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La coopération non gouvernementale à l'épreuve de la réduction de la pauvreté au Cameroun:une analyse sociologique des relations Bailleurs de fonds-ONG nationales


par Sosthène Hervé MOUAFO NGATOM
Université de Yaoundé 1
Traductions: Original: fr Source:

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CONCLUSION GÉNÉRALE

« La coopération non gouvernementale à l'épreuve de la lutte pour la réduction de la pauvreté au Cameroun : une analyse sociologique des relations ONG nationales-bailleurs de fonds ». Tel est le sujet qui était au centre de notre étude. Partant du constat de la paupérisation croissante des populations camerounaises face au recours accru à la coopération non gouvernementale, la question était de savoir ce qui explique le déphasage entre le recours accru à la coopération non gouvernementale et la paupérisation croissante des populations camerounaises. La coopération non gouvernementale mettant au prise les ONG nationales et leur « environnement de soutien » que sont, de part et d'autre, les bailleurs de fonds et les populations bénéficiaires, nous sommes partis du principe de D.J. MULLER selon lequel, « l'efficacité des opérations non gouvernementales se fonde sur les « bonnes relations » que les ONG entretiennent avec leur environnement de soutien » (1989 : 205). Pour répondre à la question, deux perspectives ont été provisoirement envisagées. Pour la première, la politique de coopération des bailleurs de fonds explique le déphasage entre le recours accru à la coopération non gouvernementale et la paupérisation croissante des populations camerounaises. Pour la seconde, les méthodes d'intervention des ONG nationales dans la coopération non gouvernementale explique ce déphasage.

Pour traiter du sujet, nous avons été amenés à faire un état des lieux de la pauvreté au Cameroun, ainsi que les réponses des différents acteurs de lutte pour la réduction de la pauvreté. La problématique de la coopération non gouvernementale au Cameroun a constitué une autre étape vers le traitement de notre sujet. La politique des bailleurs de fonds en matière de coopération non gouvernementale et les méthodes d'intervention des ONG nationales dans la coopération non gouvernementale ont constitué les points focaux de l'analyse de la question, toutes ces étapes, non sans avoir fait au préalable une présentation du cadre institutionnel de l'étude.

Pour l'analyse de la question, nous avons eu recours à trois cadres théoriques d'analyse. L'analyse sociocritique pour une lecture en profondeur permettant de déceler les non-dits du phénomène de coopération non gouvernementale ; l'analyse systémique pour une analyse des « input » et des « output » des ONG nationales en tant que système dans cette coopération ; et l'analyse stratégique pour la démarche des ONG nationales en tant qu'actrices de cette coopération. Ces analyses purement qualitatives, ont été menées suivant les techniques de l'analyse de contenu.

A l'analyse, la politique des bailleurs de fonds en matière de coopération non gouvernementale et les méthodes d'intervention des ONG nationales dans la coopération non gouvernementale recèlent des pratiques qui constituent des facteurs de blocage de la contribution de la coopération non gouvernementale à la lutte pour la réduction de la pauvreté au Cameroun.

L'analyse de la politique des bailleurs de fonds en matière de coopération non gouvernementale conduit à deux constats à savoir que cette forme de coopération, pour les bailleurs de fonds, est une formalité, et un moyen de promotion des standards occidentaux de développement. Or, cette formalité est ce qui voile l'ambition réelle à savoir la promotion des standards occidentaux de développement. La coopération non gouvernementale se réduit donc à un instrument de transmission de la culture occidentale. ce qui concourt à desservir les intérêts des populations bénéficiaires des projets de développement initiés dans le cadre de cette coopération.

Du côté des ONG nationales, les freins à leur contribution à la réduction de la pauvreté dans le cadre de la coopération non gouvernementale s'observe à deux niveaux. Premièrement, les « input » qui leur viennent des bailleurs de fonds sont constitués des conditions de coopération et d'appuis qui ne favorisent pas l'efficacité et l'efficience de leurs actions dans la lutte pour la réduction de la pauvreté. Car, cette situation les conduit à fournir des réponses inadaptées et limitées, aux demandes des populations à la base. Secondairement, les ONG nationales, mettent sur pied des stratégies qui ne facilitent pas également l'épanouissement des populations par cette coopération. En fait, les stratégies d'adaptation des ONG nationales aux exigences des bailleurs de fonds contribuent à éloigner l'apport desdits bailleurs des attentes des populations à la base. Car, l'opportunisme dont les ONG nationales font l'objet, les confine à la posture de demandeur et non à celle de partenaire au développement, laquelle posture de partenaire ferait d'elles des interlocuteurs valables des bailleurs de fonds, autrement dit des interlocuteurs capables de discuter, de négocier, de donner leurs points de vue sans complexe sur la politique de coopération des Bailleurs ; bref, de bons défenseurs de la cause des populations à la base qu'elles prétendent représenter. En plus, l'instrumentalisation des populations à la base aux fins d'accès au financement des bailleurs de fonds, participe des stratégies des ONG nationales qui font obstacles à la contribution de la coopération non gouvernementale à la réduction de la pauvreté au Cameroun. Au total, politique inadaptée d'un côté, opportunisme et clientélisme de l'autre. Comment dans ces conditions, la coopération non gouvernementale peut-elle contribuer à la réduction de la pauvreté au Cameroun ?

En fin de compte et pour répondre explicitement à la question de départ, le déphasage entre le recours accru à la coopération non gouvernementale et la paupérisation croissante des populations camerounaises s'explique par les politiques des principaux acteurs de la coopération non gouvernementale que sont les bailleurs de fonds et les ONG nationales. Les bailleurs de fonds par leur politique inadaptée qui conduit à un développement qui ne tient pas compte de la dimension culturelle du développement ; les ONG nationales par leur opportunisme et leur clientélisme. La combinaison de ces tares constitue de véritables écueils à la contribution de la coopération non gouvernementale à la lutte pour la réduction de la pauvreté au Cameroun./.

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