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Problématique de la pauvreté et bidonvillisation en Haiti, le cas de Shada au Cap-Haitien

( Télécharger le fichier original )
par Banet JEAN
Université d'Etat d'Haiti - Licence sciences économiques 1999
  

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Section 3. PRESENTATION DE L'ENQUETE

Objet de l'enquête :

Nous nous sommes fixés comme objectif d'étudier la problématique de la pauvreté à SHADA, au Cap-Haïtien, tout en essayant d'identifier les facteurs socio-économiques afin d'y proposer certains éléments de solutions pouvant servir aux principaux décideurs du pays à résoudre ce fléau.

METHODE DES COLLECTES DES DONNEES

Il a été question pour nous de réaliser, de manière approfondie, une étude sur le problème de la pauvreté en Haïti, et d'une façon spécifique, à SHADA au Cap-Haïtien, par le fait que nous avons rencontré d'énormes difficultés de trouver des données disponibles pour mieux approfondir notre travail. Toutefois, des documents tirés au bureau de l'Institut pour la sauvegarde des patrimoines nationales (ISPAN / Nord) et des enquêtes de l'Institut Haïtien de Statistique et d'informatique (IHSI) nous étaient vraiment favorables. Nous avions dû, nous- même, mener notre propre enquête socio-économique auprès de certains ménages du côté de Shada I et II. Cette enquête était considérée comme le gros de notre travail et surtout, elle nous a permis d'aborder les habitants de cet immense bidonville afin de mieux cerner le problème que pose la pauvreté.

En somme, nous avons fait appel tour à tour aux méthodes suivantes :

o Investigation documentaire consistant à passer en revue des ouvrages, revues,
documents officiels et des sites Internet ayant rapport avec le sujet sous étude.

o Engager une enquête sur le terrain, construit à partir d'un échantillon et la tenue d'entrevue avec un questionnaire auto administré. Pour interpréter et analyser les données, nous avons fait appel à l'analyse statistique et celle de contenu.

Mise à jour du questionnaire

Ce questionnaire est le fruit d'un ensemble de recherches mené dans des documents émanant
de la part de ceux qui ont déjà réalisé des travaux similaires. Après être documenté, nous avons

compris la nécessité de monter le questionnaire qui comportait 30 questions, à travers lesquelles nous avons trouvé des informations concernant les conditions de vie socio- économiques des habitants de Shada I et II. Nous avons reparti le questionnaire en trois parties :

1. Aspect Démographique

2. Le mode de vie domestique

3. Questions aux responsables des écoles de la zone, relatives à l'état des écoles, le niveau académique des enseignants, financement, etc.

Après avoir construit le questionnaire, nous étions prêt à passer à l'étape de prétest.

Prétest du questionnaire

Nous avons beaucoup appris avec la réalisation du prétest. En effet, il nous a permis d'approcher 11 chefs de familles, dont 7 à Shada I et 4 à Shada II. Ces interviews administrées nous ont, aussi, donné la possibilité de mieux structurer notre questionnaire et y ajouter d'autres questions pertinentes constituant le questionnaire définitif.

Questionnaire définitive

Nous avons décidé d'ajouter 16 questions du questionnaire utilisé pour le prétest, c'est-à-dire un ensemble de 46 questions au total. Pour la compréhension totale des interviewés, nous avons rédigé notre questionnaire en créole. Une fois élaborée, nous n'avions qu'à utiliser les techniques d'enquêtes enseignées par les spécialistes du domaine. Le dépouillement des données nous ont permis de découvrir la manière dont ce bidonville a été construit, le milieu de provenance des gens, leur conditions de vie, éducation, ...

Enquête sur le terrain

L'enquête a été dirigée auprès de 70 chefs de famille. A cause de la mauvaise numérotation des maisons qui est le fruit des constructions anarchiques, nous avons dû recourir à la méthode de grappe, en lieu et place de celle de probaliste.

On a tout prévu, suivant la planification qu'on a élaborée. Le questionnaire étant codé à l'avance, on avait qu'à y insérer les chiffres.

CAUSES DE LA MIGRATION A SHADA

A travers notre travail de recherche nous résumons les causes de la migration en ce sigle intitulé F.E.S.E.P.

Tableau 3.1- Causes de la Migration à Shada

Causes de Migration

Quantité

Pourcentage

Economiques

26

37.14 %

Education

15

21.43 %

Santé

13

18.57 %

Raisons Familiales

11

15.72 %

Politique et Autres

5

7.14 %

Total

70

100 %

Source : Notre enquête 2006

Familiale : Lorsque le chef de famille se déplace, laissant sa famille à la campagne et après un certain temps la femme ou le mari est obligé de laisser le milieu rural pour s'installer au côté de son conjoint. Ces cas représentent 15.72 %, environ. Ils sont appelés à occuper les aires marginales où les logements et terrains coûtent moins chers.

Economique : Notre enquête menée auprès de ces gens nous pousse à constater que les migrants sont, pour la plus grande majorité, touchés par des problèmes économiques et cela constitue la cause la plus fondamentale. Cette situation persiste par le fait que les paysans ne reçoivent quasiment aucun encadrement auprès des responsables. Ils sont laissés pour contre. L'agriculture qui est leur source économique la plus fiable tombe depuis plusieurs décennies en

une situation lamentable. Les chefs de famille souvent accompagnés de leurs enfants et époux se sont obligés de s'émigrer en ville pour chercher le pain quotidien. Le seul endroit répondant à leur situation de misère est cette zone, située à proximité d'une part, d'une cité fraîchement établie dans la région appelée cité Fougerolles. L'établissement de cette cité a été rendue possible grâce à un prêt hypothécaire qui a été octroyé par l'Office National d'Assurance et de Vieillesse (ONA) aux anciens employés de la centrale sucrière Nord (WESCH) et le lotissement des terrains de Mme Georges Benjamin ; et d'autre part, tout près des grandes compagnies établies dans la zone, telles CONASA ET FOURGEROLLES. Malheureusement, avec la fermeture brutale de ces compagnies, leur espoir se passe en désespoir. L'absence d'emploi, d'éducation, d'encadrement, ... transforme ce lieu en un « enfer sur terre ». Il tire son nom de la Société Haïtienne Américaine de Développement Agricole qui a reçu le monopole de l'importation du caoutchouc et de sisal, produits fort demandés sur le marché de guerre nord américain81. Elle représente environ 37, 14 % des cas.

Santé : Les zones de provenance des habitants de grand bidonville, sont dépourvues d'hôpitaux ou de centre de santé pouvant aider les habitants lorsque le besoin est. C'est ainsi qu'on peut toujours constater un va et vient qui se pratique par le paysan qui habite à la campagne au sein des villes en quête de soin de santé. Ceux qui répondent à nos questions à Shada concernant les causes de leur migration représentent environ 18.57 %.

Education : La quête d'une bonne éducation est l'une des grandes causes de migration, selon la révélation faite par les habitants de Shada. Les personnes qui se déplacent à la recherche du pain de l'instruction pour elles-mêmes et / ou leurs enfants constituent 21.43 % des cas, en moyenne. Cette situation est due à cause des manques ou absences d'infrastructures scolaires dans les milieux ruraux. La personne qui est contrainte d'envoyer à l'école son enfant au Cap- Haïtien doit avoir un minimum financier afin de louer ou acheter une maison. Faute de ce minimum, il est obligé d'aller s'installer à ce quartier qui ne l'exige pas trop.

81 Gérard Pierre-Charles, Economie Haïtienne et sa voie..., p.91

POLITIQUE : Les autres cas comme celui de la politique s'élèvent à 7.14 %. Ce dernier s'explique avec les troubles politiques de 1986 où l'on pratiquait le déchoucage des chefs sections et les « adjoints » dans les milieux ruraux et des miliciens « les tontons macoutes » dans les villes. Ces personnes-là sont obligées de chercher des endroits plus ou moins propices afin de se faire protéger contre toute sorte d'attaque, c'est ainsi que les gens envahissent des terrains vides de la zone.

Tableau 3.2- Répartition des zones de provenance
des habitants de Shada

Aire

Quantité

%

Dondon

16

22.86

Bahon

9

12.86

Saint-Raphaël

12

17.14

Limonade

5

7.14

Grande Rivière du Nord

7

10

Ranquite

3

4.29

Limbé

4

5.71

Port-Margot

3

4.29

Marmelade

2

2.86

Né dans la zone

9

12.86

Total

70

100

Source : Notre enquête, 2006

Type d'Union constaté à Shada :

L'enquête nous révèle que plus de 24 % des familles sont séparées. Cela représente plus de 20 % des familles qui sont dirigées par des hommes et 26 % de celles dirigées par des femmes. Plus de 14 % des unions sont faites de façons régulières, soit environ 13 % de la situation des hommes et plus de 14 % chez les femmes. Selon l'enquête plus de 51% des chefs

de famille vivent en union libre, situation de plus de 34 des hommes et 39 %, le cas des femmes chefs de famille.

Tableau 3.3- Répartition des types de relations conjugales

 

Hommes

Femmes

Total

 

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Séparé

6

20.69

11

26.83

17

24.29

Marié

4

13.79

6

14.63

10

14.29

Concubinage

15

34.48

21

39.02

36

51.43

Célibataire

4

13.79

3

4.29

7

10

Total

29

100

41

100

70

100

Source : Notre enquête, 2006

- MAUVAIS LOGEMENT:

Au seuil du 21ème siècle où l'avancement de la technologie permet à l'homme de penser à la colonisation de l'espace, cette étude nous a permis de constater que la majorité des habitants vivant à SHADA croupit dans les conditions les plus primitives, qu'on pourrait même qualifier d'infrahumaines. Ils souffrent d'une pénurie de logements. Ils s'abritent dans des maisonnettes délabrées, mal construites et surpeuplées. La majorité des familles, composée jusqu'à 5 personnes, vivent dans une pièce de moins que 4 m2. Cette situation les oblige de pratiquer une stratégie communément appelée : «dòmi pa relèv». Ils construisent à proximité de la mer, sur des déchets, des bagasses, etc. Ces maisonnettes de désespoir représentent un véritable enfer sur terre, pourtant cela fait souvent l'affaire de certains dirigeants étatiques (politiques) ou des ONG quand il y a des catastrophes naturelles, telles, les inondations, etc.

Conséquences:

Les gens deviennent des «laisser pour contre». Ils cherchent à eux seuls à gagner le pain quotidien, sans aucun soutien social, ce qui encourage aussi le développement vertigineux du secteur informel. Ils forment aussi une cachette de clientélisme politique au service des politiciens (Déchouquage, manifestations, ...)

Autres conséquences: Propagation de la Tuberculose, Promiscuité, sida, beaucoup de victimes lors des inondations et autres.

Tableau 3.4- Répartition du niveau d'éducation des chefs de ménage

 

Hommes

Femmes

Ensemble

Niveau d'instruction

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Aucun

9

31.04

16

39.02

25

35.71

Préparatoire

5

17.24

7

17.07

12

17.14

4e - 6e AF

5

17.24

4

9.76

9

12.86

7e - 9e AF

3

10.35

5

12.20

8

11.43

3e Sec. -Philo

3

10.35

4

9.76

7

10

Université

1

3.45

1

2.44

2

2.86

Professionnelle

3

10.35

4

9.76

7

10

Total

29

100

41

100

70

100

Source : Notre enquête, 2006

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille