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Dynamiques et pertinences du moteur franco-allemand dans la construction de la Politique Européenne de sécurité et de Défense.


par Pascal BRU
Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr - Master de Relations Internationales/Diplome de l'Ecole Spéciale Militaire 2004
  

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Introduction

 

La France et l'Allemagne : les désignations médiatiques abondent pour désigner l'entente particulière qui unit ces deux Nations anciennement ennemies. Depuis 1963, année au cours de laquelle fut signé le Traité de l'Élysée par le général de Gaulle, Président de la République Française et par monsieur Adenauer, Chancelier de la République Fédérale d'Allemagne, la coopération entre les deux pays est très étroite et touche plusieurs aspects de la vie politique. Dès les origines ils inscrirent leurs actions bilatérales dans un cadre plus large, celui de la construction européenne.

De fait, la France et l'Allemagne sont au coeur de l'Europe, elles forment pour ainsi dire un ensemble géographique sans lequel une pensée de l'Europe semblerait incohérente. Mais la coopération étroite des deux États n'entend pas se faire d'une façon exclusive : elle est comprise par ses initiateurs comme une force de proposition en vue de réaliser une union européenne, garantissant la paix, la sécurité, la cohésion et la santé économique à ses membres.

Ainsi, lorsque fut signé le Traité sur la CECA1(*), il s'agissait d'interdire tout recours à la force armée pour régler les litiges entre la France et l'Allemagne en « mutualisant » les industries sensibles dans un contexte militaire. La réussite de cette communauté incita d'autres États à se joindre aux fondateurs de la CECA, montrant par là même la capacité d'entraînement de la France et de l'Allemagne lorsqu'elles s'associent pour mener à bien un projet commun.

En réalité, les exemples sont nombreux pour illustrer les réalisations franco-allemandes dans le domaine de la défense et de la sécurité.

Historique

Le 22 janvier 1963 est signé le Traité de l'Élysée par le général de Gaulle et le chancelier allemand Adenauer, il institue aux yeux de tous la volonté franco-allemande d'une coopération entre les deux États. Dès les origines, ce traité inclut des dispositions militaires, au nombre desquelles :

· la multiplication des échanges de personnels entre les armées,

- Octobre 1970, accord sur la formation commune en France de pilotes pour l'alpha jet, avion de production franco-allemande.

- 1986-1987, manoeuvres communes pour concrétiser l'emploi de la FAR en Allemagne. Accord aux projets de formation commune des officiers par le biais de stages communs.

- Juin 1987, proposition du Chancelier Kohl de mettre sur pied une brigade mixte franco-allemande avec alternance de commandement, le 20 juin le Président Mitterrand donne son accord.

- Juillet 1987, premier séminaire d'officiers français et allemands au CHEM2(*) à Paris.

- Septembre 1987, manoeuvre franco-allemande « Moineau Hardi » dans le sud de l'Allemagne (55.000 soldats allemands, 20.000 soldats français de la FAR pour :

- confirmer la capacité de défense du II ème Corps d'Armée allemand,

- s'assurer de la capacité de projection de la FAR en cas de crise,

- vérifier l'interopérabilité des grandes unités françaises et allemandes).

· le rapprochement des doctrines en vue d'aboutir à des conceptions communes,

- Avril 1959, fondation de l'Institut Franco-Allemand de Recherches de St Louis (ISL).

- Juillet 1967, décision est prise de créer une commission d'études chargée d'analyser la situation politico stratégique des années 1970.

- Février 1980, déclaration commune sur la guerre en Afghanistan.

- Octobre 1982, le Président Mitterrand et le Chancelier Kohl décident d'intensifier la collaboration en matière de politique et de sécurité.

- Décembre 1982, institution dune Commission Franco-Allemande de Défense et de Sécurité avec trois groupes de travail :

- stratégie et désarmement

- coopération militaire

- coopération en matière d'armements.

Leurs buts sont de préparer les réunions ministérielles et de systématiser les échanges d'opinions.

- Avril 1983, création d'une Force d'Action Rapide (FAR), dont l'un des buts est d'aider la République Fédérale d'Allemagne à se défendre en cas de besoin.

- Octobre 1984, déclaration de Rome au cours de laquelle est réaffirmée la volonté d'aborder les questions de défense sous un angle européen dans le cadre de l'Union Européenne Occidentale (UEO).

- Février 1986, les deux gouvernements décident d'étendre la coopération en matière de politique étrangère de sécurité et de défense.

- Septembre 1987, à l'issue de la manoeuvre « Moineau Hardi », le Président Mitterrand annonce la création d'un Conseil de défense franco-allemand pour coordonner la politique de sécurité et de défense des deux pays. Il devient Conseil Franco-Allemand de Défense et de Sécurité (CFADS) au mois de novembre de la même année.

- Le 12 septembre 1990, l'Allemagne unie obtient son entière souveraineté sur ses affaires intérieures et extérieures. Elle est réunie le 3 octobre 1990.

· un travail en commun dès le stade de l'élaboration des projets d'armements appropriés.

- Avril 1963 : premier accord concernant le développement du MILAN (Missile d'Infanterie Léger Antichar)

- Juin 1964, premier accord gouvernemental concernant le développement des missiles guidés antichar Hot (haut subsonique Optiquement Téléguidés).

- Septembre 1964, signature du marché portant sur la production de 160 avions cargo Transall C-160.

- Octobre 1964, premier accord concernant le développement du ROLAND (missile sol-air courte portée).

- Février 1970, est créé un Bureau de Programme franco-allemand à Rueil pour les programmes communs.

- Février 1972, début de la phase de production de l'alpha jet (premier vol en octobre 1973).

- Octobre 1979, accord sur la phase de définition de l'hélicoptère antichar.

- Décembre 1983, premier accord concernant le développement d'un système d'armes anti-navires supersoniques (ANS).

- Juillet 1987, premier accord concernant le développement d'un hélicoptère de combat pour les années 1990 par les deux ministres de la défense.

En d'autres termes, il s'agit de contraindre les deux États, et leur outil de défense, à des échanges en terme d'hommes, de doctrines et de matériels.

En 2003 fut fêté le quarantième anniversaire de la signature de ce traité, fondateur d'une nouvelle vision de la défense en France et en Allemagne.

Au départ de ce traité est la prise de conscience qu'il est nécessaire de stabiliser les relations entre les deux États afin de parvenir à une situation rendant la guerre entre ces grands d'Europe matériellement impossible. Autrement dit, il s'agit de mettre un terme aux rivalités ancestrales qui ont à plusieurs reprises plongé l'Europe et le monde dans le chaos.

À cette fin, il est prévu que les chefs d'État et de gouvernement se rencontrent le plus régulièrement possible, et au moins deux fois par an. Cette obligation institutionnelle force les deux États à se rencontrer lors des périodes de crise alors même que la volonté viendrait à manquer. Si elle ne rend pas certaine la mise sur pied d'une solution commune, elle est en revanche garante d'une confrontation transparente des points de vue, rejetant les vieilles habitudes de renfermement diplomatique. Et ce, même si son utilité dans en temps normal est discutée... « nous avons parlé de tout et de rien, ce furent des entretiens francs, ouverts, détaillés, sans ordre du jour préétabli... » annonce le Président Pompidou à l'issue des consultations de juin 1963.

Dès 1964 est affirmée la portée européenne de la coopération franco-allemande par le Chancelier Erhard pour qui « la France et l'Allemagne sont des partenaires particulièrement forts, mais nous ne voulons pas nous absenter de la CEE. Nous ne voulons pas constituer un bloc à l'intérieur d'un bloc. »3(*)

En juin 1965 est encore réaffirmée cette position lors des consultations franco-allemandes de Bonn par le Chancelier Erhard pour qui « l'amitié franco-allemande est la source de la vie européenne et la condition sine qua non pour toute union européenne » et par le général de Gaulle qui estime que la réconciliation franco-allemande est « le pilier de la CEE ». Cette double prise de position est très forte dans une Europe en construction. Elle pose donc d'emblée le couple franco-allemand comme « moteur » de fait de l'Europe. Son aspect « unilatéral » ne choque pas à l'époque.

* 1 Signé à Paris le 18 avril 1951 par la Belgique, l'Allemagne, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas, ce traité proposait de placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe.

* 2 Congrès des Hautes Études Militaires.

* 3 Bulletin du gouvernement fédéral n°31 du 19.02.64.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon