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L'indicible à porté du regard. Les nouvelles technologies: vers un au-delà de la scène ?

( Télécharger le fichier original )
par Yannick Bressan
Université Paris 3, Sorbonne nouvelle - DES 2003
  

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Conclusion :

L'architecte Leon Battista Alberti, durant la Renaissance, dit une phrase fort éclairante pour ce qui concerne notre « ailleurs » que le réel :

« Il fait grand bien au fiévreux de voir des peintures représentant fontaines, rivières et cascades. Si quelqu'un, la nuit, ne peut trouver le sommeil, qu'il se mette à contempler des sources et le sommeil viendra »126 . Il est intéressant de rattacher cette phrase à notre propos. Il y a donc une virtualité (peinture, image vidéo...) qui agit sur notre réalité, qui a la faculté d'accéder à notre actualité.

Est-ce le virtuel qui accède à notre réel ou, comme nous l'avons vu dans les exemples étudiés plus haut, nous qui plongeons dans le virtuel et nous laissons entraîner vers un ailleurs dont la carte a été dessinée par un metteur en scène ? C'est bien par et avec les leviers qu'il a à sa disposition (utilise) que le metteur en scène ouvre un autre espace / temps dans celui du spectacle.

Nous assistons donc, fréquemment, à des « incursions » de l'ailleurs sur les scènes de spectacle.

Nous avons identifié trois espaces / temps du spectacle dont la superposition conduit à la mise en abîme de la scène. Cette mise en abîme peut se comprendre comme suit :

· L'espace / temps du spectateur : espace temps déjà différent à celui de l'homme en dehors du théâtre bien sûr, car dans une position d'attente / réaction à un spectacle qui se déroule sous ses yeux. Ce temps est le plus proche de la durée réelle du spectacle. L'espace, quant à lui, est celui du siège du spectateur ou du moins le lieu physique dans lequel il est. Cet espace et ce temps sont soumis à des variations subjectives comme l'appréciation du spectacle, la disponibilité psychique, intellectuelle et physique du spectateur.

· Le deuxième espace / temps est celui de l'action dramatique, le temps de la fiction : l'espace et le temps de la scène et de son action dramatique sont différents de ceux du spectateur. Ils sont soumis aux ellipses narratives et aux

126 Paul-Henri Michel, La pensée de L.B. Alberti, Paris, Les Belles Lettres, 1930, p. 493.

sauts de lieux et de temps qu'appelle le texte ou sujet représenté. Comme pour le cinéma, des étirements temporels peuvent être imaginés. Ces « sauts spatio-temporels » existent dans pratiquement toutes les pièces de théâtre. Ils SONT (font) la fiction représentée sur la scène.


· Ce temps de l'action dramatique se trouve lui-même bouleversé par la présence en son sein d'éléments leviers portant en eux un espace / temps personnel, intrinsèque.

Il y a donc, pour résumer ce que nous venons de voir ci-dessus, trois temps dans la mise en abîme du lieu théâtral porté par le lieu théâtral lui-même. Le premier, la présentation, celui du réel des spectateurs, sorte d'antichambre entre l'extérieur du théâtre, la vie « profane » et celui de la scène.

Le second espace / temps en jeu est celui de la scène, celui de la représentation. Ce temps est celui du jeu, celui du spectacle. Le troisième espace/temps est celui de la re-représentation. C'est dans celui-ci que se situent les leviers étudiés ici. Ces leviers sont placés dans le drame au sein de la scénographie, la mise en scène, les personnages etc. et font le lien entre plusieurs états de conscience, « l'invisible rendu visible »127.

L'interpénétration de ces trois temps, donne au spectacle un statut de lisière parfois, nous l'avons vu avec les exemples de Lepage et d'e-toile, fort troublants, déclenchant une impression de « temps hors du temps ».

Cette impression se conçoit et se démontre par la physique et c'est le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine qui nous donne un élément de compréhension lorsqu'il nous dit que « Le tout est un peu plus que la somme des parties »128.

C'est en effet un ailleurs de la scène que souhaite pointer notre travail. Le spectacle est-il complet sans la conscience de cet au-delà ?

C'est la part manquante que les leviers pointent sur une scène de théâtre, l'existence sensible et troublante d'un au-delà de la scène sur la scène.

Il y a au théâtre une rencontre avec cet « ailleurs », cette autre dimension. Les
spectateurs attendent, consciemment ou inconsciemment, un échange avec cet

127 Peter Brook, L'espace vide, Le Seuil 2001.

128 Ilya Prigogine, Les lois du chaos, Champs, Flammarion, 1997, p. 8.

« ailleurs ». C'est probablement dans cette tension que réside une des grandes forces du spectacle vivant. Cette énergie, l'emploi de leviers sur la scène la met fortement en présence en plaçant le spectateur dans un temps « Au-delà de l'espace et du temps »129. C'est précisément dans la physique dite « nouvelle » que se trouve, certainement, une des propositions de définition les plus pertinentes de ce temps hors du temps dans un lieu « hors-lieux ».

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe