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La communication participative communautaire au Sénégal

( Télécharger le fichier original )
par Sébastien Froger
Universite Stendhal Grenoble 3 - Institu de la communication et des médias - Master 2 communication scientifique et technique 2005
  

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Deuxième partie - Application de la communication participative et pistes de réflexion pour améliorer le concept

 

. L'application de la démarche participative au club JRD de Niakhar

I.1. Présentation des clubs de Jeunes de Recherche et de Développement de l'IRD

Depuis la création d'un premier club de Jeunes de Recherche et de Développement (JRD) en 1999 à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, l'IRD propose à des jeunes, de 15 à 25 ans, d'entreprendre une étude scientifique.

Les activités de ces Clubs s'articulent autour de thématiques correspondant aux principaux domaines de recherche de l'Institut : alimentation et nutrition, santé, évolution des climats, gestion de la ressource en eau, gestion des sols, éducation et développement durable...

Bien que très différentes dans leurs thématiques et leur fonctionnement, ces initiatives ont en commun leur volonté de faire découvrir à des jeunes ce qu'est le monde scientifique, et leur donner le goût des sciences.

En plus de les sensibiliser à un thème de recherche pour le développement mené par les scientifiques de l'IRD, les jeunes deviennent acteurs de cette recherche.

Le fonctionnement de ces clubs se base sur un partenariat entre chercheurs de l'IRD et jeunes. Les quatre étapes essentielles de la vie d'un club peuvent être résumées ainsi :

· Choix d'un sujet d'investigation réaliste, en concertation avec le ou les scientifiques volontaires

· Étude de la documentation existante sur le sujet

· Suivi d'un programme d'activités pour une ou deux années

· Restitution de la synthèse des travaux et résultats

Les missions réalisées lors de ce stage étaient d'établir un historique des clubs JRD du Sénégal passés et présents, et de réaliser un site Internet à ce sujet. Il s'agissait également de faire un bilan des activités de ces clubs et de faire des propositions pour améliorer leur fonctionnement, tant au niveau logistique que pédagogique.

A cela s'ajoutait naturellement un travail d'animateur des trois clubs de Niakhar.

Ces différentes missions nous ont permis de tenter d'appliquer la démarche participative au sein des clubs, et ainsi valider ou infirmer par la pratique les hypothèses énoncées auparavant. En particulier, nous avons adopté une démarche participative au sein du club «utilité de l'état civil» de Niakhar.

I.2. Le club JRD «utilité de l'état civil» de Niakhar

L'IRD effectue depuis plus de 40 ans des études démographiques et épidémiologiques sur une zone regroupant 22 villages et environ 30 000 habitants près de Niakhar, un village non loin de Fatick dans la région du Saloum 29.

Cette présence de l'IRD depuis si longtemps auprès de la population de la zone a permis la création d'un club JRD en partenariat avec le jeune lycée de Niakhar.

Les élèves du club ont donc été consultés pour choisir les thèmes de travail des futurs clubs (parmi 5 ou 6 propositions), dont un émanait des professeurs et élèves.

Ils ont à ce moment émis le désir de travailler sur le thème de la nutrition, au plus près de leurs préoccupations. Malheureusement, les ressources humaines à l'IRD n'ont pas permis de retenir ce thème.

Au final, les choix retenus étaient : l'utilité de l'état civil et l'accès aux soins en milieu rural. Par la suite, un troisième club a vu le jour, sur le thème de l'adolescent face au SIDA.

Ces trois clubs ont pu démarrer leurs activités début 2005, ce qui fait d'eux de très jeunes clubs, mais néanmoins très actifs.

a. Objectifs du club

L'état civil au Sénégal, particulièrement en zone rurale, en est encore à son balbutiement et se heurte à de nombreuses difficultés, en particulier pour ce qui concerne l'inscription des naissances sur les registres d'état civil.

Pour des raisons diverses (culturelles, manque d'information, manque d'infrastructures, enregistrement payant ...), seule une minorité des naissances est déclarée (17%) 30. Cet acte est pourtant fondamental puisqu'il ouvre droit à la scolarisation, au mariage, donne une identité, le droit de vote, etc

C'est sur cet aspect que se sont concentrées les activités du club état civil.

Les objectifs annoncés étaient de réaliser une enquête auprès de la population afin de faire l'état des connaissances sur l'état civil, ainsi que sur les obstacles à la déclaration des naissances, ceci après avoir rencontré les autorités et personnes intervenant dans ce domaine. Il s'agissait aussi de diffuser l'information sur l'importance de l'inscription des enfants sur les registres d'état civil et sur la manière de procéder. Ce dernier objectif émanait directement de la volonté des membres du club.

On voit bien ici tout l'intérêt de la communication participative. Alors que le projet initial était plutôt axé sur un recensement des connaissances sur l'état civil, l'échange avec la communauté concernée a permis de compléter cet outil avec un objectif complémentaire répondant directement à ses préoccupations.

b. Vie du club

Comme les autres clubs, le fonctionnement repose sur la présence, d'une part, d'un scientifique de l'IRD qui apporte ses connaissances sur le domaine et la démarche scientifique et, d'autre part, d'un professeur du lycée responsable de l'animation et la coordination.

Ce qui diffère des autres clubs, c'est l'implication du chercheur. En effet, depuis le début de l'année 2005 et jusqu'à la fin de l'année scolaire, celui-ci est intervenu à une dizaine de reprises, ce qui est exceptionnel en terme de fréquence.

A chaque séance, le mercredi après-midi, les élèves assistaient aux explications du chercheur sur ce qu'est l'état civil, comment mener une enquête, comment élaborer un questionnaire et traiter les résultats.

Les élèves ont également eu l'occasion de suivre une initiation à l'informatique et de rencontrer divers acteurs impliqués dans leur domaine d'étude (sous-préfet, chef de village, chef religieux).

Mais les activités du club ne se sont pas arrêtées là pour cette année scolaire 2004-2005.

Les élèves du club JRD état-civil ont écrit et interprété des sketchs de sensibilisation sur l'état civil.

C'est à cette occasion que nous sommes intervenus, en prenant le relais au niveau de l'animation du club.

I.3. Participation au sein du club

Les élèves avaient précédemment fait par de leur volonté de transmettre les savoirs acquis lors des séances avec le chercheur de l'IRD et de leur recherche d'information.

L'initiative partant des élèves, les conditions étaient réunies pour mettre en place une communication participative.

On peut considérer que cette démarche était déjà amorcée avant notre arrivée. D'abord, le contact avec le lycée, que l'on pourra considérer comme une communauté, était déjà établi depuis deux ans. Ensuite, le groupe d'élèves était déjà formé (membres du club, tous volontaires) et certaines activités débutées.

Par contre, le choix du thème du club n'était que relatif, puisque choisi parmi 5 ou 6 thèmes possibles, mais fonction des moyens disponibles.

Mais nous tenons à préciser que si la démarche globale du club n'est pas participative au sens où nous la définissons, nous avons tenté dans cette partie du travail, d'appliquer les principes théoriques énoncés auparavant.

La première phase de la mise en oeuvre de la démarche était déjà réalisée, ainsi que le problème soulevé, à savoir comment sensibiliser la population sur la nécessiter de s'inscrire sur les registres d'état civil.

Arrivant en cours de projet, nous avons tenté de nous imprégner du contexte le plus rapidement et complètement possible, par une étude documentaire dans un premier temps, grâce aux nombreuses recherches menées par l'IRD sur cette zone notamment, mais aussi sur la culture Serrer (ethnie locale), son histoire.

Nous avons ensuite complété cette étude sur le terrain, avant de rencontrer les élèves.

Nous avons d'abord rencontré le proviseur, puis les professeurs coordinateurs des clubs, avant de faire connaissance avec les élèves, présentés de manière officielle par le proviseur et le chercheur de l'IRD, comme il est de coutume.

Suite à ce premier contact, nous avons pu fixer un premier entretien, afin de faire plus ample connaissance, sans la présence d'autre autorité du lycée ou de l'IRD.

Dans le même temps, nous avons pu passer beaucoup de temps avec les professeurs, en dehors de tout réunion formelle, pour apprendre à connaître les lieux et les personnes du village.

a. Choix de l'outil de communication

Au cours des séances suivantes, qui avaient lieu en dehors du lycée pour éviter le côté formel et parce que les élèves le souhaitaient (locaux du lycée inconfortables, envie de sortir du cadre scolaire...), nous avons pris le rôle d'animateur «facilitateur».

En fait, le but était, conformément à la philosophie de la communication participative, d'aider les élèves à choisir l'outil de communication qu'ils souhaitaient utiliser.

Pour faciliter le déroulement des activités, nous avons utilisé comme outil de communication participative les discussions de groupe et les débats.

Cet outil très efficace pour des petits groupes permet les échanges entre les membres, afin de confronter les différentes opinions en vue, dans l'idéal, d'obtenir un consensus général.

Les discussions se déroulaient d'après un «guide de discussion» préparé à l'avance, mais dont les questions restaient évidemment ouvertes. Concrètement, cela revenait à aider les

membres du club à se poser des questions sur leurs objectifs, les moyens à disposition et l'efficacité potentielle des outils dont ils pouvaient disposer.

Au cours de ces réunions, les élèves ont d'abord recensé des problèmes que pouvaient soulever l'absence d'état civil, comme l'accès à la scolarité, le droit à la nationalité, les droits de l'enfant, l'accès aux soins, l'héritage, le droit de vote ou encore le droit de voyager.

Puis les moyens de résoudre ces problèmes.

Au Sénégal, l'inscription à l'état civil se fait normalement à la naissance, par l'intermédiaire du registre des naissances. Cette déclaration peut se faire auprès de différentes autorités. En pratique, pour la région de Niakhar, elle se fait principalement auprès du chef de village.

Et il est possible de déclarer tardivement une naissance, grâce à d'autres dispositifs réglementaires (jugement supplétif et audiences foraines) 31.

Conscients que ces démarches administratives ne sont pas une panacée, que la population est très peu informée sur les enjeux de l'inscription des naissances à l'état civils et les modalités pour y parvenir, les jeunes ont d'abord choisi un outil de communication, le mieux adapté possible au contexte.

Au cours de leur scolarité, les élèves ont pu assister à quelques séances de sensibilisation, notamment sur le thème du VIH/SIDA. La forme qui leur semblait la plus efficace était le théâtre, avec en plus des conférenciers venus expliquer les dangers que représente la maladie et les attitudes à adopter.

Ils étaient donc familiarisés avec ce média et se sont directement tournés vers lui. Postérieurement, après discussion avec les différents partenaires, la nécessité d'inclure une dimension interactive est apparue.

Les élèves ont alors décidé de faire du «porte à porte», plus efficace selon eux, car permettant un contact direct avec les personnes, ouvrant ainsi une possibilité de débattre. Seulement, les contraintes d'une telle démarche ont mis en attente ce projet, le nombre de personnes touchées leur ayant alors paru trop restreint.

Le choix s'est donc redirigé vers du théâtre, qui s'insérerait dans le cadre d'une journée de
sensibilisation. En effet, le motif pour lequel les élèves ne voulaient pas faire uniquement du

31 Cf. annexe VII : L'état civil au Sénégal

théâtre tenait à ce qu'ils estimaient que ce média n'attire que les enfants, si du moins il n'est pas inclus dans un cadre plus «sérieux».

Mais inséré dans le cadre d'une journée de prévention, les avantages de ce média leur ont paru nombreux : facilité à mettre en place les conditions pour pouvoir réaliser les pièces ; possibilité de se déplacer dans les villages de la zone ; format reproductible et adapté au public - support oral (traditionnel), pour une population en majeure partie analphabète, en langue locale.

Bien que le média choisi ne permette pas vraiment une communication participative par la suite avec la population, nous ne sommes que peu intervenu. Rappelons à cet égard que le but prioritaire ici n'était pas de créer un support de prévention pour la diffusion auprès de la population, mais bien d'initier les concepteurs de ce projet à une démarche participative pour les sensibiliser aux thèmes qu'ils étudiaient.

Les jeunes ont ainsi pu se rendre compte que les outils de communication participative ne se s'adaptaient pas à tous les contextes. Le choix du support s'est finalement arrêté sur le format «sketchs» d'une dizaine de minutes, en lien avec un thème lié aux enjeux que représente l'inscription des naissances.

b. Réalisation des sketchs

Pour écrire les sketchs, nous avons aidé quelque peu les jeunes dans la méthodologie. C'est en fait surtout à ce niveau qu'il a fallu faciliter la démarche des jeunes, ainsi que dans la coordination avec le lycée et la logistique.

Toute la difficulté était de ne pas imposer une façon de faire, de manière directe ou détournée. Mais pour autant, il était nécessaire de faire progresser les travaux.

Dans la partie précédente, où les jeunes ont eu à soulever les problèmes à résoudre et choisir un support, nous ne sommes que peu intervenus, pour rappeler quelques contraintes à ne pas oublier, et souligner quelques questions à se poser. Toujours en utilisant comme outil de communication le groupe de discussion.

Trois sketchs ont entièrement été rédigés par les jeunes, sans aucune aide (à notre connaissance). Nous avons simplement corrigé quelques fautes de français. Tous les élèves n'ont pas participé à la rédaction, ils étaient trop nombreux (une vingtaine), mais chaque texte est une oeuvre collective (au moins trois jeunes par texte).

c. La mise en scène et les répétitions

Au cours des séances suivantes, les membres du club se sont attribués les rôles, sur une base de volontariat, ce qui a eu pour effet de faire jouer quelques acteurs sur deux sketchs, tandis que d'autres n'ont pas eu de rôle. Mais plus de la moitié des élèves en ont eu au moins un.

A partir de ce moment, les séances ont étés consacrées aux répétitions et à la mise en scène. Les jeunes n'avaient pas vraiment de notions de mise en scène, ni du jeu de théâtre. Malgré cela, le résultat s'est avéré très satisfaisant.

Ils ont présenté leurs sketchs en conditions réelles pour la première fois devant le personnel de l'IRD de Dakar le 6 juillet 2005, ainsi que devant les élèves des autres clubs de Niakhar alors en visite des locaux de l'IRD.

Pour donner quelques repères, voici la chronologie de ces différentes étapes, sachant que les premières séances ont eu lieu début mai, et les dernières début juillet (chaque séance durait une demi-journée).

· Premier contact, présentations - 1 séance

· Rappel des enjeux et définition des objectifs - 1 séance

· Choix de l'outil de communication - 2 séances

· Ecriture des sketchs - 2 séances (fait en grande partie en dehors de ces réunions)

· Répétitions et mise en scène - 5 séances (plus les répétitions en autonomie) Ces séances étaient plus ou moins rapprochées dans le temps. Les contraintes de temps et de distance ne nous permettaient pas de venir de façon tout à fait régulière.

I.4. Bilan

a. Méthodologie

Pour réaliser le bilan de ces activités, en plus des observations de terrain, nous avons conduit une série d'entretien de deux types principalement :

- des entretiens non formels, lors de discussions libres pendant ou en dehors de la journée de travail

- des entretiens formels de type semi directif fonctions de la personne interrogée et de la problématique (guide d'entretien répertoriant des thèmes et sous thèmes, évitant de cadenasser l'entretien comme peut le faire un questionnaire rigide, mais permettant de garder le contrôle de la discussion).

Enfin, pour les élèves, en plus des entretiens, vu leur nombre, nous leur avons soumis un questionnaire avec des questions ouvertes. 32

Pour le traitement des données, nous avons fait une analyse thématique du contenu, en repérant les thèmes communs et transversaux à l'ensemble des entretiens recueillis.

Même réalisés de manière rigoureuse, ces questionnaires et entretiens restent totalement subjectifs, et l'échantillon interrogé étant faible, un traitement statistique ne serait pas pertinent.

Il faut donc prendre en compte ces aspects en lisant les résultats du bilan.

b. Bilan avant la mise en place de la communication participative

Avant de faire un bilan des activités du club pour la partie sketchs, voici d'une manière générale les points positifs issus du bilan des activités du club :

- Travail régulier et fréquent

- Solides connaissances théoriques apportées

- Investissement personnel du chercheur de l'IRD très important - Cours d'informatique réguliers et utiles au travail des clubs

32 Questionnaire soumis à chaque élève des clubs, voir annexe IV

Pour ce qui est des points négatifs :

- Manque de pratique en dehors des cours d'informatique et des sketchs

- Peu ou pas d'investissement des professeurs

- Attitude très « scolaire » du chercheur (communication verticale de l'émetteur vers le récepteur), avec tout de même un certain nombre de rencontres de professionnels de l'état civil

- Aucune initiative laissée aux élèves

- Compréhension des objectifs et enjeux du club pas toujours claire, que ce soit pour les membres du club ou les professeurs

- Travail d'enquête et de prévention dans le même temps (ajoute à cette confusion) - Pas d'activité en dehors des interventions de l'IRD au sein des clubs

- Cours très théoriques et trop simples selon le résultat de l'enquête menée auprès des élèves

- Manque de matériel en informatique : trois PC pour parfois trente jeunes par cours.

c. Aspects positifs

Après ce bref aperçu des forces et faiblesses des clubs, important pour préciser dans quel contexte se sont déroulées les activités qui nous concernent, nous pouvons voir le bilan de la partie à laquelle nous avons directement participé.

Si on se restreint à l'action que nous avons menée, on peut considérer que la démarche adoptée était participative, avec une quasi autonomie des jeunes dans l'élaboration de leur support de communication. Ils étaient réellement acteurs de leur projet.

La démarche adoptée était des plus rigoureuse bien que non imposée (dans le contexte), avec un réel travail de recherche du meilleur moyen pour réaliser les objectifs, à savoir la sensibilisation de la population aux questions concernant l'état civil. Considérant les différents paramètres du contexte, les avantages et inconvénients des différents supports de communication, ils ont finalement pris la décision eux-mêmes de faire des sketchs.

La réalisation de ceux-ci s'est également faite de façon rigoureuse, malgré leur inexpérience et le manque de temps certains.

Ils ont donc pu mener leur projet de bout à bout, sans qu'il ne leur soit imposé de contraintes autres que des contraintes de temps et de moyens. Ils ont travaillé en commun, pris les décisions et réalisé ce projet.

Les sketchs, même s'ils n'ont pas encore été testés auprès de la population, ont reçu un avis très favorable de la part du personnel de l'IRD ainsi que des élèves des autres clubs de Niakhar. Mais il faudra attendre de voir les résultats auprès des cibles (population de la zone de Niakhar) pour connaître leur réelle efficacité.

Enfin, un dernier aspect très positif, les élèves étaient très motivés, impliqués dans les activités, présents jusqu'à la fin. Or en fin de projet (pour cette année), les activités ont continué malgré l'achèvement de l'année scolaire. De plus, la fermeture du lycée correspond au début de l'hivernage, synonyme de travaux dans les champs pour ces jeunes qui doivent aider leurs parents. Il s'agit peut être d'une conséquence de l'appropriation du projet par les jeunes.

Toutefois, l'absence de recul rend aléatoire une évaluation rigoureuse de l'efficacité de la démarche.

d. Difficultés

Bien qu'a partir de la décision des membres du club de faire de la sensibilisation auprès des habitants de la région, une démarche participative a été entreprise avec succès, les activités antérieures n'avaient pas ce caractère.

Or, il serait intéressant de savoir si il est possible d'adopter cette démarche dès l'initiative de création d'un club JRD.

En effet, ils n'ont pas entièrement choisi la thématique du club, bien qu'ils aient eu le choix parmi plusieurs thèmes. Mais on peut considérer que cette restriction dans le choix du thème fait partie des contraintes du milieu, de part la disponibilité limitées des ressources de l'IRD (au niveau matériel et humain).

Le deuxième point pouvant nuancer la part de participation réelle dans le projet concerne les connaissances préalables nécessaires à l'élaboration des messages des supports de communication. Or cette acquisition des connaissances s'est faite de manière classique, le chercheur se substituant au professeur et donnant des cours, sans interactivité réelle.

On peut donc se poser des questions sur ce préalable : savoir s'il était indispensable d'une part, et surtout s'il ne peut être dispensé d'une autre manière, moins verticale, d'autre part.

En dehors de ces questions par rapport au contexte périphérique aux activités qui nous intéressent, nous avons relevé quelques difficultés dans le déroulement du projet.

Au niveau de l'organisation, il était parfois difficile de fixer des rendez-vous. Nous fixions rendez-vous directement avec les élèves, puis confirmions avec les professeurs, ou inversement. Mais il arrivait parfois qu'au dernier moment, les horaires soient changés sans que nous en soyons avertis, ni que tous les élèves soient prévenus.

Compte tenu des contraintes dues au peu de temps disponible pour faire avancer le projet et des contraintes géographiques (nous étions basés à Dakar, à 3 heures de route de Niakhar), le moindre retard était pénalisant pour l'avancée du projet.

Cette contrainte a quelque peu précipité l'écriture et la mise en scène des sketchs. Il y a fort à parier que le résultat aurait été encore meilleur avec plus de temps. Mais le travail devrait reprendre dès la rentrée.

Enfin, un dernier point a peut-être eu une influence sur le déroulement des activités. Le fait que ce soit un français (avec toute l'image que cela véhicule au Sénégal) qui facilite et anime les activités, et que les élèves n'aient pas l'habitude d'avoir l'initiative dans le cadre scolaire ont sûrement retardé l'établissement de bons contacts entre les partenaires.

Cette retenue s'est heureusement assez vite dissipée, peut-être grâce au caractère non autoritaire de la communication participative.

e. Evaluation de la pertinence de la démarche

Le bilan de cette expérience soulève plus de questions que de réponses, car d'une part il est difficile d'évaluer sur une seule démarche de ce type, d'autre part nous ne disposons pas de suffisamment de recul.

Les activités sont amenées à se poursuivre. Il faut voir si les élèves continueront sur la voie
qu'ils se sont tracés sans animateur. Nous pensons qu'ils pourront très certainement
interpréter leurs sketchs, mais les faire évoluer, les inscrire dans une démarche plus globale,

ce qui implique la création de partenariats et l'acquisition de nouvelles compétences semble plus difficile.

En outre il est très délicat de s'auto évaluer, pour un problème d'objectivité évident. Nous ne pouvons donc nous reposer que sur des critères qualitatifs.

De nombreuses questions découlent de l'étude de l'efficacité de cette démarche. En effet, y aurait-il eu la même efficacité sans les connaissances apportées au préalable par le chercheur ? Sûrement pas, vu la pertinence des informations contenues dans le message. A moins qu'ils aient cherché eux-mêmes les informations (ce qu'ils ont fait en partie). Mais est- ce que la qualité du contenu était vraiment importante ? Sans aller dans des considérations théoriques sur l'importance du contenu par rapport au medium, le but recherché n'était tant pas tant l'efficacité du message pour la qualité de ses informations, mais plus sur la réalisation de celui-ci par les jeunes pour les sensibiliser en priorité.

Ce qui revient à une question beaucoup plus large et délicate : est-il nécessaire de posséder des connaissances avant de pouvoir faire ce type de communication participative ? Et cet apprentissage peut-il se faire de manière interactive, tout comme l'expérience en éducation des adultes nous le montre ?

Toutefois, s'il est impossible de comparer avec un autre cas en tous points similaire en dehors de l'utilisation de la communication participative, on peut toujours s'en tenir aux faits.

Le problème étant plus dans la généralisation, à savoir si les remarques valables ici le seront dans d'autres cas.

La motivation et l'appropriation de la thématique par les élèves se sont révélées excellentes, puisque qu'ils ont mené le projet du début jusqu'à une première représentation alors qu'ils n'y étaient pas obligés.

Ensuite, les jeunes étaient acteurs de leur propre «développement», ou plutôt de leur propre apprentissage, puisqu'en quasi autonomie.

Enfin, l'adoption d'une démarche participative dans cette partie des activités du club n'a pas nuit à la qualité du travail effectué. De l'avis des chercheurs, professeurs et autres personnes ayant assisté à la représentation (dont le secrétaire de l'association Sénégalaise Kaddu Yaraax, organisant des festivals de théâtre-forum sur des thèmes de prévention), affiliés ou non aux

clubs JRD, le résultat était «excellent», de par son interprétation inventive et dynamique, ainsi que par la pertinence des informations véhiculées et les arguments utilisés.

Au-delà d'une efficacité potentielle de ce support, cette qualité pourrait être le signe d'une acquisition et d'une appropriation de connaissances sur la thématique, ainsi que de la pertinence de la méthodologie employée par les jeunes.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille