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Gouvernance et performance dans les établissements de soins en Tunisie


par Wadji Ben Rejeb
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis - DEA Management 2003
  

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II.2.1.2 La théorie de l'enracinement

a. Le cadre conceptuel

Dans les théories fondatrices de la gouvernance des entreprises, le rôle du dirigeant apparaît très discret voire absent. Une fois évoquées, les divergences d'intérêts entre le dirigeant et les actionnaires, et la possibilité d'opportunisme, l'attention est principalement portée sur l'identification des mécanismes externes ou internes permettant de discipliner le dirigeant.

A la fin des années 80, la thèse de l'enracinement fut développée par A. Shleifer, R.W. Vishny et R. Morck35. Elle remet en cause les fondements des théories contractuelles en général et de la théorie de l'agence en particulier. Cette théorie semble offrir un cadre d'étude approprié à l'analyse des stratégies opportunistes des dirigeants et leurs conséquences sur les systèmes de contrôle et sur la performance de l'entreprise.

L'enracinement consiste pour les dirigeants à valoriser (pour eux mêmes) leur présence au sein de l'entreprise en rendant coûteuse leur révocation et en réduisant ainsi leur risque de remplacement. Le dirigeant adoptera alors des stratégies d'enracinement, c'est à dire, de se rendre indispensable aux yeux des actionnaires36.

L'enracinement traduit la volonté du dirigeant de s'affranchir, au moins partiellement, du contrôle des actionnaires, en vue de conserver sa position, d'accroître sa liberté d'action et/ou

de maximiser ses rentes.

33 Gérard CHARREAUX, « Le gouvernement des entreprises, Corporate Governance, Théories et faits »,Economica, Paris ,1997, p..

34 Il convient de noter que le cadre institutionnel est intégré dans la théorie de Williamson mais sous forme de

paramètres. Ses travaux sur la théorie des coûts de transaction, n'expliquent cependant pas l'évolution du cadre

institutionnel lui même, considéré comme exogène.

35 A. SHlEIFER, R.W. VISHNY et R. MORCK, « Alternative mechanisms for corporate control », American

Economic Review,79,N4,1989.

36 Frédéric PARRAT, « Le gouvernement d'entreprise », Editions MAXIMA, Paris 1999, p.58-62.

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b. Les stratégies d'enracinement des dirigeants

La stratégie de neutralisation des mécanismes disciplinaires est multiformes, on distingue quatre styles majeurs :

Les investissements idiosyncratiques (ou spécifiques aux dirigeants) : Les investissements sont dits idiosyncratiques ou spécifiques au dirigeant si son remplacement entraîne une perte

de valeur pour les actionnaires. Leur réalisation permet aux dirigeants de réduire le risque d'être remplacés. Ils obtiennent ainsi des rémunérations plus importantes sous formes de salaires ou d'avantages non pécuniaires et accroissent leurs latitudes décisionnelles.

La manipulation de l'information : En jouant sur l'information, les dirigeants cherchent à accroître leur latitude discrétionnaire de façon à s'approprier le maximum de rentes en évitant d'être révoqués. En effet, les dirigeants se valorisent sur le marché de travail en investissant dans des projets dont la rentabilité dépend de l'information spécifique contrôlée par les dirigeants, ou en investissant dans des activités caractérisées par une asymétrie de l'information plus importante. Cette stratégie amplifie l'incertitude perçue par les équipes dirigeantes rivales qui seront ainsi moins incitées à remplacer les dirigeants actuels.

Le contrôle des ressources : Les dirigeants savent qu'ils ont intérêt à ne pas dépendre des apporteurs de ressources externes d'une part et d'autre part, à représenter eux mêmes un facteur de production difficilement substituable. C'est pourqui ces derniers optent pour l'autofinancement et le recours à l'augmentation de capital auprès de nouveaux actionnaires. Cela leur permet d'échapper à la discipline exercée par les créanciers et les actionnaires actuels.

Les réseaux relationnels : Le dirigeant va essayer de tisser un réseau relationnel avec ses collaborateurs et avec les salariés37, en accordant beaucoup d'avantages en nature ou des sursalaires, ainsi qu'en promettant des promotions abondantes. Cela conduit souvent à accroître la taille de la firme et le nombre d'échelons hiérarchiques. Les salariés auront, alors, intérêt à ce que le dirigeant ne soit pas remplacé, et peuvent même oeuvrer pour son maintien

au sein de l'organisation. Le dirigeant peut aussi nouer des relations avec les administrateurs

de la firme ou encore privilégier un enracinement basé sur le réseau relationnel actionnarial,

en liant des relations avec un ou plusieurs groupes d'actionnaires ou encore, en augmentant sa participation au capital de l'entreprise qu'il dirige.

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II.2.1.3 L'approche partenariale

Si l'approche actionnariale a privilégié l'étude des conflits entre dirigeants et actionnaires, l'évolution récente des théories contractuelles de la firme prend en compte l'ensemble des stakeholders. L'approche partenariale plonge ses racines dans la représentation de la firme comme une équipe de production, au sein de laquelle la création de valeur ou la rente organisationnelle, sont dues aux synergies entre les différents facteurs de production. L'aménagement du schéma de la création de valeur, par rapport à l'approche actionnariale intervient au niveau de la répartition en contestant le statut de créancier résiduel unique des actionnaires.

D'après Garvey et Swan38, dans un monde de contrats incomplets et de sources multiples

de pouvoir, la protection contractuelle procurée aux différents partenaires du noeud de contrats

est incomplète. Pour cette raison, ces stakeholders sont aussi des créanciers résiduels. Cette nouvelle perception de la firme comme relations entre différents investisseurs spécifiques remet en cause les développements de l'approche contractuelle purement financière ainsi que l'idée de maximisation de la valeur actionnariale.

En effet le dirigeant peut agir comme bon intendant pour les actionnaires en maximisant la valeur boursière mais spolier d'autres stakeholders, en sacrifiant des indicateurs de performance de la firme comme le taux d'emploi ou la satisfaction des clients. Le besoin de contrôler le dirigeant se justifie, donc, pour l'ensemble des parties prenantes de la firme.

La gouvernance apparaît alors comme le moyen de protéger la valeur du capital humain des salariés, laquelle dépend des rentes qu'ils peuvent s'approprier. la firme devient « un noeud d'investissements spécifiques : une combinaison d'actifs et de personnes mutuellement spécialisés39». Enfin, l'aboutissement logique de la démarche partenariale est sa généralisation à l'ensemble des parties prenantes, contribuant à la création de valeur.

Une telle approche, proposée par Charreaux et Desbrière 40, suppose que les relations entre

la firme et les différents stakeholders ne sont pas simplement marchandes, mais sont

37 notamment ceux à capital humain fortement spécifique à l'entreprise.

38 G.T GARVEY et P.L. SWAN, « The Economics of corporate governance : Beyond the Marshallian firm », Journal of Corporate Finance, Vol1,1994, p.139-174.

39 Raghuram RAJAN et Luigi ZINGALES, « The Governance of The New Entreprise » Working Paper 7958, University of Chicago, 2000.

40 Gérard CHARREAUX et Philippe DESBRIERE « Gouvernance des entreprises : valeur partenariale contre valeur actionnariale », Finance Contrôle et Stratégie, Vol1,2, 1998, p.68-77

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coconstruites de façon à créer de la valeur. Cette approche conduit à étudier le système de

gouvernance en vertu de sa capacité à créer de la valeur sociale, égale à la différence entre la somme des revenus évalués aux prix d'opportunité et celles des coûts d'opportunité pour les différents facteurs de production. Dans le cadre de cette approche, une définition de la gouvernance est fournie par Blair41 : « le système de gouvernance d'entreprise fournit les règles qui déterminent qui possède les droits décisionnels dans telle circonstance ?, qui reçoit une part de la richesse créée ? et qui supporte les risques qui y sont associés ?». Contrairement

à la définition de Shleifer et Vishny, cette définition considère l'ensemble des stakeholders dans le processus de création et de répartition de la valeur. La définition de Blair permet d'appréhender la notion de création et de répartition de la valeur dans l'entreprise. Elle rejoint ainsi la conception de Charreaux et Desbrière de la création et de la répartition de la valeur organisationnelle.

La gouvernance de l'entreprise est définie aussi comme le système dans lequel la conduite des firmes par le dirigeant est contrôlée par l'ensemble des acteurs économiques. Ce ne sont pas donc les seuls propriétaires qui devraient exercer ce contrôle mais l'ensemble des stakeholders de l'entreprise. Cette approche idéale débouche sur une conception de l'entreprise citoyenne, les décisions managériales sont supposés prendre en considération les

intérêts des différents stakeholders42.

Malgré le progrès par rapport à l'approche actionnariale, cette vision partenariale ne s'affranchit pas d'un certain nombre de limites formulées à l'encontre des théories contractuelles de la firme : d'une part, la modélisation est toujours limitée à la résolution des conflits, essentiellement par l'allocation optimale des droits de propriété et d'autre part, la démarche reste de répartir optimalement la valeur créée, mais en revanche, le processus de création de valeur est absent, voire ignoré. De ce fait, l'approche partenariale grade une conception statique et adaptative de l'efficience.

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