WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Opportunités d'investissement, Gouvernement d'entreprise et Choix du type et de la maturité de la dette

( Télécharger le fichier original )
par Lilia GHARSALLAH
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax Tunisie - Mastère en monnaie, finance et économie internationale 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre 2 : La composition du conseil d'administration et la politique de rémunération des firmes à fort potentiel de croissance

Ce chapitre traitera le rôle de la composition du conseil d'administration et de la politique de rémunération dans l'atténuation des conflits d'agence des firmes à fort potentiel de croissance.

1. La composition du conseil d'administration et les opportunités d'investissement de la firme

Le conseil d'administration apparaît comme un lieu de confrontation et de résolution des conflits entre actionnaires et dirigeants, notamment dans le cas des sociétés managériales où ce problème a une importance particulière, (Charreaux, 1997). Bien entendu, le conseil d'administration n'est qu'une composante d'un système de contrôle plus général.

En effet, en principe dans les sociétés cotées à capital diffus, les actionnaires délèguent le contrôle interne des principaux dirigeants au conseil d'administration. Ils ne conservent leur droit de contrôle que pour certains domaines restreints qui relèvent de la compétence des assemblés ordinaires ou extraordinaires tels que la modification des statuts, les modifications de capital pour les assemblés extraordinaires ; la distribution des dividendes, l'émission des obligations, etc.

En outre, c'est le conseil d'administration qui nomme, révoque et fixe la rémunération du président du conseil d'administration et des dirigeants généraux.

Dans cette section, on va s'intéresser au rôle du conseil d'administration comme un mécanisme de contrôle du dirigeant dans les firmes à fort potentiel de croissance. En effet, les firmes présentant de fortes opportunités d'investissement requièrent plus de contrôle parce que les dirigeants de ces firmes ont plus de discrétion, aussi bien dans la sélection des investissements que dans l'allocation des ressources entre les investissements.

Parce que la valeur des firmes à fort potentiel de croissance est dépendante des décisions d'investissement discrétionnaires des dirigeants, les actionnaires externes vont mettre en place des mécanismes ex ante, tel que la présence d'administrateurs externes dans le conseil d'administration, pour contrôler les décisions prises par la direction.

D'ailleurs, le rôle de gouvernance d'entreprise joué par les administrateurs externes a été le sujet d'un controverse dans la littérature académique et la littérature professionnelle (exemple Fama et Jensen (1983) ; Bhagat et Black (1997) ; Shleifer et Vishny (1997) ; Klein (1998)). Fama et Jensen (1983), parmi d'autres, argumentent que les administrateurs indépendants ou externes peuvent contrôler d'une manière efficiente et efficace en présence des problèmes d'agence quand la propriété et la direction sont séparées. Par exemple, Klein (1998) signale que les firmes remplacent de plus en plus leurs administrateurs internes par des externes. Les pressions externes des groupes tel que la presse financière défendent le bénéfice perçu des conseils d'administration totalement indépendants de la direction.

1.2 Les administrateurs externes et le contrôle des dirigeants

Le conseil d'administration a normalement pour fonction d'atténuer les problèmes d'agence entre actionnaires et dirigeants. Par conséquent, sa composition doit permettre une gestion efficace de la relation d'agence et accorder une place assez importante à des experts qualifiés. Dans la mesure où les dirigeants disposent de l'information la plus pertinente concernant les activités des sociétés, Fama voit qu'ils sont les plus compétents pour jouer le rôle principal au sein du conseil. Cette présence ne nuit pas à l'exercice de la fonction de contrôle du conseil du moment où il y a absence de collusion avec les dirigeants et que ces derniers ne contrôlent pas les autres administrateurs.

Cependant, en réalité, cherchant à maximiser leur fonction d'utilité au dépend de celle des actionnaires, les dirigeants exercent souvent une pression sur les administrateurs pour protéger leurs propres intérêts. D'où vient le rôle des administrateurs non - dirigeants qui est le contrôle des dirigeants.

Pour bien accomplir leur mission de contrôle au sein de l'entreprise, ces administrateurs doivent avoir les compétences nécessaires à l'exercice de cette fonction. La qualification des administrateurs externes doit être importante et ils devraient occuper normalement la majorité des sièges afin de pouvoir intervenir comme experts pour résoudre les problèmes particuliers et arbitrer les éventuels désaccords entre les dirigeants et les actionnaires.

Outre la compétence, l'absence de collusion est une condition nécessaire pour accomplir la mission d'arbitrage. Les administrateurs externes sont souvent, soit d'anciens dirigeants, soit des dirigeants d'autres sociétés; ce qui garantit la compétence, (Charreaux, 1997). Quant à l'absence de collusion, selon Fama, c'est dans l'intérêt des administrateurs non - dirigeants d'accomplir leurs fonctions en toute indépendance puisque ceci leur permet de maximiser la valeur de leur capital sur le marché des administrateurs externes.

Parce que la valeur des firmes à fort potentiel de croissance dépend dans une large mesure des décisions discrétionnaires des dirigeants, on va dans ce qui suit étudier le rôle de contrôle exercé par les administrateurs non - dirigeants dans ce type de firmes.

1.3 Le rôle de contrôle exercé par les administrateurs externes dans les firmes ayant de fortes opportunités d'investissement

Les dirigeants des firmes ayant de fortes options de croissance ont généralement plus de discrétion dans la prise de décision parce qu'ils sont mieux informés sur les opportunités d'investissement de la firme que les administrateurs externes. Par ailleurs, les décisions concernant les options de croissance sont prises sur la base des prédictions ex ante et dépendent dans une grande mesure du savoir faire managérial. Cependant, les résultats réalisés ex post pourraient être différents de ceux qu'on a prévus. C'est difficile dans ce cas de déterminer si les échecs ou les succès réalisés suite à l'exercice de ces options sont dus aux décisions managériales ou à des facteurs externes en dehors de leur contrôle, (Agrawal et Knoeber, 1996).

Par conséquent, c'est difficile de contrôler les actions des dirigeants des firmes ayant de fortes opportunités d'investissement, comme c'est difficile de déterminer si ce sont les actions des dirigeants ou plutôt les facteurs externes qui conduisent à réussir les options d'investissement.

C'est pourquoi peu de recherches ont testé la relation entre les opportunités d'investissement de la firme et le contrôle exercé par le conseil d'administration; et les résultats étaient conflictuels. Bathala et Rao (1995) et Hutchinson (2002) ont trouvé une relation négative entre la proportion des administrateurs externes et le taux de croissance de la firme. Au contraire, Hossain et Adam (2000) ont trouvé que le pourcentage des administrateurs externes est positivement lié aux opportunités d'investissement. Anderson et al (1993) ont trouvé que les firmes en croissance subissent des coûts de contrôle élevés en terme de charges des administrateurs et des auditeurs que les firmes dont les options de croissance sont limitées.

Selon Bathala et Rao (1995), une firme ayant de fortes opportunités d'investissement requière plus d'administrateurs internes dans le conseil d'administration pour intégrer les activités pratiques de la firme autour de ses stratégies. D'ailleurs, les résultats de Basinger et al (1991) suggèrent que les dirigeants sont plus motivés d'investir dans des projets incertains s'ils sont bien représentés dans le conseil d'administration et par la suite ils sont moins dépendants de l'évaluation et des jugements des administrateurs externes. En effet, les dirigeants de ces firmes préfèrent un conseil d'administration dominé par les administrateurs de la firme afin de garantir qu'ils sont évalués sur la base des options de croissance de la firme plutôt que sur la base de la performance actuelle de la firme.

Par conséquent, la relation négative entre les opportunités d'investissement et le pourcentage des administrateurs externes dans le conseil d'administration découle du fait que, comme les dirigeants des firmes présentant de fortes options de croissance sont les mieux informés sur ces options, il vaudrait mieux négocier un contrat qui permet au conseil d'administration de disposer des savoirs faire nécessaires pour évaluer les décisions discrétionnaires des dirigeants ; qui est un conseil d'administration dont la majorité sont des dirigeants.

En effet, les administrateurs internes ont une connaissance approfondie de la firme (son histoire, ses forces, ses faiblesses,...) et du secteur dans lequel elle opère (la concurrence, les cycles technologiques) et aussi ils comprennent bien le processus de gestion. Par conséquent, ils sont en mesure de faciliter la transmission des informations pertinentes au conseil d'administration. Par ailleurs, leur participation au processus de gestion leur permet d'accéder à des informations plus riches et plus fines reposant sur des critères subjectifs plus adaptés à l'évaluation de la compétence des dirigeants et de leurs initiatives stratégiques, (Godard, 1997)

Par contre, comme par définition les administrateurs externes ne sont pas en contact direct avec la gestion courante, leurs informations internes se limitent aux échanges qui ont lieu lors des réunions du conseil d'administration ; et par la suite ils manquent des informations subjectives requises pour apprécier pleinement la qualité du processus de décision des dirigeants. Par ailleurs, il est à noter que les administrateurs externes, bien qu'ils puissent avoir acquis une expérience dans plusieurs secteurs d'activités, ils peuvent manquer d'expérience concernant le principal secteur dans lequel intervient la firme.

Cependant, quand il y a une proportion élevée d'administrateurs dirigeants dans le conseil d'administration des firmes disposant de fortes opportunités d'investissement, il n'y a pas de mécanisme qui assure que les dirigeants exercent ces options au temps approprié. En plus, les dirigeants ont une discrétion plus importante en ce qui concerne les opportunités d'investissement. Ce niveau de discrétion pourrait conduire à un comportement opportuniste de la part des dirigeants (Hossain, Cahan et Adams, 2000). Ceci, en retour, pourrait conduire à une réduction de la valeur de la firme. Baber et al (1996) et Gul (1999) ont trouvé une relation négative entre les opportunités d'investissement et la performance de la firme. D'ailleurs, certains auteurs tels que Baysinger et Butler (1985) et Kesner et Johnson (1990) avancent que les liens unissant les administrateurs internes au dirigeant peuvent compromettre l'efficacité du contrôle lorsque l'opportunisme managérial est la cause de la mauvaise performance.

Par contre, s'il y a une proportion élevée d'administrateurs externes dans le conseil d'administration des firmes ayant de fortes opportunités d'investissement, il y a moins de discrétion managériale ainsi qu'une forte probabilité que les options de croissance vont être exercées ce qui conduit à une meilleure performance de la firme. En effet, conformément à la théorie d'agence, n'ayant pas d'intérêt direct dans l'entreprise, le jugement des administrateurs externes n'est pas biaisé et ils défendent généralement les intérêts des différents partenaires notamment les actionnaires.

Par conséquent, la relation positive entre les opportunités d'investissement et le pourcentage des administrateurs externes dans le conseil d'administration pourrait s'expliquer par le fait que, pour protéger leurs investissements dans la firme, les actionnaires et les créanciers vont exiger une proportion élevée d'administrateurs externes dans le conseil pour contrôler les actions des dirigeants. Par la suite, les coûts d'agence sont modérés et le contrôle efficient exercé par les administrateurs externes devrait assurer des décisions des dirigeants qui augmentent la valeur de la firme.

Dans cette recherche, on va adopter ce dernier point de vue qui suppose que la présence de fortes opportunités d'investissement rentables dans la firme requière un pourcentage élevé d'administrateurs externes dans le conseil d'administration. En effet, même si ces administrateurs externes ne disposent pas de certaines informations spécifiques concernant les projets futurs, leur présence dans le conseil d'administration sert à atténuer l'opportunisme managérial et favorise l'exercice des options de croissance susceptibles d'améliorer la valeur de la firme.

Par la suite, on prévoit une relation positive entre le pourcentage des administrateurs externes dans le conseil d'administration et les opportunités de croissance de la firme. D'où l'hypothèse H1 : Plus la valeur de la firme est représentée par les opportunités d'investissement, plus on a recours aux administrateurs externes pour contrôler le dirigeant.

Dans la section suivante, on va étudier le rôle incitatif de la politique de rémunération dans l'alignement des intérêts entre le dirigeant et les actionnaires dans les firmes à fort potentiel de croissance.

2. La politique de rémunération et les opportunités d'investissement

Les firmes ayant de fortes opportunités de croissance présentent un niveau élevé d'asymétrie d'information. En fait, selon Smith et Watts (1992), plus la valeur de la firme est représentée par les opportunités d'investissement (à l'encontre des actifs en place), plus les décisions prises par le dirigeant sont moins facilement observables. C'est difficile pour les actionnaires et les administrateurs externes qui n'ont pas le savoir spécifique du dirigeant et qui ne disposent pas d'informations internes de savoir exactement le menu des opportunités d'investissement valables pour la firme.

Par conséquent, le contrôle des dirigeants dans les firmes possédant peu d'actifs en place s'avère plus difficile et les actionnaires de ces firmes ont tendance à recourir fréquemment aux contrats d'incitation pour motiver les dirigeants à travailler conformément à leurs intérêts.

En effet, selon Smith et Watts (1992), plus la proportion des options de croissance dans la valeur de la firme est élevée, plus la rémunération des dirigeants est importante. Le même résultat a été confirmé par Gaver et Gaver (1993) et aussi par Collins, Blackwell et Sinkey (1995).

Smith et Watts (1992) donnent deux autres raisons pour expliquer la relation entre les opportunités d'investissement et la rémunération des dirigeants. D'une part, le savoir faire des dirigeants en matière d'investissement représente des ressources rares si l'on compare au savoir faire des dirigeants en matière de surveillance. En effet, la sélection des projets d'investissement nécessite une rémunération plus élevée que la surveillance des actifs en place déjà existants.

D'autre part, selon Smith et Watts (1992), les firmes présentant de fortes opportunités d'investissement sont probablement plus risquées que celles dont les opportunités de croissance sont limitées. Cette conjecture a été supportée empiriquement par Christie (1989) et Chung et Charoenwong (1991). Les dirigeants des firmes en croissance vont donc demander une rémunération totale plus élevée pour avoir subit ce risque.

A part le fait d'être plus payés, les dirigeants des firmes présentant de fortes opportunités d'investissement tirent une proportion plus large de leur rémunération des contrats d'incitation à long terme comme les primes sur objectif à terme, les restricted stock grants, les stock options, etc; pendant que le salaire fixe représente la part la plus importante dans la rémunération des dirigeants des firmes dont les opportunités d'investissement sont faibles, (Gaver et Gaver 1995).

D'ailleurs, selon Smith et Watts (1992), en général plus la valeur des actifs intangibles représente la part la plus importante de la valeur de la firme, plus la rémunération du dirigeant est reliée à cette valeur de la firme à travers des plans de rémunération incitatifs qui augmentent la variabilité de cette rémunération.

Il est à noter qu'il existe deux types de plan de rémunération incitatifs: des plans d'incitation formels et des plans d'incitation informels.

Les plans d'incitation formels prennent généralement la forme de bonus, stock options, stock appreciation rights, etc. Typiquement, ce genre de programme fait un lien explicite ex ante entre la rémunération du dirigeant et la performance de l'entreprise mesurée par le prix de l'action, le bénéfice par action, ou par d'autres mesures de performance. L'efficacité de ces programmes résulte d'un lien direct entre les actions prises par le dirigeant et la mesure de la performance.

Les programmes d'incitation informels, par contre, prennent la forme d'un réglage ex post. Dans ce cas, par exemple, le salaire du dirigeant pourrait être renégocié périodiquement sur la base de la performance précédente. Mais l'efficacité de cette renégociation du futur salaire dépend de la durée du contrat de l'embauche du manager. Par exemple, un dirigeant ayant 64 ans qui va obtenir sa retraite à 65 ans va être moins motivé par un plan annuel de renégociation de salaire. Par ailleurs, la renégociation annuelle est moins efficace s'il y a une rotation importante des dirigeants et donc il y a moins de raison de s'attendre à ce que les futurs dirigeants honorent à des contrats informels.

Ces problèmes encouragent l'utilisation des plans d'incitation explicites ou formels qui relient la rémunération du dirigeant à une mesure de performance qui reflète l'impact des décisions du manager sur la valeur de la firme.

De ce fait, plusieurs recherches montrent que plus la valeur de la firme est représentée par des options d'investissement intangibles, plus la firme tend à rémunérer le dirigeant selon un plan d'incitation formel. En effet, Smith et Watts (1992), (Gaver et Gaver 1993, 1995), Collins, Blackwell et Sinkey (1995) ont trouvé une relation positive entre l'adoption des stock -options et l'expansion des opportunités d'investissement.

C'est pour cette raison, on va dans ce qui suit présenter les stock options comme un mode de rémunération incitatif utilisé dans les firmes à fort potentiel de croissance pour aligner les intérêts des dirigeants à ceux des actionnaires.

2.1 Les stock-options et les opportunités d'investissement

Les stock-options ou les plans d'option sur action (POA) est un mode de rémunération incitatif qui est souvent utilisé par les firmes ayant de fortes opportunités d'investissement. Le mécanisme de base des plans d'option sur action est le suivant : « Les dirigeants et les salariés concernés (les cadres le plus souvent) se voient offrir par les actionnaires la possibilité de souscrire ou d'acheter des actions de leur propre entreprise, à un prix fixé une fois pour toutes et cela dans un certain délai (généralement 5 ans). Ainsi, en cas de hausse de la valeur du titre pendant la période du plan, le bénéficiaire a la possibilité d'acquérir ces actions à un prix inférieur à leur valeur du moment. Ce système est d'autant plus intéressant que ce gain peut bénéficier d'un traitement fiscal favorable », (Desbrière, 1990).

Par la suite, le dirigeant qui reçoit une partie de sa rémunération sous forme de stock-options aura un intérêt financier qui coïncide avec celui des actionnaires. Ceci l'incite à maximiser la valeur de l'entreprise dans laquelle il a une participation au capital puisque sa rémunération dépend de la performance de cette firme. Les stock-options représentent donc un mécanisme de gouvernance qui sert à attirer les équipes dirigeantes, les stabiliser et les motiver ; ce qui permet de réduire les conflits d'intérêt entre les dirigeants et toutes les autres parties prenantes (Desbrière, 1990).

L'importance de cette forme d'incitation est d'autant plus importante quand les firmes disposent de fortes asymétries d'information, tel est le cas des firmes ayant de fortes opportunités d'investissement. Comme le contrôle de ces firmes s'avère très difficile, la solution serait de motiver les dirigeants en instaurant des modes de rémunération incitatives à long terme qui accroissent le lien entre la rémunération des dirigeants et la valeur créée par la firme qu'ils gèrent. Ce type de contrat est établi en réduisant la proportion fixe de la rémunération, à savoir le salaire, et aussi la proportion à court terme tels que les primes mensuelles ou annuelles et/ou en augmentant la proportion variable ou flexible à long terme tels que les primes sur objectifs à terme, les actions, les options sur actions, etc.

On remarque d'après les recherches antérieures que, dans les firmes ayant un fort potentiel d'opportunités d'investissement, les stock - options sont souvent utilisés pour inciter les dirigeants à maximiser la performance boursière à long terme des actions.

En effet, Smith et Watts (1992) affirment que plus la valeur de la firme est fonction d'options de croissance, plus la firme tend à adopter un plan formel de rémunération incitative. Par ailleurs, ils trouvent que les firmes ayant de fortes opportunités d'investissement font recourt aux stock-options plus fréquemment parce que le contrôle des dirigeants est plus difficile dans ces firmes.

De même Gaver et Gaver (1993; 1995) trouvent que les firmes en croissance offrent à leurs dirigeants une rémunération plus élevée et adoptent plus des plans de stock-options comme mécanisme d'alignement des intérêts relativement aux firmes dont les opportunités de croissance sont limitées.

Par ailleurs, Yermack (1995) montre que les firmes privilégient d'autant plus les stock-options qu'il leur est difficile de contrôler et d'inciter les dirigeants à l'aide de bonus reposant sur des indicateurs comptables. En effet, d'après Smith et Watts (1992) le recours des firmes disposant de fortes opportunités d'investissement à des mesures boursières de la performance pour fixer la rémunération des dirigeants peut s'expliquer par le fait que les résultats comptables sont des indicateurs faibles des efforts des dirigeants en ce qui concerne les alternatives d'investissement puisque le système comptable ne prend pas en considération les opportunités de croissance qui ont un caractère intangible.

De leur côté, Haley et Roy (2002) affirment que les firmes en croissance adoptent des mécanismes de gouvernance particuliers pour motiver les dirigeants. En effet, de telles firmes doivent impérativement recourir à une politique de rémunération qui relie la rémunération à la performance de la valeur de l'action. Les dirigeants seront ainsi incités à entreprendre les décisions qui maximisent la valeur des actions de la firme.

Cette discussion suggère que comme le comportement des dirigeants n'est pas facilement observable dans les firmes à fort potentiel de croissance, le conseil d'administration a tendance à instaurer un mode de rémunération incitatif pour essayer d'aligner les intérêts du dirigeant à ceux des actionnaires.

En effet, les firmes qui présentent de fortes opportunités d'investissement accordent à leurs dirigeants des niveaux de rémunération totale plus élevés que les firmes dont les opportunités d'investissement sont limitées. En plus, pendant que les dirigeants des firmes ayant un faible potentiel de croissance reçoivent une grande partie de leur rémunération de leurs salaires fixes, ceux des firmes ayant de fortes opportunités d'investissement reçoivent une grande partie de leurs rémunérations des rémunérations d'incitation à long terme comme les stock-options. D'ailleurs, en faisant recourt aux stock-options pour rémunérer le dirigeant, les firmes à fort potentiel de croissance visent à aligner les intérêts des actionnaires au dirigeant et réduire par la suite les coûts d'agence associés à l'asymétrie d'information et au comportement opportuniste du manager qui caractérisent ces firmes. Par conséquent, on prévoit une relation positive entre la rémunération sous forme de stock option et les opportunités d'investissement de la firme.

D'où l'hypothèse H2 : Les firmes ayant de fortes opportunités d'investissement recourent fréquemment aux stock-options parce que le contrôle des dirigeants est plus difficile dans ces firmes.

Ayant abordé le rôle des mécanismes de gouvernement internes, à savoir le conseil d'administration et la politique de rémunération, dans l'atténuation des conflits entre les actionnaires et les dirigeants des firmes ayant de fortes opportunités d'investissement, il convient par la suite de traiter le rôle du financement externe, en tant qu'un mécanisme de gouvernance externe, en fonction du niveau des opportunités d'investissement de la firme et d'étudier la structure d'endettement des firmes à fort potentiel de croissance..

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard