WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Problématique de la rentabilité des services publics: cas de l'OPT

( Télécharger le fichier original )
par Codjo Alain DOSSOU
Université d'abomey calavi (Bénin) - Maitrise science de gestion 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Source : Réalisés par nous. SECTION 2 : Interprétation des résultats

Dans cette partie, nous analyserons les différents résultats, puis dégagerons les implications qui en découlent. Ensuite nous tenterons d'expliquer les principales remarques, en nous basant sur les réalités de la Poste.

Sur toute la période de notre étude, le résultat net de la Poste est resté négatif.

La décomposition de ce résultat en ses différents sous-comptes ( exploitation, financier et exceptionnel ) montre bien l'origine de ces grands déficits. Le compte de résultat exceptionnel est excédentaire sur la période d'étude, ce qui signifie que durant cette période, les opérations hors activités ordinaires ont influencé positivement les résultats de la Poste. Il en est de même pour les opérations financières. Le résultat financier est excédentaire partout sauf en 2000 où ce résultat a connu un déficit énorme de l'ordre du milliard. Cette situation particulière a été provoquée par la perte de change enregistrée au niveau des immobilisations financières, perte due à la dévaluation du franc CFA en 1994. Cette perte financière a eu une forte répercussion sur le résultat net de l'exercice 2000.

Le déficit global de la Poste n `est donc pas imputable aux opérations financières ni aux opérations hors activités ordinaires. Il est plutôt dû à l'exploitation même de l'entreprise. Ce déficit relativement faible les deux premières années, s'est accentué les deux années suivantes, dépassant même le milliard. Ce déficit provient du résultat brut d'exploitation qui était déjà négatif. Si le résultat brut d'exploitation est déficitaire, c'est soit parce que les consommations intermédiaires sont élevées par rapport au chiffre d'affaires réalisé, et /ou soit parce que les charges salariales sont élevées par rapport à la valeur ajoutée dégagée. Les consommations intermédiaires ont certes connu sensiblement une croissance au cours de la période, mais elles sont restées généralement inférieures à quarante pour cent du chiffre d'affaires ( CI < 40 % CA ). Ce taux n'est quand-même pas élevé lorsqu'on sait qu'on ne peut produire sans consommer. Par contre, les charges salariales sont vraiment élevées par rapport à la valeur ajoutée, comme le montre le ratio ( charges salariales / valeur ajoutée ). Ce ratio croissant sur toute la période indique la supériorité nette des charges salariales sur la valeur ajoutée.

Cela signifie que l'effectif du personnel de la Poste est pléthorique ou qu'elle adopte une politique de rémunération élevée. De toutes les façons, ce ratio prouve que la richesse créée par la Poste ne suffit même pas à couvrir les seules charges salariales. Une entreprise privée ne bénéficiant pas de subvention déposerait son bilan dans de pareilles circonstances. La richesse créée par la Poste ne peut rémunérer ni le capital physique, ni les fonds de tiers, ni le capital à risque.

La marge brute sur chiffre d'affaires est négative sur la période de notre étude. Ce qui confirme la contre performance commerciale réalisée par la Poste, contre performance liée à sa structure d'exploitation et qui risque suite à sa séparation des Télécommunications de mettre l'entreprise en péril. La Poste est désormais appelée à évoluer sans la contribution des Télécommunications qui financent jusqu'ici son déficit d'exploitation. Pour survivre elle devra équilibrée ses charges d'exploitation par son activité productive. Elle doit assurer en un mot son équilibre de gestion.

Le ratio dotation aux amortissements sur valeur ajoutée est généralement inférieur à 30 % sur la période. La politique de rémunération du capital physique n'influence donc pas considérablement le résultat. Contrairement aux Télécommunications, la Poste n'investi pas beaucoup dans le capital physique.

En définitive, les charges salariales expliquent beaucoup plus l'origine du déficit du résultat net de la Poste.

Le déséquilibre entre la production et les charges salariales est plus remarquable lorsque nous considérons les bureaux situés dans les zones rurales ou petites agglomérations. Les ratios étudiés à ce niveau indiquent qu'en général les bureaux de petites agglomérations réalisent des recettes très faibles voire négligeables, nettement inférieures aux charges salariales de leurs personnels. Cette analyse basée seulement sur l'exercice 2003 montre que la contribution de ces bureaux à la recette globale de la Poste est pratiquement nulle tandis que le poids de leurs charges salariales sur les charges globales de la Poste n'est pas négligeable.

Les bureaux de grandes agglomérations quant à eux contribuent mieux à la recette globale de la Poste. La Recette principale de Cotonou par exemple a pu réaliser au cours de l'année 2003 quinze pour cent de la recette globale de la Poste.

Si l'on devait tenir compte du seul objectif de profit, ces bureaux de faibles recettes devraient fermer leurs portes. Mais la Poste poursuit des objectifs qui vont au delà du simple profit. En ce sens elle constitue un véritable instrument de répartition des ressources productives ; elle exerce des effets d'entraînement sur plusieurs secteurs de l'économie nationale. A travers la couverture territoriale la Poste joue un rôle économique, grâce à ses infrastructures qui contribuent au développement économique de notre pays. Elle remplit une mission d'ordre macro-économique, en résorbant le chômage par l'effectif pléthorique de son personnel. Toutes ces raisons nous amènent à dire que l'évaluation de la Poste doit objectivement tenir compte, outre des indicateurs financiers, des indicateurs économiques et sociaux.

Le critère de performance économique peut bien rendre compte des objectifs d'intérêt général poursuivis par la Poste, car l'idée de "performance" économique comme critère d'évaluation consiste justement à vérifier le degré de réalisation des objectifs de développement économique et social (Hirshihorn et Kaell 1988). Lorsqu'une entreprise poursuit de tels objectifs, il est sous-entendu que sa performance ne peut s'apprécier sur la seule base de l'efficacité relative à l'activité productive. Cette dernière n'est qu'un critère d'appréciation parmi tant d'autres. Une performance technique ou financière qui aboutirait à aggraver la disparité des revenus n'est guère justifiée du point de vue de l'intérêt général. Inversement une activité moins performante (techniquement ou financièrement) comme celle de la Poste, qui a pour but de désenclaver une région pauvre (Zones rurales) et de lui donner une grande chance de participer à la croissance du pays, peut être justifiée dès lors que ses chances de réussite sont nombreuses.

Mais la mesure de performance basée sur le critère de rentabilité économique n'est pas toujours facile à mettre en oeuvre dans la pratique. Plusieurs méthodes ont été développées pour évaluer un projet (exante ou expost) en tenant compte de son impact sur l'économie nationale (Bridier et Michailof 1987). Malheureusement la plupart de ces méthodes présentent beaucoup d'inconvénients. Les outils qu'elles proposent sont d'un emploi délicat et exigent des informations rarement disponibles dans les pays en développement.

Compte tenu de toutes ces difficultés, la méthode des comptes de surplus (CERC 1980) présente des avantages, elle présente un grand intérêt dans l'évaluation de l'entreprise publique où un des objectifs est de satisfaire l'intérêt général. Elle s'appuie sur les comptes de résultats qui sont moins difficilement accessibles.

Elle fournit une vision globale de l'entreprise en tant qu'unité de création et de distribution de richesses. Elle montre d'une part comment l'entreprise utilise les facteurs de production pour maximiser la production. Elle explique d'autre part comment s'organise l'activité de répartition entre tous les fournisseurs des facteurs de production et comment cette production évolue dans le temps. Elle fait ainsi apparaître la part qui revient à chacun dans l'amélioration réalisée en commun et facilite le partage des fruits de la croissance entre les divers partenaires sociaux.

C'est pourquoi nous avons choisi de l'appliquer au cas de la Poste en complément des ratios déjà étudiés.

Les résultats issus de l'application de cette méthode seront présenté en annexe :

Notre interprétation portera essentiellement sur les deux derniers tableaux des comptes de surplus : Tableau de variation du surplus de productivité ( 1) et tableau de variation de la répartition du surplus (2).

Tous les résultats correspondent à des moyennes sur la période d'analyse.

Sur le tableau (1) nous constatons que la poste a dégagé un surplus de productivité sur toute la période sauf au cours de la période 2001-2002 ou elle a connu une perte de productivité.

Au cours des deux (02) périodes 2000-2001et 2002-2003 les gains de productivité réalisés par la poste proviennent d'une variation positive de la production suivie d'une variation négative des facteurs de production.

La perte de productivité est due au fait que la baisse de la production a été suivie d'une augmentation des facteurs de production.

Sur le tableau (2) la répartition des avantages réels montre que ce sont le personnel et l'Etat qui sont les grands bénéficiaires des avantages dégagés alors que les fournisseurs de fret et voyage n'ont bénéficié de ces avantages que dans la période de 2001-2002.

Du côté des clients, on constate que les usagers des affranchissements et ceux des autres services, sont les grands bénéficiaires des avantages dégagés, contrairement aux usagers de colis postaux,EMS DISFLASH, mandats et chèques postaux.

On retient de cette analyse que les plus grands bénéficiaires des avantages réels de la poste sont le personnel et les usagers des affranchissements ce qui confirme le caractère social du service postal qui est un service public.

Nous devons reconnaître que la baisse de production constatée est sous l'influence de nombreux facteurs dont certains échappent totalement au contrôle de la Poste. Parmi ces facteurs, nous relevons les variables exogènes suivantes :

- les fluctuations monétaires comme la dévaluation du francs CFA ;

- l'appartenance de la Poste béninoise à la chaîne internationale de la Poste. Ce qui fait que si l'un des maillons de cette chaîne est en panne, il influence négativement les autres maillons quelle que soit leur performance.

- La vulgarisation de l'Internet à travers la prolifération des cybers centres

A côté des facteurs externes, plusieurs variables internes peuvent également expliquer la baisse de la production postale. Nous citerons ici quelques causes les plus visibles à savoir :

- la vétusté des infrastructures et des équipements. Cette détérioration a contribué largement à la limitation de l'offre des services postaux, ce qui a permis aux concurrents de la Poste de percer le marché ;

- des mauvaises conditions d'exploitation : le manque de rapidité dans l'acheminement des courriers, les pertes et spoliations des objets d'envoies ;

- l'absence d'autonomie de gestion caractérisée par les interventions persistantes du gouvernement sur la gestion courante de la Poste. La Poste est sollicitée à accomplir une mission de service public sans que les moyens nécessaires lui soient fournis (obligation d'appliquer des tarifs bas, peu ou pas de subvention en équipement, etc.).

Ces deux derniers facteurs cités caractérisent le management de la Poste. Tous les problèmes évoqués sont résumés dans la figure suivante :

Perte de productivité globale des facteurs

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera