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Lutte contre l'exclusion sociale au maroc "INDH"

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par Amine Dafir
Université mohamed 5 souissi - Licence 2006
  

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Chapitre3 : programme des "villes sans bidonvilles" : réalisation en milieu urbain

INTRODUCTION


L
es bidonvilles au Maroc ne cessent de croître malgré les efforts de résorption non négligeables menés par l'Etat. Leur problématique est devenue alarmante, exigeant une nouvelle prise de conscience et des initiatives innovantes.

Aussi, le Gouvernement s'est engagé à donner une dimension particulière aux actions de résorption des bidonvilles au Maroc, l'inscrivant dans une vision plus stratégique, axée sur un plan d'actions de «Villes sans bidonvilles».

Le Programme «Villes sans bidonvilles» (VSB) se fixe comme objectif d'éliminer en sept ans (2004- 2010) tous les bidonvilles des centres urbains lesquels abritent plus de 210.000 ménages; programme ambitieux faisant appel à la responsabilité et à la participation citoyenne de toutes les potentialités tant des ministères concernés que des collectivités locales et des populations cibles. L'intérêt particulier qu'accorde S.M. Le Roi à la question des bidonvilles, et plus récemment au Programme VSB, est un engagement politique majeur qui ne fera que renforcer la détermination du Gouvernement à multiplier ses efforts pour atteindre les objectifs dudit Programme.

De même que des institutions internationales dont la Banque Mondiale, l'Organisation des Nations Unies (UN-Habitat), les coopérations américaines, françaises,...ont manifesté leurs intérêts et leurs souhaits de participer à la mise en oeuvre de ce programme VSB, ambitionnant la diffusion de l'expérience marocaine à d'autres pays.

Dans notre mémoire on cherchera avec les moyens dont on s'est disposé d'aborder l'habitat insalubre en général, la situation de l'habitat insalubre au Maroc, le travail effectué par les organismes chargés de programme de villes sans bidonvilles.

Section1: Problématique des bidonvilles :

1. Aperçu général sur les bidonvilles :

Depuis son apparition pour la première fois aux alentours de 1820, le mot bidonville a été utilisé pour désigner les logements qualitativement les moins satisfaisants aux conditions sanitaires les plus mauvaises; les bidonvilles étaient considérés comme des lieux propices aux activités marginales, notamment aux crimes, au « vice » et à la consommation de drogues; des foyers probables des nombreuses épidémies qui ravageaient les zones urbaines; en un mot, des endroits aux antipodes de tout ce qui est respectable et sain. Aujourd'hui, le mot « taudis » est un terme fourre-tout, vague et péjoratif. Il a de nombreuses connotations et significations et il est rarement utilisé par les gens les plus sensibles, politiquement corrects et intellectuellement rigoureux. Mais dans les pays en développement ce mot est dépourvu de la connotation péjorative et conflictuelle initiale et correspond tout simplement à un logement de qualité inférieure ou de fortune.

Dans notre mémoire, le mot « bidonville » est utilisé pour décrire une grande diversité d'établissements humains occupés par des groupes à faibles revenus où les individus vivent dans de mauvaises conditions. Défini simplement, un taudis est un logement situé dans une zone urbaine fortement peuplée caractérisée par des habitations de qualité inférieure et sordides. Cette définition sans détour, qu'il convient toutefois d'enrober, énonce les caractéristiques physiques et sociales fondamentales des taudis.

Traditionnellement, on entend par bidonvilles des quartiers autrefois respectables - voire même convoités - qui se sont détériorés une fois les premiers occupants partis vers de nouveaux quartiers, plus propices, de la ville. L'état des maisons s'est détérioré au fur et à mesure de leur subdivision et de leur location à des personnes à faibles revenus.

Aujourd'hui, on entend par « bidonvilles » les énormes établissements humains informels qui deviennent rapidement la manifestation la plus sensible de la pauvreté urbaine des villes du monde en développement. Un grand nombre de termes désignent ces établissements qui sont caractérisés par des modes d'occupation divers. Cependant, dans tous les cas, les bâtiments qu'on y trouve vont de la simple baraque à des structures permanentes qui surprennent parfois par le soin avec lequel elles sont entretenues; toutefois, il est une réalité commune à la plupart des bidonvilles, à savoir l'absence d'alimentation en eau propre et en électricité et le manque de systèmes d'assainissement et d'autres services essentiels.

2. Délimitation du champ de la réflexion

Le logement constitue un enjeu économique et social important, pour les entreprises et pour les ménages.

C'est un produit spécifique différent des autres biens mis sur le marché par l'importance des investissements, la sensibilité du secteur à la conjoncture économique qui en détermine le rythme de production et les conditions d'accès pour le plus grand nombre.

L'enjeu essentiel du logement se situe en milieu urbain, qui pose aujourd'hui des difficultés au niveau de l'accès particulièrement pour les ménages à faibles revenus. Le Maroc étant engagé depuis plusieurs décennies dans une croissance urbaine accélérée alimentée par un exode rural durable, la question du logement est prioritairement une question urbaine, car le logement en milieu rural est lié à l'unité d'exploitation agricole et se pose davantage en termes d'accès aux infrastructures et aux services de base (eau, électricité, pistes, routes, enseignement et santé) qu'en termes de construction de logements.

Le savoir faire local et les conditions d'exploitation favorisent l'auto production du logement en dehors des règles du marché. Par ailleurs, la diversité des contextes et les spécificités locales, excluent toute généralisation de modes d'intervention. Les rares tentatives d'interventions publiques dans le logement en milieu rural ont d'ailleurs très vite montre leurs limites et leur inefficacité (village pilote, programme de l'habitat rural).

Dans tous les cas, les exigences de développement du milieu rural ne portent pas prioritairement, aujourd'hui, sur la construction de logements, ce qui ne doit pas signifier absence d'interventions publiques en milieu rural.

En milieu urbain, le logement social occupe une place importante dans la réflexion et dans l'action. C'est une composante difficile à dissocier de l'ensemble de la production du logement et qui reste articulée aux autres segments dont chacun présente des caractéristiques propres mais l'ensemble est régi globalement par les règles du marché qui déterminent les conditions de production et d'accès et ces règles opèrent à l'échelle de chaque agglomération. Ainsi, une offre insuffisante dans un segment se répercute nécessairement sur les autres et les plus bas revenus sont les moins bien servis.

L'évaluation de l'expérience marocaine au cours des dernières décennies permet de dégager des enseignements susceptibles d'éclairer la situation actuelle.

3. La situation actuelle

La situation actuelle se caractérise par une inadaptation quantitative et qualitative entre l'offre et la demande en logements dont les expressions les plus significatives concernent le développement des bidonvilles, la progression de l'HNR et la dégradation du parc existant.

a. Caractéristiques de la production

La production de logements est en progression mais reste insuffisante par rapport à l'évolution des besoins. Elle est le fait d'un secteur hétérogène marqué par le poids de l'informel et une faible contribution du secteur public.

3.1.1. Une production de logements insuffisante

La production des logements autorisés a enregistré une croissance continue au cours des dernières décennies, mais reste globalement en deçà des besoins liés à la croissance urbaine.

Au cours de la période 1981-90, le nombre de logements autorisés s'élève à 523 600 unités et celui effectivement réalisés 419 000, soit une moyenne annuelle de 41 900 au lieu de 52 360 prévus initialement.

Au cours de la dernière décennie, le nombre de logements autorisés a évolué de 54 000 unités en 1993 à 89 000 unités en 2002 :

Alors que l'accroissement de la population urbaine enregistre un rythme régulier, l'évolution de la production des logements, bien qu'en constante augmentation, reste sensible à la conjoncture économique et aux mécanismes des marchés au niveau local.

La comparaison entre les besoins annuels liés à la formation de nouveaux ménages et les logements autorisés et réellement construits indique une insuffisance de la production du secteur réglementaire. Le taux de couverture des besoins se situe autour de 74 % et varie selon les contextes urbains, avec toutefois des situations isolées de surproduction. Mais globalement à l'échelle nationale, ce déficit est important et ne prend pas en compte les besoins liés à la résorption du déficit existant qui s'amplifie et qui est estimé à 1,2 millions d'unités.

Ce déficit à l'échelle nationale devra être interprété localement en fonction de chaque contexte urbain là où les régulations s'opèrent et prennent des formes multiples :

- la production des logements dans le cadre des lotissements non réglementaires, les surélévations et les subdivisions non autorisées;

- la progression des bidonvilles et des autres formes d'habitat insalubre : l'habitat dégradé et vétuste dans les médinas, les nouvelles médinas, l'habitat dans des locaux non destinés au logement (garages, terrasses);

- le développement de la cohabitation et de l'entassement dans les logements.

3.1.2. Un secteur de production hétérogène

La question du logement en milieu urbain renvoie également aux caractéristiques des acteurs impliqués dans le processus de production et de circulation du logement et le rôle important du marché dans le fonctionnement global du secteur.

Le secteur de production du logement est inscrit dans son contexte économique et reste très sensible à l'évolution de la conjoncture. Il est marqué par le poids important des unités informelles (9/10 de l'ensemble) qui réalisent 80 % de la production aux dépens des entreprises organisées qui dans certains cas recourent à la sous-traitance.

En 2000, on dénombre 53 000 entreprises de construction dont 50 000 de type informel localisé ou non localisé, 1500 PME et quelques dizaines de grandes entreprises structurées.

Quatre groupes d'entreprises sont identifiés :

- des entreprises de taille réduite au nombre de 218 qui réalisent un chiffre d'affaires inférieur à 1 million de DH avec un effectif inférieur à 30 personnes,

- des entreprises de dimension moyenne (511) avec un chiffre d'affaires compris entre 2 et 5 millions de DH et un effectif compris entre 30 et 100 personnes,

- des entreprises de taille nationale (539) réalisant un chiffre d'affaires compris entre 5 et 50 millions de DH et un effectif compris entre 50 et 500 personnes,

- des entreprises de grande taille 65 avec un chiffre d'affaires supérieures à 50 millions de DH et un effectif supérieur à 500 personnes.

Les unités de production organisées sont concentrées en grande partie dans l'axe Rabat Casablanca qui regroupe 30 % des unités. Plus de la moitié des entreprises du secteur organisé (54,3 %) a été créé après 1990, et 54 % réalisent un chiffre d'affaires de moins de 5 millions de DH.

La réalisation des logements se répartit entre quatre filières de production2 :

- la filière promoteur - entreprise organisée qui réalise l'ensemble de la commande publique de logements et une partie des logements en immeubles;

- la filière promoteur-tâcheron réalise une part de la production de logements en immeubles;

- la filière autopromoteur-tâcheron réalise la quasi totalité des habitations de type marocain et des villas;

- la filière autoconstructeur maallam réalise une grande partie de l'habitat non réglementaire.

3.2. Évolution de la demande

La demande en logement est déterminée par les besoins de la croissance urbaine. La demande sociale en particulier correspond à la différence entre les besoins liés à la formation des nouveaux ménages et la demande solvable.

3.2.1. Accroissement des ménages urbains

Le Maroc a été confronté au cours des 50 dernières années à une croissance urbaine rapide alimentée par un exode rural soutenu dans un contexte de sous équipement La population urbaine a évolué de 3,4 millions en 1960 à 13,4 millions en 1994 soit quatre fois.

Le taux d'accroissement annuel moyen en milieu urbain a enregistré une baisse entre les deux périodes intercensitaires, (4,4 % entre 71 et 82 à 3,6 % entre 82 et 94), parallèlement le milieu rural a observé une tendance à la baisse de 1,5 % à 0,7 %.

En 2025, la population du Maroc atteindra le seuil de 40 millions dont 28 millions de citadins.

Le poids des ménages additionnels évalué en 1994 à 109 000 ménages en milieu urbain, atteindra 144 000 pour la période 2002-2007 et 170 000 à partir de 2012. Ces chiffres donnent la mesure des efforts nécessaires pour répondre aux besoins de la croissance urbaine sans compter le déficit en logement accumulé et celui lié à la résorption de l'insalubrité.

3.2.2. Revenus, accessibilité et financement

Le financement du logement constitue un élément déterminant de toute stratégie d'intervention. La contribution du secteur bancaire au financement du logement au Maroc est relativement limitée. L'autofinancement représente 80 % des logements réalisés. Les difficultés d'accès au financement pour les ménages s'explique par l'étroitesse du marché financier, la pénurie des moyens financiers à long terme destinés au secteur et par l'inadaptation des produits par rapport au profils socio-économiques des ménages. La réorganisation du système de financement dépendra du niveau d'accroissement des ressources destinées au secteur et des mécanismes mis en place pour adapter les produits aux profils des ménages à moyens et faibles revenus dans la perspective de l'amélioration de leur solvabilité.

Un système plus adapté favorisera l'accès au logement à une frange plus importante de ménages. Pour autant, il est également admis qu'un système de financement aussi performant soit-il, ne peut pas résoudre des problèmes qui relèvent de la faiblesse des revenus ou de l'insuffisante production.

La question posée est de déterminer la part des ressources que l'économie marocaine est en mesure d'affecter, d'une manière régulière, au secteur du logement pour répondre aux besoins nés d'une forte croissance urbaine et pour résorber le déficit accumulé, sans porter atteinte à l'investissement dans les autres secteurs productifs.

Les obstacles à l'accès au crédit bancaire sont nombreux : les uns sont endogènes au système du financement lui-même, les autres relèvent des contraintes économiques.

Par ailleurs, selon l'enquête nationale sur la famille (1995), la distribution des ménages urbains selon les groupes socioéconomiques révèle le poids des groupes « socialement marginalisé » et « vulnérable » qui représentent respectivement 9,87 % et 36,84%2. Elle montre également que la pauvreté et la population vulnérable à la pauvreté sont plus répondues en milieu rural qu'en milieu urbain, où ils sont localisés dans les petites et moyennes villes et dans les quartiers périphériques et sous équipés des grandes agglomérations qui offrent pourtant plus d'opportunités d'emplois et d'intégration.

Mais globalement, le champ de la pauvreté se rétrécit en fonction du développement du potentiel économique, et l'accès aux infrastructures et aux services sociaux constitue un facteur déterminant de son recul.

3.3.1. Développement de l'insalubrité dans les bidonvilles

Il faudra différencier entre les différentes formes d'insalubrité : le bidonville qui constitue la forme la plus visible dans le paysage urbain, ne doit pas masquer les autres formes d'insalubrité, diffuses ou localisées.

L'ensemble constitue une première expression de l'inadéquation entre l'offre et la demande en logements en milieu urbain. Si les données sur l'évolution des bidonvilles sont relativement précises (le bidonville a évolué de 160 000 ménages en 1992 à 260 000 ménages en 2001 dont plus de la moitié concentrée dans l'axe Kénitra Casablanca), les autres formes d'insalubrité sont encore difficilement quantifiables. On note toutefois les données relatives à l'occupation des terrasses (70 267 unités) et des sous-sol pour un usage d'habitation (12 074).

La question de l'habitat insalubre renvoie aux critères de détermination du degré d'insalubrité ou d'exigences minimales d'habitabilité. Cela concerne le logement comme espace privé mais également son environnement déterminé, par le niveau d'accès aux équipements et aux services de base.

La question renvoie à l'état du parc logement et de son occupation à un moment donné et aux conditions de son évolution. Dans ce sens, l'insalubrité est également le produit d'un processus de transformation du parc logement lié à son vieillissement, son déclassement social ou son renouvellement. Cela veut dire qu'un logement salubre au départ, peut évoluer vers des formes d'insalubrité par dégradation faute d'entretien ou sur-occupation. Plus la pression de la demande est forte, plus elle s'exerce sur l'état du parc, ce qui précipite sa dépréciation et son déclassement social.

Mais paradoxalement une stratégie orientée exclusivement sur la construction de logements neufs ne se traduit pas forcement par le recul de l'insalubrité, car l'offre en logement neuf notamment pour l'accès à la propriété s'adresse d'abord à des ménages déjà logés dans des conditions et des statuts certes en attente d'amélioration, mais qui sont généralement solvables.

Les ménages nouvellement constitués, nombreux dans un contexte de croissance urbaine rapide, doivent passer par des itinéraires résidentiels qui peuvent prendre des formes multiples, de la cohabitation, entassement avant d'accéder à la propriété ou au logement neuf. Ce processus de filtrage permet de libérer des logements souvent déclassés et dans certains cas versés dans l'insalubrité.

De ces développements, on peut considérer qu'une partie de l'insalubrité est le reflet de la pauvreté en milieu urbain et de l'incapacité financière des ménages à accéder à un logement décent et l'autre partie de l'insalubrité est le résultat des transformations qui s'opèrent dans le parc logement sous la pression du marché et qui peuvent être exacerbées par la pénurie ou l'insuffisance de l'offre en logement.

4. Caractéristiques de l'habitat insalubre :

4.1. Données générales

Au Maroc, l'habitat insalubre, faisant référence à la fois à l'état de la construction (vétusté du bâti, précarité, cohabitation,...), au sous-équipement du tissu urbain et aux conditions d'occupation du logement se présente sous différentes formes. Au dernier dénombrement de 2001, ce type d'habitat abritait près de 18% des ménages urbains, se répartissant comme suit :

- Bidonvilles : Abris sommaires réalisés souvent avec des matériaux de récupération (tôle, bois,...), sur des terrains dépourvus d'infrastructures de base (assainissement, eau potable,...) ; l'habitat rural intégré aux périmètres communaux ou à proximité est souvent assimilés comme «bidonville»- 262.000 ménages y logent en 2001 ou 270.000 estimés actuellement.

- Quartiers non réglementaire (QNR) : Parcelles construites sur des terrains morcelés illégalement et vendus sans la réalisation préalable des infrastructures de base (assainissement, eau potable, électrification...)- Près d'un millier de quartiers sont recensés et 520.000 ménages y résident en 2001

- Tissus ou bâtiments anciens vétustes et souvent surdensifiés: Parmi eux, les logements menaçant ruine concernaient près de 90.000 ménages en 2000.

4.2. Des interventions adaptées

1. Le bidonville constitue une forme d'expression de la pauvreté urbaine (précarité des matériaux de construction et du statut d'occupation, absence d'infrastructure etc). L'attente de la population porte sur un relogement (souvent en terme d'accès à un lot équipé) par le biais de subventions par l'Etat dont les ressources ne permettent pas de faire face à l'ensemble de la demande. Cette situation implique d'inverser la tendance : si l'initiative de l'intervention vient de la population ou des ses élus, l'Etat peut appuyer cet effort sous formes d'encadrement techniques, de facilités opérationnelles ou de subventions financières en admettant des réponses progressives et adaptées selon les cas: celles-ci peuvent aller de l'amélioration de l'existant jusqu'à la résorption, en passant par des restructurations plus ou mois légères initiées par les habitants et encadrées par les collectivités locales concernées.
 

2. L'HNR exprime une réalité sociale différente de celle du bidonville : il s'agit d'un aménagement foncier sans équipement mais avec un investissement important dans la construction ; la population a acheté des terrains parfois en partie équipés, et dans la majorité des cas, investis dans la construction. De ce fait, elle est potentiellement en attente d'une amélioration de son statut et de son cadre de vie par les équipements d'infrastructure et par la régularisation administrative et foncière de son occupation. Cette attente constitue un atout pour favoriser un partenariat avec la puissance publique afin d'engager la normalisation administrative et la régularisation foncière et de définir des règles de répartition des charges et des compétences entre les différents acteurs en présence (communes, autorité, OST, régies, habitants). La présence de concessionnaires privés doit être une occasion pour introduire des innovations en matière de financement des infrastructures (ex : hors site et primaire réalisés par l'Etat/concessionnaire dans le cadre de convention et le réseau secondaire et tertiaire par la population /collectivité locale).

 

3. Pour la médina, la complexité des statuts fonciers, celle de l'occupation, ainsi que l'imbrication de la question du patrimoine et de celle de l'insalubrité appellent des solutions prudentes et expérimentales. L'urgence porte sur des opérations pilotes bénéficiant de dispositif d'évaluation et des interventions ciblées sur les maisons menaçant ruine où la sécurité des habitants est en jeu. Une fois encore, il faut éviter des interventions massives ou globalisantes. La priorité doit porter sur une mise à niveau des infrastructures de base et sur des projets ciblés, intégrés avec un accompagnement social adapté. 

4. Pour l'habitat insalubre dispersé, les contextes et les situations sont très variables (des douars périphériques aux formes diffuses localisées dans les différents tissus urbains). Cette diversité appelle des solutions au cas par cas. Pour les douars périphériques, il s'agit souvent de contextes ruraux où une démarche participative visant l'amélioration de l'existant peut conduire à des résultats satisfaisants (cas de Marrakech). Ailleurs, les noyaux périurbains constituent l'embryon d'un développement plus massif qui appelle une action préventive sous forme d'aménagement foncier.

5. Historique des stratégies adoptées

Malgré une palette riche en modes d'intervention en vue de la résorption des bidonvilles qui a permis d'atteindre, ponctuellement, certains résultats remarquables, la problématique des bidonvilles demeure, aujourd'hui encore entière, tant en nombre de bidonvilles qu'en complexité de résorption, notamment dans les grandes villes.

Si pendant les années 1950 à 1970, furent menées plusieurs expériences de recasement de des bidonvilles avec notamment les «trames sanitaires», la stratégie du Projet de développement urbain (PDU), opération intégrée en vue de la restructuration in-situ des bidonvilles, ne fut introduite au Maroc que dans le cadre du PDES4 de 1978-80. Les PDU ont contribué à la diffusion de nouvelles notions comme le recouvrement des coûts, la réduction des normes d'urbanisme et des standards d'équipement, l'assouplissement des procédures d'autorisation de construire, la préoccupation institutionnelle pour coordonner des actions de plusieurs partenaires...

Depuis les années 1980, la stratégie de résorption des bidonvilles a consisté essentiellement en l'équipement des parcelles constructibles mises à la disposition des ménages concernés. Pratique ayant elle-même plusieurs variantes dont celle, souvent privilégiée, concerne les opérations dites «intégrées», combinant les principes de recasement, de prévention (de l'habitat insalubre) et de promotion- péréquation. Ce sont des projets d'aménagement foncier, intégralement équipés en infrastructures de base et dotés d'emplacements pour les équipements socio-collectifs. Outre les titres de propriété foncière, les attributaires reçoivent un dossier de construction comprenant des plans d'architecture et de structures (appui technique à la population).

Au début des années 1990, le Ministère chargé de l'habitat a mis en place un programme spécial de lutte contre l'habitat insalubre portant sur 107 opérations au profit de 100.000 ménages bidonvillois. Sa réalisation a été confiée aux opérateurs sous tutelle du Ministère de l'Habitat (ANHI, SNEC,..) dans le cadre d'une politique conventionnelle.

L'évaluation de ce programme a permis de dégager ce qui suit:

- Une programmation pas toujours judicieuses des projets en amont et une gestion inégale en cours de réalisation.

- L'insuffisance de la maîtrise du foncier au préalable du lancement du programme a engendré des retards, voire l'abandon de certaines opérations.

- Le mode de fixation de la subvention du BGE à 25% du coût global de l'opération, a entraîné une programmation et des montages technico-financiers "cadrés".

- Les problèmes de financement de l'auto-construction de logements et l'absence de crédits acquéreurs au profit des ménages bidonvillois ont retardé l'achèvement de la valorisation de ces opérations dans les délais prévus.

- La faiblesse de l'intervention des pouvoirs locaux pour encourager l'évacuation des anciennes baraques et l'installation dans les nouveaux sites ainsi que les difficultés de recouvrement des recettes auprès des bénéficiaires ont également constitué un handicap certain.

- Les comportements du bidonvillois vis-à-vis du projet allant parfois à un rejet total des solutions suggérées, notamment sur le type d'intervention, sur les prix de cession, sur la localisation et sur les équipements d'accompagnement qui sont rarement réalisés parallèlement à l'opération.

Sur le plan quantitatif, les réalisations de l'Etat ont porté, entre 1982 et 1992, sur près de 13.570 unités de résorption en moyenne annuelle, permettant de faire baisser la part des ménages bidonvillois de 12,8% à 7,8% de la population urbaine entre les deux dates. De 1992 à 2003, le bilan des réalisations a été moindre (environ 9.000 unités par an, en moyenne).

Suite à l'évaluation des stratégies de lutte contre l'habitat insalubre, le Gouvernement s'est attelé à explorer de nouvelles approches pour remédier aux résultats des réalisations passées, largement insuffisantes face à la recrudescence, dans de nombreuses villes, de l'habitat précaire sous toutes ses formes, ainsi que face à la persistance de gros et moyens bidonvilles au coeur des principales agglomérations (Casablanca, Rabat, Tanger, ...). Cette préoccupation s'est traduite par la mise en place de nouvelles approches, techniques, financières et juridiques, adaptées à des programmes spécifiques dont, notamment celui de «Villes sans bidonvilles».

Dans ce cadre, le Ministère chargé de l'habitat est conscient que toute nouvelle stratégie ne pourrait donner des résultats positifs et durables que si la participation des Collectivités locales, du secteur privé, des autres partenaires administratifs, de la société civile et de la population est réellement effective et pérenne; participation basée sur les principes de partenariat et de citoyenneté.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon