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Employabilité des jeunes en Côte d'Ivoire

( Télécharger le fichier original )
par Antoine N'Gratier
Université d'Abidjan - DEA 2007
  

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II) Les approches factuelles et statistiques.

II.1) Employabilité et niveau d'éducation.

Parler d'employabilité et de niveau d'éducation c'est faire référence à la théorie du capital humain citée précédemment. Pour cette théorie et son pionnier BECKER, les individus sur le marché du travail ne sont pas tous identiques et possèdent des qualités intrinsèques, cognitives et éducationnelles différentes. L'éducation de l'individu constitue un gain futur pour lui. En investissant il espère un emploi et un rendement futur (encore faudrait-il que les formations suivies soient de qualité ?)

. Qu'en est-il des jeunes instruits et sans instructions en Côte d'Ivoire?

Tableau 1 : Taux de chômage des jeunes selon le niveau d'éducation.

Niveaux d'éducation

Années

1993

1995

1998

2002

Abidjan

Autres villes

Abidjan

Autres villes

Abidjan

Autres villes

Abidjan

Autres villes

Aucun

14,8

4,6

15,7

7,9

11

2,5

13,2

5,5

Primaire

20,8

11,8

30,5

7

18,9

4,6

19,1

9,6

Secondaire1

48,9

27,4

42,2

15,8

30,1

17,8

31,1

13,3

Secondaire2

53,4

40,4

45

32,9

39,9

19,1

37,6

16

Supérieur

30,9

10,3

35

 

38

12,9

48,9

45,2

Total

29,6

11,7

31,1

10,4

22

7

25,5

10,1

Source :Kouakou K.Clément / AGEPE.

L'analyse du tableau montre qu'à part les sans instructions et les élèves du primaire dont les taux de chômage pour les quatre années sont très variables, on remarque pour le secondaire 2 une baisse du taux de chômage.

Le secondaire 1 quant à lui connaît également un taux de chômage en baisse depuis 1993 mais qui croîtra légèrement en 2002. Ce qui constitue un paradoxe à tous égards, c'est le taux de chômage dans le supérieur. En effet ce taux va croissant, de 30,9% à 48,9% respectivement pour les années 1993 et 2002 et pour la seule ville d'Abidjan; soit une moyenne de croissance de 4,5% par année.

Pourquoi un tel paradoxe ?

Pourquoi, pour ceux ayant investi en éducation le taux d'employabilité est si faible comparativement à ceux qui en ont très peu investi ?

La théorie du capital humain serait-elle un leurre ?

Introduite dans les années 60, la théorie du capital humain pourrait se résumer ainsi : l'investissement en éducation procure des bénéfices considérables en termes de connaissances et de rémunérations pour l'investisseur. Même si la théorie du capital humain s'est vérifiée sous d'autres cieux cela ne saurait être totalement le cas pour la Côte d'ivoire notamment pour les jeunes ayant investi dans le système éducatif et surtout pour ceux qui ont achevé une scolarité très élevée. Cette situation grandissante dans la sous-population des diplômés du supérieur pourrait trouver son explication dans le fait que ceux-ci ayant parcouru un niveau d'étude élevé ne soient pas prêts à accepter un emploi ne reflétant pas selon eux, leur aptitude et ne correspondant pas à leur salaire de réservation (salaire minimum auquel un offreur de travail accepterait pour louer ses services). Ces derniers (diplômés du supérieur) préfèrent prendre du temps dans la recherche d'un emploi (quand ils en cherchent véritablement) qui reflèterait leurs aptitudes et connaissances acquises au cours de leur cursus. C'est en cela que Lippman et Mc Call font allusion à ce qu'on appellerait le « chômage de recherche ». A cause de leur connaissance incomplète de leurs intérêts et aptitudes, les jeunes tâtent du marché du travail pour acquérir de l'information et se livrer à des expériences, ce qui est l'occasion de préciser ou réviser leurs attentes. Ainsi les jeunes se chercheraient, tout autant qu'ils chercheraient un emploi (Osterman, 1980, cité par François Stankiewicz).

La rémunération proposée par les employeurs eu égard au niveau d'étude des demandeurs d'emploi du supérieur et à leur recherche d'emploi par un mode particulier pourrait quelque part expliquer le faible niveau d'employabilité de ces derniers. Cette situation pourrait également trouver réponse dans le fort taux de diplômes du supérieur ces dernières années (BTS, DEUG, Licence,...). Ce nombre pléthorique de diplômes entraîne une certaine dévalorisation de ces derniers (diplômes) et ne sont plus vus par les employeurs comme des indicateurs de rareté et des critères de filtre (Spence).

En outre, les formations offertes par le système éducatif et de formation ne sont pas toujours celles voulues par les offreurs d'emploi (introduction de nouvelles filières de formations importées des pays développés où les réalités économiques ne coïncident pas avec les nôtres.

Il s'agit donc d'une inadéquation entre les produits du système éducatif et les attentes du système productif.

Il faut également noter, c'est que le taux de chômage des catégories de jeunes autres que celui du supérieure pourrait cacher quelques insuffisances; et c'est là qu'il faut re-préciser la notion de chômeur.

Pour le BIT, est chômeur celui qui est d'abord sans emploi, désireux de travailler et enfin qui a activement cherché un emploi au cours des semaines ayant précédé l'enquête. Nous imaginons combien cette définition du chômeur peut prêter à confusion. En effet, s'il est aisé de savoir celui qui est sans emploi et celui qui est désireux de travailler (et là, rien ne nous prouve qu'un individu désire réellement travailler), il n'est pas moins difficile de connaître avec exactitude celui qui a activement cherché un emploi au cours des semaines ayant précédé l'enquête.

L'équivoque étant levée, il est nécessaire de prendre avec circonspection et mesure les chiffres avancés. Les taux d'inemployabilité des jeunes issus du secondaire et du primaire peuvent cacher des insuffisances liées au fait que ceux-ci dans leur grande majorité n'aient pas été pris en compte dans les enquêtes et n'aient jamais été l'objet d'enregistrement dans une quelconque agence de placements ou de conseils.

La deuxième remarque à faire est celle de la notion de sous-emploi. Les jeunes issus de l'enseignement secondaire et du primaire figurent parmi les plus employés, mais faut-il là encore préciser quels genres d'emplois ces derniers occupent ; puisque l'objet de notre étude n'est pas de confiner la jeunesse dans des emplois précaires, mal rémunérés avec des perspectives de carrières quasi-inexistantes, mais de leur redonner espoir à travers des stratégies d'insertion professionnelle décentes.

En raison de tous ce qui précédent, nous pouvons avancer ce qui suit : la situation de la jeunesse sur le marché du travail ivoirien est précaire. Certes, comme nous l'avons constater les mieux diplômés sont les plus inemployés, ce qui est en contradiction avec la théorie du capital humain, mais cela ne saurait nullement mettre en cause le fait que l'éducation et la formation sont plus que nécessaires aujourd'hui, dans un monde et un marché du travail gagnés par une concurrence farouche des entreprises dans le recrutement d'une main d'oeuvre qualifiée, pragmatique et flexible.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand