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Partenariat et médiation commerciale: la situation de la société d'état québécoise.

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par Souhail CHALOUHI, Ing; PMP; LL. M.
Université de Sherbrooke - Maà®trise en Droit 2008
  

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3.2.6 Les forces (satisfactions) du mode alternatif

En outre, les acteurs voient dans le processus de la médiation un avantage en raison de la possibilité de faire intervenir dans le dossier un tiers avec des compétences techniques compatibles avec la nature du conflit. De cette façon, les gestionnaire se sentent rassurés de voir un médiateur qui maîtrise le domaine du conflit et qui est en mesure de les écouter et comprendre leurs besoins, ce qui n'est pas le cas dans un processus judiciaire. Cette situation s'inscrit par l'insuffisance de la justice de répondre aux besoins des citoyens qui réclament de plus en plus de faire intervenir d'autres normativités que celles du monde judiciaire afin qu'ils puissent donner un sens à toute solution du différend.

Par ailleurs, un autre acteur a vu un aspect négatif dans la présence d'un ex-juge comme médiateur lors d'un conflit vécu, car il a agi selon son cadre de référence judiciaire et a usé de son autorité de juge et de ses arguments pour convaincre les parties de la meilleure solution selon les circonstances. Cette perception témoigne de la méconnaissance du processus de la médiation qui est souvent attribué à un processus judiciaire sauf qu'il est volontaire et non contraignant, et permet à un tiers de jeter sur le conflit un regard extérieur différent de celui des personnes impliquées directement dans le conflit. Ce qui explique que les gestionnaires s'attendent à ce que le médiateur fasse plus que de la facilitation en intervenant pour convaincre les parties à adhérer à une entente qu'il considère la meilleure dans les circonstances.

135Jean-Pierre Bonafé-Schmitt. La médiation: une alternative à la justice, page 146.

Les acteurs sont unanimes pour dire que, même si le processus n'aboutit pas à une solution, il permet toutefois de voir le différend sous un nouvel angle afin que les parties reconsidèrent leur position respective. Cette façon de voir le processus rejoint la conclusion du comité ontarien chargé d'évaluer le recours obligatoire à la médiation, à savoir que le fait de rendre obligatoire le processus, même s'il est volontaire, a eu des retombées positives sur l'accélération du règlement des conflits.

3.2.7 Les faiblesses (déceptions) du mode alternatif

Cependant, les acteurs sont unanimes pour dire que le processus doit demeurer sous la gouverne et sous le contrôle de la société d'État. L'analyse des discours dégage une crainte de la part de la société d'État de se départir d'un pouvoir qui lui revient comme entité publique qui joue un rôle, aussi noble et prestigieux, que celui du fiduciaire du bien commun. Ainsi, la majorité des gestionnaires rencontrés considèrent que la bonne gestion des fonds publics appartient à la société d'État et non au médiateur. Par conséquent, tout processus en vue d'un règlement demeure sous son contrôle et en dehors de la place publique. Cette façon de concevoir le processus de règlement s'explique, selon la recherche documentaire, par une culture profondément enracinée à l'effet que la société d'État est assujettie au Droit administratif québécois qu'on associe au Droit administratif français dont l'origine remonte à la monarchie. Comme disait madame Louise Lalonde, professeure : « À un certain égard en France, on a remplacé la monarchie par la république, mais on a gardé ses lettres de noblesse. »

Cette analyse de la perception des acteurs clés révèle que les décideurs conçoivent la médiation comme un mode de gestion des compromis sur les positions des parties en conflit où toute recherche de solution est faite dans le cadre de la normativité juridique, à savoir le contrat, la loi et les règlements en vigueur. D'une certaine manière, les acteurs associent la médiation à un processus quasi-judicaire où il est indispensable que les parties soient accompagnées par leurs procureurs respectifs. En plus, ils croient que le médiateur détient une obligation de résultats qui se présente par une entente de règlement où tout échec ou réussite est imputé au médiateur. Il appert que le processus est souvent vu à travers les médiations décrétées par le gouvernent pour régler un conflit de travail qui perdure. Par conséquent, les acteurs craignent qu'en acceptant de participer à un processus géré par un médiateur externe, la société d'État concède à un tiers un pouvoir qui lui

revient comme entité publique qui joue un rôle, aussi noble et prestigieux, que celui du fiduciaire du bien commun.

Or, le nouveau contexte impose à Hydro-Québec un défi de taille en raison de la pénurie qui se pointe à l'horizon dans le marché de la construction et des revendications sociales qui se font entendre lors de la réalisation de ses projets de développement. Elle doit donc assurer une bonne gestion de la chose publique et participer au développement du Québec comme un bon citoyen corporatif. Pour cette raison, elle a senti le besoin de modifier ses politiques pour favoriser une relation d'affaires à long terme, fondée sur la confiance, le partage de risque, l'équité, l'intégrité et la transparence qui sont essentielles à l'administration des fonds publics. En conséquence, il est nécessaire d'adopter un mode de règlement des différends commerciaux compatible avec cette vision de partenariat et en conformité avec ces valeurs mises de l'avant par la société d'État.

D'où un modèle de médiation comme celui d'Ury et Fisher qui est le plus indiqué, et dans lequel une solution sera recherchée en se basant sur les intérêts et les valeurs communs et les relations à long terme, en considérant le conflit avec toute son amplitude. De cette façon, on pourra régler le litige et ses causes profondes par la convergence des normes juridiques, de partenariat d'affaires et d'éthique propres à la gestion de la chose publique. D'abord, la norme juridique, qui est le contrat, sera évoquée pour qualifier le litige et ses conséquences. Elle peut être employée pour situer le droit de chacune des parties en litige ainsi que ses obligations contractuelles.

Ensuite, comme dans la plupart des cas le litige est issu d'une mauvaise pratique qui se perpétue depuis longtemps de part et d'autre des parties, des solutions peuvent être discutées afin de prévenir d'autres conflits dans le futur. Ainsi, dans une médiation où on cherche une solution, le fournisseur, en l'absence du rapport de forces, peut faire part ouvertement de ses doléances relatives aux documents contractuels ambigus et aux clauses jugées abusives dans un contrat par adhésion comme celui d'Hydro-Québec. De même, Hydro-Québec peut trouver une solution qui saura à la fois répondre à ses contraintes en matière d'échéancier et de qualité tout en tenant compte de la préoccupation de son partenaire, lui permettant de prospérer et de demeurer sur le marché. De la sorte, elle assure du même souffle sa sécurité d'approvisionnement en équipements stratégiques.

D'autre part, la présence d'un tiers neutre crédible, dans une médiation, rassure le corps social d'une intégrité de gestion et écarte toute apparence de favoritisme ou de conflit d'intérêts, ce qui n'est pas le cas lors d'une négociation bipartite. Quant à l'entente, en plus de la solution du litige, elle peut inclure des éléments susceptibles d'améliorer les opportunités et les relations d'affaires à long terme. Il appert que la perception des acteurs clés par rapport à la médiation dans ce sens diffère. La médiation est vue à travers un cadre purement juridique (contrat) qui est insuffisant pour régler un conflit sans provoquer une brisure entre le Droit et les intérêts et les valeurs communs énoncés. Ce qui fait que les avantages de la médiation dans un tel contexte ne sont pas perçus par les décideurs.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote