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Thérapie à médiation par l'animal au service des personnes handicapées

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par Patrick AQDOLF
Faculté des Sciences Economiques Sociales et Juridiques - Université de Haute Alsace - Mulhouse - MASTER II en Ingénieurie de Projets en Economie Sociale et Solidaire 2006
  

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2ère Partie : Définitions d'options en psychothérapies à médiation

Il ressort du Colloque sur les Thérapies à médiation du 12 et 13 mars 20059(*) que "les psychothérapies dites « à médiation », tout comme les thérapies dites « classiques », ont comme objectif un remaniement des structures psychiques de la personne c'est à dire qu'elles obéissent au même principe fondamentaux que ces dernières.

Leur différence réside dans les moyens, essentiellement dans la participation commune du patient et du thérapeute à une création artistique relevant d'un intérêt affectif commun qui fait résonance dans les deux inconscients.

Elles font aussi participer le corps mais la symbolisation par la parole reste essentielle".

Parmi ces psychothérapies , on trouve notamment :

· l'art-thérapie, qui comprend la peinture, les arts plastiques, le théâtre, le cirque, la musique, le modelage, la danse, le conte...

· les thérapies par la médiation de l'animal,

et dans un sens plus large, la thérapie institutionnelle et de groupe; partout où le face-à-face direct est médiatisé par un tiers qui, le plus souvent, est un art.

On peut développer en substance quelques thérapies à médiation10(*)  dont certaines peuvent être qualifiées de «socialement recevables » alors que d'autres demeurent illégales.

Ainsi, les massages et pratiques voisines par exemple cherchent tout simplement à détendre le corps, à supprimer les tensions, les contractures, en particulier dans les régions paravertébrales et au niveau du cou.

Ces tensions ont évidemment une origine psychique, elles sont souvent liées au stress, mais en les réduisant, on détend et on obtient un bien-être moral sécurisant.

Certaines techniques spécialisées tel le shiatsu, d'origine orientale, utilisent plutôt des pressions localisées sur certaines parties du corps11(*).

Citons également l'hydrothérapie qui est l'une des plus anciennes techniques d'approche du corps pour atteindre le psychisme. D'ailleurs les douches sont connues depuis l'antiquité. Elles peuvent être courtes à fort jet, éventuellement froides, et ont alors un effet stimulant.

Au contraire longues, à faible jet, éventuellement tièdes, celles-ci ont un effet calmant.

Le travail en piscine est proche et la technique plus spécialisée des "packs" s'adresse surtout à des maladies plus graves : elle consiste à envelopper les patients dans des draps froids puis à les réchauffer progressivement afin de leur faire éprouver les limites de corps et de renforcer leur identité.

Il y a également la bioénergie qui est dérivée des travaux de William Reich12(*). Elle cherche à réduire les tensions, pour libérer des émotions et des énergies bloquées, ceci par un travail sur les muscles et les tendons. Certains exercices sont dérivés du yoga.

La sophrologie est, quant à elle, fondée par un neuropsychiatre colombien, le docteur Alfonso Caycedo. Il est né en 1932 à Bogota où il fait ses études Cette méthode cherche des modifications de l'état de conscience, mais sans atteindre l'hypnose. On place le sujet dans un certain isolement sensoriel pour augmenter ses possibilités dans le domaine de la mémoire et favoriser son imaginaire, ce qui contribue à son équilibre.

Citons aussi la réflexologie qui part du principe selon lequel toutes les parties de notre corps et nos organes se projetteraient sur le pied dans des points réflexes où se cristallisent des zones douloureuses. On va masser ces points pour rétablir une circulation harmonieuse des énergies, libérer les tensions de l'organisme, le revitaliser.

Parlons encore des méthodes de relaxation qui peuvent être purement musculaires. Elles consistent à percevoir les tensions locales et à les réduire par la mobilisation des mouvements adaptés. Elles sont alors pratiquées par des kinésithérapeutes.

Ces méthodes peuvent prendre la forme d'une technique plus spécialisée comme le training autogène de Schulz13(*). On joint ici une approche mentale à l'approche corporelle. Par des exercices répétés, on fait éprouver au patient des sensations perdues : chaleur, lourdeur, calme, afin de lui faire récupérer une maîtrise de son corps et des ses fonctions.

Enfin il existe des méthodes de relaxation plus particulièrement psychanalytiques, proches des précédentes ou l'accent est mis sur la relation avec le thérapeute, et l'activité fantasmatique développée par le sujet.

Toutes ces méthodes ont leurs techniciens spécialisés. Elles s'adressent aux mêmes troubles, notamment les états de stress, avec leurs conséquences physiques diverses.

Mais aussi l'anxiété généralisée, les troubles névrotiques14(*), la dépression légère, les troubles psychosomatiques15(*) touchant la plupart des organes, les troubles sexuels.

Seuls les packs sont réservés à des malades mentaux graves.

D'autres psychothérapies peuvent encore être citées

Par exemple l'Art-thérapie est une méthode de soins qui consiste à créer les conditions favorisant l'expression subjective mais aussi et surtout le dépassement des difficultés personnelles par le biais d'une stimulation des capacités créatrices. Elle trouve sa place dans le cadre du traitement pluridisciplinaire des troubles dépressifs et psychosomatiques, des conduites addictives, mais aussi dans celui de pathologies plus sévères comme les psychoses16(*)

et l'autisme.

La méthode des quatre pas ou Thérapie primaire est une psychothérapie qui s'adresse essentiellement aux personnes qui souffrent de leurs réactions et comportements compulsifs dans des situations qui ne les justifient pas. Du fait que leur souffrance remonte à leur prime enfance, dont le plus souvent elles n'ont que de vagues réminiscences, ces personnes vivent dans l'insatisfaction, l'angoisse, l'indécision et la douleur sans savoir pourquoi.

Dans la thérapie primaire17(*), l'accompagnant est l'assistant du thérapiant. Il l'aide à découvrir petit à petit, par la pratique, ce qui deviendra son propre cycle opérationnel de quatre pas par lequel il traitera tout micro-événement porteur de rappel.

Enfin, la zoothérapie qui est aussi appelée la thérapie axée sur le lien entre l'être humain et les animaux de compagnie. James Harris du Montclair Veterinary Clinical Hospital d'Oakland, en Californie, définit le lien entre l'être humain et l'animal comme « [traduction] la relation physique, affective, intellectuelle et philosophique qui existe entre une personne ou une unité familiale et un animal »18(*)

Mais il existe malheureusement des dérives. Ainsi, l'instinctothérapie par exemple en fait partie et elle a été au centre de poursuites judiciaires.19(*) Signifiant littéralement « thérapie par l'instinct », elle est un mouvement fondé par Guy-Claude Burger. Il se présente comme mettant en pratique, diverses théories « alternatives », notamment l'instinctonutrition et l'anopsologie.


Guy-Claude Burger a été condamné pour exercice illégal de la médecine. Il a fondé l'association Orkos-Montramé puis l'association Orkos puis encore l'association VAMOS (Vivre autrement pour la mise en oeuvre de la solidarité) ainsi que la Fédération internationale pour le développement de l'alimentation instinctive (FIDALI) 18 reconnue comme une secte par le rapport Vivien de 1995.

Il apparaît donc que la notion même de thérapie est autant liée à l'environnement qu'à la prise de médicaments proprement dite.

Si le domaine de la médicamentation a beaucoup évolué du fait des progrès de la médecine et de la recherche, notamment depuis l'apparition d'instrumentation particulièrement pointue sur le plan technologique, essentiellement l'apparition du microscope électronique, ainsi qu'en matière de micro chirurgie, il n'en reste pas moins vrais que les progrès liés au développement des environnements n'ont pas été réalisés ainsi que l'explique le Psychiatre JS : (citation) « l'âge d'or des établissements est derrière nous »20(*)

En effet, les manques de moyens pédagogiques tant en ce qui concerne le matériel proprement dit et l'insuffisance des ressources humaines liée aux arbitrages budgétaires explique en partie la situation.

Il faut aussi noter l'apport des psychothérapies à médiation dont la zoothérapie, qui fait intervenir des être vivants qu'on appellera des agents transitionnels.

CHAPITRE II

Option retenue

1ère partie : La zoothérapie

Parmi les thérapies de médiation exposées dans le premier chapitre qui constituent un ensemble d'hypothèses d'actions, la zoothérapie constitue celle qui, pour moi peut composer la meilleure voie de réponses possible.

En effet, si la plupart des thérapies de médiation utilisent un objet transitionnel utilisé comme médiation entre la personne et le thérapeute, la zoothérapie utilise l'animal comme agent de médiation, l'animal étant simplement un être vivant dont nous verrons les qualités tout au long de l'étude.

Mais la zoothérapie n'est pas une thérapie en soi, elle est un moyen pour un psychothérapeute d'intervenir auprès de personnes avec handicap en utilisant un animal.

D'ailleurs les problématiques liées au handicap ne pourraient pas justifier qu'à une situation précise correspond une réponse précise et la zoothérapie ne peut constituer une réponse universelle.

La zoothérapie ne guérit pas, elle permet simplement d'apporter du mieux être auprès de certaines personnes.

Voyons de manière plus détaillée ce que recouvre exactement la zoothérapie :

Selon l'IFZ21(*), « la zoothérapie se défini comme une médiation qui s'exerce en individuel ou en groupe à l'aide d'un animal familier consciencieusement sélectionné et éduqué sous la responsabilité d'un professionnel appelé «  le zoothérapeute » dans l'environnement immédiat de personnes pour lesquelles l'on recherche à éveiller des réactions visant à maintenir ou à améliorer le potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif »

On peut qualifier plus simplement la zoothérapie comme étant une pratique, ou un moyen qui favorise la création et le développement de liens entre hommes et animaux à partir d'activités qui associent l'utilisation d'un animal auprès de personnes à des fins récréatives à travers l'animation mais également en vue d'une activité thérapeutique.

L'idée de cette médiation n'est pas nouvelle. En effet, sur le plan historique un premier essai est mené au IXe siècle à GAND en Belgique où l'on donne à des malades convalescents la charge de s'occuper de la garde et de l'entretien d'oiseaux22(*).

A la fin du XIIIe siècle, l'anglais William TUKE, fondateur de la Retraite d'York23(*), sorte d'anti-asile va confier des lapins et des volailles à des patients atteints de troubles mentaux pour les responsabiliser.

La place de l'animal est donc reconnu depuis longtemps, elle provient d'ailleurs d'une alliance fructueuse qui a toujours existé, par exemple dans les travaux des champs où elle faisait intervenir le boeuf, le cheval, l'éléphant, le dromadaire, le mulet...

Nous pouvons également citer dans le domaine du transport ou de la migration le rôle des chameaux, rennes, éléphants, chevaux, chiens de traîneaux, ânes ...

On retrouve aussi cette alliance entre l'homme et l'animal dans la chasse avec les chiens, chevaux, faucons, chien polaires, dans les secours avec les chiens d'avalanche, catastrophes, tremblements de terre, dans les services avec les chiens de dépistage, drogues, recherche d'une personne perdue ou dans l'assistance avec encore les chiens d'aveugle ou pour les personnes handicapées physiques...

La relation homme et animal est constante et c'est alors en 1950, que Boris LEVINSON, psychologue américain, décrivait l'influence des relations homme-animal. Il fut le premier à associer un chien à ses séances de thérapie24(*) et les résultats allèrent au-delà de ses espérances.

Ses écrits ont révolutionné la psychiatrie infantile.

Mais si l'on constate que depuis longtemps que l'animal peut aider l'homme à aller mieux, on ignore toujours pourquoi.

Véronique BARROIS, médecin fondatrice de la ferme européenne des enfants25(*) constate « qu'il y a, dans cette communication non verbale entre le patient et l'animal quelque chose que l'on explique pas »

L'animal joue le rôle de médiateur entre le patient et le thérapeute.

En cassant la relation traditionnelle, sa présence apporte une fantaisie, un certain désordre, qui permette l'émergence de quelque chose qui facilite la thérapie.

A cet effet, Nadine CENTENA26(*), psychologue clinicienne, explique que l'animal, le chien en ce qui la concerne, aide à entrer en communication avec le patient. Elle déclare que «contrairement à nous, thérapeutes, il ne demande rien. Lors de la première séance, nous observons simplement ce qui se passe. Sa présence allège l'ambiance et permet parfois au patient de se livrer un peu plus. Ensuite, j'essais d'établir un programme thérapeutique tout en respectant la relation naissante entre le patient et le chien ».

Les animaux sont également utilisés en cours de séances de rééducation après un accident. « le travail avec un chien remotive les patients découragés par une rééducation traditionnelle, explique Florence SIDRO-RABACZ, ergothérapeute au Centre Iris de Marcy-l'Etoile (69) qui fait équipe avec un Labrador. Brosser, caresser, lancer un objet... sont des exercices plus ludiques que ceux pratiqués habituellement. Pour ceux qui vont se rendre compte qu'ils vont devoir vivre avec leur handicap, des sorties avec un chien aident à affronter le regard de l'autre, moments toujours difficiles. Donner des ordres27(*) extrêmement simples du type « monte », « va chercher », « apporte », redonne confiance aux personnes soufrant de trouble d'élocution ou de mémoire. Elles se sentent de nouveau capable de réaliser quelque chose et de se faire comprendre.

Dans des cas de non communication totale avec un patient, le chien médiateur réussit la où l'humain a échoué. « Cela change notre regard sur le malade, explique Catherine CHIPIER28(*), aide-soignante en gériatrie. D'un seul coup, on s'aperçoit qu'il y a des choses possibles, même dans certains cas très difficiles, cela nous aide, nous, à ne pas désespérer »29(*).

Plus techniquement la zoothérapie se décline en plusieurs classes et comme c'est souvent le cas pour toute nouvelle discipline, il y a parfois différentes dénominations ainsi, nous trouverons les principaux champs de la zoothérapie tel que :

La TAA c'est à dire la Thérapie Assistée par l'Animal qui constitue la forme la plus significative de la zoothérapie puisqu'elle prend en compte la véritable dimension thérapeutique de l'intervention animale

Elle se caractérise par le fait qu'elle a le champ d'action le plus vaste puisqu'elle s'adresse auprès de personnes physiquement et/ou intellectuellement handicapée, des personnes âgées, des détenus, des personnes souffrant de troubles psychologiques, de la délinquance juvénile, adolescents en difficulté etc.

Les animaux impliqués dans ces thérapies rencontrent des normes pré-établies de santé et de comportement.

Les AAA (Activités Associant l'Animal), à contrario sont des activités permettant d'améliorer la qualité de vie en augmentant la motivation et la participation aux loisirs éducatifs et récréatifs. Elles se font dans des milieux variés par des personnes le plus souvent bénévoles.

Elles permettent à la plupart des populations concernées, de se sécuriser, de se sortir de leur mutisme, de s'épanouir et de trouver une motivation dans leur vie.

Les animaux impliqués dans ces activités rencontrent également des normes préétablies de santé et de comportement.

Ces deux classifications ont été déterminées par l'Institut Français de Zoothérapie.

Nous trouvons toutefois d'autres terminologies les activités associant l'animal avec visée thérapeutique (AAAT), éducative (AAAE) ou sociale (AAAS) qui sont les termes préférés des chercheurs du GREFTA, le Groupe de Recherches et d'Etudes sur la Thérapie Facilité par l'Animal

Mais dans tous les cas, il ne peut y avoir d'activité de zoothérapie s'il n'y a pas d'une part de complicité entre le désire de l'animal et son aptitude d'encourager l'être humain, d'autre part une sensibilité pour ce dernier à l'animal qui va être utilisé dans le cadre de sa thérapie.

Toutefois, il faut apporter quelques distinctions sur les formes que peut prendre l'intervention animale, en effet, on aura pas la même participation dans une situation de zoothérapie s'adressant à une personne avec autisme que dans celui d'une thérapie assistée par l'animal s'adressant à des populations en situation de délinquance et faisant l'objet d'un programme de réinsertion sociale.

Ainsi, nous pouvons présenter très synthétiquement quelques domaines d'intervention de la zoothérapie :

· La zoothérapie en milieu hospitalier

Elle s'adresse à des personnes surtout des enfants nécessitant des hospitalisations fréquentes liées par exemple à des maladies hématologiques ou oncologiques.

En milieu hospitalier, la présence d'un animal permet par exemple :

o De détourner l'attention thérapeutique pour la centrer sur l'aspect du divertissement.

o De donner la priorité aux échanges entre les proches autour de la relation avec l'animal plutôt que d'être exclusivement centré sur la maladie ou les symptômes.

o Enfin, de faciliter l'acceptation de médications contraignantes (installation d'aiguille pour le traitement, prise de médicaments...)

En effet, quoi de plus chaleureux qu'un compagnon près de soi pour faire une petite sieste en toute confiance, quoi de plus fascinant pour l'enfant hospitalisé que la présence de cet animal...

L'enfant aura, alors un regard sur l'hôpital complètement différent.

Selon l'IFZ et à partir des études de RUCKERT et SAYLOR30(*) , bon nombre de parents disent voir à nouveau briller le regard de leur enfant, le voir redevenir actif alors qu'il était passif et les quelques expériences aux USA et au Canada, mais surtout au CHU de Québec31(*), démontrent que l'enfant et sa famille sont généralement très satisfaits du programme de zoothérapie.

Cependant, la zoothérapie en milieu hospitalier, malgré les nombreux résultats qu'elle peut apporter reste, en France confrontée à bon nombre de problèmes au niveau des protocoles d'hygiène et de sécurité.

Dans nos pays continentaux, l'esprit cartésien et hygiéniste demeure très fort. Pourtant un animal bien suivi sur le plan vétérinaire n'est pas plus dangereux qu'un visiteur.

Pour beaucoup de personnes, il est pourtant synonyme de microbes. Par conséquent les expériences dans les hôpitaux sont peu nombreuses et aussi peu médiatisées, toute publicité risquant de provoquer une levée de boucliers.

Ainsi, contrairement aux pays anglo-saxons comme les Etats Unis, le Canada ou la Grande Bretagne, où plus de deux mille programmes seraient en cours, on en répertorie que 3 en Belgique et guère plus en France.

· La zoothérapie et les jeunes défavorisés, jeunes délinquants

Il y a lieu, comme dans toute intervention sociale ou programme de réinsertion de faire un diagnostic préalable du parcours des jeunes en situation d'exclusion se traduisant le plus souvent par des actes délictueux ou d'incivilité.

Sans vouloir rentrer dans une caricature, il faut tout de même prendre en compte le fait que parmis les jeunes qui seront intégrés dans le programme de zoothérapie, il y en aura qui ont des chiens tels que des Pitt Bull, Rottweiler, Dog Argentin etc. ceci la plupart du temps pour trouver une identification, une démarcation, une sécurisation afin de se faire remarquer, de se donner mais aussi donner aux autres l'image d'un leader, d'être agressif...

Ces jeunes en situation de délinquance ont le sentiment de vouloir se défendre contre une certaine société et sortent rarement de leurs lieux habituels qui sont généralement des quartiers surchargés de populations marginalisées.

Dans ce domaine particulièrement complexe, la zoothérapie est exercée par le rapport de force dans lequel l'animal doit être supérieur au jeune délinquant soit par les règles qu'il impose exemple : pénétrer dans un enclos qui regroupe des Husky ou des Malamuts dans lesquels les règles hiérarchiques des meutes sont prédominantes.

Un autre exemple plus courant, qui a fait naître le projet de création de la Ferme des Vallées à partir de la mise en relation de jeunes délinquants avec des chevaux32(*).

· Education du chien

L'éducation de base du chien comprend 9 ordres de bases33(*)  nécessaires à la pratique d'activités associant l'animal qui sont :

1. Le rappel :

Le chien doit apprendre à répondre à son nom. Il faut savoir qu'il ne s'identifie pas à son nom mais qu'il répond à ce signal sonore parce qu'il correspond à une interaction agréable avec son entourage

2. La marche à la laisse

La laisse ne doit pas excéder 1 mètre et le collier doit être bien ajusté. Très vite, le chien va chercher à dépasser le maître, donc à tirer sur la laisse pour aller flairer de droite et de gauche. Il y a lieu tout de suite de corriger son empressement et ses écarts par un coup sec sur la laisse en accompagnant le geste d'un ordre ferme comme par exemple « au pied » ! puis relâcher immédiatement et récompenser le chien par une caresse

3. S'asseoir

Il est recommandé d'attendre que le chiot s'assoit spontanément pour le féliciter. Pour lui apprendre cette position, on peut s'accroupir à côté de lui ; d'une main, on lui appuie doucement mais fermement sur la croupe, de l'autre, il faut relever sa tête pour l'empêcher de se coucher. Pendant cette manipulation, il faut prononcer d'une voix ferme l'ordre « assis » et le caresser s'il s'est laissé faire.

4. Se coucher

Même principe que pour l'ordre précédent : il est recommandé d'attendre que le chiot se couche spontanément à son endroit préféré ou dans sa niche pou associer cette action avec l'ordre « couché » suivi d'une récompense. On peut lui montrer la position « couché » en appuyant d'une main sur sa croupe et de l'autre en tirant ses membres antérieurs vers l'avant. Pendant cette manipulation, il faut prononcer d'une voix rassurante « couché ». Comme il s'agit d'une attitude d'infériorité, il faut le féliciter chaleureusement s'il garde cette position

5. Se mettre debout

Si le chien est couché ou assis, il faut ordonner « debout » en mimant le geste du bras. S'il ne comprend pas, il faut le prendre à la laisse et le tirer légèrement jusqu'à ce qu'il se soulève, puis le récompenser aussi tôt.

6. Ne pas bouger de place

Les ordres « assis » et « couché » bien acquis, on peut lui apprendre à ne pas quitter l'endroit désigné. Cette étape est très importante car le chien fait à présent confiance. Pour lui apprendre ce commandement, on place un objet imprégné de son odeur à ses côtés pour le rassurer et on s'écarte progressivement du chien tout en ordonnant d'un ton ferme « couché » « pas bouger » ! Il faut renforcer l'ordre par le geste « stop », main en direction du chien, paume dressé. S'il essaye de suivre, il faut prononcer un « non ! » catégorique, le remettre en place et recommencer la leçon.

S'il reste à sa place, il ne faut pas l'appeler mais revenir vers lui et le récompenser. Il faut recommencer l'exercice en reculant à droite, à gauche, de plus en plus loin puis jusqu'à ce qu'il ne voit plus son maître. Il faudra rester invisible d'abord quelques secondes, puis quelques minutes. Comme pour l'apprentissage des ordres précédents, il faudra toujours le féliciter.

7. Attendre à un endroit puis le rappeler.

Le chien vient d'apprendre « pas bouger ». Il ne sera pas difficile de lui apprendre « attends », un ordre analogue, puisque on va s'éloigner de lui, en lui tournant le dos. Par contre, quand on va se retourner, il faut le rappeler vers sois par son nom et en prononçant « au pied »

8. Le rapport d'objets

Le chien adore cet exercice car il découle de son comportement de jeu de chasse. Il est donc très facile de lui apprendre à rapporter des objets divers.

Il faut utiliser des objets en caoutchouc, des bâtons, des balles ; il faut éviter des objets durs qui peuvent risque d'abîmer sa dentition.

Quand le chien prend l'objet dans ses mâchoires, il faut dire « apporte » et, tout en l'encourageant, il faut s'éloigner à reculons pour qu'il ait envie de se rapprocher.

Au début, il aura du mal à se défaire de sa « proie » et voudra la conserver jalousement. Il faut alors lui demander « assis » et lui faire garder l'objet quelques secondes dans la gueule puis lui retirer délicatement en disant « donne » puis le féliciter.

9. La marche sans laisse

Dès que le chien a bien assimilé tous ces exercices, on peut l'habituer à marcher sans laisse. S'il dépasse le maître, il faut qu'il prononce d'une voix perme « au pied ! » et le récompense s'il obéit. Il doit apprendre à se mouvoir sans laisse parmi des passants mêmes accompagnés de chiens et selon l'ordre du maître les ignorer ou aller à leur rencontre. Alors qu'un chien en laisse se sent protégé par son maître, aboie plus qu'il ne doit et déclenche une agressivité anormale à la vue d'autres chiens, un chien correctement éduqué se montre habituellement silencieux et présente les comportements en règle de soumission ou de dominance.

L'Institut Français de Zoothérapie a mis au point une grille d'évaluation pour donner une accréditation aux chiens intervenant dans les activités thérapeutiques associant l'animal qui compte 13 points :

1. Absence d'agressivité envers l'enfant ou la personne adulte ; c'est la base même de toute intervention canine en matière d'activité assistée par l'animal.

2. Interaction avec l'enfant ou la personne adulte : le chien a envie de jouer avec l'enfant

3. Goût du jeu avec l'enfant ou la personne adulte sans brusquerie

4. Manipulation : le chien doit pouvoir être « trituré » dans tous les sens

5. Capacité d'affection envers l'enfant ou la personne adulte : le chien doit se coller à l'enfant ou la personne adulte

6. Sensibilité aux bruits et aux cris : le chien ne doit pas aboyer face à des cris (enfant, personne handicapée etc.)

7. Capacité à ne pas réagir aux bruits même sans en connaître la provenance, le plus difficile étant la sirène de véhicules d'intervention

8. Capacité de se déplacer en double laisse avec un enfant

9. Capacité à rester dans un calme prolongé de une à plusieurs heures

10. Attitude face à une situation inattendue (chat ou autre chien... le chien doit avoir le rappel immédiat)

11. Absence d'anxiété de séparation c'est à dire que le chien doit pouvoir être confié à quelqu'un

12. Obéissance considérant l'âge du chien : il faut pouvoir redonner une éducation au chien même s'il est adulte, en général jusqu'à l'âge de 2 ans

13. Capacité aux odeurs étrangères (hôpitaux, cuisine...) et ne pas accepter de friandises d'un inconnu

Quelques soient les formes et domaines d'intervention de la zoothérapie il est fondamental de respecter un protocole d'application de cette discipline qui comprend en substance :

· Un ou plusieurs programmes comme des programmes de visite, programme en partenariat avec une SPA pour jeunes délinquants ou jeunes défavorisés, programme de réhabilitation d'animaux blessés, programme en maison fermée, programme en centre thérapeutique et éducatif34(*)

· Une évaluation35(*)

· Un ou des tests de contrôles36(*)

· Un ou des rapports d'activités37(*)

2ème partie : Etude de cas : La Ferme des Vallées

La ferme

Conduite des moutons

Le transporteur

· Présentation synthétique

Située en Charente, à une trentaine de Km au Sud d'Angoulême, la ferme des vallées est un établissement de type « foyer occupationnel. »

Il accueil 27 personnes handicapées classifiées par la COTOREP comme étant « incapable de fournir un travail productif ».

La ferme des vallées est administrée par l'association APEC38(*) qui, par ailleurs gère un IME, un service Autisme, un service de Tutelle ainsi qu'un service de placement familial.

Se sont en tout, 200 salariés qui sont employés par cette association.

La ferme des vallées est financée exclusivement par le Conseil Général.

Créée en 1992, elle exploite 10 hectares de terrain pour 80 « gros » animaux tels que des vaches, ânes, chèvres, chevaux, moutons et environ 100 « petits » animaux comme les lapins, poules, oies...

Le personnel d'encadrement est constitué de 25 personnes dont 20 Aides Médico Pédagogiques, 3 moniteurs éducateur et 2 éducateurs spécialisés.

La ferme des Vallées n'est pas un établissement médicalisé. Seule une psychologue intervient très partiellement depuis cette année.

Sur le plan plus spécifique à la ferme des Vallées, il faut noter que c'est une structure d'accueil qui offre un milieu ouvert en présence d'animaux.

C'est une ferme, il y a donc de la production comparable à n'importe quelle structure agricole de type « polycultures - élevage ».

La production est transformée puis vendue ; exemple les noix, récoltée, cassées au marteau, transformée en huile...

2 ruches d'abeilles permettent quant à elles, de produire du miel qui sera vendu et de la cire transformée en bougie.

Par ailleurs, les chèvres, toutes élevées au biberon, verront leur lait transformé en fromage de chèvre puis vendu au marché.

Dans cette ferme, les personnes handicapées graves dont on peut citer par exemple celles porteur du syndrome de RETT, X-fragiles, ou personnes psychotiques, sont à la fois présentes sous forme active ou contemplative dans tous les secteurs avec toute fois des regroupement par atelier d'activités ou d'animaux.

Elles peuvent s'éloigner momentanément puis revenir sur leur lieu d'activité

Quant au personnel d'encadrement, il est vigilant par rapport au dosage subtil entre sa fonction d'éducateur ou d'agriculteur...., les résidents ne peuvent pas assumer tous les travaux.

· Exemple d'activités à la ferme

o Coupe des foins

Cette activité est très attendue par les résidents puisqu'elle permet à l'ensemble des personnes de travailler ensemble pour conduire la ramasseuse presse, charger les botte sur la remorque, stocker ces bottes dans le hangar...

Au total, 3000 bottes sont ainsi récoltées et stockées pour une coupe de foins.

Il n'y a pas de coupe de regain39(*), en effet la saison d'hiver étant assez courte, les bêtes sont mises au prés longtemps dans l'année

o Marchés du mercredi et samedi

Il s'agit, pour certains résidents, de vendre du fromage de chèvre. Ils sont particulièrement sensibles à cette activité puisqu'elle favorise le contact avec la population environnante. Par ailleurs , leur activité est reconnue, les clients viennent acheter. Cette reconnaissance les valorise, ils trouvent à travers celle ci une place dans la société. Elle constitue également la finalisation d'un travail important qui commence à la naissance du chevreau, son « biberonnage », son alimentation, la traite, le nettoyage des enclos, la fabrication du fromage, la mise en place du stand de vente au marché, compter l'argent, rendre la monnaie...

o S'occuper des animaux

A la ferme des vallées, la relation à l'animal s'effectue par et dans l'activité afin de minimiser ou d'éradiquer le symptôme (manifestation de la pathologie) qui parasite, voir paralyse la construction de la personne handicapée et son accès à l'autonomie.

Cette activité ou « thérapie » associant l'animal englobe une multitude de tâches qui répondent au besoins de l'animal.

Les activités quotidiennes s'articulent autour de plusieurs gestes techniques qui concernent :

· L'alimentation qui comprend la production de la plupart des aliments et la préparation des rations

· Le toilettage qui impose le brossage des poils, le curetage des sabots et le déparasitage

· L'entretien du lieu de vie qui consiste à curer les sols et changer les litières souillées

Geste symbolique fort ; donner à manger, c'est avoir une fonction vitale pour l'animal, pourvoir à sa survie.

La personne handicapée a un regard différent sur elle-même.

Donner à manger à l'animal

Conduire l'âne au prés

Conduire l'âne au prés, nettoyer l'enclos, soigner, brosser, biberonner les chevreaux au moment des naissances, font partie des tâches quotidiennes des résidents.

« Calinothérapie.... »

Le suivi de la reproduction

S'occuper des animaux, c'est aussi valoriser les gestes professionnels quotidiens qui permettent aux personnes qui vivent à la ferme et qui y travaillent de s'y épanouir.

Sur ces bases, l'équipe pédagogique à l'origine du projet de création de la ferme des vallées, s'est inspirée en grande partie de la démarche de recherche praxéologique40(*)

Elle est partie des constats empiriques41(*) suivants :

1. Apprendre à partir de ses propres actions

2. La pratique des activités n'est pas qu'une exécution aliénante, répétitive ; les savoirs dans l'action se révèlent souvent implicites

3. Les pratiques routinières bloquent les changements

4. Il existe une réflexion dans l'action

C'est ainsi que les séquences d'action éducatives sont construites à partir du sens de l'action et non du discours sur l'action42(*)

o .....et si on allait plus loin ?

La première impression que l'on ressent lorsqu'on pénètre à la ferme des vallées, est un sentiment d'apaisement que transmettent les résidents.

En effet, ils créent, certainement de manière involontaire une ambiance du fait de leur propre bien être. Chacun est à sa place, vit sa vie, dans, ou a côté du groupe.

Tout est prétexte à évolution, par exemple évacuer le fumier avec le transporteur, permet d'intégrer la notion du « propre » tout en recyclant des matières pour en faire un engrais. Faire un tour en transporteur, c'est aussi un moyen d'évacuer une angoisse naissante chez un psychotique...

Il y a beaucoup de respect entre les résidents et l'équipe d'encadrement et aussi au sein de l'équipe d'encadrement.

Au début, on a même du mal à reconnaître qui est qui entre les éducateurs, aides médico-psychologiques, salariés en formation sous forme de contrat d'avenir, moniteur éducateur etc.

Les résidents sont heureux, épanouis, rayonnants. Ils accueillent les groupes qui arrivent tels des personnes en formation, des « scolaires » ou n'importe quel ensemble de personnes quelque soit le motif de leur venue.

On imagine volontiers le travail fourni en amont par le personnel d'encadrement.

Les pathologies sont difficiles à déterminer compte tenu des troubles associés, il subsiste pour autant un point commun qui est la notion de repère. Par exemple, au marché la personne qui doit rendre la monnaie ne connaît pas la valeur des pièces mais, avec son éducatrice toujours présente, elle utilise ses propres repères (couleur des pièces, place dans la caisse etc.). De manière plus globale, on peut dire que c'est l'animal qui est le repère à la ferme des vallées.

Le personnel, quant à lui est issu de tous corps de métier : maréchal ferrant, moniteur d'auto école, agriculteur... Quasiment personne, à part les deux éducateurs spécialisés, n'est issu d'une formation dans le domaine médico-sociale ni d'expérience professionnelle dans l'intervention sociale ou le monde du handicap.

Mais tous, apprenant au fil de l'expérience, ont validé leur compétence par le biais de la formation continue pour acquérir un diplôme d'aide médico-pédagogique   ou de moniteur-éducateur.

L'expérience professionnelle tient une place fondamentale lorsqu'on travaille avec des personnes handicapées par exemple, il faut pouvoir anticiper une montée en pression chez un résident alors que rien ne permet à priori de détecter cette situation. C'est en vivant avec eux, en partageant leur quotidien que l'on peut comprendre où se situe exactement leur sensibilité, à partir de quels événements passés ou présents.

Par exemple, ramener un cheval dans son enclos et refermer la porte peut générer un sentiment fort chez un résident qui a été enfermé dans un placard dans son jeune âge, ou rappeler d'autres souvenirs douloureux liés à l'enfermement en cellule d'isolement en Hôpital psychiatrique.

Plus que l'animal encore, une personne handicapée mentale avec pathologie lourde, va ressentir la moindre tension ou la moindre nervosité dans le groupe, l'équipe d'encadrement ou même entre deux résidents. Il peut partir alors en véritable crise et devenir dangereux. Dans cette ferme, les animaux jouent un rôle car il faut s'en occuper tout le temps, par tous les temps quelque soit les situations. Ils sont alors un véritable repère et ils permette de canaliser les énergies.

Malgré tout, les personnes handicapées sont avant tout des personnes à part entière et c'est ainsi qu'il faut les considérer. Se poser la question « va-t-il être capable de.... » avant de donner un travail à faire à une personne handicapée, c'est déjà lui retirer sa chance.

Il faut en même temps savoir qu'elles ont simplement quelque chose de plus qu'il ne faut pas négliger.

Certains résidents sont tout à fait capables de repérer des faiblesses de la part du personnel d'encadrement, notamment quant il prend en compte ce quelque chose de plus (le handicap lui même ou certaines réactions ou comportement qui peut en découler), et savent très bien exploiter la situation pour ne pas travailler. Tout les comportements ne sont donc pas à prendre au premier degré. La encore, c'est l'expérience seule, qui permet de décoder ou traduire les comportements.

A la ferme des vallées, les résidents sont paradoxalement cadrés et libres. En effet, tout est ouvert, l'espace est grand puisqu'au total la ferme est constituée de bâtiments et enclos répartis sur une dizaine d'hectares.

Les personnes sont libres de circuler, ils entretiennent le matériel, ce qui est encore un repère.

Lorsqu'on poursuit l'observation et quand on analyse plus finement la situation de la ferme des vallées, il y a des questions qui viennent à l'esprit et que l'on ne peut occulter :

Cette ferme, comme toutes les exploitations agricoles est soumise à des règles de production et de gestion et la ferme des vallées ne peut, en tant que centre d'accueil se prévaloir d'échapper à ces règles, surtout qu'elle s'occupe d'animaux demandant des soins continuels.

Quand on observait au début de ce chapitre qu'il était difficile de faire d'emblée la différence entre les personnels d'encadrement et les résidents, cette observation se retrouve aussi dans les activités.

En effet, lorsque nous participions aux travaux des foins dont il faut savoir qu'ils s'étalent sur 3 semaines, nous avons constaté que résidents et encadrement travaillent de manière tout à fait équivalente, mais seul, le personnel d'encadrement est rémunéré.

Cette ferme productive, dont les activités de production rapportent tout de même 40 000€ par an ne pourrait-elle être à la limite un CAT caché ?

Certains résident que nous avions vu à l'oeuvre pourraient relever d'un autre statut que celui de « personne handicapée incapable d'exécuter un travail productif », statut qu'ils avaient en entrant.

Aujourd'hui, ne pourraient-ils pas travailler en CAT mais dans ce cas, comment assurer le fonctionnement de la ferme ?

Ou alors, cette ferme ne pourraient-elle pas évoluer elle-même pour devenir un CAT, sachant que dans cette situation, c'est l'ensemble des résident qui devrait être rémunéré.

Cette productivité constitue une ligne médiane entre le CAT et le foyer occupationnel...

Par ailleurs, les personnes handicapées qui ont été orientées par la COTOREP vers la ferme des vallées ont vécu sa création et les films et livres qui ont été produits dès le démarrage en 1992 montrent à travers photos et reportages quasiment les mêmes personnes qui sont encore présentes aujourd'hui, mais également présentes dans leurs mêmes groupe d'affectation (atelier cheval, ânes, vente de fromage, cochon etc.)

Nous avons cherché également où était la zoothérapie dans ce projet, c'est à dire comment, sur le plan thérapeutique étaient accompagnés les résidents, par exemple quels outils étaient utilisés comme ceux présentés dans ce mémoire43(*).

La encore, nous n'avons rien trouvé.

Pourtant, nous avons surpris un jeune homme très fortement handicapé mentalement avec un trouble associé physique faisant involontairement l'objet d'une zoothérapie :

En effet, cet homme qui arrive à peine à se déplacer tant ses jambes sont déformées à réussi à jouer avec un chien Border Collie qui voulait lui prendre une petite balle sonore. L'Homme protégeait cette balles avec ses pieds pour empêcher le chien de la lui subtiliser et tous deux sont rentrer dans une espèce de compétition à savoir : qui réussirait à garder la balle.

Durant quelques minutes, cet homme acharné à protéger cette balle avec ses pieds a oublié son handicap et a dépassé se dernier ; il a sauté, dansé, rigolé et certainement réussi à faire des gestes qu'il n'aurait jamais fait autrement...

Nous avons ici l'exemple parfait d'une médiation dans une relation qui aurait dû être triangulaire entre un animal, une personne handicapée et un éducateur.

Dans cette relation, l'animal aurait dû devenir « l'agent médiateur » entre handicapé - éducateur.

Quant au personnel d'encadrement, nous nous sommes inquiétés de savoir s'il y avait une supervision extérieur ou des moments de régulation.

La Direction c'est positionnée par rapport à sa volonté d'obtenir de la part du financeur une intervention d'un psychologue à plein temps. Le Conseil Général, financeur unique rappel le coût d'une telle demande : 15K€

Sur le plan éducatif, il y a la volonté de ne pas étiqueter la personne et de s'appuyer sur ce qu'elle sait faire et non sur ce qu'elle ne sait pas faire.

Ce positionnement, s'il est tout à fait louable ne reste pas sans risque. Il y a eu par exemple une crise entre résidents il y a une semaine qui c'est traduite par la disparition de l'un d'entre eux.

Dans le village de Montmoreau, il nous a été rapporté les propos significatifs d'un habitant : « alors, ils l'on retrouvé le malade ? »

Il y a une tension entre la relation à l'autre et le soin à l'animal ; en même temps, l'animal est médiateur dans la relation entre le personnel d'encadrement et la personne handicapée.

Mais dans ce contexte, l'éducateur n'est-il pas envahi par les tâches du quotidien et peut-il encore assurer sa fonction éducative telle l'analyse de la pratique, l'évaluation ?

Avec de telles personnes handicapées, qu'il y aurait-il à faire s'il n'y avait pas d'agent de médiation ?

L'objectif est de les maintenir à leur niveau...

Selon la Direction de la ferme : « la lourdeur n'est pas liée à l'ampleur des tâches mais risquerait de venir d'un manque d'organisation. Il faut trouver les équilibres :

· Équilibres au sein du personnel d'encadrement, 25 personnes, c'est important !

· Équilibre par rapport aux animaux ; on est au maximum des possibles avec 80 gros animaux et une centaine de petits animaux

· Équilibres au sein des résidents connaissant toutes leurs caractéristiques de la déficience mentales jusqu'à l'handicap mental 

Par ailleurs, toujours selon les propos de la Direction, l'organisation qui consiste à vouloir créer des liens directs entre le monde de la psychiatrie et celui du médico-social en transférant des personnes de l'un à l'autre et vice versa, n'est pas satisfaisant.

Selon elle, cette relation doit être déviée et faire intervenir des compétences émanant du champ de la santé et de l'intervention sociale.

Quant à la question des temps de régulation pour le personnel d'encadrement, et au delà de la question budgétaire liée à l'affectation d'un psychologue, elle déclare que ce temps de parole, c'est « un temps dans un autre temps » et nous a rappelé que cet autre temps est également inscrit dans la lois des 35 heures.

Finalement une question de fond se pose à la ferme des Vallées : Est-ce que la médiation n'a pas pris le pas sur l'activité, la médiation ne serait-elle pas devenue l'activité elle-même plutôt que d'être agent de la relation entre éducateur et personne handicapée ?

* 9 "Thérapies à Médiation" - FEETAC- colloque du 12 et 13 mars 2005 - Palais de la Musique et des Congrès à Strasbourg

* 10 Ces psychothérapies à médiation corporelle sont définies sur : http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/consulter/ les_therapies/ therapies _ corporelles_02.htm

* 11 "Les techniques du toucher shiatsu" de Jean-Louis Abrassart, éd. Ellebore 

* 12 Né en 1897 en Autriche, mort en 1957 en prison aux USA pour offense à la Cour. Élève très tôt apprécié de Freud dont il finira par se distancer. Wilhelm Reich fut l'un des plus prolifiques psychanalystes de la génération des années 20-30. Son oeuvre est divisée en 3 périodes successives :

- de 1919 à 1927, la période psychanalytique, durant laquelle il travaille intimement au coté de Freud

- de 1928 à 1938, une période freudo-marxiste où, très engagé socialement, il réussit une synthèse des apports de Freud et de Marx au sein de ce qu'il appelle la Démocratie du travail ;

- de 1935 à 1957, une période orgonale (l'énergie de la vie) dans laquelle l'essentiel de ses travaux est consacré à une recherche approfondie sur le phénomène du vivant et sur l'énergie vitale émanent de ce qu'il a nommé orgone

* 13Le training autogène a été mis au point par le Docteur et psychiatre allemand, Johannes H. Schultz, dans les années 1930. Ce néologisme évoque une méthode d'entraînement intérieure dirigée par la personne elle-même, aboutissant à un état de relaxation et de détente.

* 14 Annexe définition page m2

* 15Annexe définition page m3

* 16 Annexe définition page m3

* 17 J. Konrad Stettbacher (« Pourquoi la souffrance »)

* 18 Pets and Mental Health, Cusack, 1988.

* 19 La Liberté, LEDERREY Pierre, 04.05.2002 annexe page k1

* 20 Interview Médecin Psychiatre du 16 février 2006 - voir compte rendu en annexe pages h4

* 21 Institut Français de Zoothérapie Siret 450182167000012 APE/NAF 913 enregistré sous le N° de formateur 82740174174 auprès du Préfet de la Région Rhône Alpe. Siège social : Centre de Zoothérapie : « Ferme le Mas du Crêt » 38690 - Colombe- Cycle de formation à la zoothérapie 2005 - Séminaire I page 1/4

* 22 http://liensutiles.forumactif.com/ftopic9496.CES-AMIS-QUI-NOUS-VEULENT-DU-BIEN.htm

* 23 http://www.faktis.com/wiki/fr/yo/York.htm

* 24 Levinson Boris, Mallon Gerald P. Pet-Oriented Child Psychotherapy, Charles C. Thomas, États-Unis, 1997.
Considéré comme le père de la zoothérapie, le psychiatre Boris Levinson présente la théorie et la pratique de la zoothérapie dans le traitement des troubles psychologiques chez l'enfant.

* 25 Située à Grandcourt, en Seine-Maritime, La Ferme Européenne des Enfants accueille les petits de 5 à 12 ans, pendant les vacances scolaires, seuls ou en gîte avec leurs parents. (Site : www.la-fee.org.)

* 26 Cahiers de Serience n°5 - La magie du lien http://www.suren.fr/cahiers/cahiers5/p9.htm

* 27 Voir dans ce chapitre l'alinéa « éducation du chien » page 6

* 28 Rencontre AAA - http://perso.orange.fr/benoit.graulet/Rencontres/programme.htm

* 29 Supplément Version FEMINA DNA N° 204 du 24 février 2006 réalisé par Danièle Boone « Ces amis qui nous veulent du bien » nombre de page 99 - page 28

* 30 Effet Zoothérapie - http://www.oricom.ca/zootherapie.chuq/Effets-therapeutiques-zoo.htm

* 31 Voulant offrir aux enfants hospitalisés en oncologie pédiatrie, le CHU de Québec a innové en matière de zoothérapie en concevant une chambre pouvant accueillir un enfant et ses parents et la compagnie d'un chien pour toute une journée - http://www.chu-rouen.fr/documed/neuf2897.html

* 32 Film LA FERME DES VALLEES - 1999 / France / 52 minutes Auteur scientifique : José BOURGAREL - Réalisation : José BOURGAREL - Production : Daniel LECONTE - Distribution : Betty NOCELLA c/o DOC EN STOCK

* 33 Collection « Nature et Animaux » : les chiens Education, Hygiène, Santé - Marie-Luce HUBERT, Jean-Louis KLEIN Edition SAEP 68040 Ingersheim ISBN 2-7372-3251-1 année 1994 -+ 243 pages - pages 54/59

* 34 Voir annexe : Programmes Evaluation Tests de contrôles Sondage page n1-n2

* 35 Voir annexe : Programmes Evaluation Tests de contrôles Sondage page n1-n4

* 36 Voir annexe : Programmes Evaluation Tests de contrôles Sondage page n1-n4

* 37 Voir annexe : Programmes Evaluation Tests de contrôles Sondage page n1-n4

* 38 Agir pour la Protection, l'Éducation et la Citoyenneté

* 39 se dit des 2ème et 3ème coupes.

* 40 Selon l'encyclopédie universelle, la praxis est une manière d'agir tandis que la praxéologie est, ou se veut être une science portant sur les différentes manières d'agir.

* 41 Brigitte LONGUEVILLE - Formatrice à l'institut régional du travail social de Poitou Charente

* 42 La vie tout simplement édition écrire de social, mai 2001 - 163 pages Prologue p.8

* 43 Annexe Grille d'évaluation o1-o5

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore