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La théorie des cycles dans la controverse entre Keynes et Hayek

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par Ousmane Thiané DIOP
Paul Cezanne Aix en Provence - Master II Philosophie Economique 2007
  

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Section II- Les causes des cycles

La question fondamentale à laquelle Hayek cherche à répondre pour établir les causes du cycle peut être ainsi formulée: comment se fait il que l'économie prenne du temps à retrouver l'équilibre alors qu'elle héberge en son sein des mécanismes doués à cela ?

Quant à Keynes, la question centrale est la suivante : pourquoi n'obtient on pas un plein emploi spontané tel que le voudrait la théorie classique ?

Ils développeront des argumentations qui mettront en cause le crédit bancaire : Keynes parlera d'une insuffisance de liquidité pour réapprovisionner le capital circulant tandis que Hayek signalera l'excès de liquidité qui non seulement rompt les équilibres mais provoque la dissolution momentanée de l'unique mécanisme capable de rétablir des équilibres stables. Il considère que la quantité de monnaie supplémentaire constitue « une incitation excessive à l'accroissement de la production pour des dates plus lointaines aux dépens de la production destinée à des dates plus rapprochées. » (Dostaler juin 2001, Hayek, [1925]1984 :93)

 Pour Keynes, un cycle économique peut avoir aussi bien une cause monétaire qu'une cause réelle liée à une variation autonome de l'investissement, sans impulsion monétaire préalable. Tandis que Hayek conçoit qu'il existe des théories monétaires (dont la sienne) et des théories réelles qu'il considère comme tout à fait erronées. Sur ce présent point, il se dégage une différence d'approche difficile à concilier même si Hayek lui-même admet qu'un cycle puisse avoir une origine réelle mais c'est pour ajouter que dans ce genre de situation, les perturbations ne peuvent pas être généralisées et durables car le mécanisme des prix permettra le rétablissement de l'équilibre.

Chez Hayek, l'origine des crises est purement monétaire et est liée à l'élasticité du crédit. Ce crédit engendre un capital illusoire qui finit par créer un excès d'investissement par rapport à la capacité d'épargne de la société.

Le passage suivant exprime avec clarté son opinion : « The excessive development of the industries producing raw materials and capital goods, whose regular recurrence is thus to be regarded as the main cause of the periodic economic crises, necessarily arises from and is chiefly due to the much praised elasticity of our modern credit system.[...] This can take place only because the extension of credit by the banking system is not strictly linked to the growth of saving.[...] The most significant phenomena of the upswing, over investment and a general rise in prices, and at the same time the causes of the crises which always follow upon the upswing, are therefore largely a result of an extension of credit.[...] This extension of credit gives rise to a short lived inflation and leads to the emergence of the disproportions between the individuals sectors of the economy to which the accompanying stimulation of business always gives rise. The crisis then becomes the only way of eliminating these disproportions. (Dostaler: Hayek, [1925]1984:10)

Il accuse ainsi les banques, à travers l'absence de contrainte dans l'offre de monnaie d'être à l'origine des cycles et conçoit la crise comme une insurrection des forces vives de l'économie pour rétablir un équilibre dont elles ont été arbitrairement privées.

Même si Hayek porte son dévolu sur le facteur monétaire pour situer la genèse des fluctuations, il n'en demeure pas moins qu'il accepte que des facteurs réels puissent aussi être à l'origine du cycle. Il en parle expressément à la page 168 de MT-TC en stipulant que les facteurs peuvent être : » de nouvelles inventions ou découvertes, de l'ouverture de nouveaux marchés, ou même de mauvaises récoltes, de l'apparition d'entrepreneurs de génie qui créent de nouvelles combinaisons (Schumpeter), d'une baisse des taux de salaires provoquée par une forte immigration ; et de la destruction de grandes portions de capital par une catastrophe naturelle, ou de plusieurs autres causes. »

Cependant, il considérera que les forces réelles à elles toutes seules ne peuvent pas engendrer un cycle car le mécanisme des prix n'étant pas perturbé, l'économie devrait facilement retrouver le chemin de l'équilibre. Il faut, à son sens, la complicité du système bancaire pour qu'un cycle puisse s'instituer ; cela passe par un dysfonctionnement du mécanisme de coordination provoquée par la liquidité bancaire injectée en dehors de toute condition de marché.

Pour Keynes, peu importe la cause premiere du cycle, il met en dialogue constant et bilateral secteur réel et secteur monétaire : « For a disturbance initially due to monetary factors will soon set up some disturbance on the investment side and similarly a disturbance due to investment factor is likely, as we shall see, to cause some modification to monetary factors.»

La seule distinction qu'il y trouve est que la monnaie influence du coté de son offre tandis qu'elle subit l'influence des facteurs réels du coté de sa demande. Par ailleurs, le cycle ayant pour perturbation première des facteurs monétaires passe d'une situation d'équilibre à une autre avec un changement de prix alors qu'un cycle généré par l'investissement évolue sans véritable modification des prix.

Une fois cette étape d'influence réciproque dépassée, le reste du processus devient classique et ne porte plus les marques de son déclencheur : « After the initial stage has been passed, they shade off into one another. » p.248

Pour Hayek le facteur monétaire est une condition sine qua none pour l'apparition du cycle tandis que Keynes accepte que le point de départ d'un cycle puisse être constitué de facteurs non monétaires (excès d'investissement suite à un regain de confiance) qu'accompagnent des impulsions monétaires. Ainsi Keynes accepte que la monnaie puisse accompagner un cycle à la fois du coté de la demande lorsqu'elle est facteur second ou du coté de l'offre lorsqu'elle facteur premier ; Hayek soutient que la monnaie n'intervient que du coté de son offre61(*).

* 61 Au fait quelle est la théorie de la demande de monnaie chez Hayek s'il en existe une ? Sinon pour quelle raison il n'y en a pas ?

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld