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La maltraitance des enfants et ses conséquences dans la mort du petit cheval d'Hervé Bazin

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par Erick MASHAKO Manishimwe
Université de Lubumbashi (UNILU) - Gradué en Lettres et Civilisation françaises 2008
  

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II.5. LA MALTRAITANCE DES ENFANTS.

La Convention internationale des droits de l'enfant signée à Genève par 191 pays de l'Organisation des Nations Unies (ONU) reconnaît toute une panoplie des droits fondamentaux et inaliénables à tout enfant. La violation d'un de ces droits constitue un mauvais traitement à l'égard des enfants. Et cette violation est punissable par la loi. Mais, dans la quasi-totalité des pays du monde, les droits des enfants sont méconnus, bafoués, foulés aux pieds par les adultes, qui pourtant sont censés les protéger.

Il existe plusieurs types de maltraitances des enfants : de la négligence à la violence verbale, de la maltraitance psychologique à la maltraitance physiologique ou physique, en passant par la maltraitance morale. Dans ce roman, il est plus question de la maltraitance psychologico-verbale et de la maltraitance morale.

La maltraitance psychologique est celle qui plonge l'enfant dans un conflit intérieur et le stresse. C'est le cas du système policier qui annihile tout sentiment de liberté chez l'enfant. C'est également le cas des ordres contradictoires qui mettent l'enfant dans l'embarras, embarras qui est fatal dans la formation de la personnalité de l'enfant. Car il l'empêche de distinguer le bien à faire, du mal à éviter.

La maltraitance verbale concerne toutes les paroles blessantes qu'un parent ou un éducateur adresse régulièrement à un enfant. Le risque ici est de plonger l'enfant dans une obsession, une certaine dépréciation de soi et une sous-estimation de ses capacités. C'est le cas des insultes, des propos pessimistes, de la calomnie...

La maltraitance morale est celle qui touche à des attitudes et des agissements visant à nuire au bonheur d'un enfant. C'est le cas des inégalités dans le traitement des enfants : à certains on prive de l'argent pendant qu'on en donne à d'autres, certains sont obligés à prendre part à des activités spirituelles (retraite...) pendant que d'autres en sont dispensés. Et cela, non pas parce que l'on se soucie du salut de leurs âmes. C'est également le cas de l'oubli volontaire dans planification des vacances, pour certains enfants...

II.5.1. LA MALTRAITANCE PSYCHOLOGICO-VERBALE.

Jean n'a jamais eu de mère, plutôt une marâtre, qu'il surnomme « Folcoche », c.-à-d. « folle et cochonne ». Jean Rezeau a grandi dans une atmosphère de révolte continuelle, qu'il nomme « haine ». Il n'a jamais connu cet amour maternel qu'expérimentent d'autres enfants. Quand bien même, avant d'aller dormir, Fred et Jean recevaient à l'accoutumée un signe de croix sur leur front, tracé du bout du doigt par leur père, c'est du bout de « l'ongle » qu'ils le recevaient de leur mère. L'enfance pour Jean a toujours été cette faiblesse livrée aux muscles des parents. Durant les sept ans passés en famille, les siens n'ont été que des commensaux, divisés en deux factions rivales.

Dès le début du roman, nous voyons les enfants Rezeau soumis à un régime de surveillance, à l'exception de Marcel. Fred, à Nantes, est surveillé par la tante Bartolomi et Jean, à Angers, est à la charge de Félicien Ladourd.

Dès sa tendre enfance, Jean grandit dans un climat familial où règnent la rivalité et la conflictualité. Cette tendre enfance dont les psychologues, sociologues et pédagogues conviennent qu'elle est très déterminante dans le devenir d'un individu.

Bien plus, Jean souffre d'une crise de modèles. Son oncle et son père, dont il cite plus d'une fois les propos en référence dans le premier chapitre de ce roman, l'ont déçu. Il n'aurait jamais cru qu'ils réagiraient ainsi à la crise économique de l'heure, crise qui n'épargne personne, même pas la famille Rezeau, et dont les conséquences sont alarmantes.

Elevé dans une famille bourgeoise, Jean Rezeau n'en revient pas. Son oncle, le baron de Selle d'Auzelle, pour qui l'honneur valait plus que la vie, pratique maintenant le népotisme à grande échelle : il fait de sa nièce, Edith Torure, la secrétaire de la Santima et de son neveu, Léon Rezeau, un commerçant. Pourtant, quelques années auparavant le baron de Selle d'Auzelle déclarait à Jacques Rezeau, à La Belle Angerie, que la situation de leur soeur était alarmante et qu'il aimerait mieux la voir mourir de faim que de lui décrocher un quelconque poste d'institutrice. « Mieux vaut ne pas aider les siens que les aider à s'encanailler », disait-il.

Pire encore, Jacques Rezeau, professeur honoraire de Droit à la Faculté catholique d'Angers, qui affirmait, il y a quelques temps, à Félicien Ladourd que personne ne pouvait encore accepter le métier de magistrat, a décidé de coiffer la toque comme substitut de troisième classe. Il n'a pas su rester à Angers. Il a été envoyé dans les colonies, en Guadeloupe, où la paie était consistante.

Pour des « raisons inconnues », les enfants Rezeau (Fred, Jean et Marcel) sont retirés du collège Sainte Croix où ils étudiaient et sont dispersés dans trois écoles différentes. Fred est envoyé à Nantes sous la surveillance de sa tante, Bartolomi. Jean est envoyé à Angers sous la garde de Félicien Ladourd, un étranger à la famille, sous-prétexte qu'il n'y aurait personne d'autre pour tenir ce rôle. Mais, en réalité, ce choix vise plus à vexer Jean. Quant à Marcel, il est envoyé à Combrée. Puis, en guise de « récompense » pour les prix obtenus, il rejoint ses parents en Guadeloupe, où il est inscrit au lycée Basse-Terre.

C'est avec une désinvolture qui frise la moquerie que Madame Rezeau parle des prochaines études universitaires de Jean. Quand M. Rezeau demande à son fils s'il s'est décidé finalement à faire le Droit, celui-ci proteste par le silence. Prenant ce silence pour un oui, « Folcoche » s'étonne: « Généralement, il ne sait pas ce qu'il veut ». Et elle ajoute : « Je ne parle pas de Fred. Celui-là sait peut-être ce qu'il veut. Mais ce qu'il veut, c'est de ne rien faire. » Lorsque M. Rezeau tente de nuancer les propos de son épouse, un seul regard de celle-ci suffit à lui imposer le silence. Puis, Paul Rezeau ignore ses autres interlocuteurs et se met à parler de tout et de rien avec Marcel : timbres antillais...

Cette maltraitance verbale à l'égard de Jean et de Fred s'étend de la première à la dernière page. C'est en termes de plaintes que Paule Rezeau parle de Brasse-bouillon et de Chiffe et d'éloges quand elle parle de Cropette. « Vous nous causez bien de soucis, leur dit-elle. Heureusement que nous avons Marcel. » Dans tout le roman nous voyons Madame Rezeau absente de toute effusion de tendresse à l'égard de Jean et de Fred. Elle ne leur prodigue aucune marque d'affection ni ne leur adresse aucune félicitation, aucun éloge, aucun encouragement. Par contre, elle apparaît dans toutes les décisions injustes à leur égard. Elle excelle dans l'art de miner leur carrière, de briser leur vie en décourageant toutes les personnes (la famille Ladourd, Fine, Paule Leconidec, Monique Arbin) qui leur offrent de l'affection.

Pire encore, Paule Rezeau donne des ordres contradictoires à Jean. Oubliant sa recommandation précédente, où elle demandait à Jean de se prendre désormais en charge financièrement pour l'habillement, Paule Rezeau lui reproche de s'être acheté de beaux habits. Sans qu'il ne le sache, elle met son fils sous surveillance.

Quand elle remarque que son fils est en train de devenir un homme responsable et qu'il acquiert progressivement une certaine autonomie financière, plutôt que de s'en réjouir, « Folcoche » va prendre une série de mesures pour briser cette autonomie. Ce faisant, « Madame Mère » voulait obtenir l'insoumission de Jean pour briser à jamais sa carrière en mettant fin à ses études. Elle met fin au travail de Jean à la Santima, « afin qu'il se consacre uniquement à ses études de Droit ». Elle décide de le retirer de chez Mme Polin pour l'envoyer aux internats de la Faculté, où l'on ne sort pas quand on veut. Pis encore, elle met fin au flirt de Jean avec Michelle Ladourd. Elle le calomnie auprès de Félicien Ladourd et de son épouse : « Mon fils raconte partout que votre fille est sa maîtresse. » Quand Jean se rend dans la famille Ladourd, il est bien tard pour réparer le tort causé. Il y est persona non grata.

Jean se révolte, il décide d'abandonner ses études et de rompre avec sa famille. Il quitte Angers et s'en va à Paris. Là, il s'inscrit en Journalisme à la Sorbonne et rend quelques services le soir, pour se payer les études. Mais « Folcoche » ne désarme pas. Elle continue tout de même à le faire surveiller.

Elle raconte, avec fierté, à qui veut l'entendre que Jean a échappé de justesse à une affaire de moeurs, qu'il vit maintenant aux crochets d'une putain et qu'il serait malade.

Avant le mariage de Jean avec Monique, « Mme Mère » mandate son mari, « le chef de la famille », de l'en dissuader, mais de manière diplomatique. Cela dans le but de jeter un discrédit sur Jean et sur son épouse en cas de refus. Ainsi l'épouse de Jean ne serait pas comptée comme membre de la famille Rezeau. Toutefois, en cas de soumission, Paule dirait : « Voilà, comme je le disais, ce garçon ne sait jamais ce qu'il veut. »

Paule Rezeau recommande à Jean que les autres formes de mariage manquent, sauf le mariage religieux, convaincue que Jean ferait diamétralement l'opposé. Ainsi, elle pourrait déconsidérer l'épouse de Jean, la qualifiant de maîtresse légale.

Voilà bien autant de maltraitances psychologico-verbales que devaient endurer ces infortunés, Fred et Jean. Ce n'est pas tout, ils connaîtront aussi des maltraitances morales. C'est de ces dernières dont question maintenant.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld