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Livre : le katanga pour quel nouveau défis :le phénomène hétérogènite

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par Emile Christophe Professeur Emile MOTA - NDONGO K
UNILU / Katanga - RDC - PHD Sc. ECO 2000
  

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Le développement que ce phénomène engendre, a pour conséquence, l'éclosion d'une multitude de petites activités rémunératrices qui procurent à leurs propriétaires, la satisfaction de leur besoin. Le tableau ci-dessous détermine le niveau des recettes que les services de l'Etat récupèrent dans cette opération.

Tableau N° 4 : Contribution de l'hétérogénite au Trésor Public

Désignation/Années

1998

1999

2000

2001

2002

2003*

Divers Services étatiques (ANR- DEMIAP-OCC-etc.)

50.000

583.000

468.000

680.000

917.520

108.000

Frais de douane OFIDA

50.000

583.000

468.000

680.000

917.520

108.000

Total

100.000

1.166.000

936.000

1.360.000

1.835.040

216.000

* Chiffres représentant le premier trimestre.

Il découle de ce tableau, que les différents services de l'Etat interviennent intensément dans cette opération. Tout au long du trajet qu'empruntent les convois d'hétérogénite se trouve des « roads-bloc » où l'on retrouve instantanément : la Police Nationale Congolaise, les Forces Armées Congolaise, les services de sécurité tant civile que militaire, Agence Nationale de renseignement (ANR) intérieur et extérieur, la DEMIAP, le Parquet (Justice), la Police des Mines, la DGM, la DGRAD, l'OCC, les services du gouvernorat et de chaque ville ou commune là où transite les convois. Toutes les taxes fiscales et parafiscales se négocient en fonction du " Bargaining Power " de chaque opérateur.

Les frais de douanes, par contre ne sont perçus qu'à la frontière ; soit Kasumbalesa, Kipushi en ce qui concerne la voie routière et Mokambo et Sakania en ce qui concerne la voie ferrée. Il y a lieu de signaler que les principaux tronçons routiers du Katanga qui mènent vers l'étranger sont gérés par un système de péage. Chaque véhicule empruntant ces tronçons doit verser en fonction du nombre des essieux et de tonnage entre 50 et 300 dollars US, à son passage.

Ces frais devraient dans leur conception originelle, servir à la réparation et à l'entretien de ces tronçons, qui se dégradent rapidement sous l'effet du poids transporté par ces gros véhicules. Mais ces recettes ne sont plus affectées à bon escient, elles servent à d'autres fins que celles lui assignées.

A y regarder de près, les pouvoirs publics y trouvent quand même leur compte, mais le malheur pour ces recettes est que leur destination n'est ni leurs tutelles, encore moins le trésor public, mais les poches des individus. Ces derniers détournent à leur profit plus de 90 % de ces recettes. L'impunité bat son plein et tout le monde doit « voir clair » dans cette opération hétérogénite, sans compter les petits colis qu'on envoie discrètement à Kinshasa pour les « parapluies ».

Il n'est pas étonnant que l'on remarque un style de vie très aisé de la part de toutes ces personnes affectées à cette opération.

Tableau N°5: Contribution de l'hétérogénite à l'E.M.A.K.et autres institutions Financières*

Désignation/Années

1998

1999

2000

2001

2002

2003

EMAK

25.000

291.500

234.000

340.000

458.760

54.000

Institutions Financières

165.540

1.943.760

1.561.950

2.269.500

3.062.490

360.450

* Frais d'ouverture de licence d'exportation selon la réglementation N°2 de la Banque Centrale du Congo

En tant qu'une organisation fonctionnant comme un syndicat, l'EMAK avait pour objectif :

De résorber le chômage, par la création de nouveaux emplois au profit des ouvriers assainis par leurs employeurs ainsi qu'en faveur des désoeuvrés.

D'apporter son assistance matérielle dans le cadre social et préparer l'après hétérogénite en prévoyant des structures d'accueil et des centres de réinsertion des creuseurs devenus invalide suite aux travaux accablant des mines.

D'aider en cette période de turbulence politique, les déplacés de guerre (suite à la l'agression dont est victime la RDC depuis août 1998) en leur fournissant notamment : des pagnes, des couvertures, des babouches, de la nourriture, des médicaments etc.

D'encadrer et de former les artisans au métier de fondeur et aux nouvelles technologies utilisées dans la métallurgie du cuivre et des métaux associés.

De veiller à la sécurité des installations et autres sites d'exploitation, en vue d'empêcher les récalcitrants de piller les ressources et les concessions régies par des conventions avec l'Etat congolais.

Malheureusement ces objectifs ne sont pas respectés faute d'un management efficace et rigoureux. L'EMAK se trouve être un regroupement de tous les anciens « trafiquants ou pilleurs » des ressources de la G.C.M et autres repris de justice dans le trafic frauduleux des métaux de cette société. Leurs activités se résument dans le rançonnement des creuseurs et sont eux-mêmes creuseurs et négociants, détériorant ainsi leur qualité première, originelle.

Les recettes ainsi récoltées de cette opération sont déversées dans une bureaucratie truffée de nombreuses personnes dont les rémunérations sont très élevées. Il ressort de cette situation que toutes les recettes ainsi enregistrées sont affectées dans les salaires, les banquets et autres voyages d'affaires à l'extérieur du pays. Une bourgeoisie compradore s'est installée dans leurs milieux.

Leurs affiliés sont depuis abandonnés à leur propre sort avec toutes les conséquences de spoliation organisée par les opérateurs étrangers. On peut dénombrer dans le Katanga plus de cinq pays ayant planté leurs drapeaux sur le territoire congolais avec leur police pour la sauvegarde des «concessions » des prédateurs.

Les dispositions des Décrets-loi 177 et 179 interdisant la circulation des devises étrangères sur le territoire nationale à provoquer une rétention des recettes en devises à l'extérieur, privant ainsi le pays du rapatriement des ces devises. Il fut organisé un système de troc «nourriture contre minerais » entre les négociants et leurs acheteurs. Cette situation fut encouragée par le décalage de la parité de change du dollar américain du marché officiel par rapport au marché parallèle.

Notez qu'à cette époque ; à savoir en 1998-1999 et même en 2000, un dollar américain se changeait à 9 Francs congolais ou 25 Francs congolais quand ce dernier se changeait au marché noir à 180 voire 250 Francs congolais. Le manque à gagner fut énorme d'autant plus que les minerais se négociaient en monnaie locale.

Les institutions financières et dans ce cas les institutions bancaires ont aussi bénéficié des profits de ce phénomène, par l'ouverture des licences d'exportation et autres transferts de fonds, des lettres de crédit documentaire, des virements, ainsi que l'achat de tous les imprimés. La validation de la licence modèle EB constitue la principale source de recettes au niveau des banques commerciales.

En ce qui concerne ces institutions financières, les devises ainsi générées par l'opération « hétérogénite » peuvent servir à offrir aux opérateurs économiques, le bénéfice des crédits à court terme et même des facilités de caisse, à des taux rémunérateurs. L'économie du pays étant extravertie, la grande partie des produits de consommation courante étant importés, ces devises peuvent pallier cette carence.

Le tableau ci-dessous retrace le cash-flow dont les opérateurs d'hétérogénite peuvent bénéficier et affecter au développement et à la croissance de leurs activités. Les effets visibles de cette opération sont l'agrandissement de la ville dans son aspect de l'urbanisation et la construction de nouveaux édifices. Le charroi automobile aussi s'est amélioré par rapport à d'autres villes du pays, le Katanga détient un parc automobile le plus jeune du pays avec des véhicules datant de moins de cinq années de leur fabrication. Tandis que le parc de Kinshasa possède un charroi avec des véhicules de plus de vingt années d'âge, causant ainsi de nombreux désagrément sur la chaussée.

Tableau N° 6 : Evolution du Cash-flow net au cours de la période ( en USD)

Désignation/Années

1998

1999

2000

2001

2002

2003

- Cash-Flow Net

462.500

5.392.750

4.329.000

6.290.000

8.487.060

999.000

Ce cash-flow revient principalement aux négociants, qui doit en principe constituer la classe moyenne que le Katanga à grandement besoin pour son développement. La fluidité de la devise américaine a eu comme conséquence un développement de nouvelles infrastructures sociales et scolaires dites «privées». L'infrastructure médicale, hospitalière, n'a pas été en reste avec l'affût des patients aux soins de santé de qualité. Ce constat est aussi remarquable dans l'infrastructure hôtelière et autres restaurants qui voient le taux d'occupation des chambres s'accroître, de 10% à plus de 45%. Un autre indicateur non des moindres à signaler est les fréquences des atterrissages et décollages des avions sur l'aéroport international de la Luano à Lubumbashi.

Le tableau ci-dessous, donne les fréquences de camions remorques et semi-remorques sur le tronçon Lubumbashi vers les frontières. Un constat est évident: le nombre de camions est croissant depuis le début de l'opération. Pourquoi les opérateurs de l'hétérogénite recourent-ils à ce moyen qui en principe est classé parmi les moyens les plus coûteux ? C'est tout simplement que les opérateurs du secteur, n'ont plus confiance au chemin de fer, compte tenu de la lenteur que cela représente #177; 35 kilomètres à l'heure, les nombreux cas de déraillements et le pillage des convois. Les principes d'interconnections exigent de la part des transporteurs ferroviaire une certaine fiabilité du matériel roulant, ceux de la R.D.C. ne peuvent pas pénétrer dans les autres réseaux, compte tenu de leur vétusté.

En outre, les camions remorque qui amènent les produits vers Lubumbashi ou vers les autres centres de consommation, doivent faire le voyage retour à vide. Mais pour amortir les différentes charges, ces camionneurs acceptent de prendre les produits miniers au retour vers les ports d'embarquement ou les usines de transformation des pays frontaliers.

Tableau N°7: Nombre de camions remorques/semi-remorques pour l'évacuation

Désignation/Années

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Camions de 40 tonnes

62

728

585

850

1.147

135

Source : EMAK-OCC-OFIDA 2002

3 . Sur le plan Socioculturel

Le phénomène hétérogénite suscite une réflexion sur son impact quant à l'activité socioculturelle; à savoir : le plan social, le plan culturel et le plan éducationnel.

- Le plan social : on constate, comme il a été démontré plus haut, que cette exploitation provoque un déplacement massif des jeunes et des adultes entre 15 et 45 ans vers les anciennes concessions des sociétés minières du Katanga. Cet exode des populations s'est manifesté principalement dans l'hinterland minier. C'est ainsi que l'on n'a pu dénombrer trois grands pôles d'exploitation ; à savoir :

v le Pôle de Lubumbashi ; qui reprend les anciennes carrières des Musoshi-Kisenda, les rejets de la mine de l'Etoile, de Kipushi, la vieille mine de Ruashi -Etoile et Kalukuluku, les carrières de Lwishishi, les remblais de Kamwale et de Lwisha sur l'axe Lubumbashi-Likasi.

v Le Pôle de Likasi ; qui reprend les rejets de Shituru-Toyota, les rejets de Panda et de Kakontwe, ainsi que les carrières situées entre Kambove -Kakanda et Fugurume.

v Le Pôle de Kolwezi ; qui reprend les remblais aux bords des rives du fleuve Congo à la hauteur du Lualaba, les remblais de Mutoshi, de Métalkat, de Luilu, de Kamoto, de Kingamyambo, les rejets de Kolwezi concentrateur, les rejets de Musonoi, les concession de Mwamfwe etc.

Toutes ces concessions renferment des minerais divers et ayant encore une valeur marchande acceptable. Compte tenu de la demande toujours croissante des métaux dans l'industrie métallurgique, l'exploitation des ces gisements s'avère opportune de la manière donc elle se pratique actuellement, à savoir le «Hand Picking ».

L'état actuel des infrastructures minières, les conflits armés dans la sous-région des Grands Lacs et l'imbroglio politique que connaît notre pays ne permettent pas aux bailleurs de fonds de pouvoir octroyer des crédits afin que ces infrastructures soient renouvelées.

La conséquence logique de cette situation est d'abord le déplacement des populations vers ce nouveau «Eldorado» et un abandon, des activités champêtres dans les villages avoisinant les trois grandes villes du Katanga.

L'hétérogénite, dans cette période de basse conjoncture et/où l'emploi est devenu un problème crucial au Katanga, a permis l'occupation de toute cette masse désoeuvrée qui flâne dans les rues des villes, soit dans l'oisiveté, soit en jouant aux cartes, soit organisé en bandes de petits voleurs à la tire. On peut les voir aussi faire le transport des colis à bout de bras et à dos d'homme pour les commerçants et autres personnes.

On trouve ces jeunesses inoccupées dans les lieux d'embarquement des passagers, soit les arrêts de bus, les gares ferroviaires et toutes les frontières là où ils sont spécialisés dans le métier de passeur clandestin.

Dans ce panel des jeunes, on retrouve beaucoup d'intellectuels qui ont achevé leurs études secondaires et par manque de moyens financiers, ils ne peuvent pas poursuivre les études supérieures. On retrouve aussi des universitaires qui ont leurs diplômes, mais qui ne peuvent pas être absorbés par les marchés de l'emploi. Toutes les entreprises du Katanga sont en récession et sont, soit entrain d'assainir, soit entrain ou délocaliser les entités vers des horizons meilleurs.

Ainsi, ce phénomène hétérogénite, a eu comme conséquence une «occupation » temporaire de cette masse des sans emploi. Notez que ce phénomène entraîne les implications suivantes :

a) Aspects négatifs

- Un manque manifeste des mesures de sécurité en ce qui concerne les méthodes de travail dans les carrières (pas d'équipements de sécurité, même si cela existe, ils sont rudimentaires);

- La promiscuité, suite à une cohabitation entre les hommes et les femmes dans des hameaux de fortune, provoque des maladies qui entraînent souvent le décès de ces jeunes. On dénombre beaucoup de cas des maladies sexuellement transmissibles, des maladies d'ordre hydrique, la malnutrition des enfants, les maladies  psycho-psychique provoquée par la sorcellerie etc.;

- L'exploitation par les « bailleurs » de fonds des creuseurs, a pour conséquence de prendre les creuseurs comme des forçats ou des esclaves devant accomplir des taches bien précises. Chaque creuseur doit excaver et ensacher plus d'une tonne par jour, soit plus de 20 sacs en polypropylène de 50 kilogrammes. Ils doivent non seulement les ensacher mais aussi les entreposer sur l'aire de stockage aménagé à ce propos;

- Le non-respect des techniques de travail en carrières ou en galeries souterraines, provoquent des éboulements et des affaissements, avec comme conséquence la mort de nombreuses personnes. La mauvaise aération des galeries souterraines, suite à l'utilisation des lampes tempête et autres torches de bois, provoque des maladies respiratoires ;

- Le vol et les rapines sont monnaie courante dans ces milieux, ainsi que l'utilisation de la drogue et la prostitution. Il existe un grand mouvement des filles de plaisir dans ces sites; celles-ci voyagent dans tout l'hinterland minier à la recherche d'un mieux être, avec toute la cohorte des maladies sexuellement transmissibles qui en découlent. L'insalubrité ainsi créée par cette promiscuité, constitue un foyer très ardent du paludisme qui fait plus de victimes que le VIH/SIDA;

- La destruction de l'écologie ( déssouchage et déforestation ), suivie de la perturbation des écosystèmes avec la déstabilisation des micros-climats provoquent une désertification des plaines avec la coupe du bois et la fabrication du charbon de bois. Un abandon des activités champêtres est aussi à prendre en considération suite au phénomène « hétérogénite » ;

- L'introduction dans le parc automobile du Katanga de véhicules transportant de gros tonnage, sur des routes non appropriées pour ce genre de trafic, provoque une dégradation de plus en plus accentuée de toute l'infrastructure routière de la Province. Hormis de la ville de Lubumbashi, (Centre de la Ville) toutes les artères des autres villes sont passées du bitume à la chaussée en terre battue, avec toutes les conséquences écologiques qui en découlent. La fluidité du trafic, entre les principaux centre d'extraction du minerai et les lieux d'entreposage, est devenue de plus en plus longue.

- Le phénomène « hétérogénite » a provoqué une désertion dans le chef des hommes et femmes valides de tous les travaux champêtres, comme énoncé plus haut; à savoir : l'ouvrier agricole n'est disponible, mais a même disparu pour les travaux de déssouchage, de labour, de semi, du sarclage et de la récolte (glanage).On doit recourir à la main-d'oeuvre venant de la ville ou des contrées plus lointaines. Dans le cas d'espèce, ce sont les déplacés de guerre et autres réfugiés qui s'occupent des travaux champêtres et qui nourrissent les grandes villes. Les denrées alimentaires proviennent souvent soit de l'importation, soit de l'arrière Province. Il est à noter que le Katanga importe toutes ses denrées alimentaires de base, même la tomate fraîche, de la Zambie. Ainsi, les pays de l'Afrique Australe sont devenus de grands pourvoyeurs pour la Province du Katanga.

- Le phénomène « hétérogénite » a provoqué sur le plan éducationnel, un déséquilibre dans la scolarisation des enfants. Cette situation a créé non pas des analphabètes, mais de nombreux illettrés. Le Katanga étant une Province renfermant une bonne frange d'ouvriers utilisés dans les grandes entreprises, soumis à un chômage virtuel et une accumulation des salaires non payés, a provoqué une désertion des écoles faute de paiements des frais scolaires. Toute cette population non scolarisée s'est déversée dans le ramassage des minerais. Le taux de déperdition scolaire au niveau primaire avoisine les 20% chaque année. Tandis qu'au niveau du secondaire, il est de l'ordre de 25% par an. Le taux de participation aux examens d'Etat a sensiblement diminué de l'ordre de 5% sur la période de 1998 à 2002. Le Katanga qui avait un pourcentage de participation élevée aux examens d'Etat après la Province de Kinshasa, a connu une baisse depuis cette période. Il est à noter que le phénomène « hétérogénite » n'est pas le facteur prépondérant mais, il est parmi le plus imminent.

b) Aspects positifs

- Le phénomène a entraîné une grande circulation de la masse monétaire dans ces zones d'exploitation minière, avec comme conséquence une augmentation de la consommation des biens de première nécessité et un relèvement du niveau de vie ;

- Le vagabondage, la délinquance juvénile et sénile, l'opportunisme et la grève des ailes ont été non pas anéanties, mais amoindris dans une grande proportion, occupant ainsi une grande partie de la population valide dans cette activité. Les jeunes oisifs sont de plus en plus moins visible;

- L'introduction dans le parc automobile du Katanga d'une nouvelle catégorie de véhicules utilitaires, de luxe et de gros tonnage a eu comme conséquence une augmentation de la consommation du carburant et des lubrifiants. La conséquence logique de cette situation est que les trois grandes villes du Katanga, dans sa partie Sud, se sont dotées des stations services de distribution de carburant et de plusieurs garages, de différentes tailles, pour les éventuelles pannes.

- L'apparition à chaque coin des rues des petits métiers, tel que les soudeurs, les ferronniers, les chaudronniers, des réparateurs des pneus communément appelé « quado » etc., est un signe d'innovation et de prise en charge par la population de son propre développement relatif ;

- L'utilisation de l'outil informatique a fait son apparition et est à la portée de toutes les bourses. Les négociants l'utilisent pour les contacts avec le monde extérieur et les différentes transactions commerciales ;

- Le standing de vie des négociants et des artisans s'est amélioré avec l'acquisition de nombreux biens matériels et l'utilisation de nouvelles technologies, en vue d'améliorer non seulement leur vécu quotidien, mais aussi la qualité des produits finis.

4. Sur le plan Technique

L'exploitation minière au Katanga qui était l'apanage de la grande société minière installée depuis plus de neuf décennies dans la province, qu'est la GECAMINES ; cette dernière se faisait soit dans des mines à ciel ouvert appelé carrières, soit dans des mines souterraines.

Par contre, actuellement, cette exploitation se fait d'une manière rudimentaire, sans beaucoup de technologie, dans les anciennes mines et carrières de la GECAMINES.

L'exploitation de l'hétérogénite, dans le cadre juridique qui la régit, se pratique sans engins miniers spécialisés et à une profondeur ne dépassant pas les dix mètres. Elle utilise principalement la force physique humaine et du matériels rudimentaires. Cette technique est couramment appelée « le Hand Picking ». Cette technique développe des méthodes d'exploitation très compétitives du point de vue des coûts de production et de la qualité des produits.

Un triage manuel se fait avec le concours des géologues ou des personnes connaissant très bien le produit. Ce tri permet aux négociants et autres artisans de pouvoir sélectionner, rapidement, les meilleurs teneurs en terme de métal contenu.

A titre illustratif, les coûts de production des creuseurs encadrés s'élèvent à 2.5 USD/Lb de cobalt, alors que bon nombre d'industries minières installées au pays produisent le cobalt à des coûts nettement supérieurs allant jusqu'à 6,4 USD/Lb.

Le point négatif de cette situation est que cette exploitation ne doit pas se faire sous forme de galeries souterraines. Mais l'on constate sur le terrain que l'exploitation se fait en profondeur et ne respecte aucunes normes de mines souterraines et des techniques d'exploitation des galeries. Cette situation a pour conséquence des éboulements fréquents et des accidents mortels. Chaque année, cette exploitation artisanale déplore plus d'une centaine de morts sur toute l'étendue de la Province.

Les galeries sont creusées sans plans ni normes techniques de soutènement. Les creuseurs utilisent des rondins et des troncs d'arbres comme plafond, qui ne tient pas compte du poids et de la quantité de terre qui forme le toit de la galerie. Les galeries utilisées sont comparables aux galeries d'une termitière et les creuseurs y travaillent en position accroupie ou couchée avec toutes les conséquences de lésions corporelles que ces positions peuvent engendrer. Cette exploitation rappelle l'exploitation du Charbon des pays de l'Est européen.

Le transport et la manutention dans les galeries se font par traction par un câble des sacs remplies d'hétérogénite jusqu'à l'entrée des galeries. De la galerie, les sacs sont transporter à dos d'homme ou  à vélos jusqu'au lieu de stockage qui se trouve être, soit une route, soit un dépôt de fortune en attendant que les véhicules puissent les récupérer. Le chargement des camions se fait aussi par des manutentionnaires et ce manuellement. Le déchargement se fait aussi manuellement.

CHAPITRE IV. : LES FLUX ECONOMIQUES DU PHENOMENE

1. GÉNÉRALITÉS

Selon F. PERROUX, une industrie est plus importante quand elle ne se promeut que par ce qu'elle produit. Les effets d'entraînement sont d'autant plus significatifs que l'industrie motrice est une industrie de biens d'approvisionnements ou d'équipements qui achète ses inputs à l'économie nationale et écoule ses outputs à l'intérieur du pays. C'est à ces conditions que le pôle de développement suscite des transformations technologiques cumulatives, dans le sens de la diversification industrielle et surtout dans le sens du bouleversement de la structure des coûts.

La plupart des industries du Tiers-Monde ne sont pas liées entre elle par des réseaux de prix, de flux et d'anticipation. Ceci incite à retenir l'attention sur les activités économiques stimulées par les ressources d'exportation lorsqu'elles irriguent certains éléments de l'économie de marché du système national. L'impulsion que la diffusion de des ressources apporte au développement économique amorce parfois la diversification des activités. Il en résulte qu'on risquerait d'appauvrir la réalité de certains complexes industriels du Tiers-Monde, en tant que propulseurs des déséquilibres moteurs, si on limitait les effets d'induction d'une industrie motrice aux activités qu'elle stimule en amont et en aval de sa production.

2. ANALYSE DES FLUX

L'activité et le développement de la GECAMINES a provoqué dès 1918 l'éclosion de multiples entreprises industrielles, commerciales et agricoles. C'est ainsi qu'en 1954, on dénombrait plus de 2.600 firmes au KATANGA, dont les plus importantes furent la CIMENKAT, créée en 1922, les Brasseries du KATANGA, créées en 1923, la TRABEKA (société d'entreprise des travaux en béton au KATANGA), fondée en 1924, la SOGEFOR, créée en 1925, la SOGELEC, créée en 1930, etc ... qui gravitaient autour de l'industrie du cuivre.

Les entreprises avaient pour mission, les travaux de terrassement, la fabrication des briques, la construction d'immeubles, la voirie, le génie civil, les transports, l'alimentation, l'élevage, etc ...

Selon CHENERY et WATANABE, l'industrie de la transforma-tion des métaux non-ferreux est une industrie industrialisante, ils ont aussi démontré qu'avec la sidérurgie, l'industrie des métaux non-ferreux est une industrie de base des plus dynamiques, ses effets industriels en amont comme en aval étant parmi les plus élevées des activités économiques.

Par contre, François PERROUX affirme que : `'le fait grossier mais solide, est celui-ci : la croissance n'apparaît pas partout à la fois, elle se manifeste en des points ou pôles de croissance, avec des intensités variables pour l'ensemble de l'économie''.

Le concept de pôle de croissance ou de développement est né de l'observation concrète des réalités historiques, à savoir l'analyse de l'impact de cette unité motrice sur son environnement et sa diffusion du progrès dans la région ou pays dans lequel elle est située.

Cette diffusion peut être regroupée en deux catégories, à savoir : le premier appelé `'effets en amont '' qui, par le fait de la présence de l'unité motrice, suscite la création e le développement, des biens d'équipements et des services.

Ils ont l'avantage de stimuler la mise en valeur des ressources inemployées, ce qui répond à l'impératif du développement. C'est de cette manière que peut s'ébranler de phase une onde qui va s'amplifiant. C'est la raison pour laquelle l'entraînement en amont est aussi appelé effet multiplicateur''.

Le deuxième effet d'entraînement `'effet en aval'' qui se manifeste par la création d'une chaîne d'activités et d'industries qui utilisent le produit de l'industrie motrice comme matière première. Par eux, peuvent se constituer de proche en proche une chaîne des complémentarités autour de la firme motrice. Ceci dans cette perspective que l'effet en aval est encore appelé `'effet de polarisation''.

Tous ces effets d'entraînement sont en principe de deux ordres : les effets réels et les effets monétaires. Les premiers désignent les flux des marchandises et des services résultant de l'activité du pôle tandis que les seconds dépendent de la distribution des revenus que celui-ci effectue en contrepartie des achats de ses inputs ou pour rémunérer les facteurs de production, travail et capital.

En ce qui concerne l'industrie du cuivre du CONGO, l'on a constaté que durant période allant de 1920 à 1974, il existait des relations entre l'unité motrice et les industries adjacentes. La donnée la plus significative de l'industrie cuprifère est que le facteur entraînant fondamentalement est la demande externe.

Dans ces conditions, l'impact des impulsions créatrice tendant à provoquer des transformations structurales sera d'autant plus important que les `'itinéraires de propagation auront drainés vers l'économie intérieure une partie plus importante de flux monétaire d'origine extérieure et assureront une meilleure irrigation de l'économie par ce flux''.

Cet impact est particulièrement médiocre en raison de l'incapacité de l'économie locale de satisfaire la demande intermédiaire pour les biens de capital, un des lus importants inputs complémentaires de l'industrie métallurgique. 

Il en va de même en ce qui concerne l'effet d'entraînement en aval, exception faite de la LATRECA qui consomme, en moyenne au courant des dix dernières années, plus ou moins 2.000 tonnes de cuivre. Il s'ensuit actuellement que la GECAMINES ne leur livre plus les produits de son activité. Ce phénomène est lié à son environnement et se comporte presque exclusivement comme agent créateur d'une masse de salaires. Dès lors, le volume de main-d'oeuvre employée dans le secteur hétérogénite comme le facteur décisif du processus de diffusion de la croissance.

En outre, il faut noter qu'une grande partie #177; 80 % de leurs salaires est consacrée aux besoins de ménage et est surtout orienté vers l'achat des produits importés.

C'est dans cette optique que François PERROUX et G. DESTANNE de BERNIS considèrent le complexe métallurgique comme une illustration typique d'état de développement, incapable d'embrayer sur le reste de l'économie régionale.

Notre analyse est de démontrer que la GECAMINES n'a procuré au cours de tout ce siècle finissant aucun effet d'entraînement tant en amont qu'en aval.

En effet, les flux monétaires qui provenaient de l'industrie du cuivre depuis sa création jusqu'en 1974 contribuaient largement au développe-ment de la Province dans des aspects tels que l'utilisation de plus en plus croissante de la main-d'oeuvre, dont l'intégration a entraîné à la longue un phénomène de chômage et de diminution du niveau des activités qui ne tournent que pour les besoins de l'outil de production, en limitant l'accès à ces derniers, à l'exclusion des tiers.

L'efficacité, la qualité et la performance ont été sacrifiées au profit du gigantisme de l'industrie du cuivre. Nous pouvons préciser d'ailleurs que seule l'industrie du ciment qui jouit d'une autonomie financière apparente et l'industrie hydroélectrique bénéficient encore d'une appellation des industries ayant des effets en amont, tandis que les autres ont été intégrées aussi bien en amont qu'en aval.

Cette situation a ainsi qualifié l'industrie du cuivre de mono-production mettant sur les marchés extérieurs des matières premières brutes, donnant ainsi à la Province et au Pays le caractère de `'Réservoir de matières premières'' ayant comme innovation, la transformation du minerai en métal, qui doit encore subir des transformations supplémentaires. Il faut, en outre, signaler que les autres activités que nous qualifions de connexes, tels que l'enseignement, l'agriculture, l'urbanisation, etc ... se dessinent principalement en fonction de l'industrie du cuivre.

Cette évolution constitue une donnée fondamentale qui doit nous prouver que la politique de pôle d'industrialisation avec des industries industrialisantes, n'a pas la même conception dans les pays en voie de développement, d'autant plus que leurs implantations se font suivant des principes d'extraversion.

Le schéma ci-dessous démontre clairement que l'industrie du cuivre n'a pas produit les effets escomptés de part sa présence dans la Province.

SCHÉMA N° 1. FLUX RÉELS DE L'INDUSTRIE MINIÈRE

AMONT AVAL

Transports

Agro-Alimentaire

Ciment métallurgique

Transports

Cuivre Produit fini

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway