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Le projet de zone monétaire unique en afrique de l'ouest: fondements, état des lieux et analyse prospective

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par Souleymane DABONE
Institut Diplomatique des Relations Internationales (IDRI) - Diplôme d'Etudes Superieures en Diplomatie et Relations Internationales 2007
  

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Chapitre I : Les fondements théoriques de l'intégration monétaire

La théorie économique, depuis plus d'une quarantaine d'années, s'efforce de répondre à la question de savoir : à partir de quels critères, peut-on considérer que, des espaces monétaires nationaux ont intérêt à se rassembler et à ne former qu'une seule zone monétaire marquée par l'existence, soit d'une monnaie unique, soit d'une structure de parité fixe et irrévocable. Jusqu'à ce jour, seulement deux séries de critères sont susceptibles d'être utilisées pour définir une zone monétaire optimale. Si les plus traditionnels sont formulés par Mundell R. (1961), McKinnon R. (1963) et Kenen Peter B. (1969) (section I), il a paru utile après eux, de les compléter par un nouveau type d'analyse dit analyse coûts - bénéfices par d'autres économistes (section II).

Section I : La théorie des zones monétaires optimales

I.1. L'approche « traditionnelle » de la théorie des ZMO

La théorie des ZMO est basée sur l'idée qu'une caractéristique particulière détermine la taille idéale d'une ZMO. Plus précisement, la théorie cherche à identifier le critère qui permettrait de réduire les coûts de l'autonomie de l'abandon monétaire. Mundell identifie la mobilité des facteurs de production comme substitut à la fonction d'équilibre du système de change; tandis que, McKinnon et Kenen analysent des situations où l'outil de change serait inefficace (c'est-à-dire des situations où l'abandon du système de change flexible n'engendrera pas de coût supplémentaire).

I.1.1 La mobilité des facteurs de production (Mundell R.)

Mundell R. (1961) a été le premier à fournir l'un des critères les plus intéressants de la zone monétaire optimale. Selon lui, deux pays A et B (ou n pays) auront intérêt à former une zone monétaire unique (avec change fixe), si et seulement si, la mobilité des facteurs à l'intérieur de la zone qu'ils constituent en se réunissant est plus forte que celle qui apparaît vis-à-vis de l'extérieur. A l'inverse, si la mobilité des facteurs est plus faible à l'intérieur de la zone constituée par A et B que vis-à-vis de l'extérieur, la formule des changes flexibles sera plus avantageuse.

Pour le justifier, Mundell va considérer deux économies, A et B, liées par un processus d'intégration. Si un choc exogène (par exemple : augmentation du prix de l'énergie) déplace

la demande du pays A vers les produits du pays B, il en résultera, si les facteurs ne se déplacent pas entre A et B :

· Pour le pays A : une sous-utilisation de son potentiel de production (donc une baisse de la production), entraînant une hausse du chômage et probablement un déficit de sa balance commerciale ;

· Pour le pays B : une surcharge, au contraire, de ses capacités (donc une hausse de la production), des tensions inflationnistes et un excédent commercial.

Pour corriger ce déséquilibre, un système de change flexible y est recommandable. En effet, en dévaluant la monnaie de A et en réévaluant celle de B, toute choses étant égales, l'économie de A réduirait le prix de ses exportations, malgré des effets pervers (inflation, perte de crédibilité de la monnaie), et rééquilibrerait sa balance.

Par contre, si les facteurs sont susceptibles de se déplacer aisément entre A et B, il y aura transfert de facteurs (main d'oeuvre, épargne de A vers B, capacités productives, diminution des tensions inflationnistes et de la sur utilisation des capacités). S'en suivra, en A, une diminution du sous-emploi et de l'inflation sans recours au taux de change. Ainsi, des Etats auront intérêt à former une Union monétaire, lorsque la mobilité de leurs facteurs est avérée.

I.1.2 Le degré d'ouverture des économies (McKinnon)

En 1963, McKinnon va proposer le degré d'ouverture des économies comme critère à l'établissement d'une zone monétaire. Autrement dit, les coûts liés à l'abandon du taux de change comme instrument de politique économique diminuent en fonction du degré d'ouverture des économies et de l'importance de leurs échanges réciproques. Ce degré d'ouverture des économies, il le définira par le ratio des biens échangeables au niveau international sur le PNB (Produit national brut).

Plus le degré d'ouverture d'un pays est élevé, plus ce pays est vulnérable au changement des prix mondiaux. Ainsi, plus les pays sont « ouverts », plus ils ont selon McKinnon intérêt à avoir des changes fixes. Et plus, ils seront « clos », plus ils auront intérêt à avoir des changes flexibles. Deux types de justification vont être apportées par l'auteur.

Soit un pays relativement « ouvert » où les biens non échangeables représentent

seulement 40% du PIB, et les biens échangeables 60%. S'il intervient une chute de

10% de la demande de biens échangeables causée par l'appréciation du change, il

faudra pour la compenser, 15% (6/40*100) d'augmentation de la demande de biens non échangeables pour que le niveau de revenu reste inchangé. Par contre, si l'on prend un pays relativement « clos » pour lequel les biens non échangeables comptent pour 90% et les biens échangeables pour 10% seulement, il faudra, au cas où la demande de biens échangeables diminuera de 10%, seulement 1,1% (1/90*100) d'augmentation de la production de biens non échangeables pour compenser cette baisse de demande de biens et maintenir le niveau de revenu national réel. Il en résulte que pour les pays très ouverts, les changes fixes (zone monétaire) paraissent plus indiqués tandis que pour ceux qui sont les plus « fermés », les changes flexibles paraissent moins perturbateurs.

Les variations de change auraient un fort impact sur les prix relatifs des biens échangeables/biens non échangeables, exprimés en monnaie locale pour les pays relativement ouverts. En effet, si l'ouverture est forte, toute dépréciation du change qui interviendrait en cas de changes flexibles aura un impact significatif sur le rapport demande locale/demande externe. L'affectation des ressources sera ainsi fortement perturbée et l'impact des variations de change par la modification des prix relatifs sera très sensible. Par contre, si l'ouverture est faible, le secteur des biens non échangeables dominera ; ce qui aura pour effet d'atténuer le rôle perturbateur des variations de prix relatifs dues au change. Dans ce cas, le choix des changes flexibles sera opportun.

I.1.3 La nature de la spécialisation (Kenen)

Dans sa réplique à Mundell et McKinnon, Kenen (1969) va se focaliser sur la spécialisation des économies au sens de la diversification de la production et de la consommation. Il va aussi compléter l'analyse de Mundell en élargissant les échanges internationaux aux mouvements de capitaux et considérer la zone monétaire optimale non pas comme une zone mono productrice, mais plutôt, comme un ensemble de régions économiques.

Pour lui, les économies diversifiées peuvent plus facilement adopter des changes fixes et s'intégrer à une zone monétaire que celles qui se caractérisent par une diversification modeste. Aussi, une forte diversification de la production ou de la consommation ainsi que la similitude de la production diluent l'impact possible d'un choc dans un secteur ou pour un

bien spécifique. Dans ce cas, un choc n'aura que peu de conséquences sur l'agrégat et affectera les pays de manière similaire. Par conséquent, plus la structure industrielle des pays est diversifiée, moins il est vraisemblable que des chocs frappant un secteur d'activité se transforment en chocs d'envergure nationale. La diversification et la similarité de la production réduisent le besoin de politique de change et donc des coûts de son abandon.

Dans le sillage des avancées de l'intégration monétaire en Europe, d'autres critères de convergences vont être formulés (notamment à partir de la fin des années 1960). Pour la plupart, ces critères sont des avatars de ceux formulés par Mundell et McKinnon. Il s'agit de la similarité des taux d'inflation, du degré d'intégration des marchés financiers, de la flexibilité des prix et de l'homogénéité des préférences.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard