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Acteurs et enjeux de la formalisation économique dans la lutte contre la pauvreté dans le monde

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par Florent MACHABERT
Ecole des Hautes Etudes Commerciales - Master en Sciences du Management 2007
  

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CHAPITRE SECOND

L'AIDE AU DEVELOPPEMENT DANS LE MONDE :

DU RIDEAU DE FUMEE AUX CHOIX D'AVENIR

A. 60 ANS DE POLITIQUES D'AIDE AU DEVELOPPEMENT

) Des trois méthodes dirigistes et anticapitalistes...

Loin de la définition que Sen donne de l'équité lorsqu'il écrit que « le dOveloppement, c'est le processus d'expansion des libertOs rOelles dont jouissent les citoyens », les diverses politiques d'aide au développement mises en oeuvre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale dans un contexte marqué par la décolonisation en Afrique et en Asie, se sont toutes - consciemment ou inconsciemment - accompagnées de dirigisme et de dogmatisme, flirtant souvent avec l'anticapitalisme primaire et débouchant toujours sur des échecs retentissants que leurs responsables se sont systématiquement ingéniés à camoufler, les faisant passer avec cynisme pour les insupportables conséquences de la

« dictature du marché », expression synonyme de « mondialisation capitaliste » dans la bouche de tous ses opposants29.

Historiquement, on identifiera trois grandes théories d'aide au développement.

A partir de 1944 et jusqu'au début des années 60, le monde pénètre dans l'ère de l'aide internationale extOrieure reconnue comme nécessaire dans le nouvel ordre économique mondial établi par les Accords de Bretton Woods (1944). Ainsi, le 20 janvier 1949, dans son discours sur l'état de l'Union, le président des USA, Harry Truman, utilise pour la première fois le terme de « développement » pour justifier l'aide aux « pays sous-développés » dans

le cadre de la lutte contre le communisme et de la doctrine Truman. Il déclarera étre du devoir des pays du Nord capitalistes, qualifiés de « pays développés », de diffuser leurs technologies et assistance aux pays qualifiés de « sous-développés », pour qu'ils se rapprochent du modèle de société développé occidental. Cette première perspective d'aide

au développement ne tardera pas à devenir une approche ouvertement keynésienne de financement des investissements, qui sera marquée par les contre-effets habituels de ce planisme économique. Nous ouvrons ici une parenthèse pour dresser le bilan critique de cette politique d'APD (Aide Publique au Développement).

Premièrement, l'APD a toujours été aveugle aux différences entre bénéficiaires qu'elle a de tous temps qualifiés de PVD (Pays en Voie de Développement) ou de PED (Pays En Développement) ou de PMA (Pays les Moins Avancés). Or, on retrouve indistinctement

dans cette catégorie dictatures et démocraties, zones de guerre et marchés en voie

29 On retrouve cette thèse majeure chez J. Norberg, in Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste (2001).

d'expansion, pays de l'extréme pauvreté souffrant de famines chroniques et pays progressant constamment vers le rang des pays industrialisés.

Deuxièmement, le principal talon d'Achille de cette aide est que les transferts de fonds soient publics, c'est-à-dire que les 1000 Mds US $ déversés par les donateurs du Nord sur

le Sud depuis près de 50 ans (près de 63 Mds US $ pour la seule année 2002/2003 et les seuls 10 premiers donateurs) soient des transactions effectuées d'Etat à Etat : c'est ce que Jean-François Revel a toujours déploré : que l'APD soit une aide de gouvernement à gouvernement, « qui se raconte des histoires de gouvernement » 30, toujours au détriment

du peuple. Il s'en est indéniablement suivi un gaspillage colossal d'argent public des contribuables occidentaux, facilement détourné localement au profit de l'administration ou

de l'armée des pays pauvres31. Il est ainsi devenu de notoriété publique que la présence

prolongée au pouvoir de chefs tels que Mugabe au Zimbabwe, Arap Moi au Kenya et Mobutu au Zaïre à la téte d'une fortune d'environ 4 Mds $, n'était due qu'à l'octroi de ces fonds de développement en provenance d'Occident. On a méme parlé d' « Etats vampires »32 pour désigner ces appareillages étatiques mafieux. C'est particulièrement vrai

de l'aide offerte par la Suède qui a d'abord favorisé les dictateurs socialistes : Castro aurait

ainsi amassé 1 Md $ pendant que le PIB de Cuba se contractait du tiers. Ce sont donc très souvent la nomenklatura au pouvoir et - comme en Côte d'Ivoire - les caisses de stabilisation qui bénéficiaient des largesses de l'Occident. L'APD était devenue un transfert

de l'argent des riches de pays riches vers les riches des pays pauvres...

Troisièmement, l'esprit méme de l'APD est une vraie « malOdiction »33 : celle d'une planification centralisée déclinée sur le mode d'une approche volontariste, c'est-à-dire interventionniste, du développement. C'est l'époque du slogan élaboré par François Perroux et mis en pratique par Gérard Destanne de Bernis : la priorité donnée aux

« industries industrialisantes » ; c'est le triomphe de la conception du développement comme processus matériel et automatique, reposant sur l'allocation de ressources collectives d'assistanat et conduisant immanquablement au blocage de l'esprit d'entreprise,

du progrès démocratique et de la politisation salutaire des décisions. Ces illusions frapperont davantage encore des pays comme l'Algérie, le Mexique, le Gabon, le Nigeria

ou l'Angola qui auront eu le tort de croire que leurs ressources pétrolières leur garantiraient

30 In Commentaire, Eté 1992

31 C'est ce qu'on retrouve dans Banquiers aux pieds nus de J.-M. Servet, professeur d'économie du développement à Genève et référent sur les questions de finance solidaire au BIT (Bureau International du Travail) et de microfinance à la CDC (Caisse de Dépôts et Consignations).

32 On trouvera davantage de détails dans Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, de J. Norberg (2001).

33 terme qu'utilise Pascal Salin, professeur d'économie à Paris-Dauphine, pour fustiger l'APD

la prospérité. Quant aux autres pays du Sud qui succomberont aux sirènes de l'enveloppe occidentale, ils feront le méme faux pas dont le Nord est entièrement comptable ; car le développement n'est pas affaire de transfert de fonds mais bien de création de richesses,

qui seule assure que l'on sait calculer le coût du capital et donc la rentabilité d'une activité, calculs rendus impossibles dès lors que les capitaux arrivent par miracle et que le risque

n'est plus supporté par personne.

Les flux mondiaux d'APD...

Dans les années 60, une double tendance est à l'oeuvre qui prendra d'abord la forme de l'hypothèse de la spOcialisation primaire dont le contenu est aussi connu sous le nom de TSP (Thèse de Singer-Prebisch), c'est-à-dire la théorie, popularisée en France par Léopold Sédar Senghor, de la dOgradation des termes de l'Ochange, selon laquelle il y a baisse inéluctable du prix des produits de l'agriculture et des matières premières des pays du Tiers-Monde face aux produits manufacturés des pays industrialisés. Cette approche a donné lieu à un courant de revendication du Sud en faveur d'un nouveau partage mondial des richesses et à un mouvement venant du Nord, déconnecté de la réalité, qui encourageait les pays en développement à appliquer des politiques d'autosuffisance mettant l'accent sur les besoins des pauvres en leur faisant croire qu'il n'est nul besoin de profit pour amorcer son développement et nul besoin d'échanges commerciaux pour créer

de l'emploi. Ensuite, les années 60 furent celles de la théorie très interventionniste de la

croissance dOsOquilibrOe conçue par Hirschman et prétendant que la pauvreté était due à l'insuffisance en équipements collectifs des pays en développement. Aussi cette thèse prit- elle la voie d'un industrialisme forcé faisant la part belle aux politiques inflationnistes, dont

les sectateurs des idées de Hirschman mirent un certain temps avant de comprendre qu'en dépréciant la valeur de la monnaie, elles détruisaient les épargnes modestes des pauvres gens sans atteindre ni les terres, ni les propriétés, ni les entreprises, qui n'ont donc subi aucune dévaluation. C'est ce qu'on a d'ailleurs observé dans l'Allemagne brisée des années 20 et ce que l'Argentine a évité en 1989 dans la région de Buenos Aires en prenant

le contre-pied de ce type d'approche : le nombre de pauvres y est rapidement passé de 35

à 23% de la population locale.

Enfin, dans les années 70, les hypothèses et théories considérant le capitalisme comme

un impérialisme ont fleuri avant d'étre peu à peu démenties.

D'abord, la thèse dite « des dObouchOs extOrieurs » qui consiste à affirmer que le capitalisme requiert la quéte permanente de « toujours plus de débouchés » s'est révélée fondamentalement contredite par l'exemple ex-ante du fordisme qui a su élargir la consommation populaire en guise de débouché ou la réalité ex-post des échanges internationaux qui se révèlent étre plus significatifs entre pays développés qu'entre ceux-ci

et le Tiers-Monde, démontrant par là que la thèse en question n'interfère pas dans le développement des pays en retard.

Ensuite, la théorie du pillage des matières premières du Tiers-Monde par les pays

importateurs du Nord a été mise à mal par la brillante démonstration qui établit que l'évolution technique à l'oeuvre dans les pays industrialisés allait dans le sens d'économies substantielles et croissantes dans la consommation de matières premières par le jeu des gains en productivité inhérents au progrès. En marge de cette thèse, on retrouve celle qui affirme que la pauvreté du Tiers-Monde est le fruit amer du colonialisme. Cela est faux. Qu'on considère la Suisse qui figure parmi les pays les plus riches de la planète sans jamais avoir été une puissance coloniale ; qu'on s'intéresse aux cas de l'Australie, de Hong-Kong, des Etats-Unis, du Canada, de la Nouvelle-Zélande ou de Singapour qui furent pendant de très longues périodes des colonies et qui n'en sont pas moins devenus quelques unes des puissances économiques de la planète ; qu'on s'ouvre enfin aux tristes exemples de l'Afghanistan, du Libéria ou du Népal, qui comptent parmi les pays les moins avancés sans jamais avoir subi l'emprise d'un quelconque empire colonial, pendant que d'autres Etats sont devenus les Tigres et Dragons asiatiques ou les Lions (Île Maurice,

Ghana, Botswana) que l'on sait !

Enfin, cette décennie fut marquée par la théorie de l'exploitation de la main d'oeuvre pauvre par le Nord et des surprofits, développée par Amin auprès de l'Ecole latino-américaine qui élabora la thèse de la dOpendance (sous l'influence des Furtado et Cardoso) contre la domination des élites et l'invasion du capital étranger. Dans les faits, cette politique dite de

« dOconnexion socialiste » se solda par les échecs dont souffrent encore la Guinée, la

Birmanie, l'Algérie, la Tanzanie ou les ex-dictatures communistes d'Ethiopie et du

Cambodge.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"