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Croissance economique et protection de l'environnement : le cas du CO2 au Sénégal

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par Mouhamadou Moustapha LO
Université Gaston Berger -  2008
  

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D / La question des externalités

Le concept a été énoncé par l'économiste F.PIGOU en 1920 (the economics of welfare). Il est très central en économie de l'environnement. On peut définir les externalités comme les effets positifs ou négatifs qu'entraîne l'activité d'un agent économique à l'extérieur de cette activité ou que subit cet agent en provenance de l'extérieur.

Pour illustrer cet effet, PIGOU se sert d'un exemple très simple et classique. Il s'agit de deux usines : l'une située au bord- en amont- de la rivière ; l'autre située en aval. Le premier rejette dans la rivière ses polluants chimiques ; alors que l'autre doit utiliser cette eau pour son fonctionnement. L'entreprise qui est à l'origine de la pollution de l'eau - qui a en, certes, besoin pour sa croissance - contribue ipso facto à l'alourdissement des coûts de production de toutes les entreprises qui utilisent cette eau.

9 On trouve ici une analyse semblable à la célèbre étude du pasteur Thomas Robert Malthus (Essai sur le principe des populations, 1798) qui avait énoncé la loi selon laquelle la population connaissait une croissance géométrique (2-4-8-16-...) tandis que la production agricole ne pouvait au mieux suivre qu'une croissance arithmétique (1-2-3-4-...) et en avait conclu qu'il fallait absolument empêcher la croissance démographique si on voulait éviter une désastreuse disette. Un autre classique, David Ricardo (Des principes de l'économie politique et de l'impôt, 1817) avait quant à lui expliqué en quoi le rendement décroissant des terres combiné à l'accroissement de la population devait amener l'économie vers un état stationnaire et sans croissance.

10 C'est un an après la publication de ce rapport que le monde a connu le premier choc pétrolier.

Par suite, elle entraîne indirectement des pertes de productivité pour ces entreprises. On dit, donc, qu'elles subissent une externalité dont la responsabilité est entièrement endossée par l'usine en amont. On peut, toutefois, les mesurer et faire payer l'entreprise pollueuse (voir annexe 1).

II / Les limites physiques et spatiales

On traitera, ici, le cas de l'empreinte écologique et de la thermodynamique.

A / La question de l'empreinte écologique

Développée au milieu des années 1990 par Mathis WACKERNAGEL et William REES, l'empreinte écologique se base précisément sur une telle conception de la durabilité forte. Sans toujours nous en rendre compte, nous avons en commun avec les tribus primitifs le fait que notre consommation exploite un « territoire » de la planète.

L'empreinte écologique d'une population est la surface de la planète, exprimée en hectares, dont cette population dépend, compte tenu de son mode de vie, pour ses besoins : en produits du sol (surfaces pour l'agriculture, la sylviculture) et en zones de pêche, en terrains bâtis ou aménagés (routes et infrastructures), en forêts capables de recycler les émissions de CO2 (empreinte énergétique) et plus généralement en surfaces d'absorption des déchets. La surface d'empreinte écologique peut être calculée pour l'ensemble de l'humanité, pour un pays, pour une région ou une ville, pour un ménage (sur la base de ce qu'il consomme), pour un poste de consommation finale (alimentation, logement, transport...), etc.

Cependant, plus un pays a une croissance forte et plus son empreinte écologique est importante. Par exemple, les Etats-Unis ont un PIB par habitant de quasiment 35 000 dollars et leur empreinte écologique par habitant est de presque 10 hectares. Alors que pour l'Inde ou la Chine ayant un PIB par habitant situé entre 0 et 5 000 dollars, leur empreinte écologique se situe entre 0 et 2 hectares par habitant. Il faut savoir qu'à ce rythme, il faudrait 5 planètes pour les Américains, 3 pour les Français et 1,2 pour le Monde. Ceci constitue bien un effet négatif de la croissance sur l'environnement et pourtant la croissance continue toujours de se faire à un rythme presque exponentiel, perpétuant davantage les craintes11.

11 Selon une les publications du rapport sur le développement dans le monde (1992), la production mondiale atteindrait les 69 billions de dollars en 2030. Et les pays sous développés connaitront une croissance de l'ordre de 4 à 5% et leur production quintuplera par rapport au niveau de l'année 1990. Donc autant de craintes et autant d'incitations pour agir impérativement dans les plus brefs délais.

B / Les lois de la physique face à l'environnement : la thermodynamique

On doit à Nicholas Georgescu-Roegen la réintroduction des aspects physiques de la production dans le champ de vision des économies. Il a mis en évidence les conséquences de la thermodynamique sur le développement des sociétés humaines12. La thermodynamique est, en effet, le domaine de la physique qui étudie les transformations de la matière et de l'énergie des systèmes macroscopiques. Les concepts de la thermodynamique sont d'une importance fondamentale pour expliquer les limites de la croissance économique actuelle.

1/ Notion de système fermé et système ouvert au sens de la science physique Un système est dit « ouvert » lorsqu'il échange avec son environnement ; dans le cas contraire on dit qu'il est « fermé ». La Terre est un système fermé sur la matière (échanges infimes avec l'univers : quelques météorites) et ouvert sur l'énergie solaire dont le rayonnement la traverse tous les jours.

2/ Entropie13 matérielle et croissance

Selon Nicholas Georgescu-Roegen, la terre étant un système fermé sur la matière, n'en échange pas, en conséquence, avec le reste de l'univers. Donc, l'énergie dans le système reste constante.

Par conséquent, l'utilisation des ressources entraîne une dégradation de l'énergie mais aussi une dissipation de la matière. La quantité de matière qui s'est dissipée mesure l'entropie du système (état du désordre). La matière est donc soumise elle aussi à la loi de l'entropie. En d'autres termes, Pour Nicholas Georgescu-Roegen, il y a un principe de dégradation de la matière. C'est pourquoi, soutient-il, que les limites physiques que rencontrera la croissance des sociétés industrielles résideront dans l'entropie matérielle, et pas seulement dans la disposition énergétique.

D'autre part, du point de vue de la thermodynamique, la matière-énergie absorbée par le processus économique, l'est dans un état de basse entropie et elle en sort dans un état de haute entropie.

12 En 1971, Nicholas Georgescu-Roegen, rattache explicitement sa conception du développement économique à la thermodynamique des systèmes clos de Carnot. Son livre fondamental The entropy law and the economic process effectue la percée décisive consistant à insérer le développement économique dans le flux énergétique de la biosphère.

13 En thermodynamique, l'entropie est une grandeur qui mesure la dégradation de l'énergie d'un système. Elle mesure le degré de désordre d'un système par rapport à son état initial probable.

Le processus économique d'un point de vue purement physique ne fait que transformer des ressources naturelles de valeurs (basse entropie) en déchets (haute entropie). A la suite de cette déstructuration de la matière et de l'énergie, les développements économiques actuels affectent ceux qui seront possibles aux hommes de demain.

Eu égard à ce principe d'entropie, on voit bien que l'économie actuelle ne peut poursuivre de façon pérenne sa croissance car les ressources - les intrants de la production- disparaissent au fur et à mesure de leur utilisation encore plus si cette utilisation est exagérée.

En somme, la croissance économique exerce des effets néfastes sur la nature et le Bien-être sans que cela soit pris en compte. Elle n'est donc pas toujours un bon indicateur. Mais, une autre question se soulève : la nature est-elle gouvernable ? C'est l'objet de la section suivante.

Section 3 : Les difficultés liées à l'administration de la nature

Evaluer les dégâts de la croissance peut être difficile mais gérer la nature peut être plus difficile encore. En effet, la nature est un monde de systèmes lents et difficile à piloter.

I/ La nature : un monde de systèmes lents et incertains

A/ Les incertitudes liées aux phénomènes naturels

Le monde de la nature est souvent déterminé par son caractère de mutisme. On ne sait pas véritablement ce qui peut découler de nos actes sur la nature.

1/ Une métrologie délicate

La métrologie appliquée à l'environnement se définit par toutes les opérations de mesurage ayant pour but de connaître les composantes de l'environnement. Elle ne se limite pas uniquement à l'instrument de mesure mais intègre aussi toutes les opérations nécessaires à la caractérisation d'un milieu : identification, définition, d'un mode de prélèvement représentatif du milieu, développement, installation et configuration des instruments de mesure, élaboration et traitement adaptés, restitution et interprétation des mesures effectuées, etc. Bref, les indicateurs environnementaux ont pour objet de quantifier les informations complexes et de les simplifier pour les rendre accessibles à un large public. Mais, les phénomènes naturels sont très fortuits et généralement très perplexes si bien que les indicateurs ne tardent pas à montrer leurs limites.

La grande difficulté réside, donc, dans la pertinence des paramètres à mesurer : difficulté d'apprécier un milieu à partir des données quantitatives quand les aspects subjectifs sont dominants. Il se pose donc un problème de crédibilité des estimations de sorte qu'en matière d'environnement on incite plus qu'on prédit.

De la sorte, le manque d'évaluation objective de l'état actuel des ressources est l'une des principales raisons du flou qui entoure actuellement le débat sur l'interaction entre l'environnement et l'économie. A cela s'ajoute le fait que les indicateurs ne sont pas spécifiques à tous.

2/ Les incertitudes sur les mesures a/ L'incertitude liée aux mesures et aux choix de modélisation.

Plusieurs modèles ayant la même vraisemblance peuvent donner des résultats très différents lorsqu'ils doivent prédire dans des conditions qui s'éloignent des conditions observées.

b/ L'imprévisibilité

Certains phénomènes ne peuvent pas être correctement modélisés, en particulier, ceux liés aux évolutions socio-économiques. Par exemple, les choix des individus, les résultats des négociations, des guerres, des modes et autres phénomènes collectifs ne pourront jamais être totalement prédits, en raison de la complexité des phénomènes, mais aussi parce que les prévisions influencent les choix futurs.

c/ Les choix éthiques.

Lorsque le modèle n'est pas uniquement un modèle prédictif mais est également normatif, qu'il doit donner pour résultat ce qui devrait être fait et non pas ce qui sera fait, alors les hypothèses portant sur l'objectif normatif influencent le résultat du modèle. Par exemple, il faut choisir le taux d'actualisation, le type d'objectif, les poids donnés aux différents objectifs, et aux différents agents, les critères d'efficacité et d'équité.

En définitive, les grandeurs mesurées dans le domaine de l'environnement sont, donc, très variables, très aléatoires et peuvent faire appel au simple dénombrement ou au contraire mettre en oeuvre les méthodes d'analyse les plus complexes.

B/ L'indétermination de la valeur des biens environnementaux

1/ Valeur et environnement dans la pensée économique a/ Les Physiocrates (entre autres, Quesnay 1750)

Pour les physiocrates, seul le travail du fermier avec l'aide de la nature produit un surplus ou une valeur nette. Toutes les autres occupations ne produisent que ce qui est nécessaire pour la reproduction de la classe en question. Le surplus étant seul l'apanage de l'Homme et de la nature, on voit bien la nécessité d'un investissement pour maintenir la fertilité du sol. Les règles du développement durable s'y trouvent déjà.

Dans un tel système, la nature est perçue comme source ultime de valeur productrice, le maintien de la fertilité des sols devient une limite absolue afin d'assurer la reproduction du système. La valeur de l'environnement, même si le terme n'est pas formellement employé, devient infinie car ne pas reproduire la fertilité du sol signifie la non reproduction du système.

b/ Les Classiques (début Adam Smith 1776)

Dans cette approche, une distinction s'opère entre valeur d'usage et valeur d'échange. La valeur d'usage est l'utilité ou la satisfaction que peut nous procurer un bien. Par contre, la valeur d'échange est la faculté que donne la possession de ce bien d'obtenir un autre bien en échange (possibilité d'échange qu'offre le bien). En d'autres termes, elle se définit comme étant l'explication des rapports d'échange entre les marchandises.

Ainsi, la valeur d'échange résulte de la confrontation entre l'offre et la demande. Elle est exprimée par le prix. Ici, la demande joue un rôle seulement en indiquant que le bien possède une valeur d'usage qui est pré-requise à la valeur d'échange ; la cause de la valeur d'échange exprimée par le prix sur le marché se trouve du coté de l'offre.

c/ Les Néoclassiques

A l'instar des classiques, les néoclassiques considèrent la valeur d'usage comme l'utilité. Mais ils intègrent la notion de rareté pour aboutir à ce qu'on appelle utilité marginale. L'utilité marginale est l'importance subjective qu'un individu rattache à la dernière unité d'un bien. Ainsi, le prix d'un bien est déterminé par l'utilité et la rareté. Dans ce système aussi l'environnement n'apparaît pas puisque ne faisant pas l'objet de transition sur le marché.

En somme, pour tous ces modèles de valeur d'échange, hormis ceux des physiocrates, la valeur de l'environnement comme tel, n'apparait pas car il n'est pas une marchandise, il n'est pas échangé sur le marché et n'a donc pas de valeur d'échange ou de prix. Il sera toujours postulé une rareté relative mais jamais une rareté absolue ou une limite absolue. La croissance se trouve, ainsi, sans limite absolue car il n'existe aucun facteur absolu limitant dans la théorie. La notion de développement durable de l'époque n'incluait, par conséquent, pas l'aspect environnement.

2/ Caractéristiques des biens publics

Les biens publics en particulier ceux concernant l'environnement se caractérisent par le fait que leur accès est ouvert à tous sans limites ni contraintes, de sorte que rien n'incite à les ménager. L'atmosphère, par exemple, est une ressource en libre accès. Elle n'appartient à personne. Par exemple, respirer un air pur, est très important pour tous, mais il est très difficile de persuader, a priori, quelqu'un sur sa pollution - alors qu'il pense que ceci restera toujours comme telle - encore moins de lui faire payer un prix pour y accéder.

D'autre part, il y a le caractère non rival et non exclusif des biens collectifs qui constituent des goulets d'étranglement à la politique environnementale. La non rivalité ou le caractère partageable d'un bien signifie que l'utilisation de ce bien par un agent n'en empêche pas l'usage simultané par un autre.

Quant au caractère non exclusif il faut en entendre le fait qu'il est presque impossible d'interdire l'utilisation de ce bien par un agent (par exemple l'éclairage).

Il est, ainsi, difficile de gérer convenablement ces biens qui en plus ne font l'objet d'aucune transition dans un marché et n'ont pas de prix aux yeux des individus. On comprend bien, alors, les propos de l'économiste Thomas Schelling lorsqu'il disait : « dans la vie , ce qu'il y' a de pire est gratuit ». Il ressort, dès lors, toute la sensibilité de l'environnement et toute l'importance que devraient porter les individus à son égard.

3/ Les défaillances du marché

Les raisons pour lesquelles certaines ressources - l'eau, les forets et l'air pur - sont menacées, alors que d'autres - métaux, minéraux et énergie - ne le sont pas, est que la valeur de rareté de celles-ci s'exprime dans les prix du marché, ce qui met en jeu la puissante force de substitution, de progrès technique et de changement structurel.

Un point important dans l'analyse classique et néoclassique est d'omettre le volet environnement dans le marché. En effet, tout se joue sur le marché et ce qui n'apparaît pas sur le marché n'est pas pris en compte. Or, l'environnement est externe au marché. C'est pourquoi, la littérature sur les dommages causés à l'environnement insiste lourdement sur les disfonctionnements de marché comme cause essentielle de la dégradation de l'environnement. Ces cas de disfonctionnement du marché surviennent lorsque personne ne détient les ressources considérées (les ressources naturelles ne font l'objet d'aucune propriété privée).

C/ L'environnement : un monde de systèmes lents

C'est après vingt-cinq ans depuis l'interdiction de l'usage du mercure dans les industries papetières Suédoises, que commença à être constaté un accroissement du taux de mercure dans les lacs suédois. Ceci pour montrer que la nature appartient au monde des systèmes lents, même si elle est dès fois capable d'oscillations rapides ou même brutales.

Ainsi, selon Jacques Theys14( dans son article paru dans le numéro 74-75, publié en 1994, de la revue Espaces et Sociétés) : « si d'un coup de baguette magique les pays du monde s'entendaient à stopper d'un seul coup leurs pollutions, il faudrait attendre encore un siècle pour voir la couche d'ozone retrouver son équilibre normal15, plusieurs centaines d'années pour que les océans perdent la « mémoire » d'un possible accroissement de température dû à l'effet de serre16, plusieurs décennies pour que la pollution saline déjà accumulée au Sud de la nappe phréatique Rhénane atteigne Strasbourg ou le Nord du Bas-Rhin ».

En résumé, l'environnement ne peut être évalué que s'il a un effet sur l'homme c'est-à-dire que si l'agent économique rationnel peut percevoir cet environnement. Si c'est effets ne sont pas pris en compte dans le marché, il faut s'efforcer de les intégrer directement ou indirectement. Quoique les effets de l'environnement se manifestent dans une longue durée, il faut nettement penser aux générations futures dont le Bien-être peut dépendre, en quelques sortes, de nos comportements d'aujourd'hui.

14 Centre de prospective et de veille scientifique, ministère de l'environnement et université de Paris I.

15 Compte tenu de la durée de vie des CFC (20 ans à un siècle) et du temps qu'ils mettent pour atteindre la stratosphère, où il attaque la couche d'ozone ; on estime que de ceux émis depuis 40 ans n'avait pas encore produit leur effets en 1994.

16 Le transfert méridien de chaleur qui s'opère dans la couche profonde des océans (1 000 à 5000m) joue sur une période de plusieurs siècles.

II/ Les difficultés liée à la gouvernance de la nature

Les perceptions des individus, la lenteur des cycles de vie des politiques et l'absence de consensus sur les ressources naturelles sont autant d'éléments qui rendent difficile la gestion de l'environnement.

A/ Les perceptions sur l'environnement

Quand on parle de l'environnement, certains ne semblent pas être directement concernés. Le phénomène est encore plus visible dans les pays en développement (PED). Plusieurs raisons expliquent cela. En effet, les PED sont interpelés très habituellement par d'autres priorités comme, entre autres, l'alimentation et la santé, de telle sorte qu'ils considèrent la lutte contre la dégradation de l'environnement comme une affaire révélant l'opulence ou le (luxe). Or, les individus qui sont les plus démunis sont souvent les plus tributaires des services environnementaux. Ils sont en rapport direct avec leur milieu naturel. Ils y tirent la quasi- totalité de leur revenu. D'autant plus qu'il est très difficile de demander à quelqu'un, par exemple, de ne pas couper du bois ou de ne pas manger les poissons parce qu'ils sont contaminés par les déchets toxiques alors qu'il n'a pas d'autres alternatives.

Donc l'environnement y est perçu comme un puits intarissable et sa protection relève, pour certains, d'un ordre somptueux plutôt qu'indispensable. Il semble toujours que la protection de l'environnement est inscrite dans une logique émanant du domaine de l'éthique plutôt que s'inscrivant dans un dialectique de rationalité économique. On constate que ça reste toujours un devoir moral que de vouloir protéger l'environnement.

B/ Le cycle de vie des politiques publiques

Jacques Theys propose une définition très simple du cycle de vie des politiques. Il le voit comme le délai qui sépare les premières manifestations d'un problème (dommages ressentis, réaction de la population, découvertes scientifiques) de sa résolution. En partant de cette définition il faut escompter dans beaucoup de domaines de l'environnement un délai de 30 à 50 ans avant de réagir, ce qui est considérable, compte tenu de l'irréversibilité des phénomènes environnementaux. Malgré cela, ce que l'on constate, c'est que même les politiques simplement correctrices appliquées dans ce domaine se singularisent par une durée de mise en oeuvre particulièrement longue.

Pourtant, rien que la prise en compte des « effets de retard » devrait inciter à anticiper les dégâts sur l'environnement et à prendre des mesures draconiennes. L'expérience historique montre que les politiques environnementales ont toujours été en retard d'une guerre, et se sont montrées peu capables de prévention. Par exemple, cinquante années séparent, le moment où les habitants de Los Angeles auront, pour la première fois, réagi violemment contre le « smog oxydant » et celui où le problème de la pollution automobile aux Etats-Unis pouvait être considéré comme « résolu ».

C/ L'absence d'un discours singulier concernant l'environnement :

1/ Conflits d'intérêts sur les ressources

Pendant longtemps les théoriciens de l'environnement ont tenté de persuader les agents économiques sur la fermeté de l'écosystème énergétique. Avec Daly (1991) une mise en évidence de l'état stationnaire économe de ressources naturelles a été observée. Mais le développement de la crise économique a conduit à relativiser la portée de ce type d'analyse.

Depuis lors, le débat sur les ressources continue à nourrir beaucoup de controverses. Pour certains, comme Nicholas Georgescu-Roegen, il n'y a pas de ressources illimitées ; toutes les ressources sont limitées. Aussi, soutient-il qu'aucun système humain ne peut avoir un rendement de 100%, toute transformation du milieu naturel s'accompagne d'une dégradation irréversible des ressources et aucun recyclage intégral ne peut se concevoir Ainsi, il jette les bases d'une nouvelle orientation de la politique économique basée sur une sobriété et une efficacité des techniques de production au lieu d'un bascule sur les ressources supposées renouvelables.

Pour d'autres, les classiques surtout, les ressources sont illimitées. C'est le cas de Jean B. SAY qui ajoute que si elles n'étaient pas inépuisables on ne les aurait pas gratuitement. A l'instar de J B. SAY, David Ricardo nous dit que les facultés originelles et impérissables du sol apparaissent comme un bien libre non menacé par les activités humaines.

Croissance économique et protection de l'Environnement
2/ Les divergences des positions

Ce qui rend plus incertains et plus imprévisibles les phénomènes naturels c'est la pluralité des débats. En effet, tous ne s'accordent pas sur les phénomènes environnementaux. Certains adoptent une position modérer tandis que d'autres sont radicales. Le club de Rome par exemple, exige une décroissance totale, alors que les partisans de la soutenabilité ou de l'hypothèse Gaïa apaisent leur discours en soutenant toujours la croissance mais en suggérant des systèmes permettant de la concilier à l'environnement. Nous développerons ces thèses ultérieurement.

Conclusion

Au terme de ce chapitre, nous retenons que la croissance économique est certes un levier sur lequel on peut s'appuyer pour promouvoir le développement, mais elle recèle beaucoup d'imperfections, notamment, en ce sens qu'elle ne prend pas en compte les aspects sociaux et n'incorpore pas la valeur du capital naturel, certes, difficile à mesurer mais intervenant directement dans l'activité économique. Aussi, la nature comporte-elle beaucoup d'équivoque qui à la longue limite sa gouvernabilité et rend difficile l'application des politiques environnementaux. Toutefois l'humanité a toujours su mobiliser ses forces pour résoudre les plus graves problèmes. Ceci pour dire que des solutions ne manquent pas. On peut bien allier croissance et environnement, c'est-à-dire un développement durable. Ce sera l'objet d'étude du chapitre suivant.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984