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La théorie des cycles dans la controverse entre Keynes et Hayek

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par Ousmane Thiané DIOP
Paul Cezanne Aix en Provence - Master II Philosophie Economique 2007
  

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C- Impact des impulsions monétaires

Hayek part d'une augmentation de la quantité de monnaie qui passe par les mains des producteurs qui à leur tour se procurent des biens de production. Cette répartition artificielle rompt l'équilibre d'antan qu'avait instauré l'investissement issu de l'épargne volontaire. Etant dans une situation de plein emploi, l'usage supplémentaire de biens de production se fera au détriment de la production de bien de consommation car les emplois se mènent une concurrence70(*). Ainsi, le crédit que les banquiers accordent aux producteurs aura pour contrepartie un tarissement des ressources disponibles pour la consommation : « la valeur totale des biens intermédiaires produits aux différents stades de production au cours d'une période sera le triple au lieu du double de la valeur des biens de consommations produits au cours de la même période. » (p.123) Il indiquera aussi : «  l'utilisation d'une fraction plus grande de moyens originels de productions à la fabrication de produits intermédiaires ne peut se faire qu'au détriment de la consommation. »(p123)

Une hausse de l'offre de monnaie dans l'économie entraîne une augmentation des ressources des banques secondaires  qui les rend aptes à faire des crédits à un taux d'intérêt incitatif. Une part des ressources nouvellement mise en circulation suit un parcours financier alors que le reste trouve refuge auprès des entrepreneurs; ceci provoque une hausse de l'investissement soit sous forme de capital fixe ou de capital circulant avec un probable impact positif sur le volume de production. Si toutefois l'épargne est affectée, ce sera dans le sens d'une dissuasion due à la faiblesse du taux d'intérêt rémunérateur des dépôts: « there is indeed a general presumption that an effect on saving, if any, will be opposite to the effects on investment, the easier terms to borrowers meaning less satisfactory term to lenders, so that what stimulate the one retards the other ». p 237

D- Mécanisme des cycles

Chacun proposera une théorie assez originale. Malgré cela, il existe quelques affinités. Ces théories peuvent être divisées en deux phases. La première est caractérisée par une hausse des prix ainsi qu'une euphorie tandis que la deuxième inaugure un retour à la réalité. Leur opposition sera plus basée sur des convictions que sur les faits majeurs pour lesquels ils semblent être en accord.

-La première phase

Hayek nous dit que le niveau de l'épargne a une influence sur le nombre de stade, de même que le niveau de crédit accordé suite à une création monétaire71(*).

Une hausse de l'épargne disponible pour les entrepreneurs suite à un crédit facile rend l'épargne volontaire inférieure à la volonté d'investissement des entrepreneurs et certains ouvrages qui jadis n'étaient pas rentables le deviennent du fait de l'inflation qui se déploie dans l'économie.

Conséquence : un flux migratoire de facteurs de production naîtra des secteurs des biens de consommation vers ceux des biens d'investissement qui connaît une expansion rapide.

Cette migration entraîne une baisse de la production des biens de consommation entraînant, toutes choses égales par ailleurs, une hausse de leurs prix : « la hausse des prix des biens de consommation offre momentanément des perspectives de profits supplémentaires aux entrepreneurs. » p.160

Dans ce qu'il considère comme la première phase du cycle, Keynes fera des observations pareilles à celles de Hayek concernant le premier cas de figure72(*).

Le raisonnement de Keynes part d'un regain de confiance grâce auquel les entrepreneurs sont incités à investir. Les prix ne seront affectés qu'à la fin du processus au cours duquel ni les rémunérations, ni le volume de l'out put ne varient. Après l'écoulement d'une période entière de production, la quantité de biens de consommation produite baisse au profit de la production de biens d'investissement et leurs prix augmentent. Ceci correspond à la phase de hausse des prix dans le cycle ; phase pendant laquelle les prix des biens augmentent plus que les coûts de production : «In any case, the characteristic conclusion of the primary phase of the credit cycle consists in a rise of the consumption price level out of the proportion to costs.» p.255

-La perte de pouvoir d'achat des ménages

L'écart entre la quantité de biens que les consommateurs veulent acquérir et celle qu'ils peuvent acquérir compte tenu de l'inflation est le contenu saillant du concept d'épargne forcée et a pour conséquence l' allongement (tandis que chez Keynes ce serait un élargissement) du processus de production. L'absence de consentement à cette renonciation est bien ressortie par Hayek en ces termes : « Il ne fait pas de doute que si leur revenu nominal augmentait à nouveau, ils essaieraient d'accroître leur consommation pour rétablir la propension moyenne à consommer habituelle. »(PP, p.123).

Keynes retient le terme imposed lacking pour caractériser la perte du pouvoir d'achat de la monnaie suite à une augmentation du prix des biens. En cas d'income inflation avec augmentation de la production, le terme retenu sera induced lacking.

Imposed lacking sert à financer la hausse de l'investissement alors que ceci n'est vrai pour induced lacking que lorsqu'il correspond à l'épargne. Ainsi induced lacking est une source de financement légitime contrairement à imposed lacking qui est à la fois autoritaire et arbitraire. Les deux toutefois s'additionnent à l'épargne pour rehausser le niveau de l'investissement.

- Deuxième phase

Cependant, cette répartition peut elle se maintenir indéfiniment ?

Le premier flux migratoire est donc au profit du secteur des biens d'équipement qui connaît une effervescence. Pour Hayek, cette augmentation des prix a un effet aspirateur en ce qu'elle attire les facteurs de production vers les secteurs en ébullition. Keynes parle aussi de cette migration des facteurs vers les secteurs qui sauront mieux en faire usage en en extrayant une productivité plus élevée. Cela est possible grâce au bon fonctionnement du mécanisme des prix qui permet l'orientation des facteurs de production vers les stades (pour Hayek) ou secteurs (pour Keynes) qui leur offrent une rémunération plus avantageuse que d'autres73(*).

Au sens de Hayek, la migration en vue d'augmenter la production de biens d'investissement va entraîner une hausse de la demande de travail dans ce secteur et sera suivie d'une augmentation du pouvoir d'achat des ménages grâce à la hausse des revenus qui leurs sont versés entraînant une hausse de la demande de biens de consommation. Pour Keynes, la seconde phase a les caractéristiques suivantes : le surplus d'investissement entraîne une hausse des prix dans une proportion plus élevée que celle des coûts de production permettant aux entrepreneurs d'enregistrer des records de profit et au commerce d'entrer dans une phase d'effervescence. L'investissement qui, au début était sous des aspects fixes et liquides tend à devenir plus circulant. La concurrence entre entrepreneurs pour disposer des meilleurs services les poussera à offrir des rémunérations plus élevées pour la pérennité de leurs profits ; rémunérations qui augmenteront le pouvoir d'achat des ménages :

« The consequence of a change in price due to the inequality of investment and saving, as we have seen in chapter 11, is to give a windfall profit to entrepreneurs. Under the stimulus of these profits the secondary phase of the transition is introduced. For the stimulus of the profits influences entrepreneurs to bid more eagerly for the services of the factor of production, and so causes the rate of efficiency earning to increase, whether or not this has already occurred to a certain extent in the primary phase. » p 238

Il s'ensuit, chez Hayek,une nouvelle répartition du flux monétaire entre dépenses de consommation et dépenses en investissement, nouvelle répartition qui cette fois ci est le fait des individus par opposition à la répartition artificielle suite à une ingérence des autorités monétaires ; et parce que cette nouvelle répartition est issue d'un arbitrage volontaire et autonome des agents économiques,elle aura tendance à ramener l'économie vers l'équilibre : « le flux monétaire sera immédiatement redistribué entre utilisations pour la consommation et la production selon les désirs des individus concernés,et la répartition artificielle,due à l'injection de monnaie nouvelle ,sera compensée au moins partiellement. » (p124).Il y'aura une tendance vers le rétablissement des anciennes propositions, celles qui équilibrent l'économie. L'on passera d'un arbitrage au profit de la consommation, vers une substitution de la consommation à la production.

Pour Keynes, à ce stade, l'impulsion monétaire à l'origine de l'expansion est, pour une très large part, déjà assimilée par la circulation industrielle et la raréfaction de capital circulant annonce le début de la phase de contraction.

Peut on considérer que les racines de la seconde phase se trouvent bien encrées dans la première  Keynes dira : « Whether or not the primary phase contains within the seeds of a reaction, the secondary phase necessarily does.» Hayek par contre soutient que les causes de la dépression doivent être trouvées dans l'euphorie artificiellement engendrée par les interventions du système bancaire.

Chez Keynes, la rigidité du crédit comprime la demande dans les deux secteurs entraînant une baisse des prix ; des pertes74(*) sont enregistrées et le chômage connaît un essor alors qu'au même moment la rémunération des facteurs de production connaît une pression vers la baisse. C'est la phase de contraction. Pendant cette phase, la baisse de la consommation productive au profit de la consommation improductive entraîne une baisse de la production. La détérioration du capital circulant n'est pas compensée par l'augmentation du capital liquide surtout durant les dernières phases de la récession : « before the slump has touched bottom, the decrease in working capital far outstrips any increased in liquid capital. »p.118

Cependant dans l'analyse de Hayek, les prix des biens de consommation augmentent et la structure des prix relatifs se modifie. La fabrication de certains biens de production suite à l'épargne forcée est abandonnée et le nombre de stades tend vers son niveau initial. Ce résultat fut intuitivement énoncé par Mises dans Théorie des Geldes Und Umlaufsmittel en 1912.

Afin de maintenir les emplois précédemment crées, des crédits supplémentaires devraient être octroyés avec comme corollaire un regain d'inflation dont le processus cumulatif se transformera en hyper inflation avec des unités de production parasites. Supposant que les crédits devront s'estomper tôt ou tard, Hayek enchaîne en soutenant que l'économie diluera de sa teneur en capital : « la production devient moins capitalistique et la fraction du capital nouveau qui était incorporé aux équipements exclusivement adaptés aux processus plus long, sera perdue.» C'est la contraction. En d'autres termes, l'économie, suite à une expédition mal coordonnée, malgré quelques avancées est contrainte de rétrograder, de faire une régression afin de se retrouver à une phase qualitativement différente. Elle peut ne pas être pareille à celle d'avant impulsion monétaire : « Il n'est pas nécessaire que le rapport de la demande de biens de consommation et la demande de produits intermédiaires reprennent exactement sa valeur antérieur dès que cesse l'injection de monnaie nouvelle. »

Le travail prophylactique en vue d'une structure économique dynamique et viable sera d'autant plus long et lourd que la planche à billets aura tourné. Le chômage augmentera suite à la faillite des entreprises parasites nées de l'épargne forcée et l'inflation sera toujours de rigueur d'où la stagflation que le keynésianisme considère comme potentiellement impossible.

* 70 Ce renforcement des capacités de production, au détriment de la consommation, entraînera une augmentation du revenu réel des producteurs alors que celui des consommateurs tend à la baisse du fait de l'inflation : « ce sacrifice est supporté non pas parce qu'ils veulent consommer moins mais parce qu'avec leur revenu nominal ils obtiennent moins de biens. »(p 123)

* 71 Une hypothèse fondamentale et très discutable chez Hayek, c'est le fait qu'une création monétaire entraîne une hausse de la production de biens d'investissement au détriment de celle de biens de consommation.

* 72 Pour le second cas, l'augmentation de l'investissement est accompagnée d'une augmentation du volume de production. Il n'existe ainsi pas de substitution entre les différents types de bien d'autant plus que la reconversion d'un facteur adapté à la production d'une catégorie de bien vers la production d'une autre prend du temps. En plus de cela les facteurs ne font pas l'objet d'un plein emploi.

La rémunération des facteurs augmente sans aucune augmentation de la production globale tandis que les prix augmentent dans la même proportion que la rémunération des facteurs ainsi que des coûts de production. A la différence avec le premier cas, dans le second cas, la hausse des prix se produit au tout début du cycle.

Dans le troisième cas, les facteurs de production inemployés sont mis en mouvement pour la production de biens de consommation. Au delà d'une période de production, l'out put augmente pour un total de revenu inchangé d'où le début de la phase de déflation.

Keynes considère que le second et le troisième cas ne peuvent pas avoir lieu sans impulsion monétaire car ils vont avec un accroissement des besoins de liquidité suite à une hausse des rémunérations ainsi qu'une hausse du profit. Ce supplément de monnaie pour la circulation industrielle peut tout de même provenir d'une réduction de la circulation financière, de la venue d'or en provenance de l'étranger... Par ailleurs, le premier cas peut survenir avec de faibles modifications monétaires car ni les rémunérations ni le volume de la production ne varient pendant la première phase.

* 73« Il est évident que seules les différences momentanées entre prix aux différents stades de la production peuvent entraîner des déplacements de biens de production d'un stade à un autre. » Le déplacement se faisant des usages les moins avantageux vers les usages les plus avantageux. Les variations des prix modifient les perspectives de profit et la modification des perspectives de profit entraîne des changements dans l'usage des facteurs de productions disponibles. Lorsque les prix relatifs varient, les biens subissent une nouvelle affectation. Cette variation n'affecte pas l'économie en volume mais en orientation.

* 74 « for there are enormous losses to be put on the other side ascribable to the cyclical deflations p264

La perte est à la fois individuelle et collective ; à cause du chômage involontaire une portion de la richesse potentielle reste ensevelie dans le système productif.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand