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La politique budgétaire et la lutte contre la pauvreté en Côte d'Ivoire

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par Elisee Borid Barnard Gnamoy GNAMOY
Université d'Abomey Calavi - Maitrise en sciences économique 2004
  

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Chapitre 2 : TENDANCE DE LA PAUVRETE ET DE LA POLITIQUE

BUDGETAIRE EN CÔTE D'IVOIRE.

La politique budgétaire est un important instrument de régulation de l'économie, laissée à la guise des Etats membres (selon les critères de convergence) de l'Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Elle permet de réguler l'activité économique, entre autres, de cibler les secteurs sociaux essentiels afin de réduire le niveau de pauvreté. La redistribution des richesses créées par la nation est aussi l'une de ses fonctions. Il nous revient de faire l'étude de la tendance de la pauvreté dans une première section et de donner la structure et l'évolution de la politique budgétaire dans une seconde section.

2.1) TENDANCE DE LA PAUVRETE EN COTE D'IVOIRE

L'objet de cette partie est d'étudier l'évolution de la pauvreté en Côte d'Ivoire depuis les années 1980. Plusieurs dimensions de la pauvreté seront appréhendées de manière à sortir les déterminants des différentes formes de pauvreté. L'analyse des tendances observées de la pauvreté sera la préoccupation première de cette deuxième partie. Ensuite une revue des différents programmes politiques et gouvernementaux pour contenir la pauvreté et ses effets sera faite.

2.1.1) Analyse des tendances observées de la pauvreté

Le concept de pauvreté est large et complexe. Ce paragraphe définira la pauvreté et donnera les causes et les manifestations de la pauvreté en Côte d'Ivoire. Il permettra de découvrir les principaux indicateurs de mesures et déterminants de la pauvreté, ainsi que l'évolution du ratio de la pauvreté.

1) définition, causes et manifestations de la pauvreté

a) Définition de la pauvreté

La pauvreté revêt trois aspects : monétaires ou financiers, accessibilité et psychosociologique. La pauvreté peut être également perçue comme un sentiment d'insécurité, de précarité, d'exclusion, de vulnérabilité et d'impuissance, tout comme aussi de mentalité.

Au plan monétaire et financier, la pauvreté est l'état d'une personne ou d'une collectivité qui ne dispose pas de ressources suffisantes pour satisfaire ses besoins primaires et vitaux

Au niveau de l'accessibilité, la pauvreté est une incapacité ou un manque d'accès de l'individu aux biens et services sociaux de base.

Au niveau psychosociologique, la pauvreté est un état d'esprit, un sentiment d'exclusion, de frustration par rapport à la famille, au clan et à la communauté

Au niveau de la mentalité, la pauvreté est un état de comportement de l'individu qui a du mal à voir l'autre progresser ou prospérer et, du coup, a tendance à le rétrograder.

b) Causes de la pauvreté

A travers les différentes enquêtes menées de 1985 à 1998 (LSMS 85, EP 92/93, ENV 98) et les études pour la rédaction du DSRP, il ressort que les causes et déterminants de la pauvreté en Côte d'Ivoire sont multiples et de plusieurs ordres : économiques, démographiques, culturels et sociaux.

c) Manifestations de la pauvreté


· Sur le plan économique 

Elles se manifestent à travers des politiques publiques inadaptées, des difficultés financières de l'Etat, l'inefficacité de la dépense publique, l'accumulation d'arriérés intérieurs, la faiblesse de recouvrement de l'administration.

En milieu rural, la baisse de l'encadrement, de la distribution des intrants agricoles (semences, engrais ainsi qu'un relâchement des investissements sociaux ont ainsi provoqué une chute de la productivité agricole et une paupérisation dans le milieu rural. La dégradation des infrastructures de base a accentué l'enclavement des régions et les disparités locales ont augmenté les coûts d'accès aux services sociaux de base. En matière de crédit, la politique reste inadaptée aux besoins de l'économie.

Les difficultés d'accès aux terres, la destruction du capital forestier, le vieillissement de la population agricole, l'exode rural, l'insuffisance de l'organisation du monde paysan, sont des facteurs qui entravent le développement de l'agriculture. A cela, s'ajoutent les causes naturelles, telles que les inondations, la sécheresse, l'érosion des berges, les perturbations climatiques, etc.

La chute drastique des cours mondiaux des produits de rente et la détérioration des termes de l'échange érodent les gains de devises et donc de ressources que pourraient procurer le volume des exportations.

Le niveau d'investissements qui n'excède pas 15% du PIB ne permet pas une croissance forte et durable, capable de créer suffisamment de richesses et de réduire sensiblement la pauvreté.

La diminution de l'Aide Publique au Développement (0,22% du PNB contre 0,7% d'objectif), l'insuffisance des investissements directs étrangers vers l'Afrique et le problème d'accès des produits africains aux marchés mondiaux face aux subventions agricoles des pays du nord.

La faible capacité technologique des industries locales à transformer les matières premières en produits semi-finis ou finis font également partie des causes de la pauvreté.


· Sur le plan institutionnel

Les difficultés d'accès aux institutions juridiques pour les populations sont un frein. Le manque de transparence dans l'appareil judiciaire et dans la gestion de la chose publique donc la mauvaise gouvernance qui est un facteur limitant


· Sur le plan démographique et socioculturel

Le fort taux de croissance démographique (3,3%) généralement supérieur au taux de croissance économique est une cause très importante. A cela, s'ajoute la non maîtrise des mouvements migratoires de la population qui crée une forte pression sur les infrastructures de base. Un condensé de ces causes, ajouté au poids de la famille élargie, la pression communautaire, le taux élevé de dépendance, les traditions défavorables à la scolarisation des filles, l'exclusion des femmes dans les droits de succession, la superstition, les dépenses ostentatoires, constituent un frein à l'épanouissement individuel et communautaire. La dégradation des moeurs, la dislocation du tissu social et familial et le phénomène des enfants de la rue ou dans la rue sont des éléments aggravant la pauvreté sociale. Ces conséquences dramatiques sont également les causes manifestes de la pauvreté.

Quant aux manifestations de la pauvreté, elles se résument à ce qui suit :

- faim, dénutrition et insécurité alimentaire ;

- manque de moyens financiers dans la tenue du foyer ;

- oisiveté et exploitation ;

- banditisme et enfants de la rue ou dans la rue ;

- manque de soins de santé ;

- absence d'entraide communautaire ;

- absence de marché dans un périmètre restreint pour les échanges ;

- analphabétisme ;

- déscolarisation ;

- habitation précaire et environnement malsain ;

- manque de tenue vestimentaire décente ;

- dénuement de biens matériels ;

- inaccessibilité au crédit ;

- inaccessibilité à l'eau potable et à l'électricité ;

- absence de latrines et de dépotoirs pour les ordures ;

- etc.

Les manifestations de la pauvreté, qui suivent, sont dues à la guerre qui a fait de nombreux ravages. Cette situation de ni paix ni guerre est encore plus pernicieuse puisqu'elle donne de la profondeur à la pauvreté. Elles se manifestent par :

- un début de famine (absence des paysans des zones rurales du fait de la guerre) ;

- un élargissement de la prostitution à des tranches de femmes jusque là épargnées ;

- une augmentation du taux de prévalence du VIH/SIDA ;

- une insécurité totale des biens et des personnes.

Cet ensemble ne peut être apprécié qu'à travers des indicateurs et des déterminants.

2) Principaux indicateurs de mesure et déterminants de la pauvreté

Les indicateurs de mesure de la pauvreté sont nombreux. Une présentation exhaustive des indicateurs pertinents dans un premier temps sera vue et dans un deuxième temps les déterminants de la pauvreté seront donnés.

a) Principaux indicateurs de mesure de la pauvreté

Les Indicateurs de mesures les plus usités sont :

- les indicateurs FGT (Foster J., Greer J., Thorbecke E., 1994) de pauvreté, indices de pauvreté Px ;

- le coefficient de contribution d'une région à la pauvreté nationale ;

- l'Indicateur de Développement Humain (IDH) ;

- le taux de croissance économique ;

- l'Indicateur de Pauvreté Humaine (IPH), et particulièrement l'IPH-1 pour les pays en voie de développement ;

- le niveau et les sources de revenu des ménages ;

- le niveau et la structure des dépenses de consommation des ménages.

Le mode de calcul et la formulation de certains de ces indicateurs sont spécifiés en annexes.

Une analyse de la pauvreté, à partir des indicateurs cités plus haut, donne : les appréciations qui vont suivre.


· Le Seuil de pauvreté

L'évaluation de la pauvreté s'est fait à partir d'un seuil de pauvreté relatif déterminé par la distribution des dépenses en fonction d'une proportion arbitraire et présélectionnée de la population concernée (PNUD, INS, 2000). Le seuil de pauvreté utilisé évolue après chaque nouvelle enquête. Ainsi ce seuil passe successivement, du seuil de pauvreté relatif de 75 000 FCFA en 1986 à 101 340 FCFA en 1993, à 144 800 FCFA en 1995 et à 162 800 FCFA. Un seuil d'extrême pauvreté de 63 375, 86 760 et 95 700 FCFA respectivement pour chacune des périodes.


· L'Ampleur et étendue de la pauvreté chez les extrêmes pauvres

L'intérêt du seuil d'extrême pauvreté est qu'il permet de rendre compte des conditions d'existence particulièrement difficiles de cette catégorie de la population (10%) ayant de faibles revenus. Leur revenu annuel par tête, inférieur au seuil de pauvreté de plus de 40%, ne permet pas une prise en compte correcte de leurs besoins fondamentaux (alimentation, logement, éducation des enfants, santé, etc.).

Les ménages d'extrêmes pauvres ont un revenu annuel par tête de 68 204 FCFA en 1995 et de 75 842 FCFA en 1998, traduisant un niveau de revenu plus élevé chez l'extrême pauvre.

En milieu rural, l'étendue de la pauvreté montre une aggravation tendancielle de la situation des extrêmes pauvres. Elle se présente comme suit : 21% en 1993, 22% en 1995 et 23% en 1998. En effet, le seuil de pauvreté est déjà trop bas et se situe autour de 60% du seuil national. Cette proportion signifie que pour atteindre le seuil de pauvreté, son revenu doit connaître un accroissement supérieur ou égal à 40% de son revenu pour passer à la catégorie de pauvre (cf. tableau en annexe 2).

Quant à leur consommation, elle se présente selon la structure suivante : le ménage extrêmement pauvre consacre, en moyenne, plus de 90% de son revenu annuel par tête à la satisfaction des besoins essentiels. Cette structure est caractérisée par la part qu'occupent les dépenses alimentaires dans les dépenses totales (plus de 50%). En 1998, on a noté les taux respectifs de 54,3% et 58,5% de part de dépenses alimentaires dans les dépenses totales, pour les ménages urbains et les ménages ruraux.

La dépense d'éducation des enfants s'est accrue dans le temps et son poids par rapport à la dépense totale est de 1,0%, 2,5% et 3,5% pour les années 1993, 1995 et 1998, au plan national. Comparativement à la dépense d'éducation, la part des dépenses de santé est un peu plus élevée avec 6,2% en milieu urbain (les tendances de la pauvreté en milieu urbain restent fragiles), 4,2% en zone rurale 1995 et 4,7% sur le territoire national en 1998.


· L'Ampleur et l'étendue de la pauvreté chez les ménages pauvres

Le ménage pauvre est celui qui a un revenu annuel par tête inférieur à 162 800 FCFA. Cet ensemble correspond à 32,3% de la population totale en 1993, 36,8% en 1995 et 33,6% en 1998.

Le revenu annuel moyen par tête du ménage est approché à partir des indices de pauvreté Px (Indicateurs FGT, avec x=1, 2, 3), prenant en compte le paramètre x d'aversion pour la pauvreté. Ainsi, lorsque :

- á= 0 il s'agit du ratio de pauvreté ou le nombre de pauvres sur la taille de la population totale ;

- á= 1 il s'agit de l'intensité de la pauvreté. C'est l'écart moyen par rapport au seuil. P1 mesure le pourcentage moyen du seuil qu'il faut distribuer aux pauvres pour annuler la pauvreté ;

- á= 2 il s'agit de la sévérité de la pauvreté. C'est la moyenne du carré de l'écart moyen par rapport au seuil. C'est une sorte de mesure de pauvreté qui attribue plus de poids aux plus pauvres des pauvres.

Le constat de la pauvreté chez les ménages pauvres est que les conditions de dépenses et de consommation sont plus difficiles en 1993, qu'en 1995 et 1998 (cf. tableau en annexe 2). En effet, le revenu annuel du citadin pauvre demeure plus éloigné de la ligne de pauvreté.

L'étendue de la pauvreté est égale à 47,4% en milieu urbain, à 50,4% en milieu rural et 49,6% au plan national. En 1995, l'étendue de la pauvreté est de 28,3% (23, 7% en ville et 30,0% en milieu rural). Ce ratio de pauvreté prend de la profondeur en 1998 (25,0% en ville et 33,0% en zone rurale). Des tests montrent que l'incidence de la pauvreté a toujours été plus forte dans les autres centres urbains qu'à Abidjan quelques soient les années. Cette situation ne diffère pas de celle de 1995.

La dépense annuelle par tête du ménage pauvre en Côte d'Ivoire, estimée en 1998 à 128 472 FCFA, représente moins de 30,0% de la dépense effectuée par les non pauvres (cf. tableau en annexe 2). Du côté de la dépense annuelle par tête, il existe un déséquilibre entre pauvres et non pauvres. La baisse des niveaux de vie a touché aussi bien les classes moyennes de ménages que les classes de ménages les plus pauvres. Au moins à Abidjan, ce sont toutes les classes de ménages qui ont souffert de la crise entre 1993 et 1995.

Les ménages pauvres consacrent plus de la moitié de leur revenu par tête à l'alimentation tant en milieu urbain qu'en milieu rural. Une amélioration du niveau de certaines dépenses importantes en 1998 est constatée par rapport à 1993 (4,2% contre 1,4% pour l'éducation, 5,5% contre 2,0% pour la santé et 8,4% contre 6,4%).

Une analyse de la structure de la population pauvre permet de dire que le sexe du chef de ménage est un élément discriminant par rapport au statut de pauvreté des membres. En effet, les ménages dont le chef est une femme comportent moins de pauvres que ceux sous la responsabilité d'un homme. Ces ménages renferment moins de 10% des pauvres alors que leur poids dans l'effectif total des ménages du pays est de 15%. Les ménages dont le chef de ménage a un niveau d'éducation primaire ont eu en moyenne des dépenses par tête de 19% à 29% supérieures à celles d'un ménage dont le chef ne dispose d'aucune formation scolaire. Le fait d'avoir un niveau scolaire secondaire ou supérieur a eu un impact encore plus élevé, augmentant les dépenses par tête de 56% à 80%. Une explication de ce caractère pourrait être la taille du ménage.

La taille moyenne des ménages pauvres avoisine sept (7) personnes quelle que soit l'année. En 1998, pour les ménages pauvres, la taille est de 8,1% et de 9,3% pour les ménages extrêmes pauvres. Les tailles moyennes, des ménages pauvre et extrêmement pauvre sont respectivement égales à 1,65% et 1,92% et fois celle du ménage non pauvre.

Le ménage pauvre est généralement composé en majorité d'enfant (0 à 14 ans). Il expose une très grande proportion d'enfant à la pauvreté. En 1998, les enfants représentaient 43,5% de la population totale. La proportion des enfants (0 à 14 ans) touchée par la pauvreté est de 38,5% ; ce taux montre que les enfants sont plus touchés que les adultes.

L'analyse du groupe socio-économique (secteur informel et le secteur moderne) du chef de ménage montre que les ménages dirigés par un opérateur du secteur informel comportent de plus en plus de pauvres (28,9% en 1998). Le taux de pauvreté chez les ménages d'opérateurs du secteur formel, est situé à 12,4% en 1998. Il ressort de ces deux taux que la paupérisation n'est pas ressentie de la même manière chez ces deux catégories de chef de ménage.

L'analyse en fonction du type de l'opérateur agricole laisse apparaître que les ménages des agriculteurs de produits vivriers sont plus frappés par la pauvreté (49,8%) que ceux des cultures d'exportation (45,1%) en 1998.

Le type de logement dominant au niveau des ménages pauvres est la case et la maison en banco en milieu rural et la cour commune en milieu urbain. En 1998, 6 pauvres sur 10 occupent une case ou une maison en banco, ce qui dénote d'une amélioration par rapport à 1993 et 1995 où 7 personnes sur 10 occupaient une case ou une maison en banco. Cette amélioration se répercute à Abidjan, au niveau des cours communes (45,0% en 1998 contre 65,0% en 1995), tandis qu'un durcissement s'opère pour les bidonvilles (23,0% en 1998 contre 15,0% en 1995).

L'accessibilité à l'eau potable est un problème fondamental, si l'eau potable s'entend comme l'eau provenant soit par un robinet privé, soit par un robinet commun ou par une pompe publique, alors une plus grande majorité des pauvres y a accès. Jusqu'à 1998, le point de la situation, en milieu rural, donne : 15 465 pompes à motricité humaine (12 105 pompes en fonctionnement) et une trentaine de système d'hydraulique villageoise améliorée. Au plan national, pour l'accessibilité à l'eau potable, le taux évolue de 37,6% en 1995 à 41,9% en 1998. En milieu urbain l'eau potable est desservie au travers du robinet par la Société de Distribution d'Eau de Côte d'Ivoire (SODECI).

L'électricité est le mode d'éclairage par excellence. Il ressort des études menées que l'électricité est un facteur discriminant entre pauvre et non pauvre. En 1998, 32% des ménages pauvres ont l'électricité contre 19,1% en 1995. Leur connexion sur le réseau se fait soit par l'acquisition d'un compteur propre, soit par un compteur collectif. Ainsi, 11,7% des ménages pauvres sont sur un compteur collectif qui est un taux en deçà de celui des non pauvres (23,2%) en 1998. L'éclairage des ménages à partir de compteur ne leur appartenant pas traduit des conditions de vie précaire.

Dans le domaine de l'éducation, une amélioration est constatée. Le taux brute de scolarisation passe au plan national de 34,9% en 1993 à 52,6% en 1998, soit un accroissement de 50,7%. Le taux net de scolarisation au primaire mesure l'accès à l'éducation des enfants de 6 à 11 ans. Ce taux est égal à la proportion d'enfants de 6 à 11 ans effectivement inscrits à l'école primaire. Le détail des chiffres de 1998 permet de constater une disparité entre garçons et filles plus marquée chez les pauvres. La proportion des enfants de 6 à 11 ans, issus de ménages pauvres est de 50,9% pour les garçons et de 41,4% pour les filles. Chez les non pauvres, ces taux sont respectivement de 63,0% et 55,7% pour 1998.

Chez les adultes de 15 ans et plus, c'est le taux d'analphabétisme qui sert de mesure. Le taux d'analphabétisme reste élevé bien qu'il y ait une amélioration en 1998par rapport à 1995. En effet, ce taux est de 54,8% en 1995 et de 50,2% en 1998. L'analyse du taux d'analphabétisme par sexe laisse apparaître une forte proportion de femmes ne sachant pas lire et écrire. Le taux est de 57, 7% chez les non pauvres et de 73,6% chez les pauvres. Alors qu'il est de 47,0% chez les adultes pauvres et chez les non pauvres en 1998. Le niveau d'analphabétisme est l'un des déterminants le plus explicatif des conditions d'existence de nombreuses femmes surtout dans le monde agricole.

L'analyse de la pauvreté en Côte d'Ivoire montre une légère amélioration des conditions d'existence des ménages en 1998. Le taux de pauvreté est passé de 36,8% à 33,6% entre 1995 et 1998. La guerre a fait plus d'un million de personnes déplacées et réfugiées. Elle a accru la pauvreté. En effet, la perte par les agriculteurs des revenus tirés de leurs cultures les plonge dans un état de précarité. En zone urbaine, le chômage s'est accentué à cause de la perte d'emplois liée à la fermeture de certaines entreprises et la baisse de l'activité économique. 6% de la population sont devenues déplacées de guerre avec plus de 500 milles enfants qui ont dû arrêter l'école. Un bon nombre de structures de base (écoles, services médicaux) ont dû arrêter de fonctionner soit par le départ des fonctionnaires, soit par l'arrêt de fonctionnement de l'administration. Pour des besoins de sécurité, de grands espaces d'habitation autour des camps militaires ont été détruits faisant près de 20 000 sans logement. Suite à ces causes, la pauvreté a enregistré un score jamais atteint dans le pays. Il est aujourd'hui de l'ordre de 44%. Après un recul en 1998, le niveau de pauvreté s'est creusé à partir de 2000 pour évoluer à 38,5% en 2002 et atteindre le pic de 2003 (44%).

b) Déterminants de la pauvreté

La compréhension de la pauvreté à travers ses déterminants peut fournir des informations capitales pour cibler les actions visant à soulager les conditions d'existence des ménages pauvres. Les déterminants de la pauvreté sont les caractéristiques socio-économiques des ménages. On retiendra que les principaux déterminants sont ceux qui se répètent fréquemment dans toutes les régions ou départements du pays. Ce sont

- la catégorie socio-professionnelle des individus ;

- la taille des ménages ;

- le niveau d'instruction ;

- le groupe d'âge ;

- le statut matrimonial ;

- le sexe.

Les principales corrélations dégagées dans l'établissement du profil de la pauvreté sont multiples :

? plus le niveau d'étude du chef de ménage est élevé plus la probabilité d'être pauvre est faible. Les pauvres sont identifiés comme étant des opérateurs agricoles (leur revenu espéré a tendance à se réduire), des travailleurs et indépendants du secteur informel n'ayant pas un niveau d'étude poussé ;

? appartenir au secteur formel (public et privé) expose moins à la pauvreté, contrairement aux ménages des autres catégories socio-professionnelles (agriculteurs et opérateurs du secteur informel) qui ont plus de chance d'être pauvres ;

? la taille du ménage joue un rôle très important dans la probabilité d'appartenir ou non à la classe des pauvres. Ainsi, une réduction du train de vie de 8,3% est constatée en 1995 pour les ménages compris entre 5 et 10 personnes par rapport à ceux compris entre 3 et 5 personnes.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry