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Une lecture de la coopération américano-camerounaise depuis 2001:contribution à l'étude des dimensions pétrolière et militaire

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par Alexis NZEUGANG
Université de Yaoundé II (Soa) - Master II 2005
  

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A-LA SECURITE PETROLIERE

Le Cameroun faut-il le rappeler, est dans une sous-région où les Etats-Unis comptent importer 25 % de leur pétrole d'ici 2015, contre 15 % actuellement (REDEEU, mai 2004). Bénéficiant des atouts susmentionnés, le Cameroun peut être d'un grand apport aussi bien au niveau de la sécurité des infrastructures continentales que maritimes.

1- LA SECURISATION DES INFRASTRUCTURES PETROLIERES CONTINENTALES

Par infrastructures pétrolières continentales, nous faisons allusion à toute structure ou édifice érigé sur terre, en vue de la prospection, de l'exploitation ou de l'acheminement du pétrole. Eu égard à certains problèmes rencontrés en Amérique Latine et parfois en Afrique, on peut étendre ce besoin de protection aux bureaux du personnel exploitant pétrolier et même à leur propre personne.

Le pipeline Tchad-Cameroun est un gigantesque investissement qui a coûté environ 3,5 milliards de dollars ; soit un peu plus de 2 500 milliards de francs CFA (Tsafack, 2003 : 17). Il permet d'acheminer le pétrole exploité dans 300 puits situés à Doba (Sud du Tchad), jusqu'au terminal de Kribi, situé au sud du Cameroun. Cet investissement qui traverse le Cameroun sur une longueur de 890 km est assurément l'un des plus coûteux d'Afrique subsaharienne. (Tsafack 2003 :17). C'est donc à juste titre qu'il mérite d'être protégé. Le pipeline est exploité par plusieurs sociétés dont la société malaisienne Pétronas. Mais le gros du pourcentage revient aux géants américains Exxon-Mobil Corporation (40 %) et Chevron Corporation (25 %).

Les sabotages perpétrés sur les pipelines à travers le monde (Ladouceur, 2003) ont obligé les sociétés pétrolières à procéder à la militarisation de ces corridors, généralement appuyées par le « pouvoir militaire des Etats-Unis » (Ladouceur, 2003). Les Etats-Unis disent vouloir investir au Cameroun, c'est pour cette raison qu'ils ont besoin de la paix, de la sécurité et de la stabilité. D'où leur appui à la sécurisation de l'oléoduc Tchad-Cameroun34(*). Abramovici (2004 :14-15) soutient que « deux voies stratégiques sont au centre de la pensée militaire américaine en Afrique : « à l'ouest, l'oléoduc Tchad-Cameroun, à l'est l'oléoduc Higleig-port Soudan ». Ceci justifie davantage l'intérêt des Etats-Unis à soutenir la protection de ces investissements.

Lors des travaux de construction du pipeline Tchad-Cameroun, c'est une société militaire privée (SMP) qui était chargée d'en assurer la sécurité. Il s'agissait de la SMP française Géos qui le faisait pour le compte des pétroliers américains35(*). Cette société  compte plus d'une centaine de personnes, toutes anciens membres de la DGSE (Direction Générale de la sécurité Extérieure) française.

Les actes terroristes perpétrés contre les pipelines déjà opérationnels sont divers. Il arrive que les terroristes incendient le corridor en utilisant des bombes. Ils peuvent aussi utiliser la technique du «bunkering» qui consiste à cibler les points névralgiques du pipeline, Siphonner ensuite le tuyau, y extraire du pétrole, puis revendre sur le marché noir (CEREMS, juillet 2006). Situations courantes dans le Delta du Niger (sud du Nigeria) depuis quelques années. C'est pour ces raisons que le pipeline nécessite une protection rapprochée, généralement assurée par les forces gouvernementales, parfois appuyées par l'extérieur. En ce sens, le pipeline Tchad-Cameroun est assuré dans le cadre de la coopération militaire Américano-camerounaise par un bataillon d'intervention rapide, bénéficiant de l'appui technique des partenaires extérieurs (entretien, capitaine Mabally, octobre 2006).

Par ailleurs, la protection continentale s'étend aussi sur les infrastructures telles que les bureaux, les raffineries, les stations services et même le personnel36(*). Le Nigeria est devenu le théâtre quotidien des prises d'otages (qui servent d'objet de chantage contre rançon) et des sabotages des infrastructures pétrolières à cause de la faiblesse de ses moyens de sécurité. Les Etats-Unis sont en train de procéder, en collaboration avec les forces locales à la sécurisation de l'ensemble de la région. C'est dans cet ordre d'idée qu'un responsable du Département d'Etat rapporte : « Les entreprises américaines prolifèrent dans la région et nous avons besoin de protéger leurs intérêts et ceux de nos nombreux ressortissants qui s'y installent progressivement des attaques terroristes qui pourraient subvenir » (Ngogang, 5 mars 2004).

2- LA SECURITE MARITIME

62 % des échanges pétroliers du monde transitent par les mers et océans. (Lestrange, Paillard, Zélenko, 2005 :210). Or il se pose un véritable problème de sécurité dans les eaux du Golfe de Guinée (Ntuda, 2004 :44-47). Trafics de tout genre, piraterie, prise d'otages, sabotage des plates-formes pétrolières, non délimitation des espaces maritimes...sont autant de maux qui minent la sous-région. Il devient nécessaire, ainsi que l'a souligné le Général James (2006), d'aider les Etats de la zone à assurer leur sécurité. C'est dans cette optique qu'après avoir honoré l'invitation du Président Bush en 2002, le Cameroun a pris part à la conférence de Naples37(*) qui s'est tenue en Italie au cours du mois d'Octobre 2004 (Awoumou, 2005 :15-20).

En raison de ses atouts susmentionnés, le Cameroun est en passe de jouer un rôle encore plus soutenu dans ce sens. D'où la visite de certains officiers de l'armée américaine visant à s'assurer de l'état de protection de nos ports, aéroports et de nos côtes (entretien, colonel Abba, octobre 2006). Etant donné qu'aucun navire étranger n'a le droit d'accéder aux eaux territoriales d'un autre Etat sans autorisation, la coopération de l'Etat camerounais via la marine nationale permet aux Etats-Unis de sécuriser leurs intérêts dans le domaine maritime de ce pays. Cette coopération leur permet également de bénéficier de l'appui des forces maritimes camerounaises (Entretien, capitaine Mabally, octobre 2006). Le Cameroun a pris une part active à la mise en oeuvre en 2004 d'une brigade régionale en attente de l'Afrique Centrale (Njako 2006 : 32). Cette initiative qui a pour elle de maintenir la paix et de prévenir les conflits dans la zone est saluée et encouragée par les Etats-Unis qui comptent bénéficier du leadership du Cameroun dans la sous-région afin d'assurer la sécurité de leurs intérêts. C'est ce qui ressort des propos du sénateur James Inhofe qui, en visite au Cameroun au mois d'octobre 2005, se confie à la presse. En effet, le sénateur de l'Etat américain d'Oklahoma précise que sa visite rentre dans le cadre d'une « mission du comité des services de la marine, services que les Etats- Unis veulent développer en Afrique en comptant sur le leadership du Cameroun » (Amayena, 10 octobre 2005). Le Cameroun semble donc avoir un rôle important à jouer dans la sécurisation des infrastructures pétrolières maritimes.

Ce besoin de sécurité devra s'étendre à la protection des routes de transport du pétrole. Il s'agit des chemins maritimes empruntés par les tankers depuis l'embarcation jusqu'à leur destination. Ceci se fait en prévision des activités des pirates qui attaquent généralement les cargaisons (CEREMS juillet 2006 :6). Les Etats-Unis ont l'habitude de faire appel aux forces locales chargées d'appuyer leurs propres hommes en matière de sécurité maritime. C'est dans cette logique qu'ils ont disséminé près d'un million d'hommes au Moyen-orient. Ce n'est que quand la situation s'aggrave qu'ils prennent d'autres mesures38(*). Cette perspective comparative nous permet d'envisager un scénario sinon pareil, du moins similaire dans le Golfe de Guinée.

Relevons enfin que c'est dans le cadre de cette sécurité maritime que du 6 au 9 février 2005, un navire de guerre américain a navigué dans les eaux camerounaises jusqu'au port de Douala. Sous le commandement du Colonel Barry Gronin, il s'agissait de la USS Emory S. Land. Ce gigantesque navire de guerre avait à son bord 1400 marines. Selon son commandant, l'objectif de cette expédition était d'apporter une « assistance technique à la marine Camerounaise dans le cadre de la coopération et des relations militaires qui existent entre les deux pays » (Massoussi, 10 février 2005).

* 34 Voir RT 18 MAI 2006, le messager, «  Cameroun : géostratégie, les américains démentent tout projet de base militaire au Cameroun ».

* 35 Voir ENS.CG (Ecole Normale supérieure, centre de géostratégie de paris), sur www.géostratégie.ens.fr, et www.hydrocarbures/fichier .

* 36 Voir www.géostratégie.ens.fr .

* 37 Cette conférence regroupait un certain nombre de pays ayant des intérêts dans le golfe de Guinée. L'objectif était de réfléchir sur les moyens à mettre en oeuvre pour y assurer la sécurité maritime.

* 38 Voir le site www.géostratégie.ens.fr .

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