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La théorie des cycles dans la controverse entre Keynes et Hayek

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par Ousmane Thiané DIOP
Paul Cezanne Aix en Provence - Master II Philosophie Economique 2007
  

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B- Fluctuations du capital circulant

Le capital circulant48(*) canalise tout l'intérêt de Keynes dans la détermination des fluctuations de l'investissement. Par ailleurs, cet intérêt se révèle lié à un certain pragmatisme car il est étroitement corrélé au volume d'emploi : » subject to the necessary conditions, an increase in the volume of employment will usually require a more or less proportionate increase in the volume of working capital ». IL ajoutera: « thus fluctuations of investment in working capital will be closely correlated with fluctuations in the volume of employment. An increase volume of employment may result either from abnormal activity due, for example, to an investment boom, or to a recovery of from a proceeding slump. In any case a credit cycle will tend to be associated with an increase investment in working capital, If not in its primary phase, then in its secondary phase ».p.91, vol II

Ce qui précède énonce clairement la perception de Keynes sur le rôle primordial joué par le capital circulant dans le cycle ainsi que sa corrélation avec le niveau d'emploi. A son sens, il est impossible d'avoir une hausse de l'emploi sans que cela soit accompagné d'un accroissement du capital circulant afin de répondre aux besoins de couverture des charges liées au processus de production en cours : « it is generally impossible to increase the volume of employment unless it is practicable to increase pari posu the volume of investment in working capital ». P91, vol II

S'il est nécessaire à ses yeux de détenir un capital autre que le capital fixe et le capital liquide afin de pré financer la production, c'est certainement parce que le processus de mise sur pied des biens finaux s'étale sur une durée relativement longue et cela constitue une caractéristique de son analyse qu'il partage avec Hayek qui soutient ouvertement que les processus de production sont suffisamment longues pour constituer un obstacle à toute expansion rapide.

Le passage suivant retrace avec plus de fidélité la prééminence du capital circulant surtout en période d'expansion : « the phenomena of the boom may represent a struggle, concealed under the veil of the credit system to replenish working capital faster than would be feasible under a regime of stable prices » ;p. 91 vol II

Ainsi, l'apport des banques n'aurait d'autre intérêt que de permettre le financement du capital circulant afin de faire face à l'augmentation des charges due à l'expansion. Ce financement aurait pu être réalisé sans le crédit49(*). Toutefois cela prendrait plus de temps.

Keynes soulignera que si les besoins en capital circulant supplémentaire ne sont pas d'une grande acuité, il ne sera pas nécessaire de recourir aux faveurs du système bancaire:» If on the other hand, the possible variables in the demand for working capital are quite small compared with the others elements so that any deficiency can be rapidly made good out of stocks of liquid capital and out of current savings, then the practical bearing of the above analysis is not important. » p.92

A son sens, il ne fait aucun doute que l'élément central dans l'investissement est le capital circulant des lors il lui est impossible de concevoir un cycle économique qui ne soit pas assujetti aux fluctuations du capital circulant et de là il est facile d'entrevoir que ces propositions de sortie de crise tourneront logiquement autour de la maîtrise de ce facteur. « it would be an interesting and useful task to make an accurate statistical estimate of working capital in each main industry. I'm not in a position to do this but it will be enough for the present argument if we can reach a rough approximation to its order of magnitude. »p.94 vol II

La demande de capital circulant dépend du volume d'emploi mais surtout de la durée du processus de production ; bien que l'augmentation de l'emploi contraint à une hausse des besoins en capital circulant il peut exister des situations où la hausse de l'emploi lorsqu'elle entraîne la réduction de la durée de production occasionne non pas une acuité des besoins mais l'inverse. « an extra demand for working capital corresponding to an increase of the volume of employment may be partly offset by a faster rate of process if the duration of process is halved by doubling the intensity of employment the demand for working capital is eventually as the things being equal, halved ». p.97 En ce qui concerne la durée de production, Keynes suppose qu'elle varie avec le niveau d'emploi et les changements de techniques qui eux même mettent du temps à s'instituer.

Existe t'il une complémentarité entre le capital liquide et le capital circulant malgré leur proximité? En d'autres termes, est ce qu'en période d'expansion l'accroissement des besoins en capital circulant peut être satisfait par le recours aux stocks ?

Pour Keynes, si la réponse à cette question était positive, l'économie fonctionnerait toujours à plein emploi. De son point de vue, les fluctuations du capital liquide sont de très faible ampleur et de puissantes raisons font qu'il est impossible que l'assistance pour le réapprovisionnement en capital circulant puisse provenir de ce facteur.

Le lien entre les différentes composantes de l'investissement est assez flou. Si Keynes n'admet aucune évidence sur la substituabilité entre capital liquide et capital circulant, il ne récuse par contre pas la possibilité qu'à court terme que ce type de rapport puisse s'établir. Dans ce cas, le capital liquide serait la variable d'ajustement et le taux d'investissement en soi resterait constant50(*).Mais ce rôle de variable d'ajustement est joué par le capital liquide pour une durée relativement éphémère. Lors de la phase dépressive, la production et la consommation baisse au même titre que les stocks de capital liquide. Cette rareté des ressources disponibles suite à une baisse de la production et des stocks malgré une baisse de la consommation constitue pour Keynes le premier obstacle à une reprise rapide : « It is precisely this shortage both of available out put and of liquid capital which may retard the process of recovery, even after the influences which originally caused the slump long ceased to operate. » p. 120

* 48 Concernant le capital circulant, Keynes ne semble pas assez clair. Tantôt le capital circulant sert au financement à crédit des salaires et autres charges liées au processus de production en cours, tantôt il représente l'ensemble des biens en cours de production, indisponible pour une consommation finale.

* 49 L'augmentation du capital circulant est un investissement qui, s'il n'est pas précédé d'une hausse de la production nécessite un prélèvement sur les ressources à consommer. Ce phénomène est considéré par Keynes comme étant un transfert d'une consommation improductive vers une consommation productive : «  investment which requires a redistribution of current consumption but no reduction in its aggregates may be said to substitute productive consumption for unproductive consumption. »

Ce transfert des improductifs vers les productifs permet un accroissement de la production: « whenever available income is transferred from an individual qua unproductive or relatively unproductive consumer to an individual qua productive or relatively productive consumer, it follows that the amount of production is increased and vice versa pp.111-2, Tome II

Au sens de Keynes ce transfert peut s'opérer directement d'une façon volontaire à travers l'épargne ou d'une façon contraignante et indirecte par le biais d'une inflation : «  this reduction of unproductive consumption and substitution of productive consumption instead may be brought about, as we have seen either by individuals voluntarily saving as part of their money incomes or by reduction in the purchasing power of these money incomes as the result of a rise in prices which transfer some part of their real incomes in the control of individuals who will direct it towards productive consumption ; » p.112, Tome II

Il existe une autre forme de transfert qui, cette fois peut être stérile parce que n'entraînant pas forcément une hausse de l'investissement. Il se déroule entre créanciers d'avant la hausse des prix vers les débiteurs de la même époque . Ces derniers pourront rembourser leurs crédits avec une monnaie de moindre pouvoir d'achat. «  The borrowers can repay when the due date of their loan arrives by parting with less purchasing power than what they had expected to part with, and therefore retain additional purchasing power which they may or may not employ to replenish working capital. » p 270-271ptm

* 50 Ceci constitue le socle de la theorie des cycles de Hawtrey. Au sens de ce dernier, le cycle est un phénoméne purement monétaire : « All causes of fluctuations in productive activity are conditioned by the monetary factor. » p117. Cette assertion de Hawtrey est partagée par Keynes sans reserve. Toutefois,il lui reproche de n'avoir pas suffisamment distingué la dimension financiere de l'aspect industriel qui devrait souligner le role de l'investissement et surtout d'avoir négligé le role du capital circulant. Hawtrey, comme Keynes, ne retient pas l'hypothése de plein emploi des facteurs et considère qu'une politique monétaire adéquate devrait permettre plus de richesse et moins de chômage sans augmentation des prix.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote