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L'impact de l'auto emploi sur le chômage et la pauvreté au Cameroun

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par Aloys Mahwa
Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise 2007
  

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II. L'auto emploi et le financement

On ne peut évoquer la notion de travail indépendant, qui est essentiellement fait d'activités génératrices de revenu sans évoquer la problématique de financement dans le contexte qui est nôtre, celui de « creux bancaires » (Djaowe et Bita, 2007). Trois principaux facteurs sont à l'origine des « creux bancaires » à savoir : les coûts de transaction prohibitifs compte tenu de la taille des prêts, une insuffisance des garanties formelles permettant de gérer le risque et une insuffisance, voire une absence de capacité de négociation des personnes. En effet, pour une banque, les prêts de faible montant ne sont pas rentables. Par exemple suivre vingt entreprises pour une somme de 15 millions de FCFA par entreprise est plus coûteux que de suivre une entreprise dans laquelle on a investi 300 millions. Le retour sur prêt est proportionnel au montant des prêts alors que les coûts de traitement d'un dossier sont généralement fixes. Les banques ont donc tendance à privilégier les prêts de montants importants. En plus, les banques demandent généralement un apport personnel représentant entre 20% et 25% du prêt. Ainsi, en l'absence d'une épargne préalable, il est difficile de prétendre accéder au crédit bancaire. C'est pour ces raisons que l'environnement familial joue souvent un grand rôle dans la décision de créer une entreprise. Ainsi au Cameroun par exemple, disposer d'une épargne est a priori difficile pour les chômeurs et en particulier, ceux de longue durée car, ceux-ci ont souvent des revenus inférieurs au revenu moyen. C'est également le cas des femmes, souvent désavantagées par des salaires inférieures et/ou par un soutien familial insuffisant, par exemple en matière d'héritage.

Les banques ne suffisent pas pour financer l'activité d'auto emploi, les conditionnalités sont incompatibles avec le niveau de revenu des indépendants qui pour la plupart l'autofinancement est fait d'une autre activité (le salaire). Pour certains auteurs, les ressources collectées dans les tontines, au Cameroun, ne peuvent pas financer les activités productives et ceci pour plusieurs raisons : elles font appel à la capacité d'épargne du créateur. La durée du cycle des tontines est très courte, ce qui fait que les fonds ne peuvent pas être consacrés au financement des immobilisations en capital fixe. Il est impossible de transformer une partie des ressources courtes en capitaux longs puisque la somme levée à chaque séance est adjugée totalement à un membre. Enfin les taux d'intérêt pratiqués dans les tontines sont usuraires. Pour ces motifs, on peut dire que les tontines sont plus appropriées pour résoudre les problèmes de trésorerie. L'effort personnel du créateur lui-même dépend de sa propension à épargner. Or, des études montrent que le capital économisé par les salariés dépasse rarement quelques dizaines de milliers de francs. Il ressort de tout ce qui précède que les fonds propres apparaissent comme une source de financement largement insuffisante (Djaowe et Bita, 2007).

En matière de financement et de théorie de financement et en se basant sur deux exemples, le financement de l'activité de formation en conduite automobile et le financement de l'activité de conseil en gestion, Robert Wanda,14(*) pense que la similitude et la chronologie15(*) des modes de financement de ces deux activités de service au Cameroun s'assimilent à la théorie de Pecking Order ou théorie du financement hiérarchique. Le courant de la « Pecking Order » ou « théorie du picorage ordonné » en français est issu des travaux de Myers S. (1977) et de Myers, S. et Majlful, N., (1984). Il propose une préférence décroissante de financement par :

Autofinancement Dette (y compris les titres hybrides) Emission des actions nouvelles

En faisant l'hypothèse de l'asymétrie de l'information et de la rigidité de la politique de dividende, elle stipule que les entreprises préfèrent d'abord se financer par autofinancement, ensuite par endettement et enfin par émission des actions nouvelles. Le modèle aboutit à la conclusion selon laquelle le taux d'endettement cible n'est pas important, car la dette est un résidu sollicité en période d'expansion où l'investissement nécessaire pour les projets rentables, (c'est-à-dire, à valeur actuelle nette positive), est supérieur à l'autofinancement ; le besoin de financement externe (surplus de l'investissement nécessaire sur l'autofinancement) étant la limite asymptotique de l'endettement pour une entreprise qui peut aussi faire recours aux actions nouvelles.

Toutefois et indépendamment des rapprochements faits par Robert Wanda entre la « Pecking Order » et le financement des activités d'auto- emploi au Cameroun, les opinions divergent sur le financement qui soit idéal des firmes et des activités d'auto emploi en particulier. Faut-il plus de fonds propres que d'endettement ou l'inverse ? Modigliani et Muller16(*) se sont démarqué de l'orthodoxie financière (théorie traditionnelle) selon laquelle « la viabilité d'une structure financière est mesurée par l'équilibre financier selon le principe que les emplois doivent être financés par les ressources de même échéance. Ce qui garantit un fonds de roulement pour le financement du besoin en fonds de roulement et pour espérer à une trésorerie.» Les théories de Modigliani et Muller préconisent la neutralité de la structure financière sur la valeur de l'entreprise (théorie de 1958, sans incidence fiscale) et l'effet positif de la dette sur la valeur de l'entreprise quel que soit son niveau (théorie de 1963, avec incidence fiscale). En introduisant le coût de faillite et le coût d'agence au modèle de Modigliani et Muller, Myers S. (1984) critique la théorie de la neutralité de la structure financière sur la valeur de l'entreprise. En effet, « l'augmentation de la dette entraîne, outre l'effet de levier financier sans impact sur la valeur de l'entreprise, le coût de faillite à impact négatif, d'où une réduction de la valeur par rapport au Modigliani et Muller.» (Théorie du trade- off statique).

Les coûts d'agence des fonds propres, c'est-à-dire les dépenses faites par les actionnaires pour infléchir à leur cause les déviations opportunistes des dirigeants ; les coûts d'agence des dettes ou dépenses engagées par les créanciers pour discipliner, à leurs causes, les actionnaires (y compris les dirigeants). Le recours à l'endettement est un moyen de discipliner par le marché financier les dirigeants, c'est-à-dire, de réduire les coûts d'agence des fonds propres et d'augmenter la valeur de l'entreprise. Par ailleurs l'occasion d'endettement crée des coûts d'agence de la dette qui diminuent la valeur de l'entreprise.

En plus, selon un schéma de Robert Papin, repris par Verstraete Thierry et Saporta Bernard17(*), on peut distinguer deux hypothèses de financement d'une activité ou d'une firme en général : l'hypothèse pessimiste et l'hypothèse optimiste. La partie gauche du schéma ci-dessous représentant les grands postes à financer : les immobilisations et l'activité (essentiellement le stock et le crédit demandé par les clients, pour besoin en fonds de roulement ici positif). La partie droite dans l'hypothèse pessimiste indique que les fonds propres (apport personnel) couvrent 50% des besoins en immobilisations, des crédits fournisseurs (mais qu'un calcul plus précis réintégrera), les fonds propres doivent couvrir l'ensemble. Autrement dit, pour des immobilisations avoisinant les 150 000 euros et une activité atteignant les 100 000 euros, les porteurs du projet, avant de solliciter la banque pour un prêt, devraient- toutes choses égales par ailleurs (formulation certes pratique)- pouvoir apporter.

(150 000 : 2) + (100 000) = 175 000 euros,

pour espérer obtenir le complément en prêt (sous réserve que le banquier soit convaincu et que les garanties apportées soient effectives).

Un exercice de conviction réussi devrait permettre de poser une hypothèse plus optimiste. Celle-ci limiterait la participation des fonds propres à la couverture des immobilisations à hauteur de 25% de leur valeur d'acquisition et à hauteur de 50% de l'activité :

(150 000 x 0,25) + (100 000 : 2) = 87 500 euros

Figure n°2 : Hypothèses de financement des activités

Hypothèse pessimiste Hypothèse optimiste

EMPLOIS RESSOURCES

Immobilisations

 

Fonds propres

(50% des immo.)

 

Fonds propres

(25% des immo.)

Dettes à LT et MT

(50% des immo.)

Dettes à LT et MT

(75% des immo.)

 
 
 

Stocks

Fonds propres

(quasi 100% du BFR)

Fonds propres

(50% du BFR)

Crédits à CT

Clients

Fournisseurs

Fournisseurs

Source : d'après R. Papin, Stratégie pour la création d'entreprise, Paris, Dunod, 2001, P.191.

De manière générale, selon l'approche du schéma, l'hypothèse pessimiste préconise que les immobilisations (haut du bilan actif) soient financées à moitié par l'apport personnel du promoteur (fonds propres) et la totalité des actifs circulants (bas du bilan). L'hypothèse optimiste quant à elle préconise que seulement le quart des fonds propres peut financer les immobilisations et le promoteur peut financer la moitié des capitaux circulants (activité).

Soit X le montant nécessaire pour financer les immobilisations (valeur d'origine des immobilisations) ; Y, le montant nécessaire pour le financement de besoins en fonds de roulement (BFR), Z, l'apport personnel du promoteur et T la contribution du banquier ou d'autres structures de financement.

-Dans l'hypothèse pessimiste Z= (X : 2) + Y et T= X : 2

-Dans l'hypothèse optimiste Z= (X*0,25) + (Y : 2) et T= (X*0,75) + (Y : 2)

* 14 Wanda, R., « Distance culturelle, modes de financement et rationalité économique », in Création, développement, gestion de la petite entreprise africaine (sous la direction de Victor Tsapi), Yaoundé, Edition CLE, 2007, P. 319

* 15 1.Epargne personnelle initiale ->2.Aide familiale ->3.Dette commerciale non tontinale -> 4.Epargne personnelle postérieure contenue dans les tontines -> 5.la dette tontinale -> 6.Capital de réputation sociale (crédits de gré à gré).

* 16 Modigliani, F., Miller, M., « The cost of capital, corporate finance and the theory of investiment », The American Economic Review 48 (June 1948), p. 261- 297.

* 17 Verstraete Thierry, Saporta Bernard, Création d'entreprise et entrepreneuriat, Edition de l'ADREG, janvier 2006 (http://www.adreg.net)

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus