ; - l'explosion démographique qui entraîne l'avilissement de nombreux systèmes de production traditionnels ; - l'approche sectorielle de l'aménagement du territoire, responsable de conflits d'intérêt dans l'affectation des terres, etc.69(*)

d) L'agroforesterie en milieu savanicole

Un milieu savanicole est un milieu composé de la savane, qui est une formation végétale à graminées pérennes, comprise entre la forêt semi-décidue et la steppe.

Faute de réserves des terres forestières et pour répondre aux changements climatiques, les agriculteurs/forestiers ont innové en développant sur d'importantes surfaces des agro-forets dans les zones de savane à graminées, traditionnellement dévolues aux cultures annuelles vivrières. Cette dynamique anthropique, loin d'être destructrice, contribue à la constitution d'un écosystème « forestier cultivé » dans des zones originellement dominées par la savane et la forêt secondaire. Face à ces processus relativement récents, la question de la durabilité des agro-forets est posée du fait de l'accroissement de la demande en produits alimentaires et donc des besoins en terre pour les cultures vivrières annuelles70(*).

e) Les atouts et inconvénients de l'agroforesterie

v Les atouts

Une idée testée par l'INRA était de voir si en imitant la nature, en mélangeant des arbres et des herbacées on ne pouvait pas augmenter les rendements. À la différence de la permaculture, il ne s'agit pas de n'utiliser que des plantes pérennes71(*).

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Les parcelles agro-forestières représentent un mode de mise en valeur parcellaire distinct des parcelles agricoles et forestières traditionnelles. Elles tirent parti de la complémentarité des arbres et des cultures pour mieux valoriser les ressources du milieu. Il s'agit de pratiques plus respectueuses de l'environnement, et ayant un intérêt paysager évident. Des formes modernes performantes d'agroforesterie sont possibles, adaptées aux contraintes de la mécanisation. Pour l'exploitant agricole, la parcelle agro-forestière reste incluse dans son outil de production, et génère des revenus continus, ce qui n'est pas le cas d'un boisement en plein de terres agricoles72(*).

1° Sur le plan agricole :

L'agroforesterie permet d'augmenter la rentabilité des terres. En effet, les arbres plantés dans une parcelle, en sollicitant une surface négligeable au sol, constituent un investissement important qui rapportera sensiblement la même somme que les cultures elles-mêmes au moment où on les abattra pour les exploiter trente ou quarante ans plus tard73(*).

Les « agro-forestiers » peuvent créer des associations de plantes complémentaires, mieux en mesure de se protéger les unes les autres contre leurs parasites et de favoriser mutuellement leur développement. Le besoin d'engrais et surtout de pesticides est alors moindre qu'en agriculture intensive classique. Cependant, l'agroforesterie n'a pas nécessairement vocation à se placer dans une perspective d'agriculture biologique : elle autorise également des pratiques agricoles dites « résonnées »74(*).

Du point de vue agronomique, les arbres et leurs racines et les champignons associés permettent de lutter contre l'érosion et recharger le sol en matière organique.

Ils contribuent à lutter contre l'érosion, la salinisation et les inondations par la limitation du ruissellement responsable des pics de crue des rivières. Ils réduisent la pollution des nappes par les engrais agricoles en "pompant" les surplus d'azote libre.

Les arbres agro-forestiers constituent un stock non négligeable de carbone, à la fois dans leur bois, mais aussi dans le sol qui est enrichi en profondeur en matière organique par la décomposition continuelle de leurs racines fines, année après année75(*).

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L'arbre - en compétition avec la culture dès sa plantation - enfonce naturellement ses racines plus profondément. Ce faisant, il décolmate le sol et favorise la circulation capillaire de l'eau profonde, tout en permettant aux pluies de mieux s'infiltrer pour recharger la nappe. Les arbres résistent ainsi mieux aux sécheresses et à la chaleur. Cet enracinement profond permet aussi de récupérer les nitrates en profondeur et donc de limiter la pollution des eaux. De plus, les arbres poussent plus vite car ils bénéficient à la fois d'engrais, d'irrigation et d'un éclairage optimal facilitant la photosynthèse76(*).

Possibilité de compromis entre les intérêts du propriétaire (patrimoine bois) et du fermier (accès à des surfaces cultivées). Rémunération possible de l'exploitant agricole pour l'entretien des arbres.

Alternative aux boisements en plein de terres agricoles permettant de maintenir une activité agricole sur des terroirs dont les potentialités agricoles sont ainsi conservées. Ces cultures d'arbres sont réversibles, la parcelle restant propre (pas d'embroussaillement) et le dessouchage aisé à l'issue de la récolte des arbres (souches alignées peu nombreuses).

Les écartements entre les arbres (le plus souvent alignés, afin de faciliter le passage des machines agricoles) limite leur concurrence. De ce fait, contrairement à ce qui se pratique habituellement en sylviculture, on peut planter différentes espèces au sein d'une même parcelle, ce qui permet à la fois de ne pas perdre toute la production en cas de maladie ou d'évènements touchant une espèce particulière, et de diversifier la production, avec des arbres arrivant à maturité à des moments différents77(*).

Diversification des productions, par exemple : culture de céréale ou de maraîchage et d'arbres fruitiers.

Protéger les vaches en pâturage avec des haies d'arbres, c'est faire de l'agroforesterie aussi...

3° Sur le plan économique :

Comme complément d'un revenu avec le bois de chauffage ou le fourrage, éventuellement par les revenus liés à la chasse, à un projet agritouristique, à une diversification comme l'apiculture, la carbonisation ou en procurant revenu différé avec la vente de bois d'oeuvre78(*).

4° Sur le plan environnemental :

a. Amélioration de la valorisation des ressources naturelles : la somme de la production de bois et de la production agricole d'une parcelle agro-forestière est supérieure à la production séparée obtenue par un assolement agriculture-forêt sur la même surface. Cet effet résulte de la stimulation des complémentarités entre arbres et cultures dans les parcelles agro-forestières. Ainsi, les mauvaises herbes spontanées présentes dans les jeunes boisements en plein sont remplacées par des cultures récoltées ou pâturées : l'entretien est moins coûteux et les ressources du milieu mieux utilisées79(*).

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b. Maîtrise des surfaces cultivées : en se substituant aux parcelles agricoles, les parcelles agro-forestières constituent un outil de maîtrise des surfaces cultivées : l'intensification de l'utilisation des ressources du milieu s'accompagne d'une maîtrise des productions agricoles.

c. Création de paysages originaux, attractifs, ouverts, favorables aux activités récréatives. Les parcelles agro-forestières représentent un potentiel paysager réellement novateur, porteur de symboles forts et favorables à l'image de marque des agriculteurs dans la société. Ce sera particulièrement le cas dans les milieux très peu boisés pour les parcelles obtenues par plantation de parcelles agricoles, et dans les milieux très boisés pour les parcelles obtenues par éclaircies de boisements existants.

d. Lutte contre l'effet de serre : constitution des systèmes efficaces pour la séquestration du carbone, par combinaison du maintien du stock organique des sols (cas surtout des prairies), et superposition d'une strate arborée fixatrice nette.

e. Protection des sols et des eaux, en particulier dans les périmètres sensibles (nappes de surface, écoulements hypodermiques, zones sensibles à l'érosion)

f. Amélioration de la biodiversité, notamment par l'abondance des effets de lisières. Cela permet notamment une amélioration cynégétique, en favorisant l'habitat du gibier. La protection intégrée des cultures par l'association avec des arbres choisis pour stimuler des populations d'hyperparasites (parasites des parasites) des cultures est une voie prometteuse.

g. Ces aspects favorables sont en cohérence avec de nombreux objectifs des lois d'orientation agricoles et forestières, ainsi qu'avec les principes directeurs de la Politique Agricole Commune.

v Les inconvénients

Les arbres n'ont pas que des avantages par rapport à l'intensification agricole. Les arbres sont également en compétition avec les cultures notamment pour:

§ l'espace: l'arbre avec le tronc et les racines occupe de l'espace cultivable

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la lumière: l'ombre causé par les couronnes de l'arbre peut diminuer la lumière aux cultures

§ les éléments nutritifs et l'eau: l'arbre utilise des éléments nutritifs et de l'eau au détriment des cultures. L'utilisation des éléments nutritifs et de l'eau par l'arbre dépend surtout de la photosynthèse et donc de l'ombre, d'où la compétition pour la lumière80(*).

Conclusion partielle

En conclusion, ce chapitre a abordé, en dehors des définitions de quelques mots clés, deux volets : l'un traitant le développement durable, précisant que ce dernier n'est pas la solution parfaite, mais c'est la seule solution pouvant répondre aux problèmes de l'environnement ; et l'autre volet, nous montre que l'agroforesterie est l'une des meilleures techniques permettant l'adaptation et l'atténuation des effets néfastes des changements climatiques, surtout dans les pays en développement (milieux ruraux).

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* 65 Www.onewovision.com/généralités sur l'agroforesterie consulté le 21 Novembre 2017, 10h28'.

* 66 www.onewovision.com, Op.cit, p.25.

* 67 www.onewovision.com, Op.cit, p.25.

* 68 SEKOU Tiemoko Diabate, Op.cit, p.3.

* 69 SEKOU Tiemoko Diabate, Op.cit, p.3.

* 70 www.wikipédia.fr/l'agroforesterie-en-milieu-savanicole/afrique-subsaharienne/Guinée-et-Cameroun, consulté le 20 novembre 2017 à 12h47'.

* 71 SHUKU ONEMBA N., les avantages sur le plan environnemental et socio-économique d'une forêt plantée. Cas du projet de reboisement 8.000hextares sur le plateau des Batéké, Kinshasa/RDC, mémoire, UE, 2000.

* 72 MOLENAAR J.W. et KESSLER J.J., manuel de formation sur l'agroforesterie dans le cadre de l'intensification agricole, IFDC, Kigali, Août 2008 (on line).

* 73 MOLENAAR J. W., et KESSLER J.J., Op.cit., p.27.

* 74 MOLENAAR J. W., et KESSLER J.J., Op.cit., p.27.

* 75 MOLENAAR J. W., et KESSLER J.J., Op.cit., p.27.

* 76 MOLENAAR J. W., et KESSLER J.J., Op.cit., p.27.

* 77 MOLENAAR J. W., et KESSLER J.J., Op.cit., p.27.

* 78 SHUKU ONEMBA N., Op.cit., p.27.

* 79 SHUKU ONEMBA N., Op.cit., p.27.

* 80 SHUKU ONEMBA N., Op.cit., p.27.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo