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Echec scolaire et devenir comportemental des adolescentes vivant dans les quartiers precaires a Abidjan: Le cas de Yahosei dans la commune de Yopougon

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par Naye Dominique IRITIE
Université de Cocody - UFR Criminologie - Maitrise Criminologie 2005
  

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PARAGRAPHE 2 : APPROCHE DE LA MARGINALITE

Selon les statistiques de l'année 2005 du commissariat du 16eme arrondissement qui prend en compte le secteur de Yahoséi, au mois de février, deux (02) filles de 16 et19 ans ont été déférées pour les délits de coups et blessures volontaires (CBV) sur un total de 36 cas de CBV. Au mois de Mars, trois adolescentes de 11,15 et 19 ans ont été déférées respectivement pour les délits de vol et recel, abus de confiance et vol en réunion sur un total de 41 cas de CBV, et 281 cas de vol. Au mois d'avril, une mineure de 17 ans est déférée pour le délit de vol sur un total de 196 cas de vol. Au mois de mai, trois adolescentes de 14,17 et 18 ans sont déférées respectivement pour les délits de vol, abus de confiance et enlèvement de mineure sur un total de 186 cas de vol, 215 cas d'abus de confiance et 6 cas d'enlèvement d'enfant.28(*)

Le constat est que le nombre d'adolescente déféré est très faible. Ceci montre que la commission de ce type d'infraction n'est pas fréquente dans le milieu des filles même s'il est vrai qu'il ne s'agit là que de la criminalité légale.

En effet,  « la délinquance des filles n'est pas la délinquance violente » aux dires de Mr Essoh Lasme, commissaire de police du 16eme Arrondissement. Ceci peut être l'une des raisons pour lesquelles les filles, surtout les adolescentes ne sont pas aussi mêlées à d'autres formes d'infraction que le délit racolage qui lui-même découle de la prostitution.

C'est pourquoi, bien que M. le commissaire affirme : «Yahoséi est un quartier hautement criminogène. On vient d'y tuer 11 bandits dans un fumoir »29(*) (Nous étions au mois de Juin), les comportements marginaux qui ont retenu notre attention à Yahoséi sont la prostitution et l'avortement qui est un comportement délinquantiel.

1- Prostitution

Pinatel affirmait : « Dans notre pays, la prostitution n'est pas englobée dans la définition juridique du crime. Et pourtant criminologiquement, on n'est pas loin d'admettre que la prostitution est pour la femme un équivalent du délit. Ce qui est sûr, c'est que le volume de la criminalité féminine change complètement lorsqu'on tient ou ne tient pas compte de la prostitution dans les statistiques. »30(*)

La pratique de la prostitution semble dominer les comportements marginaux des filles déscolarisées à Yahoséi. Cette prostitution est formelle c'est- à dire qu'elle consiste à se rendre sur un site prostitutionnel et à offrir ses charmes en échange d'une certaine somme d'argent. Plusieurs de nos enquêtées vivent dans des hôtels de passe. Il s'agit pour d'autres encore d'une prostitution occasionnelle qui survient chaque fois que l'adolescente a besoin d'argent.

Dans notre échantillon, 15 déscolarisées s'adonnent aujourd'hui à la prostitution formelle. En plus d'elles une autre fille s'y est adonnée par le passé.

Quant aux scolarisées, deux d'entre elles s'y adonnent également. Comme pouvait nous le dire un parent de Yahoséi,  « ce quartier est pourri. Les filles aiment la vie facile et nous, on voit mais on ne peut rien dire parce qu'il n'y a plus de respect. »

Il ressort donc que le contexte de pauvreté dans lequel évoluent ces filles et la « facilité de ce commerce » sont les causes de ces comportements marginaux chez ces adolescentes.

La perte de l'estime de soi, les IST, le SIDA et la marginalisation sociale sont souvent les conséquences de la prostitution.

2- Avortement

L'avortement est un délit en Côte d'Ivoire.

Selon l'article 366 du code pénal ivoirien,  « Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manoeuvres, violences ou par tout autre moyen procure ou tente de procurer l'avortement d'une femme enceinte, qu'elle y ait consentie ou non, est puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 150 000 à 1 500 000 francs »

Cependant, La pratique de l'avortement est très répandue à Yahoséi. Bien que seulement 20% des filles se dit être concernée, nombreuses sont en réalité celles qui l'ont déjà pratiqué car plusieurs filles reconnaissent avoir une camarade qui se soit déjà fait avorter.

C'est le plus souvent le refus du géniteur d'assumer ses responsabilités, la peur des parents, la peur de devenir fille mère qui poussent les adolescents à se faire avorter. Il s'en suit souvent des cas de décès, d'infections ou même de stérilité.

* 28 Bilan des Statistiques Criminelles N° 523/PU16. Commissariat de police du 16ème Arrondissement de Yopougon

* 29 Entretien avec le commissaire de police M. lame Essoh du 16e Arrondissement de Yopougon

* 30 Pinatel Jean, Traité de droit Pénal et Criminologie, Dalloz 1977, p 192-193

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