WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Problématique de la pauvreté et bidonvillisation en Haiti, le cas de Shada au Cap-Haitien

( Télécharger le fichier original )
par Banet JEAN
Université d'Etat d'Haiti - Licence sciences économiques 1999
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

DEUXIEME PARTIE :

LA QUESTION DE LA PAUVRETE EN

HAITI

CHAPITRE II :

CAUSES DE

LA PA UVRETE

SECTION 1. MODE DE PRODUCTION ET FAIBLESSE DE

L'ECONOMIE HAÏTIENNE :

L'agriculture joue un rôle central dans le développement économique parce que la majorité des pays pauvres tirent leur subsistance du sol. « Le seul moyen dont disposent les dirigeants- réellement soucieux du bien-être de leurs concitoyens pour améliorer la situation du plus grand nombre d'entre eux- est de les aider d'abord à accroître la productivité de leurs cultures alimentaires et commerciales et, ensuite, à élever les prix auxquels elles sont payées aux agriculteurs »42. Aujourd'hui, personne ne peut pas nier le rôle que joue l'agriculture dans l'économie haïtienne, malgré toutes ses lacunes. Dans un sens, nous pouvons affirmer que l'agriculture ne constitue qu'un secteur d'activité parmi les autres de la vie économique, mais c'est un secteur tout à fait spécial, vue son importance majeure en tant que facteur de production. Elle sert aux autres secteurs, auxquels elle est indispensable. Comme a fait remarquer par le Professeur Malcom Gillies « l'agriculture est le seul secteur à produire de l'alimentation. Pour survivre, l'humanité peut se passer d'acier, de charbon ou d'électricité, mais pas de la nourriture. Il existe des produits de remplacement pour la plupart des articles manufacturés, mais non pour l'alimentation. Un pays doit ou bien assurer lui-même sa production alimentaire ou bien de l'importer »43.

C'est un truisme de dire qu'Haïti est un pays essentiellement agricole, c'est-à-dire un pays qui ne vit que par son agriculture et de son agriculture. La primauté du secteur primaire est l'évidence même. Mais il s'agit d'une agriculture de « grappillage » ou de « rapine ». Ces expressions soulignent la faiblesse de l'économie agricole en Haïti. Selon Edouard Francisque, « cela tient à la complexité de noeuds de régression qui trouvent leur origine, d'une part, dans l'état archaïque de la technique, la baisse croissante de la productivité des sols par suite de la répétition séculaire des façons culturales inadéquates, dans l'éventail de plus en plus réduit des grandes denrées d'exportation qui autrefois faisaient la richesse du pays ; d'autre part, dans l'exiguïté croissante des parcelles cultivées qui, à chaque génération successorale, s'émiettent de plus en plus ; dans la prolifération minifundia qui gênent la culture extensive, la modernisation de l'agriculture et contribuent à la persistance d'un système anarchique de

42 Malcom Gillies et al, p.551

43 Ibid.

tenure du sol. Il faut ajouter à tout cela le peu de souci accordé par les pouvoirs Publics au développement agricole »44. A cette étape, il nous semble important de toucher le mode de production pratiqué en Haïti.

1.1 - Mode de production

« Le système agricole est mécanisé de façon très faible et est obligé, dans ce sens, de se soumettre aux conditions climatiques. La production agricole, en Haïti, dépend techniquement des facteurs de production : terre et travail, mais il convient de prendre en compte le taux de précipitation. Cela ne signifie pas que la pluie constitue un facteur de production mais elle influence très fortement les rendements (peu d'engrais utilisé) car la majorité des cultures sont pluviales. Cette situation tend à rendre précaire davantage la production nationale. Le pays a récolté 210 000 tonnes de maïs en 1994, soit un rendement de 808 kilos par hectare contre un rendement moyen mondial de 4330 kilos par hectare »45.

Avec une économie dominée par une agriculture traditionnelle de faible productivité Haïti dispose d'une économie fortement tributaire de son secteur agricole traditionnel qui continue de mobiliser la plus forte partie de sa main-d'oeuvre active (50,6% dans l'ensemble du pays et 68,4% en milieu rurale selon l'IHSI) et fournit environ 30% du PIB. Néanmoins, ce secteur a toujours souffert d'un manque cruel d'investissement productif et d'innovations. Les principaux produits vivriers sont : le riz, le maïs, les haricots, la banane et les tubercules. Tandis que les principaux produits d'exportations sont le café, le cacao, la mangue et les huiles essentielles... 46.

Faut-il bien que nous fassions relater aussi que l'économie urbaine est restée rachitique et liée

au commerce international, faible en volume en valeur et en part relative du produit intérieur brut47. En effet, la population haïtienne a vécu jusqu'à la fin des années 60 dans et d'une économie à prédominance agricole basée sur la petite exploitation paysanne de faible productivité. En fait, la diminution rapide de la fertilité de nos sols est imputable également aux pratiques culturales archaïques sur un relief des plus accidentés. « Dans sa lutte contre la rareté, le paysan est contraint d'abattre des arbres protecteurs, soit pour fabriquer du charbon de bois (principale source d'énergie du pays), soit pour alimenter le foyer des fours à chaux ou à briques, des « guildives » ou alambic, des boulangeries ou des « dry cleaning » ou des distilleries d'huiles essentielles, soit tout simplement pour implanter ses « places à vivre » qui

44 Edouard Francisque, p.99

45 Fred Doura, p.72

46 Jacob Sergot, p.5

47 CEPAL, Août 05, www.eclac.cl

assureront sa survie et celle de sa famille. La surpopulation entraîne une demande croissante de bois qui accélère les processus d'érosion et de stérilité des sols »48. « La structure agraire est un système de rapport de force, donc de lutte pour la captation du surproduit. Elle est caractérisée actuellement en Haïti par quelques 700 000 petites propriétés et dispersées, dont environ 89% ont 0,01 hectare et 2 hectares. Plus de 48% de ces exploitations disposent de moins d'une demi carreau (0,6 Hectare), généralement de mauvaise terre incapable d'assurer l'essentiel des moyens de subsistance pour faire vivre une famille. C'est pourquoi le paysan non propriétaire se préoccupe très peu ou pas du tout de protéger la terre ou d'accroître les rendements »49. Nous avons à titre d'exemple la pratique des « boucans », les incendies de vastes zones montagneuses au profit de la culture des graminées, des plantes à tubercules ou à racines fasciculées peu propices à la rétention des sols sur des pentes accidentées dépassant parfois 450 d'inclinaison, achèvent la ruine de nos terres qui perdent leur couche arable emportée par le ruissellement des eaux courantes. Il ne reste plus en beaucoup de zones que la roche mère sous-jacente et des débris rocailleux stériles impropre à la culture. « Plus de sept millions de tonnes de sol de surface annuellement sont charriés à la mer par les cours d'eau, soit quatre mille tonnes d'éléments fertilisants, perte équivalant à 160.000 dollars par an »50. Faut-il bien souligner que la production alimentaire, axée sur l'autoconsommation, n'arrive pas, dans bien des cas, à même couvrir la totalité des besoins alimentaires des gens à 50%. Sur le plan économique, la proportion de terre rentable ne doit pas être inférieure à 5 hectares, on doit reconnaître qu'avec moins que 2 hectares comme c'est le cas, en Haïti, le paysan perd son temps. Le rapport entre la portion de terre disponible et le nombre d'habitants (T/H) devient de temps à autres, difficile à réaliser, lorsqu'on compare la vitesse d'accroissement de la population avec l'accès restreint des habitants à la terre. Bien des travaux de recherches et d'analyses consacrés à l'économie haïtienne au cours de ces trois dernières décennies, ont révélé maintes réalités au chapitre du sous-développement de notre espace national. Il s'agit de l'existence de notre mode de production encore archaque (techniques rudimentaires, pratique de certaines formes de servage, tenure de la terre largement foncière, faiblesse de l'encadrement de la paysannerie) et de notre cadre écologique affecté par l'érosion pour ne contenir aujourd'hui qu'environ 1.5 % de ressources forestières. A ces réalités, il importe

48 Edouard Francisque, p.100

49 Fred Doura, tome , p.80

50 Edouard Francisque, p.100

d'ajouter aussi notre cadre institutionnel et juridique déficient, l'explosion démographique, la dégradation de l'environnement, la baisse de la fertilité des sols, l'aide alimentaire, manque ou absence de financement et d'infrastructure, ainsi que le degré d'analphabétisme de notre société qui compromettront encore longtemps tout vrai démarrage national (note de cours d'économie haïtienne).

1.1.1- Répartition des exploitations

« La question agraire posée au lendemain même de l'indépendance d'Haïti, malgré les divers traumatismes sociaux dont elle est responsable à titre principal, n'a encore trouvé de nos jours aucune solution adéquate. Elle s'inscrit en filigrane dans la trame de tous les bouleversements, de tous les conflits qui jalonnent plus d'un siècle et demi d'histoire nationale »51. En effet ce tableau peut nous donner une idée sur le comportement du paysan haïtien qui est toujours en butte aux tracasseries de l'administration, qui défend chaque jour, pouce par pouce, sa propriété constamment menacée. L'essor démographique, en faisant essaimer les cultivateurs sur les terres domaniales et même sur les « habitations » des propriétaires absentéistes, favorisa ça et là le développement de la petite propriété au cours d'un siècle et demi. Toutefois, la condition de propriétaire est des plus précaires. La commune renommée, le témoignage des voisins ou tout autre moyens de preuve à défaut de titres authentiques, aident le paysan à faire valoir ses droits de propriété. En fait, une perpétuelle insécurité et des craintes sérieuses de dépossession brutale freinent la volonté créatrice du paysan qui n'a aucun intérêt à aménager une terre qu'il risque de perdre à cause des conflits permanents de légitimité qui remettent en question la validité de ses droits.

Tableau 2.1- Répartition des exploitations en nombre de surface

Classes de

dimensions des exploitations

en carreaux

Nombre d'exploitations

% du nombre total

d'exploitations

Superficie

totale en

carreaux

% de la

superficie

totale

0,01 - 0,5 0,51 - 1,00 1,01 -2,00 2,01 - 4,00 4,01 - 10,00 plus de 10,00

293725 144270 110260 49370 16910 2175

47,6 23,4 17,9 8,0

2,7

0,4

94020 123855 175030 143390 99120 33980

14,0 18,5 26,1 21,5 14,9 5,0

Total

616710

100,0

669395

100,0

SOURCE: Doura, Tome I, p.82

De l'avis de Fred Doura « la taille des exploitations a tendance à diminuer encore davantage en raison d'une part de la croissance démographique et de l'achat de petites parcelles à la mesure du pouvoir d'achat des paysans qui ne peuvent trouver du travail dans un autre secteur de l'économie et d'autre part, en raison des « partages successoraux répétés » basés sur des droits qui accordent la distribution égalitaire de l'héritage entre l'ensemble des héritiers. Ce système a favorisé la petite propriété rurale, une structure foncière qui a retardé grandement la modernisation de l'agriculture et a handicapé lourdement l'industrialisation d'Haïti »52. Ces situations favorisent le développement de la pauvreté en Haïti. Cette dernière est liée, aussi, au ralentissement de la croissance économique qui est dû à la chute des investissements, à la baisse de la productivité et des exportations. Ce tableau ci-après va nous donner une idée plus claire sur la situation des exportations d'Haïti au reste du monde de la période allant de 1982 à 1990.

52 Fred Doura, Tome I, p.82

Tableau 2.2- Les principales productions en Haïti
1982 - 1990

PRODUIT

1982

1984

1987

1990

CAFÉ

179.4

228.9

182.5

76.7

HUILES ESSENTIELLES

28.4

28.2

14.5

1.9

PITE

8.6

0.9

18.7

21.4

SUCRE

-

2.5

22.7

18.3

VIANDE

8.6

1.8

-

-

CACAO

11.1

22.8

21.8

9.2

AUTRES

103.1

564.7

298.3

181.3

TOTAL

339.2

564.7

298.3

181.3

Source: BRH, 1987,1992

Ce tableau montre clairement que la croissance économique n'est viable que si elle s'accompagne d'une distribution équitable du revenu et de la satisfaction progressive des nécessités basiques de la population.

Nous pensons qu'il s'avère nécessaire de signaler que le contexte sociopolitique actuel est défavorable à la croissance qui devrait en temps normal, améliorer les conditions de vie de la population.

Nous devons insister sur le fait que, selon Fred Doura :

L'agriculture joue un rôle central dans le développement économique de tout Etat-nation, principalement en Haïti, car une forte majorité de la population tire leur subsistance de la production agricole. Ainsi les dirigeants haïtiens ont le devoir d'aider tous ceux qui travaillent dans ce secteur à améliorer, d'une part, leur productivité et le rendement spécifiquement de la culture alimentaire et commerciale, et d'intégrer, d'autre part, une politique de prix dans leur politiques économiques. Un pays comme Haïti, doit compter sur les ressources locales pour produire l'alimentation consommée par la population, particulièrement, urbaine ; d'autant qu'une croissance de la production peut faire

économiser les devises utilisées pour payer les importations des produits alimentaires et en même temps elle peut constituer un apport important de capitaux pour les investissements, source d'une croissance économique durable53.

Malheureusement, jusqu'à l'heure où nous sommes, on constate que le paysan est contraint de

travailler encore sur son lopin de terre de manière archaïque, faute d'un encadrement adéquat de la part des autorités responsables. Et, enfin, on voit le résultat qui n'est autre qu'une régression continue de la productivité, si on veut bien considérer les données statistiques allant de l'année 1982 à 1990. Cette tendance tend à perdurer davantage si on ne prend pas les mesures qui s'imposent.

1.1.2- Part des Importations dans la consommation nationale

« Le secteur agricole - déjà caractérisé par un très faible niveau d'équipement (donc, une faible intensité capitalistique) et de productivité (tant au niveau du facteur terre que celui de la main d'oeuvre) -s'amenuise de plus en plus. En outre, le secteur agricole n'est pas arrivé à remplir l'une de ses fonctions premières qui est d'alimenter une population en rapide croissance. Contrairement aux périodes précédentes, il a couvert en 1996 à peine 50% des besoins théoriques nationaux évalués à 1,77 millions de Tonnes Equivalent Céréales par la Food and Agriculture Organization (FAO) pour la même année; selon les estimations de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA); l'autre brèche étant comblée par les importations commerciales, la contrebande et l'aide alimentaire »54. Selon la Banque Mondiale, dans une année normale, « la production nationale fournit 59%, les importations 34% et l'aide alimentaire 7% des besoins caloriques d'Haïti »55.

53 Idem, Tome II, pp. 68-67

54 Jacob Sergot, p.6

55 Banque Mondiale, 1998, p.14

Tableau 2.3- Besoins alimentaires - Haïti

 

Tonne métriques

Calories en

(000 000)

Pourcentage de Calories

Besoins alimentaires

1 635 500

5 889 786

100%

Production nationale

900 000

3 241 800

55%

Aide alimentaire

100 000

360 200

6%

Importations commerciales

525 000

1 891 050

32%

Déficit alimentaire

110 000

396 736

7%

Source : Banque Mondiale, 1998

Cette insuffisance de la production nationale, malgré un faible surplus orienté vers l'exportation, s'est traduite par une augmentation continue des importations de produits alimentaires. En ces derniers temps, l'importation a pris des proportions importantes, sans une intervention rapide au niveau du secteur agricole, on risque d'enfoncer de plus en plus vers une dépendance accélérée qui va en retour renforcer notre état de pauvreté. Le tableau que nous allons présenter va donner une idée plus précise de notre point de vue.

Tableau 2.4- Estimation Des Importations/Consommation

PRODUITS

PART ESTIMEE DES IMPORTATIONS DANS LA CONSOMMATION TOTALE

RIZ

64%

SUCRE

85%

FARINE

100%

MAIS

5%

BANANE

1%

SORGHO

0%

POIS

20%

VIANDE DE PORC

27%

VIANDE DEPOULET

75%

OEUFS

78%

LAIT

56%

Source: IRAM & Group Croissance, 1998

Les besoins de consommation de la population et la non disponibilité des aliments créent un déséquilibre. Ce dernier, Selon Fred Doura, « oblige Haïti à importer des grandes quantités de denrées alimentaires environ 235 millions de dollars américains en moyenne par année de 1995 à 2000, ce qui représente près de 40% du total des importations. La facture alimentaire s'est alourdie année après année et elle constitue un sérieux obstacle budgétaire et politique au progrès et à la croissance. Ces taux annuels moyens ont continué de croître à un rythme accéléré dans les importations totales du pays. Cette accélération prouve largement comment

les mauvaises décisions de politique de l'Etat oligarchique haïtien ont causé la destruction de la production agricole nationale »56.

Dans le point qui suit, nous allons traiter la faiblesse de l'économie, afin de mieux cerner d'autres paramètres sur les causes de la pauvreté en Haïti.

1.2- Faiblesse de l'économie haïtienne :

« Haïti, est une superficie de 27 750 kilomètres carrés et ses [8.5] millions d'habitants, est un pays très appauvri, fort peu urbanisé, dont à peine 36% de la population vivent dans les villes. Environ 85% de la population économiquement active (PEA) survivent dans l'économie citoyenne-informelle. L'emploi, dans de l'économie officielle, reste limité, à moins de 10% de la population active. Le taux d'activité économique des femmes âgées de 15 ans et plus représente 57.7% du marché du travail en ce début du XXIème siècle. La dégradation de la situation économique est observable dans tous les secteurs tels que : le commerce, les revenus, l'emploi, la consommation privée, la production agricole et industrielle »57.

« On se rappelle qu'en 1950, Haïti se positionnait à la dernière place au classement des revenus per capita parmi les pays d'Amérique. Elle a gardé la même place depuis, alors que l'écart s'agrandissait entre elle et les autres pays de la région entre 1950 et 1980. C'est donc sur une toile faite de rachitisme économique et de retards importants au niveau de tous les indicateurs socio-économiques qu'Haïti a abordé un cycle de longue stagnation et de difficultés énormes à partir de 1981 »58 . Voyons entre autre l'évolution négative du produit intérieur brut (PIB).

1.2.1- Evolution du PIB

« Dans tout Etat-nation, les activités économiques sont exercées, habituellement, selon des
règles établies, que l'on peut caractériser de normes dominantes reflétant ainsi le secteur
officiel de l'économie : elles sont dites légales, soumises à des obligations déclaratives fiscales

56 Fred Doura, Tome I, pp.66-67

57 Idem, Tome II, p. 9

58 R. MONTAS, p.3

et sociales, c'est pourquoi elles sont comptabilisées dans le produit intérieur brut (PIB) et soumises à la régulation des pouvoirs publics »59. Il importe de souligner que le PIB, en soi, n'est pas une mesure complète pour expliquer le niveau de production d'un pays, car il ne tient compte que des richesses qui peuvent être évaluées sous forme monétaire telles activités marchandes assurées par le secteur privé ou les activités non marchandes mais financées par les prélèvements obligatoires. Ainsi, selon les études de Fred Doura, « le PIB ne reflète pas toujours très bien la mesure de la production du pays, puisque certaines productions telles que les production hors marché (préparation des repas, éducation des enfants, ...) ou la production réalisée dans le cadre de l'économie citoyenne-informelle sont exclues »60. Cependant, il reste et demeure un puissant instrument pouvant donner une certaine idée sur le niveau de productivité d'un pays. C'est ainsi que nous pouvons voir à la lumière des études menées par R. Montas que l'investissement total a représenté en « moyenne 17% du PIB vers la fin des années 1978. Il a enregistré une tendance à la baisse en passant de 18% en moyenne sur la période 1980/ 1987 à environ 14% en moyenne entre 2000 et 2003. Pour un pays au niveau de développement aussi faible, la croissance obtenue à partir d'un tel taux d'investissement aurait dû être beaucoup plus élevé, c'est-à-dire de l'ordre d'au moins 4 à 5% par année si la productivité était plus élevé alors qu'il y a été enregistré une croissance moyenne du PIB par tête de 2.1 entre 1987 et 2003 »61 . Plus d'un pense que cette situation a un rapport étroit avec les mauvaises gestions des ressources humaines et naturelles par les autorités responsables.

Nous voulons employer le terme propre de l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI), le produit intérieur brut (PIB) se nourrit des 3 trois branches d'activités de l'économie, à savoir: le secteur primaire, secondaire et tertiaire. On ne peut négliger aucun de ces secteurs, compte tenu de leurs poids, mais nous devons faire remarquer l'importance du secteur primaire avec ses diverses composantes (l'agriculture, la sylviculture, l'élevage, ...) ne représente plus en moyenne les années antérieures. Telles : « 31,92% (1995-1998) contre 38% pour les années 1985-1986 à 1989-1990, alors qu'il représentait 50% de ce même PIB dans les années 70. La tendance de ce secteur est donc très nette.

L'agriculture représente, à l'intérieur même du secteur primaire, 85,95% pour les années

59 Fred Doura, Tome II, p.21

60 Ibidem,, p.26

61 R. Montas, p. 4

1985-1986 / 1990-1991, 81,94% pour les années 1990-1991 / 1995-1996, et à 77,23% pour les années 1995-1996 à 1997-1998 »62.

Au niveau de ce sous-secteur, on constate une chute significative qui est, à notre avis, le résultat de plusieurs paramètres dont le manque d'encadrement des paysans ; quasiment, pas d'infrastructures ; l'isolement du milieu rural qualifié de « pays en dehors » où, selon Fred Doura, « habite les deux tiers de la population haïtienne, soit environ 5.2 millions de personnes et d'après la Banque Mondiale, 80% d'entre eux disposent d'un revenu en dessous du seuil de pauvreté, dont 66% vivent dans une extrême pauvreté »63. C'est dans cette optique que Kern l'a si bien fait remarquer en disant que « la société nationale ne forme pas un tout solidaire et interdépendant. C'est plutôt un ensemble stratifié, disposé en couches superposées avec subordination des unes par rapport aux autres. L'élite urbaine, qui s'est emparée des dépouilles de l'administration coloniale, s'arroge en pseudo aristocratie et réserve des prérogatives exorbitantes : détentrice du pouvoir politique et économique, elle domine le paysannat qu'elle soumet à une exploitation impitoyable. C'est l'apparition du colonialisme interne, qui prend le relais du colonialisme français »64. Selon Harry Salomon, la performance enregistrée dans l'agriculture est le résultat des effets combinés de la saison pluvieuse et de quelques investissements publics en matière d'infrastructures agricoles ( cité par Henri Bazin, p.39)

62 Henri Bazin, p.37-38

63 Fred Doura, Tome II, p.25

64 Kern, p. 203

Poids en Pourcentage des différentes branches à l'intérieur du secteur
primaire, de 1985 à 1998

Tableau 2.5-

 

1985-

1986-

1987-

1988-

1989-

Moyenne

Branches d'activités

1986

1987

1988

1989

1990

 
 

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

 

Secteur primaire

 
 
 
 
 
 

Agriculture

86.40

85.98

86.23

85.98

85.16

85.95

Sylviculture, élevage et pêche

13.31

13.60

13.34

13.66

14.46

13.68

Industries

0.29

0.42

0.43

0.36

0.38

0.37

Extractives

 
 
 
 
 
 

(Source : HENRI BAZIN p.305) Tableau 2.6-

Branches d'activités

1990-

1991

1991-

1992

1992-

1993

1993-

1994

1994-

1991

Moyenne

Secteur primaire

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Agriculture

84.84

84.50

82.65

80.13

77.59

81.94

Sylviculture, élevage et pêche

14.78

15.18

16.98

19.49

21.88

17.76

Industries Extractives

0.38

0.32

0.37

0.39

0.52

0.40

(Source: HENRI BAZIN p.305)

Tableau 2.7-

Branches d'activités

1995-1996

1996-1997

1997-1998

Moyenne

Secteur primaire

100,0

100,0

100,0

100,0

Agriculture

77.74

77.07

77.19

77.23

Sylviculture, élevage et pêche

21.98

22.29

22.14

22.14

Industries Extractives

0.58

0.65

0.67

0.63

Source : HENRI BAZIN, p.305

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault