WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La théorie des cycles dans la controverse entre Keynes et Hayek

( Télécharger le fichier original )
par Ousmane Thiané DIOP
Paul Cezanne Aix en Provence - Master II Philosophie Economique 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE III

Divergences et convergences sur les cycles.

Section I- Aspects généraux

Le cycle est une perturbation générale de l'économie avec une phase d'inflation et une phase de déflation. Son opposé n'est pas la stagnation, état caractérisé par l'absence totale de changement mais la stabilité, état dans lequel on considère que les pertes de certains entrepreneurs sont compensées par les gains de quelques-uns sans que les distorsions ne soient aptes à susciter un cycle. Beaucoup d'auteurs dans la littérature économique ont eu à proposer leurs versions et parmi eux Hayek et Keynes dont on se propose d'établir un dialogue entre leurs théories.

Prix et Production (PP) et Monetary Theory-Trade Cycle (MT-TC) restent les références de base de la théorie hayekienne des cycles. Le point de départ de ces textes se trouve dans la question suivante : comment se fait il qu'une économie de marché supposée connaître des micro régulations spontanées se trouve en proie à des oscillations d'une grande ampleur et de façon relativement durable ? La réponse est développée par Hayek conjointement dans ces deux oeuvres, toutefois avec nuances qui témoignent d'une certaine evolution dans sa conception des cycles. La pensée de Keynes qui s'oppose à celle développée par Hayek est contenue en premier dans les deux volumes de son Treatise on Money (TOM) ; le premier étant intitulé The Pure Theory of Money (vol I) tandis que le pour le second est retenu le titre The Applied Theory of Money (vol II). Cette théorie connaîtra des modifications substantielles dans la Théorie Générale. Cependant, la question centrale reste identique : comment se fait il que les économies de marché soient incapables de générer spontanément le plein emploi et puissent demeurer durablement dans un état considéré comme non optimal ?

Pour certains auteurs, le TOM peut être compris comme une reformulation de la théorie cambridgienne de la monnaie, enrichie de raisonnements wickselliens tandis que d'autres l'appréhendent comme un premier pas vers la Théorie Générale, une esquisse préliminaire d'idées qui devaient mûrir en 1936. Pour Frederik Hanin, le Treatise offre une perspective d'analyse dynamique des économies monétaires en soutenant l'existence d'une instabilité endogène, contrepartie du déficit de coordination entre le système bancaire et l'activité productive. Keynes y distingue si bien la discontinuité entre activité financière et activité industrielle à telle enseigne que la séparation entre épargne et investissement demeure une évidence. Le noyau de l'instabilité est, à son sens, le déficit en capital circulant dû à la raréfaction du crédit par le système bancaire tandis que Hayek considère que c'est l'excès de liquidité bancaire qui en est le responsable.

Le cycle économique tel qu'envisagé par Keynes ne se ressent pas dés les premiers moments de la perturbation. Il connaît une période d'incubation et un temps de latence; cela signifie que lorsque les changements s'operent, ils couvent à l'interieur du systeme économique et une durée de temps s'écoule avant que les repercussions ne soient visibles: « When the slump begins, the falling off of production does not show itself immediately at the finishing end of the machine of process, whilst it does show itself immediately in the amount which is being fed back into the mouth of the machine.» P.120

L'analyse économique de Hayek comme celle de Keynes reconnaît à l'économie trois états possibles : expansion (prospérité,essor, boom), crise et contraction (dépression) ; lors d'un boom, les prix augmentent, l'investissement dépasse le niveau d'épargne, les profits atteignent des records de même que la production, le niveau d'emploi ainsi que l'innovation. Pendant la dépression, les observations sont opposées à celles de la phase d'expansion. Hayek comme Keynes mettent en évidence à travers leurs théories des cycles des états non optimaux. Cependant, ils s'opposent sur les procédés à mettre en oeuvre pour arriver à un état optimal : « Like the classical school, the Hayek-von Mises approach emphasizes optimisation of private economic agents, the adjustement of relative prices to equate supply and demand, and the efficiency of unfettered markets. » Cochran and Glahe, p.70 et ils diront à la page 73, « Keynes's work led to policy conclusions that were completely opposed to Hayek's policy recommendations. »

Pour Keynes, le cycle matérialise les fluctuations ayant pour origine l'inégalité investissement-épargne et son impact sur le pouvoir d'achat de la monnaie. Il s'agit d'un processus complexe au cours duquel les coûts de production, les prix ainsi que les rémunérations des facteurs évoluent.

Cet écart peut prendre trois formes :

1) L'investissement devient possible grâce à une hausse de la production de biens de production au détriment de celle de consommation sans hausse de l'out put. Ainsi il faudrait la fin de la période de production pour en voir les effets.

2) La hausse de la production permet un approvisionnement du capital circulant afin de produire plus de biens de production. Les effets de l'investissement sont immédiats et le capital, circulant au début, deviendra fixe après l'écoulement d'une période de production.

3) Le capital circulant augmente permettant une hausse de la production de biens de consommation toutes choses égales par ailleurs. La hausse de l'investissement durera tout au long de la période de production.

Quelque soit le cas par lequel l'investissement se produit, la hausse de la production permet une augmentation des profits ainsi qu'une hausse des revenus versés aux facteurs.

Toutefois, si ce qui vient d'être décrit constitue les éléments classiques d'un cycle, il n'en demeure pas moins que d'autres éléments et phénomènes s'y incorporent, faisant du cycle de Keynes un phénomène à la fois complexe et variable : « The possible varieties of the paths which a credit cycle can follow and its possible complications are so numerous that it is impracticable to outline all of them. » p.253

Il trouvera une analogie parfaite entre le cycle et le jeu d'échecs pour lequel, malgré l'existence d'une base stable et la possibilité de dire les grands traits de son déroulement, il demeure impossible d'entrer dans les détails de tous les matches jouables. Une approche presque similaire se retrouve chez Hayek lorsqu'il énonce que les effets d'une impulsion monétaire ne peuvent être appréhendés à l'avance car dépendant du point par lequel la monnaie entre dans l'économie : «The nature of the changes in the composition of the existing stock of goods, which are affected through such monetary changes, depends of course on the point at which the money is injected into the economic system. » p.123-4

Ils auront en commun de donner une place importante au système bancaire dans l'enjeu que constituent les cycles ; l'un, en tant qu'auteur des perturbations tandis que l'autre l'envisage comme solution. Seulement, on ne manquera pas de noter, avec une certaine perplexité tout de même que Hayek conçoit le système bancaire à la fois à l'origine du cycle de par son ingérence hors conditions de marché tandis qu'il souligne que la crise apparaît à cause de la rareté de ce même facteur qui à causé les perturbations

Hayek, au même titre que Keynes procédera à la critique des théories qu'il considère comme erronées. Il s'agit des théories non monétaires tandis que pour Keynes il s'agit des théories qui ne prennent pas en compte le rôle du capital circulant.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King