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L'indicible à porté du regard. Les nouvelles technologies: vers un au-delà de la scène ?

( Télécharger le fichier original )
par Yannick Bressan
Université Paris 3, Sorbonne nouvelle - DES 2003
  

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c) Entretien avec l'auteur / metteur en scène, Cécile Huet (voir biographie

Cécile Huet, annexes 13, page XLVIII).

Entretien réalisé par Yannick Bressan le samedi 2 août 2003

1/ Comment envisagez-vous Internet dans votre travail de metteur en scène?

Avant de répondre à cette question, il me faut pointer ce qui m'intéresse dans le fait même d'Internet. Point de vue qui évolue sans cesse depuis les premières créations d'e-toi le.

Au départ, le fait même de l'existence d'Internet, la certitude que l'outil ne reculerait pas, que nous nous y intéressions ou non, et le sentiment qu'il changeait notre rapport au monde et aux autres me sont apparus comme les raisons principales.

Au moment de la création de CN / CB, mes questions se posaient, d'une part, sur la relation entre l'image vidéo (partie extraite du réel) et la page web, virtuelle, qui l'entoure. Par l'intermédiaire des différents média utilisés sur Internet, son, image, liens hypertexte, un monde virtuel communique avec la comédienne, Catherine Tartarin. Le personnage qu'elle joue ne les voit pas et n'en connaît pas l'origine. D'autre part, sur la question du surf et du « clic » frénétique qui conduit l'internaute de page web en page web sans jamais se poser réellement sur l'une d'entre-elles. Jusque là, les projets réalisés étaient conçus pour la diffusion web et les spectateurs étaient des internautes exclusivement.

Depuis, ces réflexions m'ont naturellement amenée à définir différemment la façon dont j'envisage Internet dans une création. D'une part, il nous est apparu nécessaire d'ouvrir nos créations à des spectateurs, c'est-à-dire de concevoir un développement propre à la scène et un développement propre à la page web simultanément. C'est alors sur le croisement entre deux scènes, l'une réelle, l'autre virtuelle que joue l'utilisation d'Internet dans nos créations aujourd'hui. Par le fait même de la communication à travers l'écran, due à la symétrie entre moyens d'émission et de réception, ces deux scènes s'articulent l'une par rapport à l'autre.

2/ Comment est né le projet CN / CB?

Le projet est né de l'observation de la page web en elle-même et de l'activité du surf. Ce sont les possibilités artistiques des points de vue de l'univers sonore, textuel, « hypertextuel », graphique et vidéo qui ont motivé la naissance du projet.

3/ Comment avez-vous imaginé, écrit puis créé le texte de CN / CB?

Le texte a été très clairement imaginé à partir de la construction de la page web et le jeu qu'un acteur dans une salle, tout seul, pourrait avoir avec elle. Il était important pour moi de rendre sensible l'existence des différentes pages web et évidentes les différentes voies de narration possibles. Pour cela notre ponctuation possède la parenthèse et notre langue les conjonctions de coordination « ou » et de subordination « si », elles m'ont été très utiles. C'est donc dans un permanent aller- retour entre ce qu'il pourrait y avoir en ligne dans la réalisation finale et la façon de le transcrire sur le papier que la rédaction a eu lieu.

Une autre dimension s'est greffée. Celle de la relation entre le personnage principal et son univers et celui de la page web et de ses personnages virtuels. Petit à petit de la nécessité de cette rencontre est née la relation entre le fantôme et les personnages de l'espace virtuel. De leur contact physique impossible l'histoire de Côté noir / Côté blanc (Cf. annexes 8 page XVII, texte de cn/cb) a progressivement pris forme.

4/ Comment avez-vous travaillé avec la comédienne?

Nous avons d'abord essayé des pistes très différentes de celles finalement retenues. Je voulais travailler sur l'alternance entre des images posées, calmes et des images saturées par le mouvement. Cette alternance nous permettait de jouer sur une perte de la précision d'image d'autant plus accentuée par les pertes de qualité de la vidéo streamée (Cf infra, lexique, p. 80). Les débuts étaient, alors, très physiques pour Catherine.

Puis, nous avons repéré deux types de travail liés à la construction de l'image : celui du cadre et celui du cône. Le premier correspondait au travail de premier plan avec des profils et des gestes nets qui entraient visuellement en contact avec les personnages de la page web. Le second correspondait à un travail dans l'ensemble de l'espace du champ de la caméra.

Finalement, nous avons construit un plan séquence de 20 min, dans le champ duquel Catherine jouait et dont le temps était découpé par les changements de décor, d'écrans qui montaient et descendaient.

5/ CN / CB oeuvre théâtrale multimédia, création artistique pour le web ou projet

technique utilisant le théâtre comme argument? Quelle est votre définition de ce type de création?

Des trois propositions, les deux premières me parlent. Maintenant, comment définir précisément ce qu'est ce projet ? C'est plutôt à vous que je devrais poser la question!

CN / CB se trouve à la rencontre de nombreuses disciplines. Il recouvre celles du théâtre, du montage de la scène au travail avec le corps de l'acteur lors des répétitions, jusqu'à l'enregistrement dans les conditions du direct. Celui-ci est alors assemblé avec les animations de la page web. Nous sommes alors dans le cadre d'une création pour le web. Pour chaque diffusion un enregistrement et un assemblage ont eu lieu, faisant appel aux compétences graphiques et techniques relatives au format de la page-web.

Si cela vaut pour une définition, alors la voici. Il n'en reste pas moins que d'oeuvre théâtrale multimédia à création artistique pour le web, ces considérations de vocabulaire sont noyées dans ma tentative à faire émerger la mécanique profonde qui unit l'espace réel à l'espace virtuel.

6/ Est-ce pour vous une oeuvre aboutie?

Dès qu'elle fût réalisée, la mise ne scène de CN / CB n'a pas été considérée comme une oeuvre aboutie. Elle a été l'élément déclencheur d'une nouvelle façon d'envisager nos créations. Notamment, elle nous a immédiatement amenés à la nécessité de penser nos créations pour des spectateurs et des internautes simultanément.

Concernant plus précisément CN / CB, la dimension de parcours à plusieurs entrées, induit par le mini-site web dans lequel l'internaute surfe pendant qu'il visionne la création, me semble une piste à développer plus avant. La réflexion reste donc ouverte.

7/ CN / CB aura-t-il une suite?

CN / CB a été créée en 2001. Les projets que j'ai initiés avec d'autres artistes n'en constituent pas une suite. J'ai très vite pensé à une évolution ultérieure qui se réalisera vraisemblablement sans en être une suite directe. Elle sera conçue pour une scène réelle et virtuelle simultanément et jouera sur la double vision du spectateur et de l'internaute et notamment sur l'amputation de la réalité par le filtre du cadrage vidéo, pour une autre vision de la réalité sur la page web.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci