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Contribution du Patrimoine Culturel au Développement du Système Educatif de la République du Congo : Enseignement des Arts et de l'Artisanat au Musée

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par Samuel Kidiba
Université internationale de Langue Française au Service du Développement Africain à Alexandrie d'Egypte - Etudes Professionnelles Approfondies 1997
  

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4.1.1. Les ateliers Pédagogiques

Une série d'animations seront coordonnées par un conservateur ou un conservateur adjoint qui aura sous sa direction le service ou la section culturelle. Les ateliers seront préparés, auparavant, par les animateurs et les différents services ou sections du musée. Ils seront animés par des conteurs, , des enseignants, des artisans, des artistes (écrivains peintres, musiciens), des universitaires, ... qui interviendront selon le thème du jour. Les musées pourront travailler en relais avec les galeries et les ateliers privés de la place. Les animations se feront soit en français ou en anglais, soit en lingala ou en munukutuba. Les dialectes du pays peuvent aussi servir, pour la communication dans les musées, aux animateurs qui les parlent et les maîtrisent bien. Ce qui serait une sorte de politique linguistique du musée. En effet, nos dialectes sont des véhicules de notre culture nationale. Ainsi, le musée qui est réputé pour prêcher la conservation du patrimoine ne doit pas oublier que le patrimoine est aussi ce qui a été transmis de génération en génération, y compris la langue. La langue est le moyen le plus important de transmettre la culture. Or, en « Afrique, c'est la somme totale de toutes les cultures locales qui constitue nos cultures nationales dans nos pays respectifs. La perte d'une langue locale, aussi réduit le groupe qui la parle soit-il, appauvrit encore notre culture nationale »67(*). En outre, cette orientation vise aussi l'interactivité musée-communauté. Cette question est d'autant cruciale que la communauté âgée, par exemple, détient la connaissance, les biens et dans certains cas, la richesse. L'utilisation des langues locales s'impose dans des musées comme ceux de Kinkala, Owando et Sibiti situés dans des petites localités urbaines et où les intellectuels sont peu nombreux. De ce fait, le jeune congolais apprendra que tout dialecte congolais recèle des potentialités culturelles fort estimables, peu importe son appartenance culturelle ou sociolinguistique.

Il faut toutefois préciser que les sorties au musée seront toujours précédées d'une préparation faite par l'enseignant en classe. La préparation est obligatoire car elle suscite la curiosité et l'intérêt de l'enfant. Elle facilite aussi l'accession de ce dernier à ce nouveau monde quasi inconnu et étranger. Car, « on aime mieux ce que l'on connaît »68(*). C'est pourquoi, les enseignants devraient avant tout suivre une formation qui leur permettrait une exploitation pédagogique du musée. Par voie de conséquence, des rencontres enseignants-conservateurs se feront pour atteindre ce but. Ces rencontres viseraient aussi la production des documents pédagogiques utiles pour les visites et autres activités au musée.

La formation des enseignants pourrait aussi se faire en collaboration avec les Écoles Normales où il leur sera enseigné comment utiliser le musée dans le cadre des activités d'éveil. Autrement dit, elle devra être incluse dans les cursus des enseignants congolais. Ce qui est une nécessité pour l'efficacité des sorties au musée avec les enfants. C'est un procédé qui domine dans plusieurs musées au monde. Ceux-ci « ...cherchent à former les enseignants à la pédagogie particulière du musée, voire à l'histoire de l'institution muséale. Dans cette démarche, il ne s'agit pas d'opposer gratuitement le musée à l'école, mais d'analyser, pour améliorer les spécificités de l'exposition et de l'action culturelle en musée, par rapport à l'action pédagogique en milieu scolaire »69(*).

Les ateliers pédagogiques porteront soit sur les collections du musée soit sur des oeuvres d'un artiste ou d'un artisan travaillant hors du musée. Ainsi, nous aurons des séances comme :

*Lecture d'une oeuvre

C'est une séance qui se fera autour des objets représentatifs ou oeuvres-clés du musée. Autrement dit, le choix sera fait sur un objet qui a une portée artistique, historique, économique, politique,...L'enfant apprendra et comprendra à reconnaître par lui-même ce qui fait la qualité intrinsèque de l'objet en question. Il se fera une idée du message qu'il transmet de génération en génération, d'éventuelles explications qu'il peut apporter dans un phénomène de quelque ordre soit-il. On peut par exemple choisir un objet en raphia, ce genre de tissu qui a fait et continue de faire la réputation et l'orgueil du Royaume Téké. Il va sans dire que l'animateur adaptera son discours au niveau du public : enfants, adolescents et même enseignants.

Toutefois, l'animateur ou le co-animateur pourra faire des analogies avec d'autres oeuvres artistiques du même ordre. Ce qui peut permettre à l'enfant d'être ouvert au monde. Car, le but de l'éducation muséale est aussi d'aider le public scolaire à « lire le monde » afin de pouvoir percevoir ou appréhender les collections des musées sous un angle enrichissant. En d'autres termes, le musée ne sera plus considéré comme une simple banque de données. L'enfant devant un objet apprendra à Voir, à Comprendre, à Observer et à s'Instruire tout en se délectant.

*Voir, Jouer, Écouter et Créer

L'une des tâches principales du musée congolais, c'est l'initiation des enfants à la création par des manipulations de certains outils ou matériels. La démarche tend à mettre en valeur le savoir des artistes et artisans du Congo. Ces derniers, en effet, se chargeront de traduire leur ingéniosité aux jeunes qui les remplaceront. "Voir, Jouer, Ecouter et Créer se fera sous forme ludique après une visite du musée par les enfants et l'animateur du jour. L'atelier aura pour matériels de travail, des objets de récupération : cartons, boîtes de conserve, fils de fer, tôles ondulées, vaisselles, objets en plastique, bref le genre Ingénieuse Afrique70(*). Il s'agirait là de la promotion de l'artisanat utilitaire qui a fait ses preuves dans certaines villes congolaises . Pour commencer, les enfants suivront une démonstration qui sera faite par l'artisan-animateur. Suivra ensuite le tour de chaque enfant de créer un objet de son choix. La durée de la séance variera selon le thème du jour, cependant, elle n'excédera pas deux heures. Au cours de cette séance on aura aussi recours aux enseignants et autres personnes employés dans les établissements et structures d'enseignement techniques et professionnelles.

*Contes, proverbes, mythes et légendes

Les dépositaires des traditions orales seront à l'honneur pendant ces séances. Outre la dimension morale, ou pédagogique de ces genres littéraires oraux, il sera traduit à l'enfant tout l'imaginaire, les formes de pensée et les modes d'expression que peut avoir chaque peuple. Il comprendra que « ...chaque groupe socioculturel a sa littérature, bien entendu orale et que celle-ci véhicule des normes, des catégories, des interdits, bref des us et coutumes propres à la société concernée »71(*).

Par ailleurs, un conte peut être axé autour d'un objet du musée qui explique un fait naturel, historique, et qui irait dans le même sens que l'esprit du conte.

Les différentes technologies de pointe donnent la possibilité de communiquer par l'image fixe ou animée. Le conte et les autres genres littéraires oraux peuvent se faire sur support audiovisuel ( cassettes audiovisuelles, CD ROM...). Ainsi, l'usage de l'audiovisuel, si simple soit-il, permettra aux musées d'avoir des programmes similaires et d'échanges d'expériences. Tant il est vrai que le conteur du musée d'Owando n'a pas la facilité de se déplacer pour aller par exemple au musée de Sibiti et vice versa.En dehors des genres littéraires oraux, il y aura aussi la littérature écrite.

*La littérature écrite:( genres littéraires écrits)

Le Congo est un pays où la littérature écrite d'expression française est très florissante. Nous pensons que celle-ci est aussi un patrimoine culturel congolais. Le musée a donc toutes les raisons de la conserver et de la diffuser comme tout le reste. Elle traduit en français l'imaginaire congolais. Mukala Kadima Nzuji pense que : «... la littérature écrite a, comme toutes les autres, une diversité de sources d'inspiration et d'idéologies qu'elle véhicule. Elle s'abreuve à l'histoire, lointaine ou immédiate, des peuples qui la portent; elle orchestre et expose des problèmes socio-politiques auxquels sont confrontés ces mêmes peuples »72(*).

Des extraits des oeuvres littéraires seront expliqués avec illustration par des oeuvres du musée. Où, mieux, on partirait d'un objet du musée pour aboutir au texte. Un écrivain sera invité à cette occasion pour s'adresser aux enfants à qui il peut parler de son oeuvre, sa ou ses sources d'inspiration, de son style... Nous appellerons cette séance "Les écrivains parlent ou La voix des écrivains.

Des conférences-débats seront organisées à l'endroit du grand public.

*Les conférences-Débats

Le musée congolais devrait désormais être considéré comme un véritable centre de recherche de diffusion et de partage du savoir. Par conséquent, on y aura des débats de tout ordre, quitte à aider les enfants et le grand public à y trouver leur compte. Les conférences-débats seront animées par des spécialistes de tous les horizons, question de faire du musée un lieu de rencontre multidisciplinaire. C'est dans le même sens que Jean Galard dit : « ainsi, est parfaitement préfiguré ce que sera le musée, tel que le XVIIIè siècle va l'instituer et le multiplier : un lieu de diffusion du savoir par l'exposition des productions de la nature et des productions humaines, ouvert à tous et non seulement aux savants et aux étudiants: un lieu destiné à l'instruction publique et à l'enchantement de tout un peuple...»73(*).

Cependant, des séances seront initiées dont les élèves du secondaire pourront être les animateurs et les adultes qui viendront au musée pour se (re)cultiver.

* 67 Madondo Tarsayi W. "Expositions itinérantes et utilisation des langues nationales."in : Icom, Quels musées pour l'Afrique? Patrimoine en devenir, actes du colloque Bénin, Ghana, Togo, 1991, Icom, 1992, Paris, p.332.

* 68 Enquête sur le public et l'art moderne, Toronto, 1969, Muséum 3/4.

* 69 Van-Praët M. et Poucet B. "Les musées lieux de contre-éducation et de partenariat avec l'école", in : Éducation et Pédagogies: Des élèves au musée n° 16 1992 Revue du Ciep (Centre International d'Etudes Pédagogiques), p. 23.

* 70 Exposition itinérante des artisans de la récupération et du recyclage qui a eu lieu au Centre de Promotion Artisanale de Cotonou du 14 décembre 1994 au 10 février 1995.

* 71 Megbemado H. Contribution à la sauvegarde du patrimoine oral en République du Bénin, Mémoire de fin de formation dans le cadre des études menant au Diplôme d'Etudes Apprfondies, présenté à l'unversitéSenghor d'Alexandrie d'Egypte, le 22 mars 1995 p. p. 25-26.

* 72 Mukala Kadima Nzuji La littérature comparée et l'identité culturelle des peuples de langues bantu in Obenga Th.(sous la direction) Les Peuples Bantu. Migrations expansion et identité culturelle , tome II, 1989, L'Harmattan, Paris, p. 357.

* 73 GALARD J. Les lieux du partage du savoir : musée, université, média, conférence prononcée le 23 février 1995 à l'université Senghor Alexandrie d'Égypte, p. 62.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery