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Dynamiques et pertinences du moteur franco-allemand dans la construction de la Politique Européenne de sécurité et de Défense.


par Pascal BRU
Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr - Master de Relations Internationales/Diplome de l'Ecole Spéciale Militaire 2004
  

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Rapport de la Commission franco-allemande de sécurité et de défense

(Approuvé par les ministres des Affaires Étrangères et de la Défense, le 27 octobre 1986, au sommet de Francfort).

I.

Conscients du caractère commun de leurs intérêts de sécurité, la France et la République fédérale d'Allemagne ont fait de leur coopération en la matière un important volet du Traité de 1963. La mise en oeuvre complète des dispositions de celui-ci, décidée en février 1982, a marqué une étape nouvelle du développement de leurs relations bilatérales.

Depuis quatre années, en application de cette décision, les quatre ministres des Affaires étrangères et de la Défense se réunissent avant chaque sommet. Ces rencontres régulières, spécifiquement consacrées à l'examen des questions de sécurité d'intérêt commun, ainsi que les travaux de la Commission permanente, et des trois groupes de travail que celle-ci anime constituent une pratique institutionnelle sans précédent dans l'histoire européenne.

Celle-ci marque l'accord des gouvernements des deux pays sur les constatations suivantes


· Notre objectif commun est de consolider la paix et la sécurité. La France et la République fédérale d'Allemagne ont un intérêt conjoint à dissuader toute agression et toute tentative d'intimidation en Europe. Chaque pays y contribue au sein de l'Alliance en fonction de ses choix nationaux.


· Les deux pays oeuvrent au renforcement de la coopération européenne, notamment dans le domaine de la sécurité, dans le cadre de la Coopération politique européenne, de l'Union de l'Europe Occidentale et du Groupe Européen Indépendant de Programmes. Ce faisant, ils concourent à l'affirmation du rôle des Européens au sein de l'Alliance et ainsi au renforcement de cette dernière.

Les deux pays s'accordent pour estimer que l'objectif de l'Alliance demeure la Sécurité commune assurée par des moyens militaires adéquats et une solidarité politique de ses membres. Ceci leur permet de poursuivre le dialogue et la coopération avec les pays de l'Est en vue de créer une situation plus stable. Dans ce contexte, ils veillent à éviter que le dialogue établi avec l'Est n'ait pour effet de donner à l'Union Soviétique un droit de regard sur leurs options de défense.

Le développement de la coopération franco-allemande ne peut pas ne pas tenir compte de l'évolution des relations Est-Ouest et de ses incidences sur la sécurité de l'Europe.

La parité nucléaire qui s'est établie entre les Etats-Unis et l'Union soviétique au cours des années 70 a aggravé les conséquences des déséquilibres existants au niveau européen, dans les domaines conventionnel et chimique.

II.

La République fédérale d'Allemagne supporte une part très importante de la charge de la défense de l'Europe au sein de l'Alliance, notamment en matière conventionnelle et en tant que pays d'accueil des forces et des installations nucléaires et conventionnelles d'autres alliés. Avec elle, les Etats intégrés dans l'organisation militaire de l'OTAN poursuivent, depuis 1967, une stratégie fondée sur la doctrine de la «riposte flexible» et la «défense de l'avant».

Ayant quitté l'organisation militaire intégrée, la France maintient des forces conventionnelles importantes. Celles-ci constituent une réserve opérationnelle essentielle en Centre-Europe, dont les autorités françaises peuvent décider la mise en oeuvre conformément aux engagements d'alliance souscrits par la France.

La force nucléaire indépendante de la France est maintenue, par un programme de modernisation adéquat, au-dessus du niveau nécessaire de crédibilité, contribuant ainsi au renforcement global de la dissuasion de l'Alliance, comme l'a reconnu la déclaration d'Ottawa de 1974 et comme l'a confirmé le communiqué de la réunion ministérielle de l'UEO à Venise du 30 avril 1986.

La France, d'autre part, participe activement à de nombreuses activités de l'Alliance essentielles pour la défense commune et notamment celles relatives à l'amélioration de la coopération en matière d'armement.

Une solidarité manifeste en matière de sécurité constitue le fondement de la coopération étroite entre la République fédérale d'Allemagne et la France. C'est sur cette donnée que se fonde le développement du dialogue sur la politique de sécurité. Tout en étant conscients que leur sécurité commune est assurée dans le cadre de l'Alliance, garante de la solidarité transatlantique, la France et la République fédérale d'Allemagne savent que les progrès réalisés dans leur coopération bilatérale en matière de sécurité constituent une étape nécessaire sur la voie de la réalisation de l'Union européenne.

Depuis 1982, les efforts entrepris ont permis de bien marquer les principales orientations de la coopération franco-allemande en matière de sécurité et d'en afficher les perspectives d'avenir.

Les deux pays partagent la même conception de la sécurité de l'Europe fondée sur le principe de l'équilibre des forces et le caractère indissociable du conventionnel et du nucléaire pour dissuader toute agression. Les décisions prises au sein de l'Alliance pour améliorer les forces nucléaires et conventionnelles et les mesures adoptées dans ce contexte par la République fédérale d'Allemagne, d'une part, et les décisions nationales prises par la France pour renforcer ses forces nucléaires et conventionnelles, d'autre part, concourent aux mêmes objectifs.

Le Traité de l'Élysée prévoit que, sur le plan de la stratégie et de la tactique, les autorités compétentes des deux pays s'attacheraient «à rapprocher leurs doctrines en vue d'aboutir à des conceptions communes».

C'est dans ce contexte que doit être appréciée la portée de la déclaration du 28 février 1986 publiée a l'issue du 47eme sommet franco-allemand dans laquelle : «le Président de la République française se déclare disposé à consulter le Chancelier de la République fédérale d'Allemagne sur l'emploi éventuel des armes préstratégiques françaises sur le territoire allemand» dont toutefois «la décision ne peut être partagée».

Les deux pays sont déterminés à poursuivre la relance de l'UEO. Ils coopéreront afin d'utiliser davantage cette enceinte pour étudier de manière plus précise la menace (par exemple l'évolution des systèmes offensifs et défensifs) rapprocher les conceptions en présence et renforcer la coopération dans le domaine de la sécurité. La prise en compte de la dimension de la sécurité est en effet un élément indispensable d'une politique ayant pour objectif I `Union européenne.

Les deux pays étudient actuellement les effets possibles d'une menace nouvelle que constituent les projectiles à charge classique ou chimique, balistiques et non balistiques, des forces du Pacte de Varsovie. S'ils l'estiment nécessaire, ils développeront un concept commun de défense aérienne élargie qui pourrait constituer l'amorce d'une coopération technologique de très haut niveau. Les résultats de ces études pourront être utilisés sur décision conjointe à l'occasion des travaux menés au sein de l'Alliance.

La concertation stratégique doit tenir compte de tous ces différents facteurs. L'analyse commune de la menace actuelle doit comprendre tous les aspects et toutes les demandes qui concernent la sécurité de l'Europe.

L'interopérabilité des forces, mais aussi des procédures opérationnelles et logistiques, est déjà devenue un objectif prioritaire. Des manoeuvres communes de grandes unités permettant de tester le soutien à la défense vers l'avant auront lieu en 1986 et 1987. Il est de l'intérêt commun que le potentiel de combat du 2eme Corps d'armée français stationné en grande partie en République fédérale d'Allemagne et les forces conventionnelles françaises prévues pour intervenir en Centre-Europe disposent de l'efficacité opérationnelle la plus élevée possible. Elles doivent pouvoir intervenir selon les modalités les plus rapides.


· Les plans de crise et la coordination des décisions qu'ils impliquent pourraient également faire l'objet d'exercices communs avec la participation de l'échelon gouvernemental


· Une information mutuelle sur les politiques de planification des forces à court et à moyen terme pourrait faciliter le rapprochement souhaité.


· Une importance particulière revient à l'instruction commune des troupes et des cadres. La première pourrait faciliter les contacts entre soldats du contingent. La seconde pourrait commencer par l'envoi d'officiers de liaison et d'observateurs au cours des différentes manoeuvres et surtout se poursuivre par des stages pour les officiers des deux armées appelés à servir clans les États-majors de haut niveau. A cet égard, un programme d'intensification des échanges entre stagiaires suivant les cours de l'enseignement militaire supérieur a été proposé et doit être mis en oeuvre rapidement.

Toutes ces mesures supposent que nos deux armées consentent un effort accru et continu pour développer et promouvoir la connaissance de la langue de son partenaire

A travers la coopération bilatérale, la France et la République fédérale d'Allemagne se donnent aussi pour objectif le renforcement de leur coopération dans le domaine de l'armement.


· L'objectif demeure de maintenir et de développer la hase technologique de l'Europe occidentale dans un secteur crucial pour la défense de celle-ci, en tenant compte des très rapides progrès de la technologie. Il convient à cet égard d'utiliser Tes possibilités de coopération clans tous les domaines actuels de la recherche et de la technologie et d'améliorer les efforts de réduction des coûts et des délais de réalisation des équipements et systèmes d'armes que la menace rend nécessaires.


· Comme l'avait prévu le Traité de l'Elysée, les deux gouvernements doivent continuer de renforcer la concertation dès le stade de l'élaboration des projets d'armement et de la préparation des plans de financement. Il s'agit de réaliser le plus tôt possible et par une approche globale, l'harmonisation des besoins militaires dès leur expression («études de préfaisabilité»), et la coopération franco-allemande en matière de sécurité et de défense devrait faciliter ce processus de concertation. Par ailleurs, la coopération devrait également tenir compte de l'harmonisation - autrement dit de la juste appréciation - des intérêts des deux pays et plus particulièrement de leurs objectifs technologiques et économiques.


· La coopération franco-allemande doit aussi se donner pour but de maintenir une industrie d'armement compétitive et diversifiée en Europe de l'Ouest. Elle peut ainsi apporter une contribution importante à l'effort des pays européens en vue de leur propre défense tout en renforçant le pilier européen dans l'Alliance. En effet, la France et la République fédérale d'Allemagne considèrent que les efforts des deux pays peuvent contribuer à dégager des solutions européennes aux problèmes de I' Alliance.


· Le rapprochement des doctrines des deux pays y contribuera largement.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand