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Opportunités d'investissement, Gouvernement d'entreprise et Choix du type et de la maturité de la dette

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par Lilia GHARSALLAH
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax Tunisie - Mastère en monnaie, finance et économie internationale 2008
  

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Chapitre 3 : Les opportunités d'investissement et la structure financière

On a vu dans la section précédente le rôle du conseil d'administration dans l'atténuation des problèmes d'agence dans les firmes à fort potentiel de croissance ; et ce à travers sa mission de contrôle qui est renforcée par l'existence des administrateurs externes mais aussi à travers l'importance de l'instauration d'un plan de rémunération incitatif susceptible de pousser le dirigeant à maximiser la valeur de l'entreprise.

Par ailleurs, dans certaines situations les actionnaires peuvent contrôler indirectement le dirigeant en exigeant que certains projets soient financés, non pas par des fonds internes, mais en recourant à l'emprunt.

Certes, si le conseil d'administration ne peut pas toujours « intervenir » dans les politiques d'investissement il a par ailleurs des droits de contrôle sur les décisions prises concernant la politique de financement. Par la suite, il peut « dicter » des politiques de financement qui maximisent la valeur de la firme : Le conseil peut utiliser son contrôle de la politique de financement pour endetter la firme et dans ce cas, les actionnaires délèguent la mission de contrôle aux créanciers financiers.

En effet, selon Jensen (1986), en endettant l'entreprise, le dirigeant donne le droit aux créanciers de liquider la firme s'il n'y a pas remboursement du montant principal et des intérêts.

Cependant, bien que pour certaines compagnies l'endettement puisse contrôler les dirigeants et augmenter la valeur de la firme, il pourrait dans d'autres cas provoquer des distorsions dans les décisions d'investissement et par la suite réduire la valeur de la firme, Myers (1977).

Plus spécifiquement, les travaux antérieurs de Barclay et Smith (1996) et Hovakimian, Opler et Titman (2001) ont démontré que dans les firmes matures ayant des opportunités de croissance limitées, un endettement élevé peut ajouter de la valeur en contrôlant le problème de free cash flow, nommé la tentation des dirigeants de surinvestir dans des projets matures ou encore de faire des acquisitions de diversification. Mais dans le cas des firmes qui présentent de fortes opportunités de croissance avec plusieurs opportunités d'investissement rentables, le financement par dette peut amener à un problème très coûteux celui de sous investissement.

L'idée commune est que la dette pourrait avoir un effet positif ou négatif sur la valeur de la firme en fonction des opportunités d'investissement futurs de la firme.

On va dans une première section présenter l'endettement comme un moyen de résolution des conflits d'agence dans les entreprises à faible potentiel de croissance. Quant à la deuxième section, elle traitera les problèmes de risque moral causés par l'endettement des firmes ayant de fortes opportunités d'investissement ainsi que les solutions possibles à ces problèmes.

1. Endettement et contrôle du free cash flow dans les firmes à faible potentiel de croissance

Les firmes dont les opportunités d'investissement sont faibles connaissent des conflits opposant les actionnaires au dirigeant concernant l'emploi du free cash flow, Poincelot (1999).

Une situation de free cash flow existe lorsqu'une firme dispose de ressources d'un montant supérieur à la somme requise pour financer tous les projets d'investissements rentables. Il s'en sort que les firmes qui ont un q de Tobin supérieur à 1 sont supposées détenir des opportunités d'investissement rentables et par conséquent sont moins confrontées aux problèmes d'utilisation du free cash flow. Par contre, les firmes ayant un q de Tobin inférieur à 1 sont supposées avoir des opportunités d'investissement limitées et par la suite souffrent le plus souvent du problème de l'utilisation du free cash flow.

En effet, le dirigeant pourrait gaspiller le free cash flow afin d'augmenter la valeur de la firme et par conséquent sa rémunération ; comme il pourrait adopter une stratégie d'enracinement en réalisant des projets spécifiques à son savoir faire afin de conforter sa position. Selon Shleifer et Vishny (1989), et Morck (1990), le dirigeant est tenté d'accroître la dépendance des actionnaires à son savoir faire, même si ces investissements ne maximisent pas la richesse la richesse des actionnaires.

Cette idée a été développée par Jensen (1986) qui suggère que la fonction de la dette est plus importante dans les organisations ayant des perspectives de croissance faibles qui génèrent des free cash flows élevés. Le niveau d'endettement limite l'utilisation des fonds internes générés par la firme en forçant les managers à utiliser le free cash flow pour honorer leurs engagements contractuels avec les créanciers. En effet, en émettant la dette à la place des capitaux propres, le dirigeant donne le droit aux créanciers de conduire la firme à la faillite si elle ne rembourse pas les intérêts et les paiements principaux.

Par ailleurs, les résultats de Jensen (1986) vérifient l'idée que la notion qu'une dette additionnelle augmente l'efficience en forçant les organisations disposant des free cash free, mais ayant de faibles opportunités d'investissement, à distribuer le cash aux investisseurs et réduire ainsi les coûts d'agence du free cash flow.

Plusieurs recherches empiriques ont aussi validé la théorie de l'impact positif de l'endettement sur le problème de l'utilisation du free cash flow dans les firmes à faibles potentiel de croissance.

Harris et Raviv (1990) affirment que les dirigeants sont peu disposés à fournir l'information disponible car ils ne se comportent pas toujours dans l'intérêt de leurs investisseurs et par la suite ils ont besoin d'être disciplinés. En effet, selon Harris et Raviv (1990) la dette apparaît comme un mécanisme disciplinaire parce que le défaut de remboursement donne aux créanciers l'option de conduire la firme à la liquidation et génère une information utile aux investisseurs sur la situation réelle de la firme.

De même, les résultats de Denis et Denis (1993) sont aussi cohérents avec l'hypothèse que l'endettement joue un rôle considérable dans la limitation de la discrétion des dirigeants concernant les décisions d'investissement. En effet, l'endettement favorise une augmentation de la richesse des actionnaires qui est corrélée avec la réduction des dépenses en capital et la réduction du total des actifs si les firmes sont caractérisées par les problèmes d'agence qui conduisent les dirigeants à investir dans des projets à valeur actuelle nette négative.

Carpenter (1994) indique que les firmes ayant un q de Tobin faible et qui souffrent des coûts d'agence semblent avoir des caractéristiques qui donnent à la dette une fonction de contrôle positive sur les décisions d'investissement des dirigeants. Comme ces firmes sont des sur investisseurs parce qu'elles gaspillent le free cash flow en investissant dans des projets non profitables, la dette apparaît surtout comme un mécanisme de contrôle qui limite ce comportement des managers plutôt qu'une source de financement externe, et la nouvelle dette à long terme possède une  influence positive sur l'investissement pour cette catégorie de firmes.

On peut donc tirer de ce qui précède qu'en accroissant l'endettement, le dirigeant se trouve obligé à mieux gérer dans l'intérêt des créanciers financiers et de l'ensemble des parties prenantes y compris les actionnaires. En effet, l'endettement est profitable pour les actionnaires parce que d'une part, l'augmentation des engagements de l'entreprise vis-à-vis des créanciers financiers accroît la probabilité de faillite. D'autre part, le remboursement de la dette et le paiement des intérêts constituent des sorties de fonds obligatoires qui contraignent le dirigeant à ne pas gaspiller le free cash flow. Ainsi, les actionnaires contrôlent indirectement le dirigeant par l'intermédiaire de la structure de financement.

Par ailleurs, selon Johnson (1995), certes la dette fournit des avantages en matière de contrôle de free cash flow. Cependant, il suggère que ces bénéfices sont considérables seulement pour les firmes avec un niveau faible de croissance.

De même, Wu (2004) montre que bien que les firmes souffrant d'un problème de sur investissement possèdent des niveaux élevés de dettes, cette relation positive entre l'endettement et le free cash flow est beaucoup plus importante pour les firmes à faibles perspectives de croissance que pour les firmes disposant d'importantes perspectives de croissance.

Dans ce contexte, la deuxième section va traiter l'impact de l'endettement sur les opportunités d'investissement pour les firmes à fort potentiel de croissance.

2. Les firmes à fort potentiel de croissance et les problèmes de risque moral dus à l'endettement

La littérature a examiné la relation entre les choix d'endettement d'une firme et la composition de ses opportunités d'investissement. En particulier, la littérature empirique a documenté une relation négative entre la valeur marchande de la dette « market leverage » (mesurée en divisant la valeur de la dette sur la valeur de marché de la firme) et les options de croissance. Par exemple, Bradley, Jarrel et Kim (1984) et Long et Malitz (1985) ont montré que les industries avec de fortes opportunités de croissance ont un endettement publique faible. Long et Malitz (1985), Smith et Watts (1992) et Barclay, Smith et Watts (1995) tous ont mis en évidence une relation négative entre la valeur marchande de la dette « market leverage » et le « market to book ratio » qui est utilisé comme une proxy des options de croissance. Rajan et Zingales (1995) ont étendu cette analyse et ont montré que la relation entre l'endettement sur le marché et le « market to book ratio » est négative et significative à travers sept pays.

Ces travaux empiriques ont été motivés par plusieurs théories qui fournissent un lien direct entre l'endettement et les options de croissance. Par exemple, Myers (1977) suggère que les options de croissance ont une valeur collatérale  minime et sont sujettes au sous investissement. Parce que les coûts du sous investissement sont aggravés par des endettements élevés, Myers (1977) prévoit une relation négative entre l'endettement publique et les options de croissance. Par ailleurs, en raison de l'importante volatilité des actifs des firmes à fort potentiel de croissance et de l'asymétrie d'information élevée qui caractérisent ces firmes, le problème de substitution d'actifs évoqué par Stulz (1990) est plus important dans ce type de firmes. En effet, les dirigeants peuvent plus facilement substituer des projets risqués à d'autres moins risqués cherchant un rendement plus important aux dépens des intérêts des créanciers. Selon Hovakimian, Opler et Titman (2001), on peut conclure toutes ces théories en disant que les firmes devraient recourir relativement plus aux capitaux propres pour financer les opportunités de croissance.

2.1 Le problème de sous investissement

Le problème de sous investissement souligné par Myers (1977) survient lorsqu'une opportunité d'investissement se présente alors que la firme dispose des dettes non échues : Comme les actionnaires reçoivent seulement les cash flows qui restent après le paiement de la dette, ils ne vont accepter que les projets dont la valeur actuelle nette excède la valeur faciale de la dette. Par conséquent, le dirigeant va délaisser certains projets ayant une valeur actuelle nette positive s'il juge que le gain issu de ces projets pourrait être partagé entre les créanciers et les actionnaires de façon que les actionnaires ne vont pas recevoir un rendement satisfaisant.

Myers (1977) identifie un éventuel problème de sous investissement pour les entreprises endettées à fort potentiel de croissance. Parce que les opportunités de croissance ont la caractéristique d'être des options réelles pour les actionnaires et leurs dirigeants, la valeur future de ces opportunités est sujette d'une latitude managériale plus importante que la valeur des actifs en place. Les firmes présentant de fortes opportunités d'investissement pourraient probablement suivre des stratégies d'investissement sous optimales en abandonnant certains projets rentables.

En tenant compte de ces distorsions au niveau de la politique d'investissement causés par l'endettement, le fait de recourir à l'endettement pour contrôler le comportement opportuniste du dirigeant est désormais loin d'être un mécanisme de gouvernance efficace pour les firmes à fort potentiel de croissance. D'où l'hypothèse H3 : l'endettement affecte négativement les opportunités d'investissement.

En effet, selon Myers (1977), les firmes aya nt de fortes options de croissance devraient réduire au maximum leur endettement pour préserver leur flexibilité et profiter des opportunités de croissance rentables qui se présentent.

A part le problème de sous investissement le problème de substitution d'actifs est un autre problème de risque moral lié à l'endettement.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery