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La maltraitance des enfants et ses conséquences dans la mort du petit cheval d'Hervé Bazin

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par Erick MASHAKO Manishimwe
Université de Lubumbashi (UNILU) - Gradué en Lettres et Civilisation françaises 2008
  

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II.5.2. LA MALTRAITANCE MORALE

Dès son enfance, la volonté de Jean n'a jamais été prise en compte ni respectée. Ses jeux, il ne les a jamais choisis. Il a toujours obéi à l'impératif : « Allez vous amuser » et s'est toujours efforcé de jouer avec plus ou moins d'entrain. « Demande-t-on aux soldats qui ont connu la guerre de jouer à la petite guerre ? ». Il en va de même pour ses études, voire pour ses choix amoureux. Toutes les filles qui le charment ne plaisent jamais à sa mère. Ainsi Jean épousera-t-il Monique contre l'avis de sa mère.

Avec une dextérité déconcertante, Paule Rezeau s'arrange toujours pour priver à ses deux fils, Fred et Jean, de la jouissance du bonheur. Pendant les vacances, ceux-ci ne rentrent jamais en famille, chez papa et maman. Ils restent chacun là où il est. Ainsi Jean partage-t-il avec cinq ou six camarades le sort peu enviable de l'internat des vacances, soumis à la même rigueur de l'horaire et à un sentiment d'être abandonnés par leurs parents. C'est dans ce contexte qu'il tisse sa première relation amicale avec Cyrille. Dommage ! Quand cette relation est découverte, ce dernier est longuement interrogé pour savoir quelle marque d'affection exactement Jean lui voue. Tous les deux sont sévèrement sanctionnés par le préfet de discipline. Désormais, Jean doit dormir près de l'alcôve du surveillant. Car, dans les institutions religieuses, toute amitié entre garçons est soupçonnée d'être louche. Tout cela vaut à Jean une mauvaise réputation au milieu de petits branleurs qui vont communier chaque dimanche et, surtout, la méfiance d'autres internes esseulés.

Jean ne connaît pas le bonheur d'être aimé et de compter aux yeux de quelqu'un d'autre, bonheur que l'on rencontre dans l'amitié. Au collège, il croise bien quelques bienveillances, mais jamais aucune amitié, excepté celle-là.

Durant toutes ses années de collège, le père de Jean lui envoie chaque mois une lettre de dix lignes, toujours les mêmes. Celles-ci se terminent à chaque fois par « Nous t'embrassons ». Seulement le « nous » n'est jamais certifié par Madame Rezeau dont le fils a déjà oublié la grâce cunéiforme de la signature.

L'unique fois où Jean revoit la signature de sa mère fut sur la note de M. Rezeau qu'il reçoit trois mois avant la fin de ses études secondaires et, dans laquelle, son père lui signifie qu'une fois son baccalauréat obtenu, il ira faire le Droit à la Faculté catholique d'Angers, études qu'il n'a jamais désirées. Paule Rezeau impose les études de Droit à Jean. Cela pour compromettre son avenir. Car elle sait bien qu'on ne réussit guère dans une carrière que l'on n'a pas choisie. Cependant, avec Marcel elle agit différemment.

Félicien Ladourd voudrait bien emmener de temps en temps Jean en promenade, mais il a reçu des ordres du couple Rezeau. Par ailleurs, Madame Rezeau ne peut pas pendant longtemps laisser ses enfants à d'incertains contrôles. D'où son empressement à retourner en France, à La Belle Angerie.

Horreur ! quand Jean obtient son baccalauréat et qu'il ne peut plus rester à l'internat pour les vacances, il ne reçoit aucune lettre de félicitation, aucune récompense ni de la part du couple Rezeau ni de celui de son grand-père maternel, son homonyme, qui pourtant a donné de l'argent à Fred malgré que celui-ci ait échoué. Il en sera de même quand Jean se retrouvera avec ses parents à La Belle Angerie : aucune félicitation ne lui sera adressée pour l'obtention de son baccalauréat, bien qu'avec la mention bien.

En outre, aucune disposition n'a été prise pour ses vacances. Il est oublié, abandonné à lui-même en attendant le début des cours à l'université. Heureusement, Félicien Ladourd, l'étranger, prend sur lui de l'envoyer en vacances au bord de la mer dans le domaine familial des Ladourd pour trois mois. Jean s'y plaît beaucoup. Mais à peine deux mois et demi après, il reçoit une note de sa mère. Celle-ci lui demande de prendre part le lendemain à une retraite préparatoire pour étudiants à Saint Lô, ville française, située dans la préfecture de la Manche, en Normandie.

A Saint Lô, Jean retrouve Fred. Saturé de spiritualité au collège (lectures spirituelles, prières avant et après les repas et les cours, chapelet, retraites...), Jean et Fred ne sont pas disposés à réentendre ces « rabâchages ». Durant le temps de la retraite, Fred continuera même à se livrer à son jeu des mots croisés. A cette retraite, Fred et Jean prennent part parce qu'obligés par leurs parents. Ils y sont parce que cela se fait... mais pas par dévotion.

La veille de la fin de la retraite, Fred et Jean reçoivent une note dans laquelle leur mère leur demande de prendre le transport en commun jusqu'à Solêdot et de parcourir à pied le kilomètre restant. Ils arrivent à La Belle Angerie le soir, sous la pluie, et y trouvent M. et Mme Rezeau, ainsi que Marcel.

Un accueil glacial pourtant les y attend après de longues années de séparation, dix ans environ. Paule Rezeau leur demande de ne pas se secouer comme des chiens. Elle les salue avec une allégresse réticente. Ils ne sont ni baisés sur le front ni ne reçoivent le traditionnel signe de croix, tracé jadis du bout de doigt par M. Rezeau et du bout de l'ongle par son épouse. Mais quelle surprise lorsque, dans les poignées de main, ils découvrent sur les trois mains les chevalières d'or aux insignes de la famille. Fred, héritier présomptif, s'étonne de voir sur la main de Marcel la chevalière d'or qui devrait lui revenir. Très rapidement, Folcoche lève l'équivoque. C'est pour sa mention très bien.

Quand Fine, la bonne, fait comprendre à Jean et à Fred, dans la langue des sourds-muets (« le finnois »), qu'elle pensait souvent à eux, Paule Rezeau hausse les épaules et songe à la remplacer par une autre bonne. Car, dit-elle, elle n'est plus bonne à rien. Fine ne ferait pas toujours ce qu'on lui demande. L'argument de la vieillesse est même invoqué par « Madame Mère » pour justifier le licenciement de la bonne.

Durant le repas, ce soir-là des retrouvailles, le regard de Madame Rezeau part comme une gifle à quand il se pose sur Chiffe et sur Brasse-bouillon. Mais il s'attendrit tout à coup chaque fois qu'il se pose sur Marcel. A la fin du repas, Mme Rezeau s'adresse à Fred et Jean, tels à des invités : « Allons nous coucher. Vous connaissez vos chambres ». Puis, elle se lève, suivie par son mari et par Marcel qui emporte la lampe. Et, elle les laisse froidement dans l'obscurité.

Deux jours, à peine, après ce triste accueil, Mme Rezeau se débarrasse de ses fils. Mais elle ne les accompagne pas. Fred, qui est envoyé faire l'hydro à Nantes, et Jean, le Droit à Angers sont proches de la surveillance parentale. Aucun argent de poche ne leur est donné. Et cela, même durant leurs études. Ce qui indispose Fred le dimanche quand il sort avec ses amis. Quant à Marcel, il est envoyé à Paris, loin de la surveillance parentale, aux bons soins des ses grands-parents Pluvignec, où il n'aura aucun problème d'argent.

Les trois enfants Rezeau sont maintenant à l'université, à l'exception de Fred qui n'a pas réussi au baccalauréat. Une fois de plus, hélas, les parents Rezeau demandent à Jean et à Fred de ne pas revenir à La Belle Angerie aux vacances de Noël et de Pâques. Car ils ne seront pas là. Ils vont eux-mêmes tous deux célébrer ces festivités à Paris avec les parents Pluvignec et Marcel. Fred reste ainsi à Nantes chez la tante Bartolomi et Jean à Angers chez Mme Polin. Cela pousse Jean à occuper utilement ses vacances. Il rend des petits services qui lui rapportent un peu d'argent. Content de lui, Félicien Ladourd lui offre quelques services payants à la Santima. Mais avant, pour éviter des problèmes, il en informe les parents de Jean. Avec l'accord de celui-ci.

Quand Paule Rezeau apprend que Jean réalise quelques boulots rémunérateurs, elle lui demande désormais de prendre en charge lui-même son habillement. Pourtant, Jean est encore mineur (19 ans)8(*). Et donc, entièrement à la charge des parents. En outre, Folcoche demande également à Jean qu'il lui envoie régulièrement une partie de son argent afin qu'elle lui constitue une épargne.

Après la rupture avec sa famille, pendant son séjour parisien, Jean perd à la dernière minute et pour des raisons inconnues un emploi que sa bienfaitrice, Paule Leconidec, lui avait pourtant bien trouvé auprès d'un de ses anciens patients.

De son côté, Fred n'entend plus tolérer longtemps les persécutions de Folcoche. Il décide de s'y soustraire. Profitant de sa majorité (20 ans), il s'engage dans la marine sans la permission parentale. Quand il rentre en vacances de 8 jours à La Belle Angerie, il est froidement accueilli par « Madame Mère » qui se débarrasse de lui deux jours après son arrivée. Et cela, sans qu'elle ne lui donne aucun franc. Elle l'envoie ainsi dans la rue. Heureusement, il est recueilli par Jean, qui s'en sort plutôt bien. N'étant pas parvenu à le ruiner aussi, Madame Mère cesse de le faire surveiller, surtout depuis qu'il a atteint l'âge majeur (20 ans) et s'est marié.

Folcoche lui réserve cependant d'autres surprises. Entre autres, celle-ci. Jacques Rezeau agonise. Aucun message n'est envoyé à Jean. Seul son frère Fred songe à l'en informer. Mais la lettre de Fred parvient à Jean avec un mois de retard. Dans sa lettre, Fred informe Jean que l'on a décidé désormais de l'ignorer, que leur père est agonisant et probablement mort et que la veuve a décidé de les spolier de leur héritage à son propre bénéfice et à celui de Marcel. Quand il finit de lire la lettre, Jean s'imagine tout de même qu'il recevra un faire part de Folcoche, même trois jours après la mort et l'enterrement de leur père. Surprise ! il ne recevra jamais aucun faire part de personne, même pas de Fred. Pourtant, Jacques Rezeau s'est éteint et a été enterré deux jours avant qu'il ne reçoive ladite lettre de Fred.

Malgré cette mort, le notaire attendra deux mois après l'enterrement de Jacques Rezeau, le temps que Marcel atteigne sa majorité, pour procéder à la lecture du testament. Et cela, « pour éviter, dit-il, des complications inutiles ». Jean est convié par le notaire à prendre part à cette lecture du testament. Seulement, la grosse part de l'héritage revient à la veuve et le reste à tous les enfants. Outre cela, La Belle Angerie, a été vendue, pendant que Jacques était agonisant, à M. Guyare de Kervadec, futur beau-père de Marcel. Et ce, dans le but que La Belle Angerie revienne en dot à Cropette lors de son mariage avec Solange de Kervadec. Scandalisés Jean et Fred à la spoliation. Ce contre quoi la « Douairière », surnom de Paule Rezeau, leur profère des insultes. Aussi profite-t-elle de l'occasion pour dénigrer sa bru, Monique, simplement parce qu'elle a osé appeler tendrement Jean, « chéri ».

En réparation de l'injustice dont ils sont victimes dans la répartition de l'héritage paternel, Fred et Jean décident de diligenter une enquête, enquête qui les mène à une découverte macabre : Marcel, le modèle à suivre, l'icône proposée à leur adoration, est un enfant bâtard et leur mère, une femme infidèle.

Pour finir, la « Douairière » tente de décocher ses dernières flèches à Jean. Elle s'époumone à lui prouver qu'il n'est pas heureux, qu'il vit pauvrement et qu'il méritait mieux s'il n'avait pas choisi la révolte. Ce à quoi le couple Monique et Jean répond que le peu d'argent qu'ils gagnent suffit énormément à leur bonheur. Et qu'ils sont heureux. Ainsi « Folcoche » s'en retourne-t-elle à La Belle Angerie ruminant sa défaite.

* 8 Dans la société créée par l'auteur dans le roman, la majorité est atteinte à 20 ans.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery