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L'engagement des jeunes étudiants en politique

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par Sébastien Bugnon Dris Lyes
Université de Strasbourg - Master 1 Sciences politiques et sociales 2008
  

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2. Les raisons de ce niveau d'abstention

En 2006 et 2007, le CEVIPOF (Centre de Recherches Politiques de Science Po) réalise une grande enquête électorale académique : « Le Baromètre Politique Français » (BPF) qui est à ce jour le dispositif d'enquête électorale le plus complet jamais réalisé en France.16(*)

Pour cette enquête ; différents sociologues ont travaillé, et on peut trouver différentes raisons à ce niveau d'abstention chez les jeunes.

Tout d'abord, Anne Muxel, dans « les français et la participation politique »17(*) remarque, que le vote est de loin, toujours considéré comme l'outil par excellence d'expression démocratique, capable d'influencer les décisions politiques. Pour 59% des Français, c'est le moyen le plus efficace. Cette priorité accordée à l'acte électoral est d'autant plus forte que la population est âgée. En revanche, la référence au vote reste majoritaire mais de façon moins prononcée dans les classes d'âge les plus jeunes. Seul 53% des plus jeunes (18/24 ans) le désignent en premier choix.

Cela montre bien que plus d'un jeune sur deux estime que la participation lors des scrutins peut influer sur les décisions politiques.

Ce texte montre également que la manifestation est davantage privilégiée par les jeunes générations et apparaît en retrait dans les réponses des plus âgés. En effet, 20% des 18-24 ans la cite en premier. Cependant, la faible attractivité des partis politiques se confirme et les français n'accordent qu'une très faible place à l'activité militante.

La participation non conventionnelle excluant le vote l'est davantage par les générations les plus jeunes (32% des 18-24 ans). Même si la majorité des jeunes ne remet pas en cause les fondements de la démocratie représentative, organisés à partir de la décision électorale, une partie d'entre eux expérimente, selon Anne Muxel, d'autres modalités d'action.

a) La précarisation est-elle une cause de l'abstention ?

Selon différents sociologues, les jeunes sont les premiers touchés par la précarité, ce qui expliquerait leur méfiance vis à vis des hommes politique et de l'importance du droit de vote. La première cause de cette précarité ; le chômage chez les jeunes.

Selon le Mouvement des Jeunes Communiste de France (MJCF) le taux d `emploi des jeunes diplômés en 2009 serait de 30% contre 60 en 2008. De plus, toujours selon ce mouvement, le taux de chômages de 15/24 ans fin 2008 était de 21.2 % soit 650.000 chômeurs de moins de 24 ans. Enfin, ils argumentent sur le fait que 8% de ceux qui ont emplois perçoivent un salaire inférieur au seuil de pauvreté, soit 750 euros.

L'enquête du CEVIPOF cité plus haut permet un retour sur cette question. En effet ; Bruno Cautres et Sylvain Brouard ont écrit un article : « Chômage et attitude politique » traitant de la question.18(*) Ce document se réfère à diffèrent chiffres situant le chômage des jeunes (15/29ans) à environs 17%.19(*) La moyenne étant légèrement sous les 10 % pour l'ensemble de la population. Pour ces auteurs on trouve dans la tradition sociologique, deux idées centrales à propos de l'expérience vécue du chômage. Lazarsfeld en 1932 (Les chômeurs de Marienthal) avait déjà tracé les perspectives de ces deux idées qui sont :

« Le chômage est un `stigmate' qui marque de manière indélébile l'ensemble de l'expérience vécue des individus qui le connaissent : il y a un effet irréparable et durable de l'expérience du chômage même pour ceux qui retrouvent les chemins de l'emploi ».

«  Le chômage est envisagé comme un pan d'une situation forcément dichotomique opposant les chômeurs aux non chômeurs, non seulement du point de vue de leurs intérêts respectifs sur le marché du travail mais aussi du point de vue de leurs attitudes sociales et politiques ».

Selon Anne Muxel avec la collaboration de Viviane Le HAY, dans « La jeunesse dans la crise du CPE, un an avant l'élection présidentielle de 2007 : protestation, politisation, défiance, distance ? »20(*). Dans ce texte on trouve le graphique ci dessous qui montre le malaise politique et social des jeunes. Selon ces auteurs les jeunes partagent avec leurs aînés une « vision assez équivalente d'une France en déclin ».

Selon les auteurs, les jeunes ne font qu'accuser les tensions sociales et politiques entretenus par le chômage. Ils seraient plus traversés que leurs aînés par un conflit entre les valeurs et les idéaux et entre la reconnaissance de la nécessité de mener des reformes. Cela c'est vu lors de la mobilisation contre le CPE qui a mis sur le devant de la scène politique la jeunesse. Les jeunes sont de plus en plus protestataires et se font entendre dès qu'une réforme touche au système éducatif, aux formations ou à l'emploi.

Cependant pour Bruno Cautres et Sylvain Brouard, l' « effet chômage » aurait tendance à affecter davantage les personnes plus âgées. Pourtant selon une enquête réalisée lors de la vague 2 de ce Baromètre Politique Français, entre le 11 et le 26 septembre 2006, la variable de l'âge n'avait que peut d'incidence sur la préoccupation pour la question de l'emploi.

En effet 30.9 % des 18/24 ans cite l'emploi comme premier problème. La moyenne toute catégorie d'âges confondus étant de 32.9 %.

Dans leur conclusion, ces auteurs remarquent que « l'ampleur du chômage de masse en France et plus encore sa durée dans le temps a « banalisé » l'expérience sociale que la perte d'emploi constitue ». Dans ces études les auteurs trouvent de « nombreuses continuités entre attitude politique des actifs et des chômeurs ». Pour eux : « il n'y a pas de liaison très forte entre le vécu du chômage et des comportements d'action collective comme faire grève ou manifester ». En conclusion notre hypothèse de départ laissant penser que la précarité et en particulier le chômage sont des éléments déterminants de l'abstention et de la non-participation électorale, semble selon cette étude totalement fausse.

On peut constater en conclusion que le chômage et la précarité n'ont qu'un faible impact sur l'abstention, mais néanmoins cet impact n'est pas nul.

Le chômage et la précarité concernant également les étudiants en particuliers ceux dont les parents ne peuvent subvenir à leur besoin, il nous semblait logique que le rapport des étudiants au chômage avait les même effets que pour les non étudiants.

Pourtant, selon Annick Percheron, dans « La socialisation politique »21(*), la situation sociale des jeunes serait caractérisée par la précarité. Ils seraient touchés par l'allongement de la durée des études, du chômage ainsi que de la précarisation de l'emploi. Ainsi pour Anne Muxel, cela expliquerait que la socialisation politique des jeunes est plus « expérimentale » et ce tournent d'avantage vers des actions concrètes et ciblées, par exemple le CPE, les manifestations anti Le Pen...

De plus selon de nombreux auteurs les jeunes seraient moins politisés et moins confiants dans la politique, en particulier envers les hommes politiques.

Avec le sondage que nous avons réalisé, nous estimons que les personnes dans les situations les plus précaires sont les boursiers. Bien entendu ce ne sont pas les seuls, mais le fait d'être ou non boursier est un indicateur du niveau de ressource.

Donc, nous avons comptabilisé le nombre de répondant boursier ; celui-ci est de 32, soit environ le tiers des répondants. On peut à présent ce demander si ces étudiants boursier sont plutôt ou plutôt pas politisés.

Sur ces 32 personnes, 9 ont refusé de dire de quel parti ils se sentent le plus proche, soit 28,12% des étudiants boursier.

De plus, sur ces 32 étudiants, seuls 7 déclarent regarder « souvent » ou « très souvent » des émissions politiques, soit 21,87%.

8 étudiants ont déjà assistés à un meeting politique, soit 25%.

Enfin ils sont 23 à déclarer s'intéresser « assez » ou « beaucoup » à la politique, soit 71,87%.

Néanmoins pour que ces chiffres signifient quelque chose, il faut les comparer avec les 64 non-boursiers.

Si 28,12% des étudiants boursier ont refusé de dire de quel part ils étaient proches, chez les non-boursiers, ils sont : 19 sur 64, soit 29,68%, un chiffre légèrement supérieur à celui des étudiants boursiers.

Ils sont 27 sur 64 à déclarer regarder « souvent » ou « très souvent » des émissions politiques, soit 42,19% ; soit beaucoup plus que les étudiants boursiers.

20 étudiants on déjà assisté à un meeting politique, soit 31,25 %, soit plus de 6% de plus que les étudiants boursiers.

Enfin, ils sont 47 à déclarer s'intéressé « assez » ou « beaucoup » à la politique, soit 73,43 % ; une nouvelle fois au-dessus des étudiants boursiers.

D'après les chiffres que nous venons de voir, nous pouvons penser que même si le fait d'être boursier n'est pas un élément de dépolitisation, il semblerait qu'il soit au moins un élément de moindre politisation (en tout cas d'après les résultats du sondage que nous avons effectué).

* 16 http://www.cevipof.msh-paris.fr/bpf/barometre/bar0.htm

* 17 Anne MUXEL, « Les Français et la participation politique », Baromètre politique français, 2e vague, CEVIPOF, 2006, 7 p.

http://www.cevipof.msh-paris.fr/bpf/barometre/vague2/v2-synthese/BPF-V2_%20Muxel_ParticipationPolitique.pdf

* 18 Bruno Cautres et Sylvain Brouard « chômage et attitude politique», Baromètre politique français, CEVIPOF, 2007

http://www.cevipof.msh-paris.fr/bpf/barometre/vague2/v2-synthese/BPF-V2_Brouard-Cautres_ChomageEtAttitudes.pdf

* 19 Taux de chômage de 16.7% en 2003 ; de 17.4 en 2004 et 17.3 en 2005

* 20 Anne Muxel avec la collaboration de Viviane Le HAY, dans « la jeunesse dans la crise du CPE, un an avant l'élection présidentielle de 2007 : protestation, politisation, défiance, distance ? »

http://www.cevipof.msh-paris.fr/bpf/barometre/vague1/synthese/BPF-V1_R01_AM.pdf

* 21 Annick Percheron, « La socialisation politique », édition Armand Colin, collection U, paru en décembre 2007

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