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La politique budgétaire et la lutte contre la pauvreté en Côte d'Ivoire

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par Elisee Borid Barnard Gnamoy GNAMOY
Université d'Abomey Calavi - Maitrise en sciences économique 2004
  

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2.1.2) Revue de quelques programmes de lutte contre la pauvreté

En matière de lutte contre la pauvreté, il a été élaboré plusieurs projets dans le but de résorber le phénomène de la pauvreté. Une revue de quelques uns de ces projets est abordée dans cette section. Cette présentation sera structurée en deux parties : la première partie a trait aux projets et programmes internationaux de la communauté internationale et la seconde aux projets nationaux d'éradication de la pauvreté.

1) Au plan international

Les différentes Institutions de Bretton Woods, avec les pays développés, ont adopté deux politiques majeures allant dans le sens du combat contre la pauvreté : l'initiative PPTE et l'initiative 20/20.

a) L'initiative PPTE

Afin de bénéficier de l'initiative PPTE, qui devait permettre à la Côte d'Ivoire de bénéficier d'un allégement de 80% de sa dette, le gouvernement devait respecter le programme économique et financier sur la période 1998-2000 conclu avec les Institutions Financières Internationales (IFIs). Le bilan des actions menées en 1998 dans le secteur de l'éducation fait apparaître une augmentation des taux nets de scolarisation primaire, une amélioration de la scolarisation des enfants, particulièrement des filles, et un accroissement du taux d'alphabétisation de 43% en 1996 à 48% en 2000.

Dans le secteur de la santé, la politique d'accroissement de l'accès aux centres de santé dans les zones déshéritées et rurales s'est poursuivie. La couverture, la qualité et l'utilisation des services de santé ont été améliorées. Les résultats de l'enquête de couverture vaccinale indiquent que le taux de couverture nationale globale est passé de 41% en 1994 à 72% en 1998, conformément aux objectifs intermédiaires fixés pour l'atteinte d'un taux de 80% en 2000.

Cependant, pour atteindre ces objectifs, l'Etat a dû opérer de difficiles arbitrages budgétaires, qui ont conduit à réduire les dotations allouées aux secteurs autres que l'éducation et la santé. Le processus engagé pour l'amélioration des performances en matière de politique sociale, comporte des limites qui tiennent à la faiblesse des ressources mobilisées en faveur de la réflexion sur ces politiques, l'excessive centralisation des décisions en matière de définition des priorités et la gestion éclatée des actions spécifiques.

b) L'initiative 20/20

L'initiative 20/20 propose que les pays en voie de développement consacrent 20% en moyenne des dépenses budgétaires et 20% de l'aide publique dans le développement des services sociaux de base (SSB concernés par l'Initiative : éducation de base, santé de base, eau et assainissement, nutrition, santé de la reproduction et population). Cette initiative doit permettre d'utiliser les ressources plus efficacement et plus équitablement pour combattre les effets physiques de la pauvreté. Lors de la réunion d'Oslo en 1996 consacrée à l'Initiative 20/20, la Côte d'Ivoire s'est portée volontaire pour tenter l'expérience pilote, et s'est par la suite très activement impliquée dans la concrétisation des principes méthodologiques de l'Initiative.

L'État ivoirien a offert, à travers sa participation au Sommet social de Copenhague et son adhésion à l'Initiative 20/20, les signes d'une volonté de corriger les effets sociaux des ajustements successifs, par le renforcement des mesures sociales suivant la philosophie de l'Initiative 20/20. Cependant, les engagements en faveur de la perspective PPTE ont pris le pas sur l'Initiative 20/20 pour finir par l'éclipser, à tel point que le schéma méthodologique proposé par les agences des Nations Unies n'a pas pu s'imposer dans la définition des politiques sociales. L'État ivoirien s'est trouvé écartelé entre les recommandations du PNUD et de l'UNICEF, qui lui laissaient une plus grande marge de manoeuvre dans la gestion du social, et les conditionnalités draconiennes du concours d'accès aux bénéfices de l'initiative PPTE. En agitant la perspective d'une réduction du stock de la dette, l'Initiative PPTE présente l'avantage de contraindre indirectement les politiques publiques à prendre le social en compte. Cependant, cette approche, trop rigide et dirigiste, aux effets parfois néfastes, ne donne guère à l'État la possibilité d'arbitrage budgétaire comme le suggère l'Initiative 20/20.

En définitive, la mobilisation sociale autour de l'initiative 20/20 aura été très faible compte tenu de l'omniprésence de l'État et de la quasi-absence des acteurs non gouvernementaux. Les recommandations du Sommet social n'ont eu qu'une influence modeste dans l'internalisation des pressions en faveur d'une politique du social en Côte d'Ivoire. L'instrument de dialogue politique et de plaidoyer pour la mobilisation de l'aide publique au développement qu'est censée être l'Initiative 20/20 aura eu peu d'effet sur les décisions en matière de développement humain.

2) Au plan national

De nombreuses structures et projets ont été mis en place dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Certaines de ces politiques de réduction de la pauvreté sont ici exposées.

a) Dans la zone rurale

Le gouvernement a mis en place des infrastructures et des équipements collectifs : 15 000 projets d'équipement collectifs ont été réalisés de 1974 à 2001 par les FRAR (Fond Régional d'Aménagement Rural), avec en plus un programme d'ouverture et de reprofilage de pistes rurales.

Depuis 1999, le gouvernement ivoirien a réformé la filière café-cacao en libéralisant ce secteur. Ainsi, la Caistab (Caisse de Stabilisation) a été liquidé avec une mise en place de deux nouvelles structures que sont l'ARCC (Autorité de Régulation du Café-Cacao) et la BCC (Bourse du Café-Cacao), une fixation d'un prix minimum aux producteurs. Pour l'encadrement du monde rural, la mise sur pied de l'ANADER (Agence Nationale de Développement Rural) et du Centre National de Développement Agricole (CNRA) pour la recherche et la diffusion des résultats obtenus.

Vu l'avancée du désert, un plan directeur forestier a été adopté en 1988 (pour rétablir le couvert forestier) et actualisé en 1998. Cette même année, l'Etat s'est doté de lois portant Code foncier rural et minier pour éviter les conflits et permettre un large accès aux terres à toutes les couches de la population (jeunes et femmes).

b) Promotion du secteur privé

Plusieurs réformes économiques ont été adoptées dans ce domaine dans le but de redynamiser ce secteur afin de créer des emplois neufs. Il s'agit des programmes d'appui aux mesures de libéralisation dont le Programme d'Ajustement Structurel Compétitivité (PASCO), le Programme d'Ajustement Structurel du Système financier Ivoirien (PASFI), le Crédit d'Ajustement Structurel pour le Développement du Secteur Privé (CAS-DSP) et l'Appui au Secteur Privé Ivoirien (ASPI).

c) Emploi et revenus

Plusieurs plans en 1991 et 1995 ont été adoptés pour la création de nouveaux postes et l'absorption de nombreuses personnes au chômage. Ce sont entre autres : le Plan National de l'emploi adopté en 1995, la révision du Code du travail (l'objectif est de rendre le marché du travail plus flexible), le renforcement du rôle des nouvelles institutions publiques intervenant dans le champ formation - emploi. La création d'organes régulateurs de l'emploi, l'Agence d'Etudes et de promotion de l'emploi (AGEPE, observation du marché de l'emploi et de placement de la main d'oeuvre) et l'Agence Nationale de la Formation Professionnelle (AGEFOP qui est le cabinet d'ingénierie technico-pédagogique de l'Etat), ainsi que le Projet d'Appui à la Formation de la Population Active (PAFPA). La mise en place des fonds sociaux nationaux (Fonds national de la jeunesse, Fonds d'intervention pour l'action culturelle, Fonds national femme et développement, etc.) pour la promotion de l'auto-emploi.

L'AGEFOP est un organe de prospection, d'élaboration et de gestion de projets à travers le Programme d'Absorption des Jeunes Déscolarisés (PAJD). Il y a d'autres programmes comme : le Programme d'Aide à l'Embauche (PAE), le Programme de Maintien dans l'Emploi et la Reconversion Professionnelle (PMERP), le Programme Spécial d'Insertion des Femmes (PSIF), le Programme d'Insertion des Jeunes Ruraux (PIJR) et le Programme de Création de Micro Entreprises (PCME).

d) Ressources en eau

Le gouvernement a entrepris depuis 1996, une série de réformes sur les plans juridique, institutionnel, financier et technique afin de remédier sinon palier les problèmes (inadaptation du cadre institutionnel, non application du code de l'eau, faible ressource en eau, etc.) de ce secteur. Il est à rappeler que bien avant ces mesures, l'Etat avait déjà privatisé la SODECI pour un début de résolution des carences du secteur.

Quant à l'hydraulique villageoise, un vaste programme national d'hydraulique urbaine et villageoise, a permis la création de 5 000 nouveaux points d'eau en zone rurale.

e) Infrastructures et transports

Depuis 1998, un programme d'ajustement du secteur des transports (CI-PAST) ayant deux volets essentiels (entretien routier et réforme du secteur des transports) sont en exécution. Une réforme de l'Office de Sécurité Routière (OSER) est en cours ainsi que la mise en place d'un observatoire de la fluidité routière, afin de réduire la mortalité sur nos routes.

Pour le chemin de fer, une privatisation a été opérée transformant la société nationale de chemin de fer en SITARAIL avec l'instauration d'un Fonds d'Investissement Ferroviaire (FIF).

Couplé à ces programmes, le programme de sécurité et de sûreté de l'aéroport d'Abidjan qui devait permettre un plan de vol direct USA-Côte d'Ivoire.

f) Urbanisme, logement et assainissement

La forte pression démographique liée à la crise d'économique (1980-1993) a entraîné un déficit important en logements. Pour le mieux être des populations, le gouvernement a créé une Banque de l'Habitat de Côte d'Ivoire qui a le devoir de soutenir les ivoiriens dans leur désir de logement. Des mécanismes de refinancement à l'accession directe à la propriété par le biais du Compte de Mobilisation pour l'Habitat (CDMH) et le Fonds de Soutien à l'Habitat (FSH) accompagnent cette volonté du gouvernement de doter chaque ivoirien d'un logement.

g) Secteur éducation formation

L'investissement dans ce domaine est une priorité pour l'Etat de Côte d'Ivoire. Le Plan National Education/Formation (PNDEF) et d'autres programmes, ont permis au système éducatif de connaître un essor important. En 2001, le nombre de classes pour le primaire est égal à 6,5 fois celui de 1963 et pour le secondaire de 20 fois (587 en 1963 à 11 800 en 2001). La réapparition de la politique de la gratuité des livres scolaires (2,9 milliards en 2002) et le libre choix laissé en matière d'uniforme scolaire sont entrain de contribuer à une amélioration du taux brut de scolarisation. L'instauration du Fonds National d'Alphabétisation (FNA) par ses campagnes, formations et la conception de manuel en langues, a permis de réduire le taux d'analphabétisme.

h) Secteur santé et le VIH/SIDA

Un Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) adopté en 1996 couvre la période 1996-2005. L'adaptation de l'offre de soins par le renforcement des Soins de Santé Primaires (SSP), la délivrance d'un Paquet Minimum d'Activités (PMA) sont les objectifs secondaires contenus dans le PNDS afin d'aboutir aux objectifs généraux.

Les programmes prioritaires de santé (programme élargi de vaccination, santé de la reproduction/planification familiale (SR/PF), santé infantile, lutte contre le paludisme, etc.) sont une réponse de la part des gouvernants aux problèmes des populations. Depuis les huit dernières années, une politique du médicament est en vigueur. Elle vise la disponibilité effective de médicaments dans les établissements de santé publique. Elle se matérialise par la production et la vente de médicaments génériques accessibles à toutes les couches de la population surtout aux plus défavorisées, la confection de kits (d'accouchement, d'épisiotomie, de césarienne, et de traitement des infections sexuellement transmises). Au cours des dix dernières années, il a été observé un renforcement organisationnel et une amélioration du système de santé. Ainsi, une augmentation des directions régionales (6 à 10) est constatée et une nouvelle dénomination des Bases de Secteur de Santé Rurales (BSSR) est intervenue, les transformant en Districts Sanitaires.

Une politique volontariste du gouvernement a permis la création de plusieurs structures de formations des cadres de la santé telles la faculté de médecine (1962), l'école nationale des sages-femmes et l'école des infirmiers et infirmières (1964), l'institut national de santé publique (1968), la faculté de pharmacie (1977). Elle a également permis la construction d'hôpitaux (centres hospitaliers universitaires de COCODY, TREICHVILLE et YOPOUGON) et d'instituts spécialisés (institut de cardiologie d'ABIDJAN) pour la consolidation du système sanitaire.

La santé représente en moyenne 13,5% des dépenses sociales, 4,9% du budget de l'Etat et 1,3% du PIB.

Aujourd'hui, le SIDA est une priorité du gouvernement qui a mis en place un Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS). Ce programme vise à réduire le taux de prévalence du VIH/SIDA, à permettre une accessibilité des malades aux traitements et à sensibiliser la population. Pour parvenir aux objectifs fixés, la gratuité du dépistage est offerte, l'ouverture de plusieurs centres de dépistage a été réalisée, une extension de la prévention de la transmission mère-enfant l'est encore. Un ministère a été spécialement crée pour la lutte contre le SIDA dans le but de coordonner toutes les actions pouvant stopper l'avancée de la pandémie.

i) Sécurité sociale et Assurance Maladie Universelle (AMU)

La sécurité sociale peut se définir comme étant l'ensemble des mesures ou dispositions collectives et obligatoires mises en oeuvre par les pouvoirs publics afin de prémunir l'ensemble des populations contre les risques sociaux. A ce titre, elle garantit à chaque membre de la société un minimum de revenu et des services sanitaires sociaux.

Les services techniques en charge de la sécurité sociale des résidents en Côte d'Ivoire sont : la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), la Caisse Générale de Retraite des Agents de l'Etat (CGRAE) et la Mutuelle Générale des Fonctionnaires et agents de l'Etat de Côte d'Ivoire (MUGEF-CI). A côté des services techniques, il y a les organismes spécialisés que sont : le Fonds de Prévoyance Militaire (FPM), le Fonds de prévoyance de la Police Nationale (FPPN) et les structures privées (compagnies d'assurance).

La CNPS fournit les services de prestations familiales, d'accidents du travail et maladies professionnelles, de retraite du secteur privé et d'actions sanitaires et sociales. La CGRAE gère la retraite du secteur public. La MUGEF-CI assure la couverture partielle des soins de santé des fonctionnaires, des agents de l'Etat et des retraités par le biais du remboursement partiel des frais pharmaceutiques, d'optique, de soins et prothèses dentaires. Le FPM assure la couverture totale des frais consécutifs à la maladie, au suivi de la grossesse et à l'accouchement dans les structures sanitaires publiques, et partielle dans les structures sanitaires privées. Le FPPN assure la couverture partielle ou totale des frais liés à la maladie et des accidents de voies publiques des agents de la police Nationale et assure également le suivi des frais liés à la maternité.

La faible couverture sociale (10% de la population active) a amené le gouvernement socialiste à créer l'AMU en Octobre 2001. L'AMU (couvre les consultations, les examens, les actes chirurgicaux, l'hospitalisation, les médicaments et les soins dentaires) a été votée par le parlement mais n'est pas encore entrée dans sa phase active. Elle est composée de trois caisses :

- la Caisse Sociale Agricole (CSA) couvrira les prestations du monde rural comme sa dénomination l'indique ;

- la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM) couvre les secteurs informel et moderne ;

- le Fonds National d'Assurance Maladie (FNAM) est l'organe qui financera les deux autres caisses.

L'AMU coûtera pour son démarrage et sa mise en place 30 milliards de nos francs (réserves techniques). La situation de guerre retarde sa mise en application.

j) Décentralisation et participation communautaire

Le processus de décentralisation connaît une accélération depuis 2002. Il est passé à la phase active. A ce jour, il existe 19 régions, 58 départements, 2 districts, 196 communes et 253 villes de plus de 4 000 habitants. L'Etat a transféré certaines de ses compétences et adopté un régime fiscal et financier des collectivités pour un bon déroulement de la décentralisation. Ainsi, les populations elles-mêmes, géreront leurs affaires locales pour une meilleure efficacité puisqu'elles sont au fait de leurs problèmes quotidiens.

Concernant la reconstruction du pays, de nombreux programmes sont en attentes. Ils sont conditionnés par la réalisation d'un gouvernement d'unité nationale (le commencement du processus DDR).

Ces programmes sont de deux ordres : une restructuration pour ceux déjà existants et la création de nouveaux programmes. Ce sont :

- le Projet d'Appui à l'Education et à la Formation (PASEF) ;

- le Projet de Développement des Services de Santé Intégrés (PDSSI) ;

- le Projet National de gestion des Territoires et d'Equipement Rural (PNGTER) ;

- le Projet d'Appui à la Conduite des Opérations Municipales (PACOM) ;

- le Projet d'Investissement et d'Ajustement (CI- PAST) ;

- le Projet de Développement du Secteur Privé (PDSP).

Le coût de création et de restructuration des projets est de 331 millions US$. La réalisation du DDR, du RRR, VIH/SIDA coûtera 165 millions US$ en prêts et dons. Les différents montants sont des estimations approximatives de 10 US$ par habitant et par an.

Après avoir cerné la pauvreté et son niveau qui sévit en Côte d'Ivoire, nous développerons l'évolution et la structuration de la politique budgétaire

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon