WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

état de lieu de la chaine de valeur feuilles de manioc à  Kinshasa et ses environs.


par Theresia Tshimungu Londa
Université de Kinshasa - Diplôme d'ingénieur agronome 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2.1.2. Activités de production des feuilles de manioc

Le Manihot esculenta, communément appelé « pondu ya kongo », est produit dans la périphérie de Kinshasa : spécialement au plateau de Batéké et à Kasangulu. Il est principalement produit pour la récolte des racines et les feuilles constituent une production secondaire. La production de feuilles ne constitue donc pas le principal objectif des producteurs du Manihot esculenta.

Le Manihot glazziovi, communément appelé « pondu ya caoutchouc », est produit dans les communes urbano-rurales de Kinshasa notamment N'sele, Maluku, N'djili et Kinsenso. Cette espèce est uniquement cultivée pour la production des feuilles, elle ne donne pas en effet, de racines tubéreuses.

a. Système cultural

a.1. Calendrier agricole

Le calendrier agricole connait des modifications au plateau de Batéké suite aux perturbations climatiques. Les producteurs commencent à planter au mois de mars pour récolter les feuilles déjà aux mois de mai, juin, juillet et surtout au mois d'août car durant cette période (saison sèche), les feuilles de manioc coûtent excessivement chères parce qu'elles sont rares sur le marché. Le prix de vente augmente de 100 % voire plus, par rapport à la saison des pluies durant laquelle l'offre est abondante.

33

Au niveau de Maluku, les travaux de préparations de terrains se font au mois de mars et la plantation à la fin du même mois et au début du mois d'avril. Les premières récoltes commencent au mois de mai et les autres suivront après un mois jusqu'au mois de mars de l'année suivante.

A N'djili brasserie il n'y a pas un calendrier précis en rapport avec les feuilles de manioc. Les plantations qui s'y trouvent restent longtemps en place jusqu'à ce que le producteur se rende compte que les rendements ont chuté. Les plantes peuvent produire jusqu'à 3 ans. A Kasangulu, les travaux de préparations de terrain commencent au mois de décembre et prennent fin en janvier. Au mois de février ils font la plantation et au mois de mai les premières récoltes commencent. En Juillet ils font la deuxième récolte et en septembre, la dernière récolte.

a.2. Variétés cultivées

Etant donné que les feuilles ne constituent qu'une production secondaire pour les producteurs du Manihot esculenta, les variétés à cultiver sont choisies en fonction du rendement en racine et non celui en feuilles. Les variétés les plus utilisées sont « Nsumbakani », « Pelubuya », « Kambi », « Kolodingumbi », « Mobutu », « Sassou », « Ngamanza », « Inga », « Epsa », « Malibwata » et « Mabibi ».

De ces variétés, celles qui permettent d'obtenir des feuilles de bonne qualité sont : « Kolodingumbi », « Nsumbakani », « Inga » et « Malibwata ». Celles qui permettent d'obtenir des feuilles en grande quantité sont : « Sassou », « Mobutu » et « Pelubuya ». Le Manihot glazziovi par contre n'a pas d'autres variétés connues que le caoutchouc. Les boutures de différentes variétés ne sont pas disponibles sur le marché local ; les producteurs prélèvent les boutures après la récolte ou en achetant auprès des fermiers voisins.

En ce qui concerne le Manihot glazziovi, les boutures utilisées pour la production proviennent essentiellement de la culture précédente ou en place étant donné que les feuilles de Manihot glazziovi peuvent se récolter sur plusieurs années. Toutes ces variétés sont locales et n'ont pas de code de recherche. Certaines variétés sont réputées disparues, comme Pelubuya, mais sont encore utilisées par certains producteurs.

a.3. Fertilisation et associations culturales

La production du manioc dans les différents sites enquêtés se fait sans utilisation d'engrais chimiques. Les producteurs utilisent les engrais organiques tels que les feuilles de maïs, la coque de courge ou encore la coque d'arachide. Comme dans d'autres régions du pays, le manioc (Manihot esculenta ou glazziovi) à Kinshasa et dans sa périphérie est généralement produit en association culturale. Les différentes cultures associées au manioc sont le maïs, l'arachide, la courge ainsi que les cultures maraichères. Lorsque le producteur dispose de grandes étendues, comme c'est le cas à Menkao comme à Maluku, à côté des cultures associées on rencontre de grandes superficies de culture pure de manioc (monoculture).

34

a.4. Récolte et rendement

La récolte des feuilles se fait par le client sous la supervision du producteur. Dans un champ de Manihot esculenta, les feuilles ne sont récoltées qu'à trois reprises pour ne pas compromettre la production des racines. Par contre, dans un champ de Manihot glazziovi, les feuilles sont récoltées une à deux fois le mois. Cette récolte est essentiellement manuelle. En effet, les personnes chargées de récolte coupent à la main les branches de manioc et forment immédiatement des bottes.

Généralement la récolte se fait à deux moments de la journée, le matin avant le lever du soleil ou le soir à son coucher. Le choix de ces deux moments de fraicheur est motivé par le souci d'éviter le flétrissement des feuilles récoltées.

Le facteur le plus déterminant dans le choix du moment de la récolte est donc la température. En effet, les fortes chaleurs réduisent la qualité des feuilles de manioc par le flétrissement, ce qui a pour conséquence la baisse du prix des feuilles lors de la revente à Kinshasa.

Manihot esculenta

Produit au plateau de Batéké et à Kasangulu, le Manihot esculenta a un rendement par récolte de 6 à 8 colis/ha en saison sèche et de 8 à 10 colis/ha en saison pluvieuse au plateau. Le colis est une grosse botte d'environ 110 kg avec tige et 60 kg sans tige. Le rendement en feuilles uniquement, varie donc en moyenne de 360 kg à 600 kg. A Kasangulu, le producteur obtient en moyenne 300 bottes par ha et par an. Le poids d'une botte est d'environ 2 kg sans tige. Le rendement par ha est donc de 600 kg.

Manihot glazziovi

Produit à Maluku et à N'djili, le rendement d'un hectare bien entretenu à Maluku varie de 80 à 100 bottes. Cette grosse botte de 22 kg avec tige et 12 kg sans tige, a un prix qui varie de 10.000 FC à 17.000 FC en fonction du prix du marché, de la négociation avec le client et du coût de production. A N'djili il est difficile d'estimer le rendement vu que les associations culturales se font sur toutes les plates-bandes. Les pieds de manioc sont très éparpillés sur une même plate-bande. Cependant le producteur ayant un contrat avec les exportateurs, livre 200 kg de feuilles sans tige chaque fin du mois et 80 kg chaque mois aux marchandes ambulantes venant de Kinsenso, de Lemba et d'autres communes de Kinshasa.

35

Le rendement en feuilles dépend du choix de terrain, de l'espèce et de variétés ainsi que des entretiens. En raison de la faible comptabilité au niveau des producteurs, seuls les rendements de Menkao et de Maluku seront présentés dans le tableau et graphiques ci-après :

Tableau n° 2 : Rendement moyen en feuilles de manioc par ha pour une année culturale

Site

Variété

Période

Rendement

Nombre de

bottes

Poids/Botte (kg)

Rendement total (kg)

Menkao

Manihot esculenta

Saison pluvieuse

28

60

1.680

Saison sèche

22

60

1.320

Maluku

Manihot glazziovi

Cycle culturale

606

12

7.272

Source : Enquête d'août - décembre 2016

Il se dégage du tableau précédent que le rendement annuel en feuilles du Manihot glazziovi est de loin supérieur à celui du Manihot esculenta produit en saison pluvieuse ou en saison sèche. Le producteur du Manihot esculenta qui récolte en saison sèche a un rendement faible que celui qui récolte en saison pluvieuse. Cette différence dans le rendement est due aux manques de pluies à la saison sèche.

b. Destination du produit

Les feuilles de manioc produites dans la périphérie de Kinshasa ont deux grandes destinations : le marché de Matamba à l'Est de Kinshasa et celui d'UPN à l'Ouest de Kinshasa. Les grandes quantités de feuilles provenant de Kasangulu atteignent le marché d'UPN au plus tard à 6h00 du matin. Ces feuilles sont transportées par taxi et taxi-bus, bien attachées sur le porte-bagage ou entassées dans le coffre de taxi. Le chargement est fait de telle sorte que les feuilles bénéficient d'une certaine aération pour éviter leur détérioration.

Les feuilles venues du plateau de Batéké sont acheminées vers Kinshasa à deux moments principaux de la journée : aux environs de 11h00 et le soir entre 16h00 et 19h00 voire 20h00. Cette situation fait que les feuilles de manioc sont permanentes au niveau du marché de Matamba. Les producteurs du plateau de Batéké viennent jusqu'à Kinshasa (marché Matamba) pour vendre leurs feuilles aux grossistes. Ce qui leur permet de recevoir un prix beaucoup plus rémunérateur que lorsqu'ils font la vente bord champs même si le transport et la vente à Kinshasa engendre des coûts supplémentaires.

36

c. Stockage et conservation

A l'Est de Kinshasa, les feuilles de manioc sont vendues le même jour aux commerçants grossistes et détaillants. Par contre à l'Ouest le produit est vendu généralement le jour suivant la récolte ; ce qui implique le stockage en attendant la vente au niveau du marché secondaire. Le stockage des feuilles de manioc se fait généralement à domicile, chez le producteur ou le commerçant ayant acheté la récolte. Pour préserver la fraicheur des feuilles de manioc, les commerçants les plongent dans l'eau quelques instants avant de les étaler sur la pelouse, les tiges au sol et les feuilles en l'air.

d. Modalités de vente

Pour fixer le prix de vente de leurs productions, les producteurs de Manihot esculenta tiennent en premier lieux compte du prix qui prévaut sur le marché mais aussi de la qualité des feuilles de manioc. Par contre les producteurs de Manihot glazziovi fixent leur prix de vente en tenant compte : des coûts engagés, de la qualité du produit et du prix prévalant sur le marché. Cette différence dans l'approche suivie pour la fixation du prix s'explique par la place que le producteur accorde aux feuilles de manioc et la demande élevée en Manihot glazziovi.

Le producteur du Manihot esculenta considère les feuilles comme une production secondaire, les racines tubéreuses étant le produit principal visé. Le producteur se conforme beaucoup plus facilement au prix du marché. Par contre le producteur du Manihot glazziovi n'a que les feuilles comme produit récolté d'où la nécessité pour lui d'obtenir le meilleur prix possible lui permettant de couvrir ses coûts et de dégager un bénéfice.

Le facteur le plus déterminant dans la négociation du prix entre le vendeur et l'acheteur est la qualité des feuilles. Quand le producteur est conscient de la qualité de son produit, il a tendance à le vendre un peu plus cher et, est beaucoup moins flexible durant le marchandage. Ainsi, avec une bonne qualité des feuilles l'écoulement de la marchandise est moins difficile même en cas d'abondance. La vente de feuilles de manioc se fait toujours au comptant quelle que soit la relation qui existe entre le vendeur et l'acheteur, la demande élevée en ce produit explique sans doute cette situation.

Le prix des feuilles auprès du producteur varie de 7.500 FC à 12.500 FC par colis en saison pluvieuse. L'abondance entraine la baisse des prix de vente et certains producteurs ont compris qu'il leur est profitable de vendre en saison sèche durant laquelle le prix du colis augmente (15.000 FC, 25.000 FC voire 35.000 FC par colis). Ce qui revient à dire que le prix d'1 kg de feuilles au niveau du producteur varie de 125 FC à 208 FC en saison pluvieuse et de 250 FC à 583 FC en saison sèche. Vu le nombre des producteurs des feuilles de manioc à Kinshasa et dans sa périphérie, la concurrence est présente et se fait ressentir. La qualité des feuilles constitue donc un élément déterminant pour une commercialisation aisée. Il parait ainsi impérieux pour le producteur et le grossiste de veiller aux conditions assurant cette qualité. Il s'agit notamment de la variété et de la maitrise des activités post-récoltes.

37

En ce qui concerne le mode de fonctionnement du marché, on note qu'au plateau de Batéké et à Maluku, les producteurs récoltent pour venir vendre à Kinshasa. Alors qu'à Kasangulu les producteurs ne récoltent, le plus souvent, que quand ils ont une commande déjà ferme des grossistes. Les Kinois ne vont pas acheter les feuilles à Kasangulu pour les revendre à Kinshasa. En effet, les quantités vendues au niveau du producteur sont déjà en détail.

e. Contraintes et Potentialités

e.1. Contraintes

Le problème majeur au niveau des producteurs est le manque de financement des activités notamment pour l'achat des matériels ou équipements de travail et la rémunération de la main d'oeuvre extérieure mais aussi pour étendre les activités. Le manque de crédit fait que les producteurs recourent essentiellement à l'autofinancement. Cependant, il faut noter aussi que la plupart des producteurs redoutent de contracter une dette par peur de se retrouver dans l'incapacité de la rembourser et ainsi entrer dans le cycle d'endettement.

La seconde contrainte est le manque d'encadrement. La plupart des producteurs ont besoin d'améliorer leurs conditions de travail et ce par des formations techniques qu'ils n'ont pas actuellement. Les producteurs de Kasangulu et de N'djili ont des difficultés pour accéder au foncier. Les terres sont de plus en plus rares et donc chères. A Kasangulu les terres sont en majorité détenues par des propriétaires qui, malheureusement, ne les cultivent pas. Ceci contraint les producteurs à recourir au métayage. Cette situation réduit le niveau des revenus des paysans lorsqu'on sait que la répartition de la récolte entre le propriétaire terrien et le métayer peut être de 50% de la production obtenue.

e.2. Potentialités

La production des feuilles de manioc bénéficie d'une rente de situation. En effet, il s'agit d'une spéculation qui est produite à proximité des zones de consommation. Ceci constitue un gain non négligeable en termes de temps nécessaire pour atteindre le marché.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus