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Acteurs et enjeux de la formalisation économique dans la lutte contre la pauvreté dans le monde

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par Florent MACHABERT
Ecole des Hautes Etudes Commerciales - Master en Sciences du Management 2007
  

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) ...au timide retour de l'approche libérale

En marge de ces courants planificateurs, les années 70 et 80 ont également été celles des politiques d'ajustements structurels, d'inspiration plus libérale, conduite conjointement par le FMI (Fonds Monétaire International) et la Banque Mondiale. On notera toutefois que ces deux institutions sont marquées par des vocations différentes : la première a une approche monétaire, c'est-à-dire qu'elle est le dernier bailleur de fonds des pays surendettés auxquels elle octroie des subsides conditionnés par la mise en oeuvre de réformes structurelles : c'est la banque de la dernière chance.

LES DUNES DU TEMPS.

Surprenante saison

à qui saurait y croire

Quand débarquent en chantant l'antre et le violon

Je ne saurai jamais à quelle ombre me

fier

sans crainte du retour

et des haleines de frissons

Entrent alors dans le

centre et la

périphérie

une intrépide étoile et un hôte à salons chantournés de bonheur et tenaillés de suif

Source : FMI

A rebours, la Banque Mondiale ou BIRD (Banque Internationale pour la Reconstruction et

le Développement) accorde aux pays en développement qu'elle préfère appeler pays les

moins avancés des préts à taux préférentiels à l'appui de projets spécifiques, dans les secteurs de l'éducation, de l'agriculture, de l'industrie, etc.

Souvent perçues par les « altermondialistes » comme le bras armé des politiques capitalistes d'aide au développement, ces deux institutions font toutefois davantage l'objet

de nombreuses critiques de la part des libéraux, qui ne voient dans le FMI et la BIRD que des outils étatiques et bureaucratiques d'ingérence économique internationale, qui ont tendance à masquer l'emprise exagérée des gouvernements en place sur les activités économiques dans les pays pauvres en faisant payer les pays contributeurs, voire à faire porter la responsabilité des politiques pratiquées dans le Tiers-Monde aux remèdes capitalistes eux-mémes ! C'est ainsi que l'on peut lire dans le Rapport sur le

dOveloppement du monde 2000-2001 de la Banque mondiale que « la croissance n'est pas tout, elle n'est pas suffisante pour favoriser le dOveloppement ». L'influence du mouvement

« antimondialisation » sur la BIRD devient alors patente, méme si, dans le méme temps, et nous venons de le voir, les PAS (Programmes d'Ajustement Structurel) sont plutôt de bonnes recommandations économiques : viser l'équilibrer budgétaire, combattre l'inflation, réduire les taux de change excessivement élevés, permettre la concurrence, ouvrir les marchés, déréglementer et réduire les dépenses militaires au bénéfice de l'éducation et de

la santé, par exemple. Mais on peut tout de méme affirmer que les conseils fournis par les deux institutions en question ont également su se révéler tout à fait désastreuses : inaction lors de la crise financière asiatique entre l'été 1997 et le début de l'année 2000 ou hausses des prélèvements imposées par le FMI à la Thaïlande en septembre 1997 qui ont contribué

à aggraver la situation ; car en général, il suffit à un pays pauvre de simplement promettre

au FMI des réformes pour obtenir des enveloppes gigantesques, pratique dangereuse qui permet à des potentats locaux de se maintenir au pouvoir et de préserver leurs régimes corrompus. Les octrois du FMI ou les préts de la Banque Mondiale ne font donc la plupart

du temps que reporter sine die des réformes libérales que les pays en développement devraient paradoxalement mettre en oeuvre de toute urgence. C'est ce cercle vicieux que décrit Andrei Illarionov, économiste libéral russe, aujourd'hui conseiller du président Poutine : « Les 25 milliards de dollars que le FMI et la Banque Mondiale ont prOtOs à la Russie au cours des annOes 1990 ont fortement contribuO à retarder l'adoption d'une stratOgie Oconomique cohOrente et ont rendu les autoritOs moins disposOes à mettre en oeuvre des rOformes difficiles mais nOcessaires... L'Olite politique russe est aujourd'hui convaincue que la Russie recevra une aide financière internationale, quelle que soit sa

politique Oconomique. »

Ces deux institutions n'échappent donc pas aux recommandations de formalisation économique qu'elles devraient se contenter de formuler à leurs interlocuteurs des pays en développement : elles doivent insister auprès des dirigeants du Tiers-Monde pour qu'ils garantissent des droits démocratiques, la liberté, et la propriété à leur population, sans jamais en théorie se méler des détails de leurs décisions politiques et économiques.

A côté de ces instances mondiales bancaire et monétaire, on peut effectuer le constat d'un méme recours à une approche pseudo-libérale des questions de développement tant

au niveau de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) que des politiques communautaires de l'Union Européenne. Cette situation de flou n'est d'ailleurs propice qu'à multiplier le nombre de mécontents, puisqu'à nouveau libéraux et « altermondialistes » reprochent à ce libéralisme timide d'étre, respectivement, velléitaire pour les premiers, et excessif pour les seconds. Force est toutefois de constater que l'OMS ne semble pas avoir pour priorité la lutte contre les épidémies qui accablent les pays pauvres, puisqu'elle consacre fréquemment une part majoritaire de son budget à la lutte contre le tabagisme, tandis que c'est la Fondation Bill Gates qui, chaque année, octroie au Tiers-Monde plus d'argent que l'OMS pour lutter contre les maladies dont sont victimes les enfants pauvres.

On estime pourtant qu'en y consacrant entre 0,4 et 20% de son budget, l'OMS pourrait éviter environ 90% des décès qui surviennent dans les pays du Sud à la suite de maladies qu'elle pourrait éradiquer ; c'est pourtant le PDG de Microsoft qui s'en charge.

Concernant les politiques communautaires, il s'impose également de constater que la PAC (Politique Agricole Commune) a des effets protectionnistes profondément néfastes sur le Sud et inhibiteurs sur le développement des pays pauvres. En effet, cette politique sacrifie

la production agricole du Tiers-Monde sur l'autel de l'intérét propre des agriculteurs européens (et notamment français) ; car c'est bien là l'effet des taxes imposées par la PAC aux importateurs européens pour les dissuader d'acheter des produits agricoles extra- communautaires, qui sont bien souvent moins chers qu'en Union Européenne lorsqu'ils proviennent des pays en développement. Mais ce n'est hélas pas la seule conséquence négative, puisque cette politique prend en outre la forme de subventions aux agriculteurs communautaires indexées le plus souvent sur la production, si bien que la PAC conduit immanquablement à des surplus que l'UE contribue à écouler sous forme de subventions à l'exportation versées une fois encore aux producteurs européens qui finissent donc par exporter leurs reliquats partout dans le monde, et a fortiori dans les pays en

développement, à des prix subventionnés défiant toute concurrence.

C'est le cas par exemple du sucre34, dont le cours européen est de 500€/tonne contre

150€/tonne pour l'industrie sucrière sud-africaine. Sans PAC, l'Afrique du Sud écoulerait donc très aisément auprès de l'Europe les fruits de sa production. Mais la PAC impose une taxe à l'importation de 0,40€/kg, soit un cours africain rectifié et taxé pour les importateurs européens de 550€/tonne. C'est donc le cours européen du sucre qui l'emporte empéchant l'Afrique du Sud de vendre sa production pourtant meilleur marché aux Européens ; pis encore, comme nous l'avons vu, les sucriers de l'UE reçoivent une subvention à la production qui conduit à des excès qui seront écoulés sur le marché mondial, et notamment sud-africain, à un prix subventionné à hauteur de 0,38€/kg par exemple, soit un prix de vente sur le sol africain de 120€/tonne : d'abord empéchée d'exporter vers l'UE, l'Afrique du Sud est désormais invitée à importer le sucre espagnol, antillais ou allemand !

Comme l'a dit l'économiste suédois Eli F. Heckscher : «Ou bien un secteur d'entreprise

est profitable et il n'a pas besoin de la protection d'un tarif ; ou bien il ne l'est pas et il ne mOrite pas d'Otre protOgO par un tarif. »

Et c'est aussi ce cercle vicieux de la PAC que racontent Thomas W. Hertel et Will Martin en

1999 : « Le meilleur moyen de gaspiller les fonds est de financer une politique agricole de grande ampleur. Les pays riches inondent les fermiers d'argent par leurs politiques de protectionnisme, de subventions et de crOdits à l'exportation. Les politiques agricoles des

29 pays riches de l'OCDE coûtent aux contribuables et aux consommateurs de ces pays la somme faramineuse de 360 milliards de dollars. Avec cette somme, on pourrait payer un

vol autour du monde aux 56 millions de vaches OlevOes dans ces pays une fois par annOe,

et ce, en classes affaires. Et chacune aurait encore 2 800$ d'argent de poche à dOpenser dans les magasins hors taxes des escales aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. »

Aussi avons-nous dressé le constat d'échec des politiques planistes et centralisées d'aide

au développement et le bilan plus que mitigé de l'action des institutions mondiales (OMS, FMI, BIRD, etc.). Incidemment, nous avons exploré les effets défavorables du protectionnisme agricole européen sur les pays en développement. Cette parenthèse permet enfin de conclure avec Friedrich Hayek35 qu' « Une autoritO internationale peut

contribuer OnormOment à la prospOritO Oconomique si elle se contente de maintenir l'ordre

34 On s'attachera au raisonnement et non aux valeurs absolues des taxes et cours mondiaux du sucre, à suivre en direct de la bourse de Chicago par exemple pour ces derniers. La CNUCED (Conférence des

Nations Unies sur le Commerce et le Développement) estime néanmoins à 700 Mds US $ la perte de

croissance des pays en développement par manque d'accès au marché des pays riches...

35 In la Route de la servitude (1944)

et de crOer les conditions dans lesquelles les peuples puissent se dOvelopper eux- mOmes. » C'est pourquoi, l'exigence de formalisation économique prend au niveau institutionnel mondial la forme de missions de réforme structurelle des pays en développement. Les bras de la Banque Mondiale qui apparaissent alors suffisamment armés pour initier cette démarche sont le CGAP, précédemment évoqué, et l'IFC (International Finance Corporation).

En effet, dans des pays en général marqués par l'autoritarisme actuel ou passé, le rôle à

la fois des instances onusiennes liées à la question du développement et de la lutte contre

la pauvreté et des gouvernements des Etats pauvres concernés doit impérativement se limiter à donner des feux verts et incitations aux initiatives locales et relayer l'appui international pour surmonter les obstacles institutionnels.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon