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Le Roman français et l' Avenir de la littérature francophone, face au Manifeste pour une littérature Monde

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par Mame Diarra DIOP
Université Paris IV La Sorbonne - Master 1 de Lettres Modernes Appliquées 2007
  

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La Convention de Saint-Malo 

Avant d'analyser les réactions médiatiques au manifeste, signalons qu'il a donné lieu à la convention de Saint-Malo. Le festival « Etonnants Voyageurs », chapeauté par Michel Le Bris, et qui s'est tenu entre le 26 et le 28 mai 2007 dans la ville aux remparts mythiques, a été le cadre idéal pour instaurer une convention destinée à rendre visible le mouvement de la nouvelle littérature monde :

«  Cette nouvelle pléiade, nous avons la volonté de la rendre visible, de suivre sa trace poétique, de l'accompagner, de la rendre évidente, en créant un regroupement de trente écrivains représentatifs de cette diversité littéraire et géographique, qui par la publication d'une revue annuelle captant les miroitements de cette constellation et par la remise d'un prix de printemps, servira, nous l'espérons, de caisse de résonance à ce mouvement que les prix littéraires d'automne - et leurs jurés écrivains - ont contribué à révéler. Le groupe se dissoudra dans cinq ou dix ans. Accompagner un mouvement n'est pas l'encadrer... »

- Réactions en France 

« La photo entrera peut-être dans l'histoire : une quinzaine de romanciers serrés sous leurs parapluies, sur le pont du navire-école Belem à Saint-Malo. On reconnaît Michel Le Bris et Jean Rouaud, Muriel Barbery et Jacques Godbout, Jean-Luc Raharimanana et Michel Tremblay... Tous ont signé le fameux Manifeste des 44, « Pour une littérature-monde en français », publié dans Le Monde du 16 mars 2007. Un manifeste à double lame. La première annonce la mort de la francophonie dans sa forme actuelle et la naissance d'une littérature-monde riche de toutes les littératures en langue française animées par « l'envie de goûter à la poussière des routes, au frisson du dehors, au regard croisé d'inconnus ». La seconde s'en prend aux « maîtres-penseurs » de la littérature et de l'édition, ces « inventeurs d'une littérature sans autre objet qu'elle-même », qui « se regarde écrire ». Traduisez : les héritiers du nouveau roman, du structuralisme ou de la déconstruction, qui s'égarerait aujourd'hui dans le formalisme et l'autofiction...»46(*)

Pour sa part, l'écrivain Abdourahman. A Waberi (l'un des quatre rédacteurs du manifeste avec Michel le Bris, Alain Mabanckou et Jean Rouaud), remarquait à propos de la francophonie : « Non seulement elle nous transforme en espèce «exotique» aux yeux du public, mais elle creuse un fossé symbolique entre les auteurs. Comme s'il existait un «centre pur» - Paris et les écrivains français «de souche» - et une périphérie, une «annexe», avec les «francophones». 

Un commentaire entériné dans un article du journal Marianne47(*), sur les enjeux de la francophonie : « Face au mépris » des élites intellectuelles françaises autocentrées, pour qui la création littéraire francophone est une sorte de tiroir qui relègue les auteurs africains ou canadiens en « marge » de la création dans la langue de Molière, 44 écrivains, dont Jean Marie Le Clézio, Tahar Ben Jelloun, Edouard Glissant, Amin Maalouf ou Alain Mabanckou - rien que ça - ont lancé le manifeste pour une « littérature-monde en français », qui signerait ni plus ni moins «l'acte de décès de la francophonie » telle que vécue jusqu'à aujourd'hui, avec son centre - la France - et sa périphérie exotique. Force est de constater que la France a tendance à se replier sur ses (maigres) ressources. C'est pourtant à un autre niveau que se situent les enjeux d'une diversité culturelle pleine et assumée, face à l'homogénéisation des contenus culturels dans le monde...».  

Le journaliste Jean Pierre Bourcier ajoutait : «  Que la langue française est aussi nourrie par d'autres espaces dans le monde, comme c'est déjà le cas pour les écrivains de langue anglaise. En France, ajoutent les signataires (Didier Daeninckx, Nancy Huston, Amin Maalouf...), une« jeune génération [...] débarrassée de l'ère du soupçon, s'empare sans complexe des ingrédients de la fiction pour ouvrir de nouvelles voies romanesques ». Et ils soulignent notamment le rôle éminent des« récits de ces étonnants voyageurs apparus au milieu des années 70... »48(*)

La francophonie continue de susciter critiques et commentaires divers. Un fonctionnaire de l'OIF, qui a voulu rester anonyme, me confiait lors d'un entretien et non sans une pointe d'agacement : «  On nous a beaucoup critiqué sur notre position mais les gens oublient que nous oeuvrons pour la diversité culturelle et le rayonnement de la langue française, regardez, nous avons créée un prix des cinq continents de la francophonie ! Littérature monde ? Ca ne veut rien dire ! ».

« Alors que la francophonie politique s'est imposée comme une force avec laquelle, il faut désormais compter, la francophonie littéraire, continue de susciter méfiance et rejet... le centre est désormais partout, la francophonie qui servait à regrouper les marges, n' a plus de raisons d'être »49(*), notait de son côté Tirthankar Chanda, journaliste culturel à l'hebdomadaire Jeune Afrique.

On l'aura compris, le manifeste a ouvert un débat et des réactions continuent d'être publiées dans divers journaux. Le phénomène a même gagné l'Amérique, où beaucoup de signataires du manifeste sont installés et enseignent la littérature francophone dans les grandes universités, notamment à UCLA50(*)

* 46 Télérama, éd du 16 juin 2007, Olivier Pascal Moussellard.

* 47 Marianne, 16 mars 2007.

* 48 La Tribune, 23-24 Mars 2007.

* 49 Jeune Afrique, 18-24 mars2007

* 50 Université de Californie, Los Angeles

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand