WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'indicible à porté du regard. Les nouvelles technologies: vers un au-delà de la scène ?

( Télécharger le fichier original )
par Yannick Bressan
Université Paris 3, Sorbonne nouvelle - DES 2003
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

c. Le metteur en scène.

Donnons, dans un premier temps, ce qui nous semble être la définition traditionnelle du metteur en scène : Une personne qui est chargée de la conception intégrale du spectacle, garant de l'unité artistique. Cette définition mériterait, bien entendu, d'être complétée pour être exhaustive. Notre propos n'est pas là. Nous souhaitons, ici, donner les grandes lignes du travail du « metteur en scène classique » et les comparer au travail du metteur en scène utilisant le levier réseau sur sa scène. Néanmoins nous compléterons notre définition du metteur en scène par celle donnée par le nouveau petit Larousse grand format en couleur : « Personne qui, pendant les répétitions d'une pièce, règle les mouvements de chacun des acteurs, la disposition des décors, etc. »

Les moyens ou les disciplines qu'il a à sa disposition et avec lesquelles il travaille sont :

- La scène (espace vide, en attente).

- Les comédiens (leur corps, leur voix, leurs sensibilités, leurs capacités à être présent sur une scène et à exprimer idées et émotions).

- La scénographie.

- L'éclairage.

- La musique (bande son, musiciens présent en « live »).

Voyons à présent, au regard de l'utilisation de l'outil (du levier) réseau sur la scène l'élargissement de la définition du concept de « metteur en scène ».

Jusqu'à maintenant l'utilisation d'écrans restait la plus part du temps dans les limites propres de la scénographie. La substitution de caméras à l'oeil physique du public entraîne, forcément, la transformation de la définition du public ou de ses rôles devant le spectacle. Dans ce cas-là (spectacle en réseau), l'écran (l'ordinateur)

devient la scène pour les spectateurs (Internautes), mais pour les acteurs, c'est un changement plus complexe qui s'opère. Pour eux, la scène reste le plateau au départ et devient un écran à l'arrivée.

Mais où donc le metteur en scène, afin de penser sa mise en scène, peut il situer le public ?

- Dans un « ailleurs » de la salle de théâtre.

- Dans un « ailleurs » du face à face public / plateau réel.

Ces deux points restaient le caractère essentiel de la définition d'une réalisation d'un programme de télévision123.

Jusqu'à maintenant on comprenait que « réalisateur » et « metteur en scène » étaient deux métiers clairement différenciés notamment par l'absence / présence, mais aussi par la différence temps / espace. Hors, c'est justement une des composantes de l'utilisation du « levier réseau » sur une scène de spectacle : l'ailleurs, dans un autre temps (hors lieu, hors temps) mais aussi le visible / invisible. Les frontières « metteur en scène » / « réalisateur » s'effritent et donnent, par l'utilisation du réseau sur la scène ou par la conception de spectacles exclusivement conçus pour le réseau, naissance à une autre dimension du travail de metteur en scène : la conscience et le travail d'un à côté de la scène, d'un ailleurs de la scène,

existant conjointement à la réalité scénique.

123 Pour les émissions de télévision filmées en direct et en public il n'y a face à face public / plateau qu'avec une partie du public alors qu'au théâtre la totalité du public assiste à ce face à face.

Conclusion de la deuxième partie
Vers une mise en abîme de « l'ailleurs » ?

Pour Lepage ou e-toile, un désir majeur semble motiver la création : représenter l'irreprésentable, rendre visible l'invisible. Il est certain que pour chacun, avec ses outils et sa sensibilité, « représenter c'est rendre présent l'absent »124 et de rendre présent le présent autrement. Ce désir d'accéder à cet « autre côté de la scène », cet « ailleurs que le visible » passe chez eux par l'utilisation de technologies. Cette utilisation ne prime pas, nous l'avons vu, sur le sens et la poésie du spectacle. Dans le cas de l'utilisation du levier vidéo sur le plateau la présence de la « scène écran vidéo » ou projection vidéo vient s'imbriquer avec des caractéristiques spatio- temporelles (autre temps, autre lieu) dans le temps scénique de la représentation. Le levier technologique en action sur la scène vient bousculer l'espace temps scénique. Qu'il s'agisse de vidéo ou du levier réseau, bien plus qu'avec tout autre levier, « l'ailleurs » en présence (révélé) sur la scène change de statut. Weissberg parle de « présence à distance »125 . C'est là, peut-être, que se cristallise la force et l'intérêt du « théâtre d'image » aujourd'hui. Nous avons vu précédemment que nous parlons, dans le cadre de l'utilisation d'Internet, d'un acteur physiquement « ailleurs » que devant nos yeux de spectateur-net, d'une scène intangible et pourtant là, présente, à distance. Wiener, le cybernéticien, parlait dans son livre Cybernétique et société du « doublage informationnel d'un corps pour le télé-déplacer (... )». Une anecdote de Wiener est, à ce titre, éclairante, celle de la première expérience de réalité virtuelle qui a été réalisée par la N.A.S.A à la fin des années 70. Dans cette expérience, nous sommes plus précisément dans la télé-robotique spatiale. Les mouvements d'un opérateur au sol étaient exécutés par son exo-squelette dans l'espace. Dans ce projet, on note que la simulation interactive et le déplacement informationnel étaient déjà très liés l'un à l'autre, ils étaient interdépendants. La proposition de Wiener nous laisse encore dans une vision réaliste. Aujourd'hui, la « virtualisation » ne reproduit pas forcément à l'identique, mais invente de nouveaux mondes, pour lesquels les codes de la représentation sont redéfinis. L'emploi sur la scène de tels outils ouvre sur cette dernière des « pans de réalités » dont la force, le

124 Debray Régis, Vie et mort de l'image, coll. Folio essais, Gallimard, 1997, p.49.

125 Cf. Weissberg Jean-Louis, Présences à distance, Edition l'Harmattan, 1999.

trouble et la séduction se situent dans l'absence. « L'ailleurs » du levier vidéo ou réseau ouvre une béance de l'ici vers un ailleurs autre que celui du plateau.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld